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Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. » 1024 576 L'Ilot

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. »

« Je suis rentré le dimanche. Les grilles de la Maison d’accueil étaient fermées et j’ai vu que le bâtiment avait brûlé. », Christophe*, 38 ans, ancien résident de la MA.  ©L’Ilot ASBL

En mai dernier, un incendie s’est déclaré dans notre Maison d’accueil pour hommes de Jumet. Le feu a ravagé les étages du bâtiment.

L’incendie a mis en danger les résidents comme l’équipe éducative. Grâce aux efforts combinés de l’éducatrice présente sur place et des pompiers, personne n’a fort heureusement été blessé.

Trois résidents ont néanmoins été intoxiqués par les dégagements de fumée et emmenés d’urgence à l’hôpital.

Ce terrible événement a constitué un véritable drame.

Car le feu n’a pas uniquement occasionné des dégâts matériels, il a également privé nos 24 résidents de leur hébergement et de la stabilité qu’ils venaient de retrouver.

Pour les hommes hébergés dans notre bâtiment de Jumet, cette maison était une fenêtre d’espoir. Un lieu sécurisant qui leur permettait de se projeter dans l’avenir.

Cette interruption forcée de l’accompagnement psychosocial dont ils bénéficiaient a porté un coup d’arrêt à la construction de leur nouvelle trajectoire de vie et les a fait basculer à nouveau dans une totale insécurité et instabilité, tant sur les plans matériel et administratif que psychologique et social.

En « poussant les murs » de nos Maisons d’accueil de Marchienne-au-Pont et de Bruxelles-Ville, nous avons pu y accueillir dans l’urgence certains des 24 hommes qui se sont de nouveau retrouvés sans abri. Les autres résidents ont été réorientés vers des structures partenaires de L’Ilot ou vers des solutions de logement d’urgence.

Après avoir réalisé pendant un an d’importants travaux dans notre Maison d’accueil de Jumet, les suivis psychosociaux vont enfin pouvoir reprendre. L’immeuble a nécessité d’importantes rénovations afin de réhabiliter les 24 chambres et les espaces communs que compte notre structure d’hébergement. Toute l’équipe a retroussé ses manches pour que le 24 mai 2023, nous partagions, avec les personnes et organisations qui nous ont soutenues, le grand plaisir de rouvrir notre Maison d’accueil.

« Quand on a ses habitudes, c’est vraiment très dur de voir sa maison brûler. »

Christophe*, 38 ans, a été hébergé dans notre Maison d’accueil de Marchienne-au-Pont suite à l’incendie. Comme les autres victimes de ce tragique incident, il nous livre son témoignage.

« Je suis rentré le dimanche. Les grilles de la Maison d’accueil étaient fermées et j’ai vu que le bâtiment avait brûlé. C’était vraiment très choquant. J’ai failli perdre plusieurs amis. »

Dans les heures qui ont suivi l’incendie, Christophe était désemparé. « Quand on a ses habitudes, c’est vraiment très dur de voir sa maison brûler. J’étais complétement perdu. L’Ilot m’a proposé de parler à une psychologue et ça m’a fait du bien. »

Christophe a passé huit mois à la rue avant d’arriver à la Maison d’accueil de Jumet. Il a vécu un divorce qui s’est très mal passé et, pour reprendre ses mots, il a sombré.

« La rue, c’est un combat de tous les jours. Tu t’endors le soir, tu ne sais pas si tu vas te réveiller. Quand je suis arrivé à L’Ilot, durant les premières nuits, j’ai dû réapprendre à dormir dans un lit et à être enfermé, façon de parler. Quand t’as dormi pendant longtemps dehors, ce n’est pas simple au début. Mais petit à petit, j’avais redécouvert la sensation agréable de passer de bonnes nuits. »

L’incendie a freiné la dynamique de reconstruction dans laquelle Christophe s’était inscrit. Il lui a fallu du temps pour soigner ses angoisses et reprendre les démarches qu’il avait initiées.

« Sylvain*, l’assistant social de L’Ilot, m’a aidé avec ma paperasse : je n’étais plus en ordre de mutuelle et je n’avais pas de médecin traitant. Il est venu avec moi à la Maison médicale où j’ai, à présent, mon dossier.

Quand l’incendie s’est déclaré, j’étais en pleine recherche d’emploi et de logement. Ça m’a filé un sacré coup : je n’arrivais plus à me motiver pour avancer. C’était compliqué de devoir changer de logement d’un seul coup et de reprendre de nouvelles habitudes.

Grâce à l’aide de L’Ilot, j’ai repris espoir et j’ai finalement trouvé un boulot comme manœuvre. Je suis à l’air libre, ça me plait. »

Christophe, accompagné par S.Ac.A.Do., notre Service qui accompagne à domicile nos anciens résidents : « J’avais peur de me retrouver tout seul mais L’Ilot ne m’a pas lâché. »

Après neuf mois passés au sein de nos Maisons d’accueil, Christophe a emménagé dans un studio. « Ce n’est pas très grand mais j’ai ma propre toilette, je suis content.

J’avais peur au début de me retrouver tout seul et de ne pas réussir à me sentir chez moi. Mais L’Ilot ne m’a pas lâché. »

Notre Service d’Installation en Logement (SIL) a fourni une aide à Christophe pour son emménagement.

« J’ai reçu un lit et un petit canapé, ça m’a fameusement dépanné. Et puis surtout, j’ai eu la visite toutes les semaines de Christelle*, la collègue de Sylvain qui travaille au service de guidance à domicile et de post-hébergement de L’Ilot. Elle m’apprend à faire mon budget pour éviter d’être à découvert le dix du mois. »

Les Services d’Accompagnement à Domicile de L’Ilot (S.Ac.A.Do.), l’un actif dans la région de Charleroi, l’autre à Bruxelles, s’inscrivent dans la continuité de l’accompagnement mis en place lors du séjour en Maison d’accueil. Les différents champs d’intervention sont similaires : remise en ordre administrative, guidance budgétaire, aides sociales, recréer du lien social, etc.

En s’adaptant au rythme de la personne, le suivi post-hébergement a un impact déterminant sur l’ancrage durable dans le nouveau logement. C’est un filet de sécurité rassurant, aussi bien pour les anciens résidents et résidentes qui s’installent dans leur nouveau logement que pour leurs propriétaires qui ont un interlocuteur privilégié en cas de difficultés.

