concours Lady Fortuna Loterie Nationale

Lady Fortuna (Loterie Nationale) – Votez pour Circé de L’Ilot !

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crise du logement Housing Action Day

Crise du logement : définition, causes et solutions

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emotionele steunhond voor daklozen

Le chien, soutien émotionnel vital pour les personnes sans abri

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enfants placés en institution

Placement en institution et précarité : causes et alternatives

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pension Belgique : précarité personnes âgées

Pension en Belgique : la précarité des personnes âgées

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Plus de besoins, moins de moyens

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dénombrement sans abri Bruxelles

Dénombrement des personnes sans abri : résultats alarmants

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Surpopulation carcérale : nos maisons d’accueil à bout de souffle

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Kart #11 Être pauvre, ça coûte cher !

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manifestation femmes 8 mars

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Expulsion locative : définition, chiffres et conséquences

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manifestation femmes 8 mars

8 mars : L’Ilot manifeste pour les droits des femmes

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spectacle queen kong

26/11/25 : théâtre Queen Kong

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soirée stand up Lisa delmoitiez

Évènement – Soirée plateau avec Lisa Delmoitiez

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20 km de Bruxelles 2025

Les 20 km de Bruxelles entre collègues !

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La rue tue : 30 ans d’espérance de vie en moins

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bande dessinée précarité sans abri

Un petit expresso sans sucre

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théâtre going home

Évènement – Going Home au Théâtre de Poche

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Les équipes de L'Ilot manifestent pour le secteur non-marchand

Trois de nos services risquent de disparaître !

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soirée Zidani et ligue d'impro

Retour sur notre soirée avec Zidani et La Ligue Belge d’Impro

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manifestation femmes 25 novembre

25 novembre : luttons contre les violences faites aux femmes

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manifestation femmes 8 mars

7/11 : manif nationale du secteur non-marchand

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20 km de Bruxelles 2024

Participez aux 20 km de Bruxelles 2025 avec L’Ilot !

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ag du personnel ilot

Vie à l’Ilot – AG du personnel : les photos

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prix fédéral de lutte contre la pauvreté

Prix fédéral de lutte contre la pauvreté : votez pour ISSUE

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Kart #9 Temps plein, poches vides | Témoignages

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bd travail précaire

Kart #9 Temps plein, poches vides | Entretien avec Philippe Defeyt

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bd travail précaire

Kart #9 Temps plein, poches vides | Éditorial

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soirée ligue d'impro zidani

Évènement – LA LIGUE D’IMPRO VS. ZIDANI

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enfants et sans abrisme

Un toit pour grandir, rire et s’épanouir

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escape game

Interne – Le Comité de crise pour l’été

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soirée stand up Florence Mendez

27 septembre : le gala de Florence Mendez pour L’Ilot

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nouvelle réglementation attestation fiscale

Nouvelle réglementation concernant les attestations fiscales

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lutter contre les expulsions

Expulsions domiciliaires : fabrique à sans-abrisme.

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20 km de bruxelles 2024

Retour sur les 20 km de Bruxelles 2024 avec L’Ilot

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basculement sans abrisme

KART #8 | On ne choisit pas la rue, on subit un point de bascule.

KART #8 | On ne choisit pas la rue, on subit un point de bascule. 1024 576 L'Ilot
housing action days

L’Ilot participe au Belgian Housing Action Day 2024 !

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soirée stand up fanny ruwet

Retour sur la soirée stand-up au profit de Circé de L’Ilot

Retour sur la soirée stand-up au profit de Circé de L’Ilot 1024 576 L'Ilot
soirée stand up fanny ruwet

Soirée stand-up au profit de L’Ilot !

Soirée stand-up au profit de L’Ilot ! 1024 576 L'Ilot

L-Slam pour Circé de L’Ilot

L-Slam pour Circé de L’Ilot 1024 576 L'Ilot
grand froid hiver sans abrisme

Un plan grand froid… et après ?

Un plan grand froid… et après ? 1024 576 L'Ilot
fonds d'urgence

Fonds d’Urgence : certaines personnes ne peuvent plus attendre !

Fonds d’Urgence : certaines personnes ne peuvent plus attendre ! 1024 576 L'Ilot
aide alimentaire le hold up des start up

Aide alimentaire : le hold-up des start-ups ?

Aide alimentaire : le hold-up des start-ups ? 1024 576 L'Ilot
incendie Recyclerie de l'ilot Marchienne

Un incendie impacte le site de L’Ilot à Marchienne-au-Pont

Un incendie impacte le site de L’Ilot à Marchienne-au-Pont 1024 576 L'Ilot
femmes sans abri

L’horreur : le quotidien des femmes sans abri

L’horreur : le quotidien des femmes sans abri 1024 576 L'Ilot
serious game parcours de mina

Le parcours de Mina : ferez-vous les bons choix ?

Le parcours de Mina : ferez-vous les bons choix ? 1024 576 L'Ilot
soirée slam Lisette lombé

Soirée slam avec la poétesse Lisette Lombé !

