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Investissez avec la CCL ! 1024 576 L'Ilot

Investissez avec la CCL !

Vous êtes propriétaires ou souhaitez investir à Bruxelles ? Vous désirez donner du sens à votre patrimoine immobilier ? Prendre part à un projet social innovant tout en vous garantissant des revenus fixes, c’est possible avec la CCL, la cellule Captation et Création de logements !

La CCL accompagne des personnes en situation ou en risque de sans-abrisme vers plus d’autonomie grâce à l’accession au logement. Et avoir un chez-soi est une étape indispensable pour reconstruire un nouveau projet de vie.

Grâce à notre expertise immobilière et à notre partenariat privilégié avec les Agences Immobilières Sociales bruxelloises, vous pouvez participer à la fin du sans-abrisme, tout en vous garantissant des avantages certains.

Un loyer garanti, pas de précompte immobilier à payer, pas de gestion locative, une remise en état à la fin du bail et des avantages TVA sur les acquisitions de logement neufs.

La fin du sans-abrisme passe notamment par la création de nombreux logements supplémentaires. C'est pour cette raison que L'Ilot a créé la CCL, qu’elle développe avec l'appui de ses partenaires du secteur.

Vous pouvez, vous aussi, nous aider à mettre fin au sans-abrisme : contactez la CCL sans plus attendre !

Kart #5 | L’Ilot depuis 60 ans aux côtés des ex-détenu∙e∙s 1024 576 L'Ilot

Kart #5 | L’Ilot depuis 60 ans aux côtés des ex-détenu∙e∙s

Illustration Squarefish

C’est en 1960 que l’ASBL L'Ilot est créée à l'initiative de Jean-Jacques Pagnano. À l’origine de ce projet, on retrouve avant tout une histoire personnelle, une histoire d’amitié entre deux hommes.

Jean-Jacques Pagnano voit, en cette même année 1960, l’un de ses proches amis emprisonné par suite d’un accident de voiture meurtrier commis sous l’effet de l’alcool. Jean-Jacques Pagnano découvre par l’intermédiaire de son ami les réalités de l’univers carcéral. Il constate que les compagnons de détention de son ami n’ont nulle part où aller, une fois libérés.

Touché par le sort des anciens détenus, celui qui deviendra le fondateur de L’Ilot se propose alors de les héberger pour quelques jours. Un an plus tard, en 1961, le premier centre d’hébergement ouvre ses portes à Bruxelles et propose un accueil inconditionnel et un accompagnement aux hommes sortant de prison.

D’autres Maisons d’accueil pour ex-détenus sont créées dans la foulée dans d’autres villes belges (à Marcinelle notamment en 1963, Maison d’accueil qui déménagera ensuite à Jumet) et ailleurs en Europe (France, Italie) et dans le monde (Brésil).

Aujourd’hui, L’Ilot dispose de trois Maisons d’accueil pour hommes (à Bruxelles, Jumet et Marchienne-au-Pont) et d’une Maison d'accueil pour femmes et familles (à Bruxelles). Chacune de ces quatre maisons est un lieu à taille humaine, avec une capacité d’accueil volontairement limitée afin de préserver l’intimité et le bien-être de chacun et chacune.

Parmi les différents profils hébergés dans les Maisons d’accueil, les personnes sortant de prison sont soumises à une procédure d’accueil et d’accompagnement spécifique.

Kart #5 | De la prison à la rue : d’un enfer à l’autre 1024 576 L'Ilot

Kart #5 | De la prison à la rue : d’un enfer à l’autre

Les centres d’hébergement comme les Maisons d’accueil de L’Ilot constituent le dernier rempart pour permettre au détenu d’obtenir un congé pénitentiaire et, une fois sa peine purgée, lui éviter de tomber en rue.

On le sait : le congé pénitentiaire est un moment charnière entre la vie carcérale et la libération. Ces premiers pas en dehors de la prison permettent au détenu de retrouver peu à peu sa dignité et de préparer sa sortie (recherche d’un logement, d’un emploi, etc.).

Mais voilà, les places manquent cruellement dans les structures d’hébergement comme les Maisons d’accueil de L’Ilot. À cette situation problématique se superpose une autre réalité alarmante : les institutions pénitentiaires comptent trop peu de travailleuses et travailleurs sociaux pour accompagner les détenus avant leur sortie.