Cela fait à présent sept mois que Christophe vit en autonomie dans son nouveau logement. Toutes les semaines, il prend contact avec Christelle*, notre assistante sociale avec qui un lien de confiance s’est créé. Parfois, il appelle « juste comme ça », comme il le dit avec le sourire.

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Une nouvelle Maison d’accueil et une Recyclerie 1024 576 L'Ilot

Une nouvelle Maison d’accueil et une Recyclerie

« Si je n’étais pas à L’Ilot, je serais sûrement à la rue. Ou je serais peut-être mort. », Lucas*, 19 ans, résident à la Maison d’accueil de Marchienne-au-Pont et volontaire à la Recyclerie

Le 29 septembre 2022, nous inaugurions la quatrième Maison d’accueil de L’Ilot et la Recyclerie attenante situées au numéro 344 de la rue de Beaumont à Marchienne-au-Pont.

Après huit mois de fonctionnement, les retours sont enthousiasmants. En témoigne le récit inspirant de Lucas*. Ce jeune homme de 19 ans est hébergé dans notre Maison d’accueil depuis six mois. Il a accepté de partager son histoire.

Avant son arrivée à L’Ilot, Lucas dormait en rue : il faisait partie de ces jeunes en errance devenus de plus en plus nombreux à Bruxelles et en Wallonie.

« La plupart du temps, je m’asseyais contre un poteau, dans un lieu assez voyant près des appartements et des maisons. J’essayais de reposer mes muscles du mieux que je pouvais. La nuit, je faisais des micro-sommeils, je ne dormais jamais vraiment. Je restais toujours sur mes gardes. Et en journée, je marchais énormément pour éviter d’être pris pour cible. »

Dès l’âge de 12 ans, Lucas a été placé en institution. « J’ai fugué plusieurs fois. J’ai été dans des services résidentiels d’urgence (S.R.U.). La vie en rue c’était vraiment la galère. J’ai commencé à chercher un endroit où je serais plus tranquille et j’ai trouvé la Maison d’accueil de L’Ilot à Marchienne. »

Au sein de notre structure d’hébergement temporaire, Lucas peut se reconstruire, se stabiliser et faire le point sur sa situation (administrative, familiale, sanitaire, financière, etc.) avant d’envisager un projet d’avenir.

Une Maison d’accueil à taille humaine

Comme chacune des trois autres Maisons de L’Ilot, celle de Marchienne-au-Pont est un lieu à taille humaine et avec une capacité d’accueil volontairement limitée (actuellement 12 places) afin de préserver l’intimité et le bien-être de chacun.

Face au nombre sans cesse croissant de nouvelles demandes, nous aimerions porter la capacité d’accueil à 20 places, ce qui nécessitera des travaux de rénovation du bâtiment afin de garantir le même niveau d’intimité. Ce projet dépendra des financements et des soutiens que nous serons en capacité d’obtenir.

Pour l’heure, nous procédons à certains menus réaménagements de la Maison d’accueil pour qu’elle soit la plus agréable possible pour les résidents.

Lucas dispose désormais de sa propre chambre qu’il a personnalisée avec un poster affichant « Be happy » avec une banane en guise de « smile ».

Grâce à l’accompagnement psychosocial de notre équipe pluridisciplinaire, Lucas est retourné voir une psychologue pour l’aider à gérer ses troubles anxieux et son trouble déficitaire de l’attention (TDA). Un dépistage précoce de ces troubles et une intervention appropriée durant l’enfance lui auraient sans doute permis de réduire le risque de décrochage scolaire.

Car Lucas n’est pas allé au-delà de sa 3e année secondaire. À l’école, il a toujours été dépeint comme étant non compliant.

À son arrivée dans notre Maison d’accueil, il n’avait pas de projet et la simple évocation de son avenir lui procurait des angoisses.

C’est pour cette raison qu’au sein de nos structures d’hébergement temporaire, le travail social s’installe sur le temps long. Il faut permettre aux personnes hébergées de retrouver une stabilité avant d’envisager des solutions vers l’autonomie. Nos Maisons d’accueil proposent des hébergements de neuf mois, avec la possibilité de prolonger ce délai si la situation le justifie.

« Il y a toujours quelque chose à faire à la Recyclerie. »

Aux hommes hébergés dans ces structures qui, comme Lucas, à leur arrivée n’ont pas d’idée précise de ce qu’ils voudraient faire, nous proposons de travailler à la Recyclerie. Les résidents sont preneurs de cette activité, ils s’y investissent beaucoup.

« Il y a toujours quelque chose à faire : trier les dons, réparer les meubles, ranger les articles, servir les clients. Je n’ai jamais le temps de m’ennuyer. » Lucas est motivé.

Véritable projet d’économie sociale et circulaire, La Recyclerie de L’Ilot favorise la récupération, la réparation et la revente d’objets divers. Meubles, électroménager, vêtements, livres et objets de toute sorte proviennent de généreux donateurs et donatrices et sont, ensuite, triés par les volontaires et les résidents.

Huit mois après la reprise du site par L’Ilot, nous constatons une augmentation de la fréquentation de la Recyclerie ainsi qu’une professionnalisation des pratiques.

À titre d’exemple, nous avons décidé d’adapter les prix des dons matériels en fonction du public qui fréquente la Recyclerie : des vêtements sont proposés au prix le plus bas pour les personnes ayant des difficultés financières tandis que certains objets de décoration sont, au contraire, à un prix plus élevé pour des personnes avec plus de moyens.

L’argent récolté sert à financer le travail social de L’Ilot.

L’autre partie des dons matériels est envoyée à notre Service d’Installation en Logement (SIL) et distribuée directement et gratuitement aux personnes sans abri récemment relogées par nos services ou par nos partenaires de terrain.

« Au début, je devais trier la vaisselle, les objets en porcelaine et les lampadaires. Après plusieurs semaines, j’ai eu envie de changer de poste. J’en ai parlé avec la responsable de la recyclerie et Pascal*, un autre résident, m’a proposé de me prendre avec lui à l’atelier.

Hier, il m’a montré comment réparer un grille-pain. Il y avait un problème mécanique. Le panier était coincé. Il a fallu intervenir avec une petite pince plate pour réussir à descendre et à monter le panier. »

Cette expérience a donné envie à Lucas de reprendre le chemin de l’école pour étudier l’électromécanique.

La notion de « cadre » ne lui fait désormais plus peur. Les règles, comme a pu lui expliquer Yvonne*, l’une des volontaires à la Recyclerie, sont faites pour évoluer harmonieusement les uns avec les autres.