Soirée slam avec la poétesse Lisette Lombé ! 1024 576 L'Ilot
campagne sans papiers sans droits sans abri

Sans papiers, sans droits, sans abri : un statu quo intenable !

Sans papiers, sans droits, sans abri : un statu quo intenable ! 1024 576 L'Ilot
inauguration centre de jour mixte

Inauguration du nouveau Centre de jour de L’Ilot

Inauguration du nouveau Centre de jour de L’Ilot 1024 576 L'Ilot
L'équipe du centre Circé de L'Ilot lors de l'inauguration. (c) Cabinet d'Alain Maron / Arnaud Ghys

Inauguration du centre CIRCÉ de L’Ilot

Inauguration du centre CIRCÉ de L’Ilot 1024 595 L'Ilot
scolarité et sans abrisme interview Eva bénévole

Kart #7 | « Quand vous ne parlez pas français en mai, vous ne pouvez pas conjuguer au futur antérieur en septembre… Le système scolaire n’est pas adapté à leurs besoins. »

Kart #7 | « Quand vous ne parlez pas français en mai, vous ne pouvez pas conjuguer au futur antérieur en septembre… Le système scolaire n’est pas adapté à leurs besoins. » 1024 576 L'Ilot
dap solidarity assurance solidaire

Soutenez L’Ilot via votre contrat d’assurance !

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centre de jour par et pour les femmes

Création du premier Centre de jour par et pour les femmes

Création du premier Centre de jour par et pour les femmes 1024 576 L'Ilot
incendie jumet ilot

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. »

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. » 1024 576 L'Ilot
la Recyclerie de l'ilot meubles

Une nouvelle Maison d’accueil et une Recyclerie

Une nouvelle Maison d’accueil et une Recyclerie 1024 576 L'Ilot
collecte alimentaire sans abrisme

Santé alimentaire : 40 000 repas équilibrés distribués par an

Santé alimentaire : 40 000 repas équilibrés distribués par an 1024 576 L'Ilot
cuisines de l'ilot

Khalid, réfugié irakien, devenu chef cuisinier à L’Ilot

Khalid, réfugié irakien, devenu chef cuisinier à L’Ilot 1024 576 L'Ilot
rapport annuel 2022 ilot

2022 : Entre crises et innovations sociales

2022 : Entre crises et innovations sociales 1024 576 L'Ilot
sans abrisme caché

Kart #6 | Le sans-abrisme caché

Kart #6 | Le sans-abrisme caché 1024 576 L'Ilot
carte blanche tarif social

Carte blanche : « Tarif social et statut BIM »

Carte blanche : « Tarif social et statut BIM » 1024 576 L'Ilot
housing action day 2023 logement

Rejoignez-nous au Belgian Housing Action Day 2023 !

Rejoignez-nous au Belgian Housing Action Day 2023 ! 1024 576 L'Ilot

Précarité hydrique : participez à l’évènement « Bruxelles à sec »

Précarité hydrique : participez à l’évènement « Bruxelles à sec » 1024 576 L'Ilot
cellule création et captation de logements

Investissez avec la CCL !

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ilot sortants de prison

Kart #5 | L’Ilot depuis 60 ans aux côtés des ex-détenu∙e∙s

Kart #5 | L’Ilot depuis 60 ans aux côtés des ex-détenu∙e∙s 1024 576 L'Ilot
ilot sortants de prison

Kart #5 | De la prison à la rue : d’un enfer à l’autre

Kart #5 | De la prison à la rue : d’un enfer à l’autre 1024 576 L'Ilot
ilot sortants de prison

Kart #5 | Plaidoyer « prison et sans-abrisme »

Kart #5 | Plaidoyer « prison et sans-abrisme » 1024 576 L'Ilot
Quel est le lien entre la prison et le sans-abrisme ?

Beaucoup de personnes sans chez-soi sortent directement d’un long séjour en institution : cliniques psychiatriques, hôpitaux mais aussi, souvent, prisons. Et ces dernières ont particulièrement tendance à « produire du sans-abrisme », pour de multiples raisons.

Il y a, tout d’abord, la problématique du manque d’accompagnement des détenu∙es au sein de la prison : le financement du système carcéral belge étant majoritairement alloué aux enjeux sécuritaires (engager des gardiens et gardiennes, payer des systèmes de surveillances, etc.), le secteur social n’en récolte que les miettes. Il y a trop peu de travailleuses et travailleurs sociaux dans les institutions pénitentiaires. Déjà insuffisant durant la peine, l’accompagnement social est de facto quasi inexistant à la sortie. Il est pourtant crucial.

Passer des années en prison équivaut ensuite, bien souvent, à perdre son réseau social, qui ne peut donc plus agir comme un filet de sécurité à la sortie. Une partie des ex-détenu∙es sans point de chute termine donc à la rue. Garder des repères – notamment familiaux ou sociaux – est pourtant primordial, car la détention empêche bon nombre de personnes incarcérées d’évoluer en même temps que les changements sociétaux, rendant la réinsertion encore plus difficile. S’accommoder à une nouvelle réalité peut être brutal et demander un certain temps.