Ces derniers sont toujours trop nombreux à sombrer dans la rue une fois leur liberté recouvrée, faute de réseau social sur lequel s’appuyer, de prise en charge psychosociale au sein de la prison et de places suffisantes dans les centres d’hébergement. Et c’est précisément pour ces mêmes raisons qu’ils sont privés de congé pénitentiaire durant leur incarcération.

Rien qu’au sein de la Maison d’accueil de Jumet, environ 200 demandes par an sont enregistrées pour seulement quelques places disponibles. Pour les personnes qui ne peuvent pas être hébergées, la rue est inévitable.  Avec tout ce qu’elle représente de risques de ne pas réussir son parcours de réinsertion dans la société.

En passant directement de la prison à la rue, ces hommes et ces femmes quittent un enfer pour un autre. C’est une double peine qui leur est infligée : après avoir payé leur dette à la société, ils se voient condamnés une seconde fois par l’inefficacité et les dysfonctionnements du système judiciaire et par la mentalité punitive très présente dans l’opinion publique. Stigmatisés pour le crime ou le délit qu’ils ont commis, les anciens détenus suscitent peu d’empathie auprès du public et sont ignorés dans les souffrances qu’ils vivent.

C’est en cela que l’hébergement et l’accompagnement des personnes sortant de prison constituent un sujet éminemment complexe.

Un accompagnement psychosocial individualisé et de qualité permet à des personnes que la vie n’a généralement pas épargnées de retrouver des solutions de vie dignes et durables.

Kart #5 | Plaidoyer « prison et sans-abrisme » 1024 576 L'Ilot

Kart #5 | Plaidoyer « prison et sans-abrisme »

Quel est le lien entre la prison et le sans-abrisme ?

Beaucoup de personnes sans chez-soi sortent directement d’un long séjour en institution : cliniques psychiatriques, hôpitaux mais aussi, souvent, prisons. Et ces dernières ont particulièrement tendance à « produire du sans-abrisme », pour de multiples raisons.

Il y a, tout d’abord, la problématique du manque d’accompagnement des détenu∙es au sein de la prison : le financement du système carcéral belge étant majoritairement alloué aux enjeux sécuritaires (engager des gardiens et gardiennes, payer des systèmes de surveillances, etc.), le secteur social n’en récolte que les miettes. Il y a trop peu de travailleuses et travailleurs sociaux dans les institutions pénitentiaires. Déjà insuffisant durant la peine, l’accompagnement social est de facto quasi inexistant à la sortie. Il est pourtant crucial.

Passer des années en prison équivaut ensuite, bien souvent, à perdre son réseau social, qui ne peut donc plus agir comme un filet de sécurité à la sortie. Une partie des ex-détenu∙es sans point de chute termine donc à la rue. Garder des repères – notamment familiaux ou sociaux – est pourtant primordial, car la détention empêche bon nombre de personnes incarcérées d’évoluer en même temps que les changements sociétaux, rendant la réinsertion encore plus difficile. S’accommoder à une nouvelle réalité peut être brutal et demander un certain temps.

Gregory (prénom d'emprunt), accueilli à L’Ilot à sa sortie de prison, témoigne : « Pour moi c’est la double peine : non seulement on en bave en prison mais après, une fois sorti, le cauchemar recommence et je suis puni une seconde fois. »

Pas/peu d’accompagnement, rupture des liens sociaux, décalage par rapport à la société… quelles sont les conséquences sur le terrain ?

En plus d’être injuste (la « dette à la société » des ex-détenu∙e∙ est sensée être soldée une fois leur peine purgée), ce procédé est inefficace. En effet, face à ce nouveau chemin de croix, nombreux sont ceux et celles dont la santé mentale chancelle, qui (re)tombent dans les assuétudes, (re)basculent dans la criminalité...

Et face au manque de prévoyance de l’État, il incombe à certains acteurs de terrain, principalement le secteur du sans-abrisme et celui de la prévention aux assuétudes, d’assumer l’accompagnement de ces personnes. Nos Maisons d’accueil reçoivent un nombre de demandes (plus de 200 par an rien qu’à Jumet !) émanant de personnes sortant de prison qui est bien supérieur à nos capacités d’accueil.