« J’aime bien Yvonne*, c’est un peu comme ma grand-mère. Elle me dit que c’est important tout ce que j’apprends à la Recyclerie car lorsque j’aurai mon chez-moi, je serai content de pouvoir profiter des objets que j’aurai moi-même réparés. »

« Ici, à L’Ilot, on me prend comme je suis. Je me sens bien et je ne pars pas en vrille. Si je n’étais pas à L’Ilot, je serais sûrement à la rue. Ou je serais peut-être mort. »

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Vous souhaitez faire un don matériel à la Recyclerie ?
Meubles, électroménager, éléments décoratifs, livres et vêtements sont les bienvenus à condition qu’ils soient en bon état. Vous soutiendrez ainsi un projet social unique.
Vous pouvez également venir acheter ces objets les mardis et jeudis de 14h à 16h et le samedi de 10h à 12h. Les recettes de la vente soutiennent la mission sociale de L’Ilot en finançant directement la Maison d’accueil pour hommes.
Pour contacter la Recyclerie :
• 344 rue de Beaumont, 6030 Marchienne-au-Pont
• recyclerie@ilot.be
• 071/51.70.63
• La page Facebook de la Recyclerie
Service d’installation en logement : « On avait enfin un appartement mais aucun meuble ni aucun équipement pour notre bébé. » 1024 576 L'Ilot

Service d’installation en logement : « On avait enfin un appartement mais aucun meuble ni aucun équipement pour notre bébé. »

Aux côtés d’autres initiatives liées à l’économie circulaire, notre Service d’Installation en Logement (SIL) bénéficie d’un espace de stockage dans le vaste entrepôt de 20.000 m² du Circularium à Anderlecht.

« On avait enfin un appartement mais aucun meuble ni aucun équipement pour notre bébé. », Maeva et Théo, les jeunes parents de la petite Alma

Créé pendant la crise sanitaire en novembre 2020, le SIL, notre Service d’Installation en Logement a connu une année 2022 particulièrement intense. Le service fait en effet face à un nombre toujours grandissant de demandes.

Parmi les femmes, les hommes et les familles que ce dispositif d’aide à l’emménagement a soutenu l’an dernier, on retrouve Théo* (23 ans) et Maeva* (21 ans) et leur bébé Alma*.

Ces jeunes parents étaient hébergés dans notre Maison d’accueil destinée aux femmes et aux familles avant d’emménager dans leur propre appartement. Expulsés de leur logement, les futurs parents n’avaient nulle part où aller. Ils étaient à la rue alors que Maeva était déjà enceinte de quatre mois.

« On est soulagés à présent mais on a vraiment eu peur : on voulait accueillir notre fille dans les meilleures conditions. On ne voulait pas que notre bébé ait des parents sans abri. Quand j’ai accouché, on n’avait pas encore déménagé mais on savait que c’était bon pour l’appartement. », confie la jeune maman.

Grâce à l’accompagnement de L’Ilot, Théo a pu trouver un travail dans l’Horeca et mettre des sous de côté pour payer la garantie locative de leur futur nid.

« L’équipe de L’Ilot m’a vraiment bien aidé pour créer mon C.V. et trouver des offres d’emploi. L’assistant social m’a donné des conseils aussi pour me présenter correctement devant mes futurs employeurs. Et ça a marché ! », se félicite Théo.

Si l’étape suivante a été semée d’embûches – il est très difficile de louer un appartement décent à prix abordable à Bruxelles – le jeune couple est finalement parvenu à trouver un logement à Anderlecht.

« On était super heureux : on allait enfin avoir notre chez-nous. Mais très vite, on a réalisé qu’on ne possédait rien et que la garantie locative avait englouti toutes nos économies. Il fallait se meubler et surtout s’équiper pour la petite. »

Les jeunes parents ne le savaient pas encore mais L’Ilot dispose d’un Service d’Installation en Logement (SIL).

Ce dispositif a pour mission de proposer un accompagnement logistique aux personnes sans abri lors de leur mise en logement. Il les aide à s’approprier leur nouveau lieu de vie pour qu’elles se sentent vraiment chez elles. S’inscrivant dans une démarche sectorielle, notre service travaille pour l’ensemble des personnes sans abri fréquentant des services bruxellois.

« Il nous fallait surtout du mobilier pour la petite : un berceau, une poussette, une petite commode pour les vêtements, une chaise haute… »

Après avoir trouvé leur appartement, Maeva et Théo ont découvert l’espace où L’Ilot entrepose les divers meubles et objets provenant de généreux donateurs et donatrices. Aux côtés d’autres initiatives liées à l’économie circulaire, notre service bénéficie d’un espace de stockage dans le vaste entrepôt de 20.000 m² du Circularium à Anderlecht.

C’est là que les personnes sans abri comme ce jeune couple peuvent venir choisir les meubles et les objets dont elles ont besoin.

« Il nous fallait surtout du mobilier pour Alma : un berceau, une poussette, une petite commode pour ses vêtements, une chaise haute, une baignoire pour bébé. On a eu de la chance : on a tout trouvé sauf la table à langer. La travailleuse sociale nous a dit qu’elle nous la mettrait de côté si elle en recevait une. »

Tous ces meubles et objets sont le fruit de dons provenant de particuliers et d’entreprises. Notre service parcourt tout le territoire de la région bruxelloise pour collecter des tables, des fauteuils, des lits, mais aussi des draps, des casseroles, de l’électroménager, etc. Les donatrices et donateurs ont particulièrement marqué leur générosité en 2022. Mais les besoins restent toujours importants.

« Deux semaines après notre visite à l’entrepôt, l’équipe du SIL nous a aidés à emménager. Ils sont venus chercher nos sacs de vêtements et nos affaires à la Maison d’Accueil. Ensuite, ils sont allés à l’entrepôt avec Théo pour charger nos meubles dans leur camionnette et les amener dans notre appartement.  

Arrivés sur place, ils nous ont donné un coup de main pour monter les meubles de la chambre d’Alma. Ils nous ont même aidés à décorer les murs avec des posters d’animaux de la jungle. Justine*, l’assistante sociale m’a donné un cadre pour y mettre la première photo d’Alma. », confie encore émue Maeva.

Choisir et recevoir gratuitement des meubles, de l’électroménager ou encore des éléments de décoration contribue à personnaliser le nouvel intérieur, ce qui renforce les conditions de vie dignes des personnes accompagnées et le lien qui les unit à leur logement, augmentant leurs chances de le garder.

