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Kart #9 Temps plein, poches vides | Des fins de mois impossibles malgré un emploi : témoignages 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Des fins de mois impossibles malgré un emploi : témoignages

En Belgique, de plus en plus de travailleurs peinent à boucler leurs fins de mois, malgré un emploi à temps plein. Pour beaucoup, les salaires ne suivent pas l’augmentation constante des loyers. Suite à la sortie de notre nouvelle publication sur les travailleurs et travailleuses précaires, nous avons récolté plusieurs témoignages autour de nous, que ce soit à L’Ilot ou dans notre entourage, concernant la thématique du travail précaire. Tous et toutes témoignent d’un même constat : travailler ne suffit plus pour vivre décemment.

Sylvia*, 36 ans, travailleuse sociale

« On m’a souvent parlé de la règle des 30%. Une règle selon laquelle le loyer d’un appartement ne doit pas dépasser 30% des revenus d’un ménage. Je suis travailleuse sociale, mon conjoint travaille à temps plein lui aussi. Nous avons cherché pendant deux ans à nous loger à Bruxelles en tenant compte de cet adage des 30%. Force est de constater que c’est devenu impossible. Aujourd’hui pour se loger, il faut se mettre en danger financièrement. »

Zakaria*, 51 ans, père de 3 enfants

« C’est devenu impossible en 2024 de vivre convenablement de ses revenus. Avant mes quelques économies me permettaient parfois de partir en vacances, de faire l’un ou l’autre cadeau à mes enfants ou à mes proches. Aujourd’hui, elles m’autorisent tout juste à régler mes factures et à faire face à l’un ou l’autre imprévus. Je suis en permanence sur la corde. »

Blandine*, 24 ans, jeune travailleuse

« J’ai 24 ans, je travaille à plein temps, mais ça ne change rien : avec les garanties locatives de plus en plus élevées, aucun propriétaire ne veut de moi, même avec un emploi à plein temps. Les propriétaires demandent des montants incroyables, parfois jusqu’à trois mois de loyer en avance, juste pour accepter de me louer un appartement. C’est impossible pour moi, même avec un salaire régulier. J’essaie de montrer que je suis sérieuse, que je travaille et que je peux payer, mais c’est jamais suffisant pour eux. Je me retrouve à rester chez des amis ou à chercher des logements précaires parce que je ne peux jamais réunir ces garanties exorbitantes. C’est vraiment décourageant de se dire que, malgré mon travail, je ne peux même pas accéder à un logement stable. »

Jean-Pierre*, 70 ans, travailleur à la retraite

« J’ai pris ma retraite il y a trois ans, mais au lieu de me reposer, je dois continuer à travailler parce que ma pension ne couvre même pas le loyer. Je pensais pouvoir enfin souffler après une vie de boulot, mais entre les loyers qui explosent et les factures qui tombent chaque mois, je n’arrive pas à m’en sortir. C’est épuisant, je me demande souvent quand je pourrai vraiment profiter de ma retraite, ou si ce moment viendra un jour. »

Mariam*, 31 ans, travailleuse à plein temps

« Malgré mon salaire, le loyer engloutit plus de la moitié de ce que je gagne, et chaque mois, je me retrouve à devoir choisir entre payer mon loyer à temps ou me nourrir correctement. Même en travaillant à plein temps, j’ai l’impression que ce n’est jamais suffisant pour vivre décemment. Les factures s'accumulent, tout devient plus cher, mais mon salaire, lui, ne bouge pas. Ce n’est pas normal de travailler autant et de ne pas pouvoir boucler ses fins de mois. On bosse dur, mais on survit à peine. »

Moussa*, 19 ans, personne sans papiers

« Sans papiers, je galère déjà à trouver du travail, mais quand j’en trouve, c’est souvent pour des salaires de misère parce que certains abusent de ma situation. À la fin du mois, impossible de payer mon loyer correctement. Et en plus, je fais face au racisme : les propriétaires et les employeurs me ferment la porte juste à cause de mes origines. J’ai l’impression d’être coincé dans une double précarité, celle de ne pas avoir de papiers et celle d’être jugé sur qui je suis. »

Et vous ? Comment faites-vous face à cette situation ? Est-ce que votre travail vous permet de vivre de vos revenus ? Quel est le % de votre salaire que vous mettez dans votre loyer ? Est-ce que vous connaissez des personnes qui vivent la même situation ? Envoyez-nous votre témoignage en 4-5 lignes à presse@ilot.be. Nous en repartagerons certains d’entre eux de manière anonymisée sur notre page Instagram. Merci d’avance à tous et à toutes pour votre participation !