Gregory (prénom d’emprunt), accueilli à L’Ilot à sa sortie de prison, témoigne : « Pour moi c’est la double peine : non seulement on en bave en prison mais après, une fois sorti, le cauchemar recommence et je suis puni une seconde fois. »

Pas/peu d’accompagnement, rupture des liens sociaux, décalage par rapport à la société… quelles sont les conséquences sur le terrain ?

En plus d’être injuste (la « dette à la société » des ex-détenu∙e∙ est sensée être soldée une fois leur peine purgée), ce procédé est inefficace. En effet, face à ce nouveau chemin de croix, nombreux sont ceux et celles dont la santé mentale chancelle, qui (re)tombent dans les assuétudes, (re)basculent dans la criminalité…

Et face au manque de prévoyance de l’État, il incombe à certains acteurs de terrain, principalement le secteur du sans-abrisme et celui de la prévention aux assuétudes, d’assumer l’accompagnement de ces personnes. Nos Maisons d’accueil reçoivent un nombre de demandes (plus de 200 par an rien qu’à Jumet !) émanant de personnes sortant de prison qui est bien supérieur à nos capacités d’accueil.

Le problème se situe déjà en amont de la sortie : l’absence de réseau social empêche beaucoup de prisonniers et prisonnières en fin de peine de renseigner une adresse valide à l’administration pénitentiaire et donc de bénéficier des congés pénitentiaires auxquels ils ou elles ont droit. Pour – un peu – palier cela, notre Maison d’accueil pour hommes sans abri de Jumet leur réserve une chambre. Mais cela ne permet pas de rencontrer la demande, qui est bien trop importante que pour être absorbée par nos seules infrastructures. Les personnes que nous accueillons à leur sortie de prison sont toujours passées par nos services au préalable lors d’un congé pénitentiaire. Pour les autres, qui ne parviennent pas à trouver de places dans des institutions comme les nôtres, la rue devient presque une fatalité. L’Etat entretient ainsi un système qui crée mécaniquement du sans-abrisme.

Que pourrait-on faire différemment ?

Il y a tout d’abord lieu de se poser la question de la pertinence de l’enfermement pour certaines personnes. Il serait à notre sens judicieux de développer des alternatives afin d’offrir aux juges un panel de solutions plus diversifié qu’actuellement et éviter l’enfermement à certain∙es.

Ensuite, pour les profils pour lesquels la prison est inévitable, il faut absolument un meilleur accompagnement social en prison : celui-ci doit impérativement servir à la préparation de leur sortie. Cet accompagnement devrait idéalement se poursuivre une fois dehors, afin d’assurer la transition entre le monde carcéral et le retour à la vie en société. C’est en partie ce que le ministère de la Justice tente de faire avec la création de « maisons de transition » dans lesquelles certain∙es détenu·es purgent la fin de leur peine et où ils ou elles peuvent déjà jouir d’une situation intermédiaire entre la prison et l’extérieur. Le nombre de ces maisons et de facto celui de places disponibles sont actuellement tout à fait insuffisants. Les conditions pour y accéder sont aussi trop strictes, ce qui en exclut les profils qui en auraient le plus besoin.

Il est, enfin, anormal que l’État fédéral se repose sur le travail du secteur associatif, qui doit ainsi palier ces manquements avec des moyens dérisoires. Le minimum serait donc que le ministère de la Justice prévoit une dotation spécifique pour les associations effectuant ce travail d’accompagnement. Travail que nous réalisons actuellement sans qu’il ne soit financé par un seul euro public.

L’interview de Benjamin, conseiller plaidoyer à L’Ilot.

grand froid hiver sans abrisme

Décembre 2022. 1h30 (?). -2° Celsius. Charlotte et sa maman, première nuit sans abri

Décembre 2022. 1h30 (?). -2° Celsius. Charlotte et sa maman, première nuit sans abri 1024 576 L'Ilot

« Il est une ou deux heure du matin. La porte de la banque est fermée. Mon dernier espoir.

Je suis trop épuisée pour continuer à chercher un endroit où dormir.

Alors, je m’assieds sur ce sol glacial, Charlotte sur mes genoux. Je voudrais qu’elle dorme au moins quelques heures.

Charlotte cherche le sommeil. Malgré toutes ses couches de vêtements, je la sens trembler de froid. Elle respire fort, sa gorge lui fait mal.

Charlotte dans mes bras, le vent qui nous glace les os, je repense aux dernières semaines.

J’ai encore l’impression de collectionner les emmerdes les unes après les autres.

D’abord, le papa de Charlotte que j’ai enfin quitté. Et puis il n’a plus voulu entendre parler de nous quand il a rencontré quelqu’un d’autre. Et adieu la pension alimentaire.

