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  • 13 juin 2023

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. »

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. »

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. » 1024 576 L'Ilot

« Je suis rentré le dimanche. Les grilles de la Maison d’accueil étaient fermées et j’ai vu que le bâtiment avait brûlé. », Christophe*, 38 ans, ancien résident de la MA.  ©L’Ilot ASBL

En mai dernier, un incendie s’est déclaré dans notre Maison d’accueil pour hommes de Jumet. Le feu a ravagé les étages du bâtiment.

L’incendie a mis en danger les résidents comme l’équipe éducative. Grâce aux efforts combinés de l’éducatrice présente sur place et des pompiers, personne n’a fort heureusement été blessé.

Trois résidents ont néanmoins été intoxiqués par les dégagements de fumée et emmenés d’urgence à l’hôpital.

Ce terrible événement a constitué un véritable drame.

Car le feu n’a pas uniquement occasionné des dégâts matériels, il a également privé nos 24 résidents de leur hébergement et de la stabilité qu’ils venaient de retrouver.

Pour les hommes hébergés dans notre bâtiment de Jumet, cette maison était une fenêtre d’espoir. Un lieu sécurisant qui leur permettait de se projeter dans l’avenir.

Cette interruption forcée de l’accompagnement psychosocial dont ils bénéficiaient a porté un coup d’arrêt à la construction de leur nouvelle trajectoire de vie et les a fait basculer à nouveau dans une totale insécurité et instabilité, tant sur les plans matériel et administratif que psychologique et social.

En « poussant les murs » de nos Maisons d’accueil de Marchienne-au-Pont et de Bruxelles-Ville, nous avons pu y accueillir dans l’urgence certains des 24 hommes qui se sont de nouveau retrouvés sans abri. Les autres résidents ont été réorientés vers des structures partenaires de L’Ilot ou vers des solutions de logement d’urgence.

Après avoir réalisé pendant un an d’importants travaux dans notre Maison d’accueil de Jumet, les suivis psychosociaux vont enfin pouvoir reprendre. L’immeuble a nécessité d’importantes rénovations afin de réhabiliter les 24 chambres et les espaces communs que compte notre structure d’hébergement. Toute l’équipe a retroussé ses manches pour que le 24 mai 2023, nous partagions, avec les personnes et organisations qui nous ont soutenues, le grand plaisir de rouvrir notre Maison d’accueil.

« Quand on a ses habitudes, c’est vraiment très dur de voir sa maison brûler. »

Christophe*, 38 ans, a été hébergé dans notre Maison d’accueil de Marchienne-au-Pont suite à l’incendie. Comme les autres victimes de ce tragique incident, il nous livre son témoignage.

« Je suis rentré le dimanche. Les grilles de la Maison d’accueil étaient fermées et j’ai vu que le bâtiment avait brûlé. C’était vraiment très choquant. J’ai failli perdre plusieurs amis. »

Dans les heures qui ont suivi l’incendie, Christophe était désemparé. « Quand on a ses habitudes, c’est vraiment très dur de voir sa maison brûler. J’étais complétement perdu. L’Ilot m’a proposé de parler à une psychologue et ça m’a fait du bien. »

Christophe a passé huit mois à la rue avant d’arriver à la Maison d’accueil de Jumet. Il a vécu un divorce qui s’est très mal passé et, pour reprendre ses mots, il a sombré.

« La rue, c’est un combat de tous les jours. Tu t’endors le soir, tu ne sais pas si tu vas te réveiller. Quand je suis arrivé à L’Ilot, durant les premières nuits, j’ai dû réapprendre à dormir dans un lit et à être enfermé, façon de parler. Quand t’as dormi pendant longtemps dehors, ce n’est pas simple au début. Mais petit à petit, j’avais redécouvert la sensation agréable de passer de bonnes nuits. »

L’incendie a freiné la dynamique de reconstruction dans laquelle Christophe s’était inscrit. Il lui a fallu du temps pour soigner ses angoisses et reprendre les démarches qu’il avait initiées.

« Sylvain*, l’assistant social de L’Ilot, m’a aidé avec ma paperasse : je n’étais plus en ordre de mutuelle et je n’avais pas de médecin traitant. Il est venu avec moi à la Maison médicale où j’ai, à présent, mon dossier.

Quand l’incendie s’est déclaré, j’étais en pleine recherche d’emploi et de logement. Ça m’a filé un sacré coup : je n’arrivais plus à me motiver pour avancer. C’était compliqué de devoir changer de logement d’un seul coup et de reprendre de nouvelles habitudes.

Grâce à l’aide de L’Ilot, j’ai repris espoir et j’ai finalement trouvé un boulot comme manœuvre. Je suis à l’air libre, ça me plait. »

Christophe, accompagné par S.Ac.A.Do., notre Service qui accompagne à domicile nos anciens résidents : « J’avais peur de me retrouver tout seul mais L’Ilot ne m’a pas lâché. »

Après neuf mois passés au sein de nos Maisons d’accueil, Christophe a emménagé dans un studio. « Ce n’est pas très grand mais j’ai ma propre toilette, je suis content.

J’avais peur au début de me retrouver tout seul et de ne pas réussir à me sentir chez moi. Mais L’Ilot ne m’a pas lâché. »

Notre Service d’Installation en Logement (SIL) a fourni une aide à Christophe pour son emménagement.

« J’ai reçu un lit et un petit canapé, ça m’a fameusement dépanné. Et puis surtout, j’ai eu la visite toutes les semaines de Christelle*, la collègue de Sylvain qui travaille au service de guidance à domicile et de post-hébergement de L’Ilot. Elle m’apprend à faire mon budget pour éviter d’être à découvert le dix du mois. »

Les Services d’Accompagnement à Domicile de L’Ilot (S.Ac.A.Do.), l’un actif dans la région de Charleroi, l’autre à Bruxelles, s’inscrivent dans la continuité de l’accompagnement mis en place lors du séjour en Maison d’accueil. Les différents champs d’intervention sont similaires : remise en ordre administrative, guidance budgétaire, aides sociales, recréer du lien social, etc.

En s’adaptant au rythme de la personne, le suivi post-hébergement a un impact déterminant sur l’ancrage durable dans le nouveau logement. C’est un filet de sécurité rassurant, aussi bien pour les anciens résidents et résidentes qui s’installent dans leur nouveau logement que pour leurs propriétaires qui ont un interlocuteur privilégié en cas de difficultés.

Cela fait à présent sept mois que Christophe vit en autonomie dans son nouveau logement. Toutes les semaines, il prend contact avec Christelle*, notre assistante sociale avec qui un lien de confiance s’est créé. Parfois, il appelle « juste comme ça », comme il le dit avec le sourire.

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.