*prénom d'emprunt.

Prix fédéral de lutte contre la pauvreté : votez pour ISSUE 1024 576 L'Ilot

Prix fédéral de lutte contre la pauvreté : votez pour ISSUE

Cette année, le Prix fédéral de lutte contre la pauvreté récompensera les partenariats mis en place pour lutter préventivement ou curativement contre la pauvreté.

Et L'Ilot fait partie des lauréats avec le projet ISSUE : en 4 ans, grâce à ISSUE, 100 personnes ont pu être logées temporairement dans des bâtiments inoccupés avant de trouver un logement durable pour certaines d'entre elles.
Kart #9 Temps plein, poches vides | Témoignages 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Témoignages

Extrait de la bande dessinée avec Abdel de Bruxelles « Un petit expresso sans sucre » qui retrace le parcours de Steph’, un indépendant qui n’arrive plus, malgré son travail, à s’en sortir financièrement.

Des « costumes-cravate » sans chez-soi : la réalité de l’accueil des travailleuses et travailleurs précaires parmi nos publics n’est pas neuve. Équipe sociale et résident·es de nos maisons d’accueil témoignent.

« La tendance est à la hausse »

C'est ce que confirme Alexandra Todeanca, coordinatrice de la Maison d’accueil pour hommes de L’Ilot à Bruxelles. « De plus en plus, nous devons adapter notre accueil à celui de personnes dont le quotidien est de se lever pour aller travailler. Ce n’est évidemment pas la même dynamique d’accompagnement social. »

Des résidents et résidentes qui, bien qu’ayant un emploi, ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins essentiels, notamment en matière de logement. Face à la hausse des loyers et à l’insuffisance des revenus, ils et elles se retrouvent dans nos Maisons d’accueil, en dépit de leur activité professionnelle. L’Ilot oeuvre activement pour apporter des solutions structurelles, en plaidant pour une meilleure protection sociale et un accès au logement décent pour toutes et tous ; et, ainsi, freiner l’engrenage infernal dans lequel les personnes vivant en rue tombent irrémédiablement, qu’elles soient travailleuses ou non.

« Aujourd'hui, mon travail ne me protège pas »

Sayli a 29 ans et avait, jusqu’il y a peu, toujours « connu les semaines pleines ». D’abord en salle puis en cuisine, comme « chef » et toujours dans « de grands restaurants ». Le genre de lieu « dans lequel on ne chôme pas ». Des journées de douze heures, six jours par semaine, Sayli connait. D’Atlanta à La Havane en repassant régulièrement par Bruxelles, Sayli mènera pendant des années une vie de backpacker en toque. Pour ses proches, il mène surtout « la grande vie » à l’autre bout du monde. Pour lui, il « se décarcasse pour vivre de sa passion ».

Il paie ses loyers par tranches, enchaîne les heures supplémentaires et les sacrifices qui vont avec. Les dérives aussi : alcool et dépendances le mèneront à un retour précipité en Belgique. Ses proches « tombent de haut ». Lui, fait profil bas. « Avant, pour eux, j’avais l’argent, la voiture, les costumes. Mais c’était plus une façade que le vrai moi. Qui devient riche grâce à son travail ? Eux pensaient que j’avais trouvé ma voie, moi j’étais conscient d’être en train de ruiner ma vie. » S’en suivront neuf jours en rue, ses premiers sans travailler depuis treize ans. Aux nuits dans le métro se succèdent les journées d’errance.