Et puis, mon premier appart’ avec Charlotte a été une période magique. C’était la première fois que nous étions sans Lui.

grand froid hiver sans abrisme

J’avais l’impression qu’on s’était enfin retrouvées, toutes les deux. On buvait du chocolat chaud en regardant des Disney, on prenait notre petit-déjeuner ensemble, on rêvait…

Alors je n’ai pas voulu y croire quand j’ai vu les factures de gaz et d’électricité. Surtout qu’avant, c’était Lui qui s’en occupait.

Le montant, c’était presque tout mon salaire qui y passait. Je voulais juste profiter encore de mes moments avec Charlotte. Alors je n’ai rien fait. Et je n’avais plus d’argent sur mon compte bancaire. Les finances, c’était Lui aussi.

Et puis, un soir après avoir récupéré Charlotte de l’école, ma clef ne rentrait plus dans la serrure. J’ai appelé le proprio, les pompiers, la police. Cela n’a servi à rien.

Nous mourrons de froid pour notre première nuit dehors. J’ai tellement envie de m’endormir. Je ne sens plus le bas de mon corps. J’ai tellement peur que Charlotte ne se réveille pas… »

L’Ilot évite tous les désastres de la rue à des femmes et enfants sans abri comme Charlotte et sa maman.

Vous pouvez les aider. Faites un don.

Grand froid : l’urgence est dans la rue

Grand froid : l’urgence est dans la rue 800 531 L'Ilot

Ce n’est plus un secret pour personne, l’hiver approche. Et quand certain∙e∙s ont l’esprit aux fêtes, d’autres n’ont en tête que leur propre survie : le froid glacial qui tombe actuellement sur notre pays rend en effet la vie en rue encore plus insupportable, voire mortelle. Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot, témoigne de la situation catastrophique que les personnes sans abri traversent actuellement.

Le Centre de jour de L’Ilot, installé sur le Parvis de Saint-Gilles à Bruxelles, accueille tous les jours de nombreuses personnes sans abri en quête de services de première nécessité : un repas, une douche chaude, une sieste dans un cadre sécurisé et rassurant, une oreille attentive prête à écouter les épreuves traversées…

Attaqués de toutes parts par le froid, les corps glacés jusqu’aux os, des hommes, femmes et enfants sans abri sont de plus en plus nombreux et nombreuses à y chercher refuge… sans forcément le trouver, à notre grand désarroi : faute de moyens, nos équipes sont obligées de refuser l’accès à certaines personnes, sans savoir si elles seront encore en mesure d’endurer une journée dehors, de survivre seules en plein hiver…

Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot : « La vague de froid actuelle frappe de plein fouet celles et ceux qui vivent en rue : nous sommes obligés de refuser du monde au Centre de jour ! L’équipe doit donc laisser dehors des personnes sans abri qui ont déjà dû endurer toutes les difficultés d’une nuit en rue.

Le métro bruxellois fait en effet actuellement office d’abri d’urgence : tous les services sont saturés de demandes. Nous n’avons plus, à L’Ilot, de places d’hébergement disponibles !  

Des hommes, des femmes et des enfants sans abri souffrent du coup, en plus du froid glacial, de la violence extrême qui règne en rue : l’insécurité y est omniprésente. Ils et elles sont aussi en première ligne face à la maladie : la promiscuité et le manque d’hygiène entraînent une recrudescence de maladies graves, comme la gale.

Les manques sont criants, et pas seulement en matière de logement : nous devons remuer ciel et terre pour trouver de la nourriture en suffisance pour, chaque jour, proposer des colis alimentaires à celles et ceux qui ont faim et ne trouvent rien. »

carte blanche bruxelles numérique

Carte blanche : Bruxelles numérique, une mesure discriminatoire

Carte blanche : Bruxelles numérique, une mesure discriminatoire 1024 576 L'Ilot

Dans quelques jours, le gouvernement bruxellois va présenter au parlement un projet d’ordonnance intitulée « Bruxelles numérique », porté par le ministre Clerfayt. Cette ordonnance, qui a la même force contraignante qu’une loi, impose aux administrations régionales et communales bruxelloises (telles qu’Actiris, les CPAS ou les communes) de rendre intégralement disponibles en ligne leurs
services, et de communiquer avec les citoyens par ce biais. Par contre, ce texte n’impose pas aux administrations de maintenir un guichet humain, en parallèle de ce « guichet numérique ». L’objectif de la mesure est clair : le digital va devenir la règle quand le papier et le contact humain seront des exceptions. C’est ce qu’on appelle le « digital par défaut ».

Dans cette optique, L’Ilot a co-signé une Carte Blanche avec un important collectif d’associations et de professionnel.le.s bruxellois.es pour dénoncer la disparition des guichets humains ainsi que la dématérialisation irréfléchie de ces services.
spectacle la cité des dames

La Cité des Dames, nouveau projet de théâtre participatif avec des femmes sans abri

La Cité des Dames, nouveau projet de théâtre participatif avec des femmes sans abri 1024 576 L'Ilot
« La Cité des Dames » est un projet artistique participatif et transversal mené par Marie Avril avec des femmes sans-abris de Bruxelles. La comédienne et metteure en scène s’est associée avec L’Ilot et quatre autres structures de terrain pour proposer des ateliers théâtre auprès de ce public vulnérable et invisibilisé : Douche Flux, Diogènes, Hobo et le Samu Social.