Le problème se situe déjà en amont de la sortie : l’absence de réseau social empêche beaucoup de prisonniers et prisonnières en fin de peine de renseigner une adresse valide à l’administration pénitentiaire et donc de bénéficier des congés pénitentiaires auxquels ils ou elles ont droit. Pour – un peu – palier cela, notre Maison d’accueil pour hommes sans abri de Jumet leur réserve une chambre. Mais cela ne permet pas de rencontrer la demande, qui est bien trop importante que pour être absorbée par nos seules infrastructures. Les personnes que nous accueillons à leur sortie de prison sont toujours passées par nos services au préalable lors d’un congé pénitentiaire. Pour les autres, qui ne parviennent pas à trouver de places dans des institutions comme les nôtres, la rue devient presque une fatalité. L’Etat entretient ainsi un système qui crée mécaniquement du sans-abrisme.

Que pourrait-on faire différemment ?

Il y a tout d’abord lieu de se poser la question de la pertinence de l’enfermement pour certaines personnes. Il serait à notre sens judicieux de développer des alternatives afin d’offrir aux juges un panel de solutions plus diversifié qu’actuellement et éviter l’enfermement à certain∙es.

Ensuite, pour les profils pour lesquels la prison est inévitable, il faut absolument un meilleur accompagnement social en prison : celui-ci doit impérativement servir à la préparation de leur sortie. Cet accompagnement devrait idéalement se poursuivre une fois dehors, afin d’assurer la transition entre le monde carcéral et le retour à la vie en société. C’est en partie ce que le ministère de la Justice tente de faire avec la création de « maisons de transition » dans lesquelles certain∙es détenu·es purgent la fin de leur peine et où ils ou elles peuvent déjà jouir d’une situation intermédiaire entre la prison et l’extérieur. Le nombre de ces maisons et de facto celui de places disponibles sont actuellement tout à fait insuffisants. Les conditions pour y accéder sont aussi trop strictes, ce qui en exclut les profils qui en auraient le plus besoin.

Il est, enfin, anormal que l’État fédéral se repose sur le travail du secteur associatif, qui doit ainsi palier ces manquements avec des moyens dérisoires. Le minimum serait donc que le ministère de la Justice prévoit une dotation spécifique pour les associations effectuant ce travail d’accompagnement. Travail que nous réalisons actuellement sans qu’il ne soit financé par un seul euro public.

L'interview de Benjamin, conseiller plaidoyer à L'Ilot.

Décembre 2022. 1h30 (?). -2° Celsius. Charlotte et sa maman, première nuit sans abri 1024 576 L'Ilot

Décembre 2022. 1h30 (?). -2° Celsius. Charlotte et sa maman, première nuit sans abri

« Il est une ou deux heure du matin. La porte de la banque est fermée. Mon dernier espoir.

Je suis trop épuisée pour continuer à chercher un endroit où dormir.

Alors, je m’assieds sur ce sol glacial, Charlotte sur mes genoux. Je voudrais qu’elle dorme au moins quelques heures.

Charlotte cherche le sommeil. Malgré toutes ses couches de vêtements, je la sens trembler de froid. Elle respire fort, sa gorge lui fait mal.

Charlotte dans mes bras, le vent qui nous glace les os, je repense aux dernières semaines.

J’ai encore l’impression de collectionner les emmerdes les unes après les autres.

D’abord, le papa de Charlotte que j’ai enfin quitté. Et puis il n’a plus voulu entendre parler de nous quand il a rencontré quelqu’un d’autre. Et adieu la pension alimentaire.

Et puis, mon premier appart’ avec Charlotte a été une période magique. C’était la première fois que nous étions sans Lui.

J'avais l’impression qu’on s’était enfin retrouvées, toutes les deux. On buvait du chocolat chaud en regardant des Disney, on prenait notre petit-déjeuner ensemble, on rêvait…

Alors je n’ai pas voulu y croire quand j’ai vu les factures de gaz et d’électricité. Surtout qu’avant, c’était Lui qui s’en occupait.

Le montant, c’était presque tout mon salaire qui y passait. Je voulais juste profiter encore de mes moments avec Charlotte. Alors je n’ai rien fait. Et je n’avais plus d’argent sur mon compte bancaire. Les finances, c’était Lui aussi.

Et puis, un soir après avoir récupéré Charlotte de l’école, ma clef ne rentrait plus dans la serrure. J’ai appelé le proprio, les pompiers, la police. Cela n’a servi à rien.

Nous mourrons de froid pour notre première nuit dehors. J’ai tellement envie de m’endormir. Je ne sens plus le bas de mon corps. J’ai tellement peur que Charlotte ne se réveille pas... »

L’Ilot évite tous les désastres de la rue à des femmes et enfants sans abri comme Charlotte et sa maman.

Vous pouvez les aider. Faites un don.