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Vous souhaitez éviter de jeter ce qui est en bon état et peut encore servir ? Nous venons le chercher.

Envoyez un mail à donnerie@ilot.be avec, si possible, des photos, l’adresse et un numéro de téléphone pour organiser le pick-up.
Santé alimentaire : 40 000 repas équilibrés distribués par an 1024 576 L'Ilot

Santé alimentaire : 40 000 repas équilibrés distribués par an

Grâce à notre collecte et à notre potager participatif, ce sont 40 000 repas qui sont préparés et distribués chaque année. ©Marie Russilo

Quand le simple fait d’ouvrir les yeux le matin est une victoire, il n’est plus question de vivre mais bien de survivre. Les hommes et les femmes sans abri qui s’assoupissent à la nuit tombée ne savent pas s’ils ou elles reverront le jour.

Dans ce contexte de survie, leur première préoccupation est de manger. Se nourrir de ce qu’on voudra bien leur donner. Généralement des aliments froids et pas toujours sains.

La vie en rue est caractérisée par des difficultés d’accès à la nourriture et en particulier à une alimentation saine et équilibrée.

C’est pourquoi la prévention de la dénutrition et des déficiences alimentaires chez les personnes sans abri constitue un objectif fondamental. L’alimentation digne pour toutes et tous est un droit fondamental.

À L’Ilot, nous avons élevé la santé alimentaire parmi nos priorités. L’alimentation fait partie intégrante de l’accompagnement que nous proposons aux femmes, aux hommes et aux enfants à qui nous apportons une aide concrète et directe au sein de nos différents services.

Cet axe consacré à la santé alimentaire passe par une collecte à grande échelle pour l’ensemble de nos services mais aussi pour nos partenaires puisqu’une partie de la collecte que nous organisons est redistribuée à d’autres associations actives auprès des publics en situation de précarité.

Les chiffres permettent de mesurer l’ampleur de notre mission : grâce à notre collecte et à notre potager participatif, ce sont 40 000 repas qui sont préparés et distribués chaque année rien que dans les services de L’Ilot, soit plus de 100 repas par jour !

Des repas pensés et élaborés en priorisant la qualité nutritionnelle des assiettes que nous proposons à l’ensemble des personnes fréquentant nos services.

Car c’est une réalité : les repas donnés dans la rue ou distribués dans les centres d’aide aux personnes en situation de grande précarité ne sont pas toujours équilibrés. Dans les circuits de l’aide alimentaire, la qualité des produits collectés et proposés n’est pas toujours au rendez-vous car l’approvisionnement du secteur de l’aide alimentaire repose surtout sur deux filières : les invendus de la grande distribution et les produits du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD).

Or, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les personnes sans abri meurent beaucoup plus souvent de problèmes de santé liés à des maladies cardiovasculaires provoquées notamment par la malnutrition et la dénutrition que pour d’autres raisons comme l’hypothermie.

Travailler sur la question de la santé alimentaire permet donc aux personnes sans abri d’augmenter leur espérance de vie. Aujourd’hui, une personne qui vit à la rue a une espérance de vie de 45 ans en moyenne. L’espérance de vie à la naissance pour la population totale en Belgique est de 81 ans.  L’écart est colossal !

Travailler sur la question de la santé alimentaire, c’est à la fois une question de dignité, de restauration de l’estime de soi et de nécessité par rapport à la santé des personnes.

Concrètement, nos actions en matière de santé alimentaire se déclinent via :

    • une prise en compte des enjeux écologiques et diététiques lors de la préparation des repas dans les services ;
    • une confection de repas pour le food-truck solidaire du Ralliement des fourchettes ;
    • l’entretien d'un potager et de ruches à Jumet ;
    • l’organisation d'une collecte régulière auprès de partenaires alimentaires : redistribuée ensuite dans tous les services de L'Ilot et partagée auprès des personnes les plus précarisées via des associations partenaires : La Rencontre, La Porte Verte, les Sœurs de Mère Theresa, les Restos du Cœur et Feed the Culture.
Khalid, réfugié irakien, devenu chef cuisinier à L’Ilot 1024 576 L'Ilot

Khalid, réfugié irakien, devenu chef cuisinier à L’Ilot

Khalid a quitté l’Irak en 2017. Cette année-là dans son pays natal, la guerre contre l’État islamique fait rage laissant des territoires morcelés et déchirés par les bombardements. Contraint à l’exil, laissant famille et amis derrière lui, Khalid foule le sol d’un pays dont il ne parle pas la langue.

Son parcours de demandeur d’asile est ponctué d’étapes éprouvantes jusqu’à ce qu’il obtienne le statut de réfugié.

C’est durant ses premières années en Belgique que Khalid rencontre l’équipe de L’Ilot : « J’ai commencé à travailler à L’Ilot comme bénévole. Au début, je ne savais pas parler le français. J’ai appris la langue grâce à L’Ilot ».

Khalid sourit derrière sa barbe épaisse couleur charbon. L’homme en impose par sa grande taille et sa prestance.

À 39 ans, celui qui était cuisinier au sein de l’armée irakienne, met désormais sa passion au profit des résidents de L’Ilot. C’est bien évidemment en cuisine qu’on le retrouve, un essuie à carreaux accroché à la ceinture de son tablier rouge.

Khalid est aujourd’hui le chef cuistot de notre Maison d’accueil pour hommes, le « 38 ». Tous les jours, il prépare le repas du soir pour la vingtaine de résidents et les membres de l’équipe éducative.

Cuisiner c’est toute sa vie. Et quand il n’est pas derrière les fourneaux, il n’est jamais bien loin : en train de ranger le stock, de nettoyer les frigos ou encore dans le salon où il discute avec les résidents.

« Comme je dis toujours aux résidents : on va commencer une nouvelle vie ici. »

« J’ai pas mal de contacts avec tous les résidents. Je sens bien qu’ils ont beaucoup de difficultés et de problèmes. J’essaie de parler avec eux pour les aider à éliminer ces problèmes. J’essaie de leur donner de la motivation pour oublier les soucis. Comme je leur dis toujours : on va commencer une nouvelle vie ici. »

Khalid est le chef cuistot de notre Maison d’accueil pour hommes. Tous les jours, il prépare le repas du soir pour la vingtaine de résidents et les membres de l’équipe éducative. Il travaille également comme cuisinier dans le cadre de notre projet d’économie sociale « Les Pots de L’Ilot ».

Cette énergie positive, Khalid la transmet tant qu’il peut. Il aime participer aux activités avec les résidents mais aussi inventer des petits jeux pour animer le quotidien.