Depuis le mois de septembre, les femmes ont suivi un atelier de théâtre hebdomadaire et de cette exploration est née une forme scénique qu’elles partageront avec le public. La recherche a été collective, sur la base de jeux, d’improvisations sur des thèmes qu’elles ont choisis.

Marie Avril est accompagnée de Lénaïc Brulé, comédienne et de Rocio Alvarez, illustratrice, qui a réalisé une série de portraits lumineux et colorés des femmes pour les mettre à l’honneur. Eve Duchemin, cinéaste et documentariste, a accompagné elle aussi le trajet créatif des femmes avec sa caméra.

Trois représentations auront lieu en décembre :

• Le vendredi 16 décembre à 16h à l’Espace Magh Résevations : www.espacemagh.be / Tel : 02 274 05 10 ou par mail : loubna.elwahabi@espacemagh.be
• Le samedi 17 décembre à 19h à la Maison du Peuple
Résevations : www.lejacquesfranck.be / Tel : 02 538 90 20
• Le lundi 19 décembre à 20h30 à La Tricoterie
Résevations : www.tricoterie.be ou par mail : reservations@tricoterie.be

Afin de permettre au public de prendre part lui aussi à cette démarche, il pourra voir les portraits de Rocio et les images de Eve avant ou après le spectacle sur les murs de la Tricoterie. L’objectif du projet  « La Cité des Dames » est de rendre visible la problématique du sans abrisme à Bruxelles et particulièrement celui des femmes.

Projet réalisé avec le soutien de :

>> La Fédération Wallonie-Bruxelles (Un futur pour la Culture)
>> Du Fonds Célina Ramos géré par La Fondation Roi Baudoin
>> La Commune de Saint-Gilles
>> Les ASBL : L’Ilot, Douche Flux, Diogènes, Hobo et le Samu Social
>> L’Espace Magh

Et en partenariat avec :

>> Le Service de la Culture de Saint-Gilles
>> Le Centre Culturel Jacques Franck
>> La Maison du Peuple
>> Collectif Sanguin

tartinades les pots de l'ilot

Des Pots de L’Ilot pour les fêtes !

Des Pots de L’Ilot pour les fêtes ! 1024 576 L'Ilot

Les Pots de l’Ilot est un projet d’insertion socio-professionnelle centré sur la fabrication de produits alimentaires durables. Nos tartinades certifiées BIO, locales et végétariennes sont réalisée par nos stagiaires, auxquel·le·s nous offrons un encadrement et une (pré)formation aux métiers de l’HoReCa.

Offrir une box cadeau Les Pots de L’Ilot pour célébrer Noël ou la nouvelle année, c’est faire plaisir avec un produit solidaire de qualité, local et BIO !

Faites votre choix et commandez !

Pot de L’Ilot en cadeau
Un Pot de L’Ilot au choix emballé dans un Furoshiki, un emballage zéro déchet d’origine japonaise.

Pack Dégustation
Deux Pots de 90 g aux choix + des crackers

Pack Gourmand
Deux Pots de 155 g au choix + des crackers

Box Petit Délice

  • deux HUMMUS
  • une TAPENADE de champignons
  • un CAVIAR d’aubergines

en Pots de 90 g

Box Grand Délice

  • deux HUMMUS
  • une TAPENADE de champignons
  • un CAVIAR d’aubergines

en Pots de 115 g

Nos recettes

HUMMUS

Inspiré d’une préparation culinaire traditionnelle originaire du Moyen-Orient, notre recette est revisitée avec du curcuma et du citron.

CAVIAR d’aubergines

Notre Caviar est l’histoire d’une transmission : celle d’une grand-mère grecque à son petit-fils belge. L’association aubergine – feta – amandes apporte un petit goût unique à cette préparation traditionnelle.

TAPENADE de champignons

Cette recette, originaire du nord-est du Maroc, est cuisinée avec des queues de pleurotes bruxelloises poussant sur fond de marc de café BIO.

Pour contacter Les Pots de L’Ilot :

pots@ilot.be
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Carte blanche : le « tarif social gaz » aussi pour le secteur sans-abri

Carte blanche : le « tarif social gaz » aussi pour le secteur sans-abri 1024 576 L'Ilot

C’est une actualité qui n’a échappé à personne : le prix de l’énergie a augmenté d’une telle manière qu’il en vient à fragiliser financièrement des personnes qui jusque-là n’étaient pas en difficulté. Le gouvernement, conscient de cette situation inédite, a cherché à développer des réponses afin de venir en aide aux ménages belges. Ces aides risquent de ne pas suffire. Nous coordonnons des maisons d’accueil, des maisons de vie communautaire, des abris de nuit, des centres d’hébergement d’urgence, des services de guidance à domicile, des services de Housing First, des équipes de travail de rue et des centres d’accueil de jour pour des personnes qui n’ont plus de « chez-soi ». Cet hiver, nous craignons une explosion des demandes. Ces dernières sont déjà, à l’heure actuelle, nettement supérieures à l’offre que nous pouvons proposer.