Grand froid : l’urgence est dans la rue 800 531 L'Ilot

Grand froid : l’urgence est dans la rue

Ce n’est plus un secret pour personne, l’hiver approche. Et quand certain∙e∙s ont l’esprit aux fêtes, d’autres n’ont en tête que leur propre survie : le froid glacial qui tombe actuellement sur notre pays rend en effet la vie en rue encore plus insupportable, voire mortelle. Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot, témoigne de la situation catastrophique que les personnes sans abri traversent actuellement.

Le Centre de jour de L’Ilot, installé sur le Parvis de Saint-Gilles à Bruxelles, accueille tous les jours de nombreuses personnes sans abri en quête de services de première nécessité : un repas, une douche chaude, une sieste dans un cadre sécurisé et rassurant, une oreille attentive prête à écouter les épreuves traversées…

Attaqués de toutes parts par le froid, les corps glacés jusqu’aux os, des hommes, femmes et enfants sans abri sont de plus en plus nombreux et nombreuses à y chercher refuge… sans forcément le trouver, à notre grand désarroi : faute de moyens, nos équipes sont obligées de refuser l’accès à certaines personnes, sans savoir si elles seront encore en mesure d’endurer une journée dehors, de survivre seules en plein hiver…

Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot : « La vague de froid actuelle frappe de plein fouet celles et ceux qui vivent en rue : nous sommes obligés de refuser du monde au Centre de jour ! L’équipe doit donc laisser dehors des personnes sans abri qui ont déjà dû endurer toutes les difficultés d’une nuit en rue.

Le métro bruxellois fait en effet actuellement office d’abri d’urgence : tous les services sont saturés de demandes. Nous n’avons plus, à L’Ilot, de places d’hébergement disponibles !  

Des hommes, des femmes et des enfants sans abri souffrent du coup, en plus du froid glacial, de la violence extrême qui règne en rue : l’insécurité y est omniprésente. Ils et elles sont aussi en première ligne face à la maladie : la promiscuité et le manque d’hygiène entraînent une recrudescence de maladies graves, comme la gale.

Les manques sont criants, et pas seulement en matière de logement : nous devons remuer ciel et terre pour trouver de la nourriture en suffisance pour, chaque jour, proposer des colis alimentaires à celles et ceux qui ont faim et ne trouvent rien. »

Carte blanche : Bruxelles numérique, une mesure discriminatoire 1024 576 L'Ilot

Carte blanche : Bruxelles numérique, une mesure discriminatoire

Dans quelques jours, le gouvernement bruxellois va présenter au parlement un projet d’ordonnance intitulée « Bruxelles numérique », porté par le ministre Clerfayt. Cette ordonnance, qui a la même force contraignante qu’une loi, impose aux administrations régionales et communales bruxelloises (telles qu’Actiris, les CPAS ou les communes) de rendre intégralement disponibles en ligne leurs
services, et de communiquer avec les citoyens par ce biais. Par contre, ce texte n’impose pas aux administrations de maintenir un guichet humain, en parallèle de ce « guichet numérique ». L’objectif de la mesure est clair : le digital va devenir la règle quand le papier et le contact humain seront des exceptions. C’est ce qu’on appelle le « digital par défaut ».

Dans cette optique, L’Ilot a co-signé une Carte Blanche avec un important collectif d’associations et de professionnel.le.s bruxellois.es pour dénoncer la disparition des guichets humains ainsi que la dématérialisation irréfléchie de ces services.
La Cité des Dames, nouveau projet de théâtre participatif avec des femmes sans abri 1024 576 L'Ilot

La Cité des Dames, nouveau projet de théâtre participatif avec des femmes sans abri

« La Cité des Dames » est un projet artistique participatif et transversal mené par Marie Avril avec des femmes sans-abris de Bruxelles. La comédienne et metteure en scène s’est associée avec L'Ilot et quatre autres structures de terrain pour proposer des ateliers théâtre auprès de ce public vulnérable et invisibilisé : Douche Flux, Diogènes, Hobo et le Samu Social.

Depuis le mois de septembre, les femmes ont suivi un atelier de théâtre hebdomadaire et de cette exploration est née une forme scénique qu’elles partageront avec le public. La recherche a été collective, sur la base de jeux, d’improvisations sur des thèmes qu’elles ont choisis.

Marie Avril est accompagnée de Lénaïc Brulé, comédienne et de Rocio Alvarez, illustratrice, qui a réalisé une série de portraits lumineux et colorés des femmes pour les mettre à l’honneur. Eve Duchemin, cinéaste et documentariste, a accompagné elle aussi le trajet créatif des femmes avec sa caméra.