« J’ai créé une petite activité avec les résidents. Quand on écoute une chanson à la radio, je leur demande le nom de celui ou celle qui chante et en quelle année la chanson est sortie. Il y a plusieurs résidents qui connaissent beaucoup de chansons et donc on s’amuse bien. »

Pour Khalid, être cuisinier à L’Ilot c’est bien plus qu’un travail. C’est devenu sa famille. S’occuper des autres, leur faire du bien, c’est ce qu’il tente de faire tous les jours et ça le rend heureux tout simplement.

« Je me suis bien intégré. J’ai pas mal d’amis et j’ai beaucoup de contacts avec les travailleurs. Je pense que par mon parcours, je représente un peu l’espoir de s’en sortir pour les hommes qui passent quelques mois dans cette maison. Un espoir qui fonctionne comme un moteur dans lequel on remet tous les jours un peu d’huile… »

Khalid travaille également comme cuisinier dans le cadre de notre projet d’économie sociale « Les Pots de L’Ilot ». « On prépare des tapenades, du hummus et des caviars d’aubergines. On a créé quatre recettes. Tous les ingrédients de nos produits sont bios. »

2022 : Entre crises et innovations sociales 1024 576 L'Ilot

2022 : Entre crises et innovations sociales

Gare du Midi – 2023 ©Arnaud Ghys

« Mon propriétaire nous a expulsés de notre appartement. Je n’arrivais plus à suivre… ».

Voici les paroles de Julie*, une jeune maman de 24 ans, à son arrivée dans notre Maison d’accueil pour femmes et familles.

Son récit douloureux illustre tristement les ravages causés par les multiples crises qui ont frappé de plein fouet de trop nombreuses familles en 2022.

Julie* a deux enfants : Rose* et Léo*, des jumeaux de 6 ans. Suite à une séparation avec un conjoint violent, la jeune femme a dû tout assumer seule. Ses revenus d’aide familiale n’ont pas suffi à combler la hausse des prix de l’énergie et du coût de la vie en général.

Après des semaines de privation de nourriture et de chauffage ainsi que des rappels de factures impayées dans sa boîte aux lettres, Julie a fini par être expulsée de son appartement par son propriétaire peu scrupuleux.

La famille s’est retrouvée à la rue, en plein hiver.

À son arrivée dans notre Maison d’accueil pour femmes et familles, lors de son premier entretien avec notre assistante sociale, Julie était complètement paniquée : « J’ai peur qu’on me retire mes enfants ».

L’épreuve qu’a vécue cette famille est loin d’être un cas isolé. De plus en plus de femmes, d’hommes et d’enfants très vulnérables font appel à nos services. Nos équipes doivent désormais redoubler de créativité et d’ingéniosité pour faire davantage sans disposer pour autant de plus de moyens.

La crise énergétique nous a toutes et tous touchés. Les publics que nous accompagnons mais également notre structure. À L’Ilot, nous devons faire face à une explosion des coûts, énergétiques et salariaux, sans qu’ils soient compensés par les aides publiques alors que les missions que notre équipe réalise au quotidien sont précisément publiques.

Nous devons assumer nous-mêmes la prise en charge des augmentations de salaires, de chauffage et d’électricité, des biens de première nécessité que nous fournissons aux personnes hébergées et accompagnées par nos services…

Si le niveau de l’envolée des prix du gaz et de l’électricité a certes baissé depuis le pic de l’été 2022, les prix sont toujours trois fois plus élevés que ce qu’ils étaient au début de l’année 2021.

Malgré ces augmentations, nous avons pu compter sur nos donatrices et donateurs et je suis profondément reconnaissante de leur solidarité. Car en ces temps difficiles, leur contribution est indispensable !

Je ne vais pas tourner autour du pot : notre viabilité financière est en péril. Et comme un malheur n’arrive jamais seul : 2022, comme vous le savez, a également été marquée par un terrible incendie survenu au mois de mai dans notre Maison d’accueil pour hommes de Jumet.

L’incendie n’a heureusement pas fait de blessé parmi les résidents et les membres de notre équipe sociale. Toutefois, les dégâts matériels et psychologiques ont été catastrophiques et ont lourdement grevé nos finances.

Ces situations nous ont contraints, la mort dans l’âme, à prendre des décisions douloureuses : non renouvellement des contrats à durée déterminée, non remplacement des départs en fin de carrière, coupes dans les dépenses, etc. Sur le terrain, les forces vives s’amenuisent, diminuant par conséquent les services rendus à nos publics.

Les crises n’auront pas eu raison de notre détermination à éradiquer le sans-abrisme.

C’est pourtant grâce à l’engagement des professionnels et professionnelles de terrain qu’à L’Ilot nous avons pu en 2022 initier, poursuivre et concrétiser de très belles réalisations.

Les crises n’auront pas eu raison de la détermination de nos équipes ! Au contraire, nos travailleuses et travailleurs ont redoublé d’efforts pour voir aboutir deux projets majeurs en 2022 : premièrement, en septembre, l’inauguration de la quatrième Maison d’accueil de L’Ilot à Marchienne-au-Pont et de La Recyclerie attenante.

La concrétisation de ce double projet nous permet, d’une part, de poursuivre nos missions d’accueil d’urgence et d’accompagnement psychosocial des personnes sans abri, et d’autre part, de mettre en place un véritable projet d’économie sociale et circulaire : les objets collectés et upcyclés par la Recyclerie, au sein de laquelle peuvent s’investir les hommes sans abri de la Maison d’accueil, sont proposés à la revente. Les bénéfices générés par cette activité permettent de soutenir l’action de L’Ilot.

Deuxièmement, grâce au travail assidu des équipes de L’Ilot, nous avons pu ouvrir notre Centre d’accueil de jour pour femmes, le premier du genre en Belgique. Ce dispositif bas seuil non mixte, pensé par et pour les femmes, vise à offrir un espace sécurisant et un moment de répit aux femmes en errance et en situation de grande précarité. À travers ce projet, L’Ilot veut relever le défi d’un accueil de qualité basé sur une approche globale respectueuse des droits des femmes et visant leur émancipation.

À L’Ilot, nous concentrons également nos actions sur les personnes en risque de sans-abrisme : des personnes qui vivent dans des logements insalubres, des femmes victimes de violences conjugales, des jeunes rejetés par leur famille en raison de leur orientation sexuelle, etc. Car éviter la première nuit en rue, c’est éviter la dégradation de la santé physique, psychologique et mentale des personnes liée à la violence de la vie en rue et le parcours du ou de la combattante pour retrouver un logement.