Dans cette optique, nous avons rédigé une Carte blanche, co-signée par les membres de la Fédération AMA, afin d’exiger que le tarif social-gaz soit appliqué aux structures qui accueillent des personnes sans abri.

Kart #4 | En rue, la violence est quotidienne

Kart #4 | En rue, la violence est quotidienne 1024 576 L'Ilot

Illustration Gérard Bedoret

Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot à Saint-Gilles, croise tous les jours des personnes sans abri victimes de la violence extrême qui peut sévir dans la rue. Il se souvient de plusieurs usagers et usagères avec des fragilités diverses et des solutions qui ont été mises en place par notre association pour les soutenir.
Quelle est l’importance du Centre de jour de L’Ilot pour les personnes vivant en rue ?

C’est un rendez-vous quotidien, stable, avec des horaires. On peut y trouver un peu de répit, manger un repas, prendre une douche, parler à quelqu’un… Ça apporte un certain cadre dans des vies souvent mouvementées et difficiles. Nous offrons également la possibilité aux personnes sans abri de participer activement à la vie quotidienne du Centre de jour, ce qui contribue beaucoup à retrouver une estime de soi.

Les services de première nécessité permettent aux personnes de sortir de l’urgence : manger, se laver, se reposer. Mais ils servent aussi d’accroche à l’équipe sociale qui peut, une fois que des liens de confiance ont été tissés avec la personne, entamer un travail psychosocial centré sur les autres besoins de la personne : remise en ordre administrative, recherche d’un logement, etc.

À quel point le public du Centre de jour est-il confronté à la violence ?

Déjà, dans la rue, on ne dort pas. Ou peu. Ou mal. Et quand on est privé·e de sommeil pendant plusieurs jours, on pète les plombs. Et c’est foutu pour longtemps. Dès qu’on expose sa vulnérabilité, on se fait tomber dessus. Si tu es affaibli·e, les autres te bouffent. Et on ne parle pas de « duel à la loyale », en face à face. La personne qui frappe ne veut pas prendre de risque : on te précipite sur les rails, on te pousse dans un escalier… En rue, la violence est partout tout le temps. Et elle tue. A petit feu, ou brutalement.

Comment accompagnez-vous celles et ceux qui doivent affronter cette violence quotidienne ?

Un service social, cela ne peut pas être rigide. Il faut multiplier les approches et diversifier les compétences. On réunit un maximum de conditions pour s’assurer de créer un lien avec la personne. C’est souvent un travail de longue haleine.

Je me souviens d’un gars qui a fréquenté le Centre de jour pendant deux ou trois ans. Il montrait des signes aigus de paranoïa et avait des accès de violence incroyables. L’équipe sociale a énormément travaillé, au jour le jour, pour le canaliser, éviter les conflits entre lui et les autres usagers et usagères. Ils ont déployé d’énormes efforts en matière de communication non-violente, sans jugement et avec empathie. Cela a fini par payer : on lui a un jour parlé d’une mise en logement – alors qu’il n’avait même pas encore entamé de suivi psychosocial – et son visage s’est éclairé, il a changé du tout au tout. Il a fallu trouver la bonne accroche, la seule thématique qui permettait d’avoir une conversation apaisée avec lui. À ma connaissance, il occupe toujours son logement et n’est jamais retourné en rue.

Arrivez-vous à accompagner efficacement toutes les personnes qui fréquentent le Centre de jour ?

Malheureusement non. Il y a des jours où l’on rentre chez soi en sachant que tel ou telle va passer la nuit en rue. On voit également des personnes décliner sans pouvoir leur apporter de solution. On est désarmé.

Et cela arrive tous les jours : je viens d’être interrogé par la police à propos d’un jeune homme, la trentaine, qui fréquentait le Centre de jour jusqu’à il y a peu. Il arrivait souvent le visage tuméfié et en sang, victime de passages à tabac de la part de dealers à qui il devait de l’argent. On est désormais sans nouvelle de lui, on ne l’a plus vu depuis des jours. Des usagers du Centre m’ont raconté qu’il était allé rejoindre sa sœur au Venezuela… C’est impossible, il n’a pas de papiers d’identité ! Un avis de disparition a été publié mais je crains qu’il ne soit décédé…

Quelles solutions peuvent, selon vous, être développées pour mettre fin à ce genre de situation ?

Prôner la mise en logement prioritaire, le principe du « housing first », offrirait la possibilité à beaucoup de personnes de reprendre leur vie en main. Avoir un toit permet de se réorganiser, se poser, reprendre ses esprits… Et quand on vient de la rue, juste se poser, ça peut prendre des semaines. L’Ilot développe à cet effet de nombreux projets focalisés autour du logement : projets immobiliers avec des investisseurs sociaux, captation de logements privés, gestion de projets permettant l’occupation temporaire dans des bâtiments inoccupés ou en attente de rénovation, aide à l’installation en logement, accompagnement social à domicile  pour favoriser le maintien en logement des personnes récemment relogées, etc..