Un appel avec sa sœur lui fera connaitre L’Ilot et sa Maison d’accueil pour hommes, « Le 38 », qu’il intègre en juin dernier. Quelques jours plus tard, revigoré, Sayli trouvera un travail « en deux heures, mais dans un Carrefour Express ». Un temps plein, mais pas franchement le boulot de ses rêves pour celui qui entame en parallèle des études pour devenir éducateur spécialisé. Sayli ne perd pas la face mais ne veut pas que sa situation soit connue de ses collègues. « Ce serait trop louche. » Alors, « pour eux », il est « le bon samaritain toujours bien sapé » qui va porter les invendus du jour « aux SDF ». Pour ses nouveaux colocataires de L’Ilot, il est le travailleur qui ramène des petits plats préparés en fin de journée. Une double vie que Sayli accepte de mener de front, sans sourciller. « Aujourd’hui mon travail ne me protège pas, pour ça il y a L’Ilot, mais je me dis que c’est une étape vers le retour à l’autonomie. »

Kart #9 Temps plein, poches vides | Entretien avec Philippe Defeyt 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Entretien avec Philippe Defeyt

Extrait de la bande dessinée avec Abdel de Bruxelles « Un petit expresso sans sucre » qui retrace le parcours de Steph’, un indépendant qui n’arrive plus, malgré son travail, à s’en sortir financièrement.

Économiste et ancien président du CPAS de Namur, Philippe Defeyt pose un regard critique sur la précarité grandissante des travailleurs et travailleuses en Belgique. Face à un système inadapté aux nouvelles réalités du travail, il questionne les outils actuels de mesure de la pauvreté et propose des réformes structurelles.

La pertinence relative des indicateurs de pauvreté

Pour Philippe Defeyt, il est indispensable de revoir la manière dont nous mesurons la pauvreté. « Le taux de pauvreté tel quʼon le calcule aujourdʼhui, à partir du revenu médian, ne reflète pas la réalité vécue par beaucoup de personnes. On peut très bien ne plus être pauvre selon les statistiques mais rester dans des conditions de vie précaires ou à lʼinverse être pauvre selon lʼindicateur mais bénéficier dʼaides matérielles multiples (logement social, déplacements gratuits, tarif social gaz, etc.) qui, de fait, protègent de la pauvreté. »

L'indicateur de pauvreté ignore des éléments comme le surendettement ou les coûts liés à la santé, qui affectent pourtant directement le niveau de vie. Philippe Defeyt plaide pour des indicateurs prenant en compte les dépenses réelles nécessaires pour mener une vie digne. « En Wallonie, si demain toutes les personnes en situation de pauvreté accèdent à des logements sociaux, voient leurs dettes effacées et reçoivent des repas gratuits, le taux de pauvreté tel qu'il est mesuré aujourd'hui resterait inchangé, car il ne se base que sur le revenu ! »

Il évoque également l'évolution des définitions de la pauvreté, qui restent des choix politiques ancrés dans leur époque : « Quand lʼEurope a décidé quʼune personne était considérée comme pauvre quand elle nʼatteignait pas 60 % du revenu médian – alors que la norme jusque-là était en Belgique de 50 % du revenu moyen -, le taux de pauvreté a presque doublé dans notre pays, passant de 7 % à 15 % ! Ce quʼil faut aujourdʼhui, ce sont des indicateurs qui reflètent le niveau de vie réel, et pas seulement les revenus. » 

Les travailleurs et travailleuses pauvres et le risque de sans-abrisme

Sur la question des travailleurs et travailleuses précaires, Philippe Defeyt met en garde contre les amalgames. « Dire quʼun travailleur est pauvre simplement parce quʼil a un salaire bas brouille les cartes. Ce qui compte, cʼest le ménage dans lequel il vit : le même salaire si vous êtes isolé ou si vous avez trois personnes à charge ce nʼest pas la même chose. »

L’instabilité des contrats (intérim, CDD, flexijobs) expose des travailleurs et des travailleuses à un risque accru de précarité. « Plus les revenus sont fractionnés, plus le risque de devenir un ou une travailleuse pauvre est élevé. Et si ces personnes perdent leur emploi, elles risquent de ne jamais atteindre les quotas nécessaires pour ouvrir leurs droits au chômage. La législation nʼest tout simplement pas adaptée à leur situation. »