À travers ces nouvelles structures pérennes, L’Ilot démontre sa capacité à innover et à réaffirmer son ancrage sur le terrain. Ces projets d’innovation sociale et plus largement l’ensemble des actions menées dans les différents services de L’Ilot (Captation et Création de Logements, Service d’Installation en Logement, Service d’Accompagnement à Domicile, Les Pots de L’Ilot, La Recyclerie de L’Ilot, Les Cuisines de L’Ilot, nos Centres de jour et nos Maisons d’accueil) proposent de nouveaux modèles pour lutter efficacement contre le sans-abrisme et la grande précarité.

Comme vous pourrez le découvrir au fil des pages de ce rapport d’activité, 2022 aura permis aux femmes, aux enfants et aux hommes que nous accompagnons de retrouver des conditions de vie dignes.

*Prénom d’emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Bonne lecture,

Le secteur du sans-abrisme, le grand oublié du tarif social

S’inscrivant dans une démarche sectorielle, nous avons réclamé durant des mois que les centres d’hébergement destinés aux personnes sans abri puissent bénéficier du tarif social pour le gaz et l’électricité. Pour quel résultat ? Nous avons été complètement ignorés !
Notre position est pourtant juste : il n’est pas normal de devoir payer le prix fort pour pouvoir chauffer des bâtiments qui sont occupés par des personnes qui, si elles étaient dans leur logement personnel, auraient évidemment accès au tarif social. D’autant qu’il existe une disposition légale pensée pour des collectivités qui assurent le logement et le chauffage de personnes qui, de toute évidence, ont droit au tarif social. C’est le cas des CPAS ou des agences immobilières sociales.

Devra-t-on, à l’avenir, nous résoudre à fermer un service pour sauver les autres ? Une certitude : nous continuerons à alerter les autorités publiques, tant wallonnes que bruxelloises, par rapport au risque de voir des centaines de personnes sans solution d’hébergement et d’accompagnement social. Ce serait catastrophique !

Crise de l’accueil : une énième gestion problématique du fédéral qui aggrave toujours plus l’ampleur du sans-abrisme 1024 576 L'Ilot

Crise de l’accueil : une énième gestion problématique du fédéral qui aggrave toujours plus l’ampleur du sans-abrisme

Ce week-end, un collectif citoyen a ouvert un nouveau bâtiment vide rue de la Loi, afin d’y loger des demandeuses et demandeurs d’asile laissés sur le carreau par l’État fédéral.

L’action est avant tout politique : situé juste à côté du siège du CD&V, l’ouverture du bâtiment vise à mettre la pression sur le gouvernement fédéral - et plus particulièrement sur sa secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor (CD&V) - afin qu’il honore enfin ses obligations légales. En effet, l'accueil des personnes en demande d'asile et leur hébergement durant toute la durée de la procédure, appels inclus, constituent des obligations découlant de la ratification par la Belgique de la convention de Genève du 28 juillet 1951. C’est une obligation qui était globalement respectée par la Belgique jusqu’ici. Ce n’est désormais plus le cas. Depuis octobre 2021, l’État belge et Fedasil ont déjà été sanctionnés 8600 fois par différents tribunaux du travail pour ne pas avoir honoré ces engagements. L’État et l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile refusent de se plier aux jugements et c’est très inquiétant : quand le gouvernement lui-même fait fi de l’État de droit cela crée un dangereux précédent

Le nombre de personnes sans abri à Bruxelles ne fait qu’augmenter de manière très inquiétante depuis une dizaine d’année. Et une partie de la responsabilité de cette augmentation est à mettre au crédit des politiques migratoires désastreuses du gouvernement fédéral : 

On se souvient, en 2015 déjà, de ces centaines de migrantes et migrants dormant dehors dans le parc Maximilien, qui avaient être logés par des citoyens et citoyennes faute d’initiatives suffisantes de l’État. Ces collectifs citoyens ont continué à exister pour prendre en charge les populations de personnes en situation de transmigration : ces personnes cherchant à rejoindre le Royaume-Uni ou d’autres pays et qui ne sont en Belgique que pour une période de transit. Cet accueil reste insuffisant et repose encore trop largement sur le bénévolat de nombreux citoyens et citoyennes belges.

Par ailleurs, la non-gestion de la problématique des personnes sans papiers par le gouvernement conduit ce groupe de population à s’accroître encore et encore. Une récente étude de la VUB estimait le nombre de personnes sans papiers en Belgique à 112 000. Autant de personnes vivant, pour certaines, depuis de nombreuses années en Belgique, à qui on ne reconnaît quasi aucun droit. La part de personnes sans papiers dans la population sans abri à Bruxelles est de plus en plus importante : selon certaines estimations faites par les associations de terrain, elle pourrait en représenter la moitié. Or, pour une majorité de ces personnes, l’obtention de papiers serait synonyme d’une possible sortie de rue, voire aurait permis d’éviter de les y conduire si elle était survenue plus tôt dans leur parcours. En laissant cette population quasiment sans possibilité d’être régularisée, c’est une bombe à retardement que prépare le gouvernement fédéral. 

La catastrophe sociale, elle, est déjà bien là : à croissance structurelle de la population sans abri, s’ajoute maintenant un nombre toujours plus important de personnes sans papiers, de personnes transmigrantes et maintenant de personnes en demande d’asile. Le secteur sans abri est un des acteurs qui subit de plein fouet cette réalité. Nos moyens, quand ils augmentent, le font moins que ce que nécessite la situation, et c’est par ailleurs de l’argent « jeté » dans l’urgence plutôt qu’investi dans la mise en place de réponses structurelles au sans-abrisme. L’Union Européenne s’est fixée comme objectif la fin du sans-abrisme en 2030, souhait repris par les autorités belges. Mais à ce stade, vu l’évolution actuelle, la réalité la plus plausible en Belgique à cette date sera « Il n’y a jamais eu autant de femmes, d’hommes et d’enfants sans abri qu’en 2030 ! ». 