L’Ilot, via ses Maisons d’accueil ou le Centre de jour, est régulièrement sollicitée pour sensibiliser les services publics (hôpitaux, commissariats de quartier, CPAS, etc.) aux particularités du sans-abrisme et au travail des équipes de terrain. Le maintien et le développement de ces collaborations devrait garantir, à terme, une meilleure prise en compte et compréhension des enjeux liés au sans-abrisme.

Les femmes et les enfants victimes de violence

Les femmes et les plus petits qui fréquentent notre Maison d’accueil pour familles avec enfants à Bruxelles sont régulièrement, dans leurs parcours respectifs, confrontés à de la violence : violences conjugales ou intra familiales, agressions sexuelles, harcèlement, etc. Il est primordial de pouvoir offrir un suivi personnalisé à chacun∙e, en fonction de ses besoins.

Valérie, assistante sociale de la Maison d’accueil pour familles avec enfants, témoigne : « On n’a pas de feuille de route, ce serait juste horrible. On traite chaque situation de manière individuelle, en respectant les demandes de la personne. On travaille également étroitement avec des services spécialisés, comme l’Assistance Policière aux Victimes ou le Centre de prévention de violences conjugales. Une partie de l’équipe est également formée à l’accompagnement des enfants victimes de violences conjugales et intrafamiliales. »

Léa jour 1 - 24h dans la vie d'une femme sans abri

Kart #4 | « Très vite, il y a tous les classiques de la dégradation psychique qui s’installent »

Kart #4 | « Très vite, il y a tous les classiques de la dégradation psychique qui s’installent » 1024 576 L'Ilot

Illustration Gérard Bedoret

Manu Gonçalves est directeur de l’asbl Messidor-Carrefour, une Initiative d’Habitations protégées (IHP) destinée à la création de lieux de vie permettant la réinsertion de personnes sans abri avec un passif psychiatrique. Fort de sa longue expérience en la matière, il nous éclaire sur l’incidence de la maladie mentale sur le parcours en rue.
Il y a-t-il une prise en compte suffisante des pathologies mentales dans le sans-abrisme ?

La psyché fait partie intégrante de l’humanité. Et sa particularité, c’est qu’elle dérange celui ou celle qui en pâtit et son environnement. Les professionnel·les de la psyché n’ont pas réponse à tout. On minimise à cet égard le travail réalisé par des institutions comme L’Ilot. Vous créez du lien social et cela a une importance considérable dans la stabilisation des personnes. C’est aussi l’esprit-même d’une IHP : penser que la dimension collective et communautaire va faire soin.

Est-ce que le contexte d’une mise à la rue (et de la violence suscitée par cette dernière) peut constituer un accélérateur au développement de pathologies mentales ?

La mise à la rue ne provoque pas la maladie mentale, mais elle fragilise psychologiquement. Et chez les gens qui ont des pathologies, elle va les faire flamber. C’est en cela qu’il y a urgence. Cela dit, une détresse ou une pathologie ne se présente pas en quelques heures.

En revanche, très vite, il y a tous les classiques de la dégradation psychique qui s’installent. Ceux qui vont couper la personne de ses propres sentiments. La preuve, c’est que quand on remet en logement des gens qui ont été à la rue pendant des années, il se peut qu’ils tombent malades. Sans l’avoir jamais été avant. Comme s’il y avait quelque chose où, psychiquement, la rue avait pour effet de mettre la maladie à distance. Et que tout d’un coup, le fait de se retrouver un peu protégé·e, offrait à cette dernière un terreau à nouveau favorable.

Comment traiter des questions de santé mentale quand les besoins primaires ne sont pas eux-mêmes rencontrés ?

On ne fait pas l’un ou l’autre. On fait l’un et l’autre. Parce que c’est le seul moyen d’être utile à la personne tout en lui apportant du soin. C’est ce que vous faites à L’Ilot.

Et cela dépend aussi du rapport de la personne à sa « conscience morbide ». On parle de conscience morbide lorsqu’on veut évoquer la capacité d’un patient, atteint d’un trouble ou d’une pathologie psychiatrique, à se reconnaître comme malade. Malheureusement, le propre des fortes pathologies mentales, c’est qu’il n’y a pas de conscience morbide. Ou très peu. C’est-à-dire que la personne délire, mais ne s’en rend pas compte.

Tant que la personne a un rapport à l’étrangeté de ce qu’elle vit, il y a de la place pour offrir du soin. Quand il n’y en n’a pas, cela complique la donne et le risque de mise en danger devient réel.

Des aspects avec lesquels les travailleuses et travailleurs sociaux se trouvent parfois démunis, par manque de formations spécifiques dans le domaine de la santé mentale. Quelle solution le secteur peut-il faire valoir ?