Sans oublier que la précarité dans l’emploi a aussi une dimension de genre : les emplois à temps partiel, les contrats à durée déterminée, concernent davantage les femmes que les hommes. « Aujourdʼhui, nous vivons dans une société où des personnes perçoivent des pensions de 6 000 euros tandis que dʼautres, souvent des femmes, doivent se contenter de moins de 800 euros par mois. Cʼest indéfendable. »

Philippe Defeyt s’inquiète également de l'augmentation du sans-abrisme, particulièrement à Bruxelles. « La situation est en train d'empirer, et ce nʼest pas uniquement dû aux sans-papiers. Même en les excluant des chiffres, le nombre de personnes sans abri augmente. Et derrière cette réalité, il y a souvent des parcours de vie marqués par des problèmes de santé mentale qui aggravent leur précarité. » Il rappelle que pour certaines personnes, des programmes comme "Housing First" (qui proposent un logement stable avant tout autre accompagnement) fonctionnent bien, mais que ce n'est pas une solution universelle, insistant sur l’importance de la recons-truction d’un réseau social autour de la personne (ndlr : comme le fait S.Ac.A.Do., le service d’accompagnement à domicile de L’Ilot).

Kart #9 Temps plein, poches vides | Éditorial 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Éditorial

Extrait de la bande dessinée avec Abdel de Bruxelles « Un petit expresso sans sucre » qui retrace le parcours de Steph’, un indépendant qui n’arrive plus, malgré son travail, à s’en sortir financièrement.

Les crises successives – financière, économique, sanitaire, sociale – ont fragilisé notre société, frappant durement les travailleuses et travailleurs précaires. Notre association, active contre le sans-abrisme, en témoigne quotidiennement : des milliers de personnes font face à l'insécurité de l'emploi, à la perte de logement et à une érosion progressive de leurs droits.

Un peu partout dans le monde, l’extrême-droitisation des débats politiques a notamment pour conséquence de marginaliser les personnes les plus fragiles. En Belgique, la récente modification du paysage politique annonce des réformes qui semblent privilégier la flexibilité du travail au détriment de la sécurité. Dans un climat d’installation de nouveaux gouvernements à différents niveaux de pouvoir, il est crucial de remettre les droits des travailleurs et travailleuses précaires au centre du débat.

À L’Ilot, nous refusons de traiter uniquement les symptômes de la précarité. Nous offrons un accompagnement global, avec l’objectif que les personnes puissent retrouver une stabilité professionnelle et une autonomie durable. Collaborant au quotidien avec les autorités politiques et publiques, nous plaidons pour des réformes politiques ambitieuses, ciblant le logement abordable, l’automatisation des droits, la sécurisation de l’emploi, l’individualisation des droits sociaux ou encore l’accès aux services de santé mentale.

Notre pays, nos régions, doivent devenir des territoires de solidarité, où chaque travailleur ou travailleuse pourra retrouver dignité et espoir. C’est dans cet esprit que nous collaborons avec Abdel de Bruxelles, auteur de BD engagé, qui a à coeur de mettre en lumière les souffrances liées au travail précaire. Son oeuvre, dont vous pourrez
admirer les prémisses dans ces pages, sera bientôt disponible via tous nos canaux de communication.

Bonne lecture !

Ariane Dierickx, directrice de L’Ilot

Temps plein, poches vides : quand le travail ne protège plus de la précarité 1024 576 L'Ilot

Temps plein, poches vides : quand le travail ne protège plus de la précarité

Un loyer qui augmente, des prix qui ne cessent de s’enflammer, un marché de l’emploi qui favorise l’ère de l’ubérisation maximale (dans laquelle les personnes engagées sont forcées de passer sous le régime indépendant, sans plus aucune sécurité). Voici le dangereux mélange qui nous menace toutes et tous, qui pourrait tout nous faire perdre ! En 2024, plus de 2,1 millions de Belges courent un réel risque de pauvreté ou d'exclusion sociale [1].