Nous ajoutons donc notre voix à la voix de celles et ceux qui réclament des solutions au gouvernement fédéral : 

  • l'hébergement immédiat à partir du dépôt de la demande d’asile comme la loi le prévoit ;
  • la régularisation des personnes sans-papiers qui se trouvent en Belgique sur base de critères clairs et permanents, que sont les attaches durables, le travail, l’inéloignabilité et le risque d’atteinte à un droit fondamental en cas de retour ; ainsi que la création d’une commission de régularisation indépendante ;
  • la fin de la répression généralisée de ces différents publics en observation de la Déclaration Universelle des Droits Humains dans ses articles 13 et 14 : « 13.2  Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. 14.1 Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. »

Pour plus d'infos 

Participez à la soirée Bingo de L’Ilot animée par Aymeric Lompret ! 1024 577 L'Ilot

Participez à la soirée Bingo de L’Ilot animée par Aymeric Lompret !

Un événement festif destiné à célébrer l’ouverture du premier Centre de jour pour femmes sans abri en Belgique. L’aboutissement d’un projet au long cours pour notre association et l’occasion pour nous de vous convier à une soirée événement à La Tricoterie ce samedi 1er juillet.

L’ASBL L’Ilot lutte contre le sans-abrisme depuis 60 ans. Si l’inauguration d’une nouvelle structure signifie de facto que la lutte contre le sans-abrisme en Belgique est loin d’être terminée, l’ouverture de ce premier Centre de jour pour femmes sans abri en Belgique marque la reconnaissance de notre combat pour la prise en compte d’un sans-abrisme au féminin.

CONCRÈTEMENT, C’EST QUOI CETTE SOIREE BINGO ?

Un moment délirant en compagnie de l’humoriste français Aymeric Lompret ! Révélé entre autres sur les antennes de France Inter, Aymeric Lompret tourne actuellement en France et en Belgique avec son spectacle « Yolo », lui qui vit depuis plusieurs années au-dessus d’un Centre de jour pour personnes sans-abri à Lille.

Pour l’occasion, il nous fera le bonheur d’animer une soirée Bingo (19h-20h30) exceptionnelle autour de la thématique du sans-abrisme. Du rire absurde, mais conscient. A la clé, de vraies barres de rires, mais surtout des vraies places de stand-up pour aller le voir lui et ses copains sur scène !

La soirée continuera sur le dance floor avec DJ Gaz & Mc Ginette (21h-22h30) ! Au programme, du bon son dans les oreilles et une playlist garantie à 99% voix féminine ! Viendra ensuite l’heure de Club Chaos (22h30-00h00) et leur enivrant VJing.

Le tout entrecoupé d’un accès au buffet concocté avec les produits de la récolte alimentaire de L’Ilot et de l’ultra Happy Hour (18-19h).

Chaque réservation comprend donc :

  • L’entrée à notre événement
  • Le(s) verre(s) de l’amitié offert entre 18 et 19h
  • L’accès à notre buffet concocté avec les produits de la récolte alimentaire de L’Ilot
  • Un carton de participation au Bingo animé par l’incroyable Aymeric Lompret
  • L’accès à la soirée dansante qui suivra !

Prix : 30 € par personne. Les instructions de paiement vous seront communiquées à la suite de l’envoi de votre email.

Aussi, pour maximiser vos chances de gains, mais aussi faire un geste envers notre association, d’autres cartons de Bingo seront également disponibles à l’achat le soir même.

Il vous sera également possible d’acheter Les Pots de L’Ilot, un projet d’économie sociale de produits certifiés bio, en bocaux pasteurisés, préparés par une équipe de personnes qui suivent un programme de (pré)formation aux métiers de l’Horeca. Notre gamme compte à ce jour 3 préparations végétariennes. Plus d’infos ici.

Pour la suite de la soirée, le bar de la Tricoterie vous sera accessible.

AU PROGRAMME
  • 18h-19h : l'ultra Happy Hour
  • 19h-20h30 : Bingo animé par Aymeric Lompret
  • 21h-22h30 : DJ Gaz & Mc Ginette
  • 22h30-00h00 : Club Chaos

Prix : 30 € par personne.

RESERVATION OBLIGATOIRE AVANT LE 15 JUIN VIA INFO@ILOT.BE

Kart #6 | « Je n’ai pas de logement à moi, mais je ne me considère pas comme sans abri » 1024 576 L'Ilot

Kart #6 | « Je n’ai pas de logement à moi, mais je ne me considère pas comme sans abri »

C’est un paradoxe, mais la majorité des personnes sans abri ne vivent pas en rue.

S’il s’agit d’une réalité bien visible, elle ne représenterait que la partie émergée de l’iceberg, soit 5 % du public dénombré lors d’une étude menée par l’UCLouvain, la KU Leuven et la Fondation Roi Baudouin. Des recherches qui tendent à prouver que le sans-abrisme est d’abord et avant tout une réalité tenue secrète par la plupart des personnes concernées. Une discrétion qui s’expliquerait d’abord par la peur du regard d’autrui.

« J’ai une technique très simple : je ne dis jamais la vérité. En tout cas pas dès la première rencontre. Parce que cela fausserait la relation. Et que cela amène tout de suite du jugement. » À 39 ans, Haïcha manie toutes les ficelles d’une double vie trop bien rôdée. Celle d’une mère de famille contrainte de cacher à ses proches qu’elle fréquente la Maison d'accueil d'urgence pour femmes et familles de L’Ilot depuis maintenant cinq mois.

« Parfois, on a l’impression de se mentir à soi-même à force de faire semblant » surenchérit pour sa part Marc, résident d’une des Maisons d’accueil pour hommes de L’Ilot. Marc aussi est père de famille mais a perdu la garde de ses enfants en raison de sa situation. Et c’est auprès de ses collègues, qu’il fréquente quotidiennement sur son lieu de travail, qu’il a décidé de garder sa situation secrète. « Pour eux, je suis quelqu’un de normal. Qui arrive à l’heure le matin au travail et qui repart tranquillement chez lui le soir. Ils ne savent pas que je ne rentre pas chez moi. Que je dors dans un dortoir et que je partage le quotidien d’autres hommes qui comme moi, on tout perdu ou presque. »

Haïcha et Marc ne se connaissent pas. Ils ne se rencontreront peut-être même jamais. Leur quotidien les rapproche pourtant sur un point : leurs capacités communes à rendre invisible leur sans-abrisme.