Effectivement, on ne peut pas demander aux équipes de L’Ilot de faire du soin, du thérapeutique. Ce n’est pas leur métier. Et pourtant, les pathologies mentales font partie intégrante de leur quotidien.

De mon point de vue, il ne faut pas être psychologue ou psychiatre pour être utile à une personne en détresse psychologique. Il y a plein de travailleuses et travailleurs psychosociaux utiles sur les sujets de la santé mentale.

Le problème, c’est que le discours dominant dans notre société, c’est qu’il faut des gens estampillés par la faculté pour pouvoir assurer une prise en charge efficace. Mais de mon point de vue, plus une société est bienveillante, moins il y aura de gens en détresse. À condition de les considérer.

Or, les personnes en détresse psychologique sont quantité négligeable. Ce sont « les hommes infâmes » de Michel Foucault. Ceux se situant en-dessous du prolétariat et devant lesquels on ferme les yeux.

Léa jour 1 - 24h dans la vie d'une femme sans abri

Kart #4 | 24h dans la vie d’une personne sans abri : un monde de violences

Kart #4 | 24h dans la vie d’une personne sans abri : un monde de violences 1024 608 L'Ilot

Illustration Gérard Bedoret

On peut être une femme diplômée, une travailleuse opiniâtre, une mère de famille épanouie et tout perdre. On peut aussi avoir, comme moi ou comme certain·es d’entre vous peut-être, les ressources nécessaires pour s’en sortir en cas de pépin.  La frontière est pourtant souvent ténue entre un cadre de vie idyllique et la détresse qui nous mènera au sans-abrisme.

Le sans-abrisme ne se limite pas aux personnes contraintes de dormir dans la rue. La FEANTSA* élargit ce concept aux problèmes de logements précaires ou inadéquats, faisant entrer de fait dans la population dite sans abri l’ensemble des ménages vivant dans des logements trop chers par rapport à leurs revenus, surpeuplés ou insalubres. Avec les crises que traverse aujourd’hui notre société, le nombre de personnes correspondant à ce profil, et donc en risque de perte de logement, va littéralement exploser.

Cela ne surprendra personne, mais le sans-abrisme ne s’anticipe pas. Dans beaucoup de cas, il ne s’annonce pas non plus : aujourd’hui, l’augmentation de la pauvreté fait que de plus en plus de personnes peuvent, du jour au lendemain, se retrouver sans rien.

Et les causes qui peuvent faire basculer vers le rien sont nombreuses : la perte d’un emploi, le faible niveau des revenus, la monoparentalité, les violences conjugales ou intra familiales, les migrations, les problèmes de santé, une rupture familiale ou amoureuse, le manque de logements abordables, le soutien insuffisant accordé aux personnes sortant d’un centre de soin, de l’hôpital, de prison ou d’autres établissements publics, l’extrême fragilité du réseau social et/ou familial. À cette liste déjà trop longue, on doit désormais ajouter l’augmentation du prix de produits de première nécessité et l’explosion des coûts énergétiques.

Le profil de la population sans abri est tout aussi diversifié. Elle ne comprend pas seulement des hommes seuls. Aujourd’hui, ce sont aussi des femmes et des familles, des jeunes, des enfants, des migrant·es et d’autres publics souvent marginalisés.

Sont aussi concernées des personnes en situation d’exclusion en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre. Un public souvent en situation de rupture familiale, livré à lui-même.

La détresse et la brutalité d’une mise à la rue ne connaissent pas d’équivalent en termes d’exclusion et de violence. En quelques jours, en quelques heures parfois, la confrontation avec le réel dépasse l’entendement.

Une spirale infernale qui guette beaucoup plus de monde qu’on ne le voudrait. Le décalage avec sa « vie d’avant » est parfois vertigineux et favorise les fêlures. Seul·e ou accompagné·e, dans la rue, le vide est partout. Et la société, en roue libre, ne s’arrêtera pas : il faut tellement peu de temps pour devenir invisible. Et des années pour tenter se reconstruire.

Les violences psychologiques vécues par les personnes sans abri sont d’autant plus fortes qu’elles s’accompagnent trop souvent de l’absence ou d’une insuffisance de suivi psychosocial de qualité. Le manque de ressources auquel sont confrontées les personnes concernées favorise cette plongée vers l’oubli, particulièrement pour les femmes qui doivent faire face à des structures peu adaptées à leurs besoins spécifiques. C’est pourquoi, en 2023, L’Ilot ouvrira un nouveau Centre de jour réservé aux femmes et exclusivement pensé par et pour elles.

Au contact de la rue, sans logement, sans accompagnement, il faut si peu de temps pour disparaitre et l’on sait les premières heures décisives. C’est sur celles-ci que je veux insister aujourd’hui. Et c’est notamment pour cela que seules des solutions dignes, structurelles et globales sont efficaces à moyen et long termes.

Parce que, en définitive, la situation des personnes sans abri nous concerne toutes et tous.

Ariane Dierickx, directrice de L’Ilot

* La Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les personnes sans abri.

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