Trois représentations auront lieu en décembre :

• Le vendredi 16 décembre à 16h à l'Espace Magh Résevations : www.espacemagh.be / Tel : 02 274 05 10 ou par mail : loubna.elwahabi@espacemagh.be
• Le samedi 17 décembre à 19h à la Maison du Peuple
Résevations : www.lejacquesfranck.be / Tel : 02 538 90 20
• Le lundi 19 décembre à 20h30 à La Tricoterie
Résevations : www.tricoterie.be ou par mail : reservations@tricoterie.be

Afin de permettre au public de prendre part lui aussi à cette démarche, il pourra voir les portraits de Rocio et les images de Eve avant ou après le spectacle sur les murs de la Tricoterie. L’objectif du projet  « La Cité des Dames » est de rendre visible la problématique du sans abrisme à Bruxelles et particulièrement celui des femmes.

Projet réalisé avec le soutien de :

>> La Fédération Wallonie-Bruxelles (Un futur pour la Culture)
>> Du Fonds Célina Ramos géré par La Fondation Roi Baudoin
>> La Commune de Saint-Gilles
>> Les ASBL : L’Ilot, Douche Flux, Diogènes, Hobo et le Samu Social
>> L’Espace Magh

Et en partenariat avec :

>> Le Service de la Culture de Saint-Gilles
>> Le Centre Culturel Jacques Franck
>> La Maison du Peuple
>> Collectif Sanguin

Carte blanche : le « tarif social gaz » aussi pour le secteur sans-abri 1024 576 L'Ilot

Carte blanche : le « tarif social gaz » aussi pour le secteur sans-abri

C’est une actualité qui n’a échappé à personne : le prix de l’énergie a augmenté d’une telle manière qu’il en vient à fragiliser financièrement des personnes qui jusque-là n’étaient pas en difficulté. Le gouvernement, conscient de cette situation inédite, a cherché à développer des réponses afin de venir en aide aux ménages belges. Ces aides risquent de ne pas suffire. Nous coordonnons des maisons d’accueil, des maisons de vie communautaire, des abris de nuit, des centres d'hébergement d'urgence, des services de guidance à domicile, des services de Housing First, des équipes de travail de rue et des centres d’accueil de jour pour des personnes qui n’ont plus de « chez-soi ». Cet hiver, nous craignons une explosion des demandes. Ces dernières sont déjà, à l’heure actuelle, nettement supérieures à l’offre que nous pouvons proposer.

Dans cette optique, nous avons rédigé une Carte blanche, co-signée par les membres de la Fédération AMA, afin d'exiger que le tarif social-gaz soit appliqué aux structures qui accueillent des personnes sans abri.
Kart #4 | En rue, la violence est quotidienne 1024 576 L'Ilot

Kart #4 | En rue, la violence est quotidienne

Illustration Gérard Bedoret

Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot à Saint-Gilles, croise tous les jours des personnes sans abri victimes de la violence extrême qui peut sévir dans la rue. Il se souvient de plusieurs usagers et usagères avec des fragilités diverses et des solutions qui ont été mises en place par notre association pour les soutenir.
Quelle est l’importance du Centre de jour de L’Ilot pour les personnes vivant en rue ?

C’est un rendez-vous quotidien, stable, avec des horaires. On peut y trouver un peu de répit, manger un repas, prendre une douche, parler à quelqu’un… Ça apporte un certain cadre dans des vies souvent mouvementées et difficiles. Nous offrons également la possibilité aux personnes sans abri de participer activement à la vie quotidienne du Centre de jour, ce qui contribue beaucoup à retrouver une estime de soi.

Les services de première nécessité permettent aux personnes de sortir de l’urgence : manger, se laver, se reposer. Mais ils servent aussi d’accroche à l’équipe sociale qui peut, une fois que des liens de confiance ont été tissés avec la personne, entamer un travail psychosocial centré sur les autres besoins de la personne : remise en ordre administrative, recherche d’un logement, etc.

À quel point le public du Centre de jour est-il confronté à la violence ?