« Le plus dur, je pense que c’est pour mes enfants », avoue Haïcha. « Eux, ils ont honte de devoir assumer cette situation au quotidien avec leurs amis à l’école. Et moi avec leurs professeurs. C’est pour ça que je préfère ne rien dire. Malheureusement, pour nous, le mensonge, c’est un passage obligé. Parce que tu ne peux pas anticiper la réaction des gens. »

Une peur de se mettre à nu qui empêche parfois la prise de conscience. Mais comment accepter de se considérer comme personne sans abri quand on a un salaire ? Quand on est mère ou père de famille ? « Je n’ai pas de logement à moi, mais je ne me considère pas comme sans abri », clarifie Marc. « Je ne suis pas un clochard. Celui qui est un clochard, c’est celui qui est en rue, qui ne travaille pas. Même si ce n’est pas le mien et même s’il est provisoire, moi j’ai un toit. Et j’ai même un travail. C’est déjà ça. »

« Invisibilisation »

La réalité du « sans-abrisme caché », c’est aussi celle vécue par Amélie (25 ans). Après avoir fui un compagnon violent, elle s’est retrouvée seule en pleine nuit avec leur petite fille Laure. Sans nulle part où aller, Amélie n’a pas eu d’autre choix que de passer les nuits dans sa voiture.

Elle est parvenue à maintenir les apparences coûte que coûte. Ne jamais montrer qu’elle vit dans sa voiture ; trouver des solutions de débrouille pour pouvoir se laver, se brosser les dents. Amener Laure à l’école tous les matins.

Amélie et sa fille vivent donc à la rue. Et pourtant, elles ne seront pas comptabilisées lors d’un dénombrement. Ni celles et ceux qui dorment dans des lieux non identifiés par les services de L’Ilot. Ni les personnes hébergées provisoirement par des proches. Ni les femmes qui marchent en rue toute la nuit.

L'interview d'Haïcha, résidente de la Maison d’accueil d'urgence pour femmes et familles de L'Ilot.

Le témoignage de Marc, résident d’une des Maisons d’accueil pour hommes de L’Ilot.

Kart #6 | « Notre volonté, c’est de créer du lien, de mettre des mots sur ce qui est tabou. Sur ce qui est caché. » 1024 576 L'Ilot

Kart #6 | « Notre volonté, c’est de créer du lien, de mettre des mots sur ce qui est tabou. Sur ce qui est caché. »

Quelle place prend le sans-abrisme caché dans ton travail au quotidien ?

C’est quelque chose qui est extrêmement présent. Il est à associer à la culpabilité, à la honte que chaque usagère peut porter en elle. C’est la conséquence directe du manque de soutien, d’aide et d’écoute auquel ces femmes ont été confrontées tout au long de leur trajectoire. C’est là que le sentiment de culpabilité naît.

Le discours ambiant auquel ces femmes sont souvent confrontées consiste à considérer comme normal le fait d’avoir subi les violences qui souvent vont mener par la suite au basculement vers la rue. Elles peuvent être physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques, mais elles sont toujours le point de départ d’un parcours d’errance.

Un parcours qui mènera ensuite à une situation de très grande précarité, puis de sans-abrisme qu’elles ne voudront pas assumer par peur du jugement. C’est une des formes du sans-abrisme caché. Et c’est d’abord un cercle vicieux qui n’aide ni à leur reconstruction ni à leur rétablissement.

Comment établir un lien de confiance avec des personnes qui en sont réduites à devoir s’invisibiliser à ce point pour cacher leur situation ?

L’idée n’est jamais de convaincre. Et de potentiellement amener une violence supplémentaire. Notre volonté, c’est de créer du lien, du relationnel. De mettre des mots sur ce que l’on tait habituellement dans leur sphère privée. Sur ce qui est tabou. Sur le silence. Sur ce qui est caché. Sur ce qu’on voudrait ne pas voir, mais qui existe. Je dirais qu’il n’y a pas une seule manière de fonctionner. On s’adapte avant tout à la personne qui se trouve en face de nous, au récit qu’elle nous renvoie, mais la base doit toujours être l’écoute.

Est-ce qu’une partie de votre travail, ce n’est pas aussi de parvenir à faire accepter la situation aux premières concernées ?

On observe en tout cas qu’à leur arrivée chez nous, beaucoup de mamans ne veulent pas voir L’Ilot comme une Maison d’accueil pour personnes sans abri. Elles préfèrent dire que c’est un centre de vacances. Un endroit où leurs enfants vont se sentir bien, où ils vont pouvoir s’amuser. Très vite, c’est à nous d’expliquer que non, nous ne sommes pas un centre de vacances. Là encore, il s’agit de mettre des mots sur une réalité. Parce qu’accepter cette réalité, c’est une étape essentielle pour pouvoir se reconstruire. Bien sûr, on s’adapte à l’âge de chaque enfant, mais c’est notre métier aussi d’expliquer que maman rencontre certaines difficultés pour le moment et qu’ils ont ici un espace pour se sentir en sécurité et trouver l’aide dont ils ont besoin. Et pour tenter de retrouver un chez-soi le plus rapidement possible.

Statistiquement, les femmes représenteraient à peine plus de 20% des personnes sans abri. Or, on sait que ces chiffres officiels sont trompeurs. Comment expliquer que les femmes soient si peu visibles en rue ?

Parce que les femmes savent qu’elles ne sont en sécurité nulle part. Elles ne sont même pas en sécurité chez elles, où elles vivent des violences conjugales. Et encore moins en rue, qu’elles évitent à tout prix parce qu’elles savent que l’espace public, surtout la nuit, est synonyme de risque d’agressions. Du coup, lorsqu’elles se retrouvent sans logement, parce qu’elles ont quitté un conjoint violent ou parce que, mamans solos, elles ne s’en sortent plus à payer toutes seules les factures, elles déploient toute une série de stratégies d’évitement de la rue : dormir sur le canapé d’une copine, s’installer provisoirement dans une voiture, etc. Lorsqu’elles sont en rue, elles font tout pour ne pas être repérées et pour éviter les agressions : marcher toute la nuit, se masculiniser, etc. Surtout, ne pas avoir l’air d’errer. Toutes ces situations de sans-abrisme caché échappent aux dénombrements, ce qui fait dire aux statistiques que les femmes sont moins nombreuses que les hommes à vivre l’errance. Alors qu’on voit bien qu’elles sont clairement dans des situations de très grande précarité.

Le fait est que pour qu’une femme arrive chez nous, il y a un chemin énorme. Aussi parce qu’il y a une peur réelle de franchir le cap. Et qu’avant d’arriver chez nous, elles ont déjà passé un long moment à vivre cachées, dans un grand isolement.

L'interview d'Axelle Lemaire, travailleuse sociale et assistante psychologue de la Maison d'accueil pour femmes et familles de L’Ilot.

Interview d'Alexandra, coordinatrice de la Maison d'accueil pour hommes de L'Ilot.