Déjà, dans la rue, on ne dort pas. Ou peu. Ou mal. Et quand on est privé·e de sommeil pendant plusieurs jours, on pète les plombs. Et c’est foutu pour longtemps. Dès qu’on expose sa vulnérabilité, on se fait tomber dessus. Si tu es affaibli·e, les autres te bouffent. Et on ne parle pas de « duel à la loyale », en face à face. La personne qui frappe ne veut pas prendre de risque : on te précipite sur les rails, on te pousse dans un escalier… En rue, la violence est partout tout le temps. Et elle tue. A petit feu, ou brutalement.

Comment accompagnez-vous celles et ceux qui doivent affronter cette violence quotidienne ?

Un service social, cela ne peut pas être rigide. Il faut multiplier les approches et diversifier les compétences. On réunit un maximum de conditions pour s’assurer de créer un lien avec la personne. C’est souvent un travail de longue haleine.

Je me souviens d’un gars qui a fréquenté le Centre de jour pendant deux ou trois ans. Il montrait des signes aigus de paranoïa et avait des accès de violence incroyables. L’équipe sociale a énormément travaillé, au jour le jour, pour le canaliser, éviter les conflits entre lui et les autres usagers et usagères. Ils ont déployé d’énormes efforts en matière de communication non-violente, sans jugement et avec empathie. Cela a fini par payer : on lui a un jour parlé d’une mise en logement – alors qu’il n’avait même pas encore entamé de suivi psychosocial – et son visage s’est éclairé, il a changé du tout au tout. Il a fallu trouver la bonne accroche, la seule thématique qui permettait d’avoir une conversation apaisée avec lui. À ma connaissance, il occupe toujours son logement et n’est jamais retourné en rue.

Arrivez-vous à accompagner efficacement toutes les personnes qui fréquentent le Centre de jour ?

Malheureusement non. Il y a des jours où l’on rentre chez soi en sachant que tel ou telle va passer la nuit en rue. On voit également des personnes décliner sans pouvoir leur apporter de solution. On est désarmé.

Et cela arrive tous les jours : je viens d’être interrogé par la police à propos d’un jeune homme, la trentaine, qui fréquentait le Centre de jour jusqu’à il y a peu. Il arrivait souvent le visage tuméfié et en sang, victime de passages à tabac de la part de dealers à qui il devait de l’argent. On est désormais sans nouvelle de lui, on ne l’a plus vu depuis des jours. Des usagers du Centre m’ont raconté qu’il était allé rejoindre sa sœur au Venezuela… C’est impossible, il n’a pas de papiers d’identité ! Un avis de disparition a été publié mais je crains qu’il ne soit décédé...

Quelles solutions peuvent, selon vous, être développées pour mettre fin à ce genre de situation ?

Prôner la mise en logement prioritaire, le principe du « housing first », offrirait la possibilité à beaucoup de personnes de reprendre leur vie en main. Avoir un toit permet de se réorganiser, se poser, reprendre ses esprits… Et quand on vient de la rue, juste se poser, ça peut prendre des semaines. L’Ilot développe à cet effet de nombreux projets focalisés autour du logement : projets immobiliers avec des investisseurs sociaux, captation de logements privés, gestion de projets permettant l’occupation temporaire dans des bâtiments inoccupés ou en attente de rénovation, aide à l’installation en logement, accompagnement social à domicile  pour favoriser le maintien en logement des personnes récemment relogées, etc..

L’Ilot, via ses Maisons d’accueil ou le Centre de jour, est régulièrement sollicitée pour sensibiliser les services publics (hôpitaux, commissariats de quartier, CPAS, etc.) aux particularités du sans-abrisme et au travail des équipes de terrain. Le maintien et le développement de ces collaborations devrait garantir, à terme, une meilleure prise en compte et compréhension des enjeux liés au sans-abrisme.

Les femmes et les enfants victimes de violence

Les femmes et les plus petits qui fréquentent notre Maison d’accueil pour familles avec enfants à Bruxelles sont régulièrement, dans leurs parcours respectifs, confrontés à de la violence : violences conjugales ou intra familiales, agressions sexuelles, harcèlement, etc. Il est primordial de pouvoir offrir un suivi personnalisé à chacun∙e, en fonction de ses besoins.

Valérie, assistante sociale de la Maison d’accueil pour familles avec enfants, témoigne : « On n’a pas de feuille de route, ce serait juste horrible. On traite chaque situation de manière individuelle, en respectant les demandes de la personne. On travaille également étroitement avec des services spécialisés, comme l’Assistance Policière aux Victimes ou le Centre de prévention de violences conjugales. Une partie de l’équipe est également formée à l’accompagnement des enfants victimes de violences conjugales et intrafamiliales. »