Avec 1426 euros mensuels, le statut d’Emmanuel est devenu celui d’une personne vivant sous le seuil de pauvreté [2].  Loin d’être un cas isolé, de plus en plus de travailleuses et travailleurs arrivent chaque jour dans nos services n’ayant plus les moyens de se loger. Ces femmes et ces hommes, souvent invisibles aux yeux de la société, luttent quotidiennement pour joindre les deux bouts. Leur courage et leur ambition demeurent puissants et se voient parfois engloutis bien rapidement par une dynamique mortifère : une faillite, une maladie, une accumulation de factures, etc. Et la hausse des prix qui s’amuse sans vergogne à jouer avec ces vies.

Le travail ne protège plus de la pauvreté. Vos dons sont nécessaires et permettent à nos services d’accueil d’assurer un lieu de réconfort, un toit pour plusieurs mois, mais aussi un espace de travail et de rencontre pour que ces travailleuses et travailleurs sans abri puissent se reconstruire, retrouver l’estime de soi et restaurer leurs droits. Grâce à vous, l’Ilot propose un accompagnement au long cours pour permettre à chacun et chacune d’aller de l’avant, de retrouver confiance et d’envisager à nouveau une trajectoire de vie épanouissante.

La réalité est criante : l'indexation des salaires ne permet plus de compenser l'augmentation des prix et certains barèmes salariaux ne rencontrent plus le coût de la vie. Davantage de travailleurs et travailleuses basculent dans le champ de l’urgence sociale, de l’aide alimentaire ou encore de l'aide énergétique. La précarité des travailleurs et des travailleuses est un fléau silencieux.

Votre soutien est essentiel pour nous permettre de poursuivre efficacement nos missions d’accompagnement.

*Prénom d'emprunt. Nos témoignages sont reconstitués d'après plusieurs expériences de terrain pour ne pas mettre en péril l'anonymat de nos usagers et usagères.

[1] https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/risque-de-pauvrete-ou-dexclusion-sociale#news

[2] En Belgique, le seuil de pauvreté s’élève à 1.450 € par mois pour une personne seule et à 3.045 € pour un ménage de deux adultes avec deux enfants.

Photo : ©Towfiqu Barbhuiya

Retour sur la soirée stand-up avec Florence Mendez au profit de Circé de L’Ilot 1024 576 L'Ilot

Retour sur la soirée stand-up avec Florence Mendez au profit de Circé de L’Ilot

Ce vendredi 27 septembre, vous étiez plus de 200 à la Tricoterie pour fêter les un an de Circé de L'Ilot, le premier Centre de jour pour et par les fxmmes sans abri à Bruxelles.

Merci à Florence Mendez pour l'animation de la soirée et aux autres guests de renom Kaoutar Berne, Clémence Daubelcour, Dicklan, France Van Bellingen, Letizia Finizio, Marine Sergent, Tatou et Daphné pour leurs spectacles incroyables ! Et surtout merci à vous pour votre présence et votre soutien qui nous aide à faire chaque jour un pas de plus vers la reconnaissance du sans-abrisme au féminin.

On remet ça ensemble ? N'hésitez pas à venir à notre soirée thématique du 7 octobre pour en finir avec le sans-abrisme ou celle du 13 novembre avec La Ligue d’Improvisation Belge Professionnelle et l'humoriste Zidani.

Évènement – LA LIGUE D’IMPRO VS. ZIDANI 1024 576 L'Ilot

Évènement – LA LIGUE D’IMPRO VS. ZIDANI

L’asbl L’Ilot vous convie à une soirée originale pour venir soutenir en rigolant la lutte contre le sans-abrisme

Une soirée riche en surprises où la bouillonnante Zidani mêlera ses innombrables talents à ceux de la Ligue d’Improvisation Belge Professionnelle (LIB). Un savoureux mélange qui ne laissera personne indifférent∙e !

Au lendemain de la Coupe du Monde d’Improvisation Professionnelle (du 20 au 27 octobre) organisée par la LIB, celle-ci enverra au front quatre de ses meilleur∙es représentant∙es pour nous faire passer une soirée inoubliable.

INFOS PRATIQUES

Quand ? Le mercredi 13 novembre de 19h à 22h

Où ? À La Tricoterie

Prix ? Prix standard : 30 euros / Prix de soutien : 100 euros

AU PROGRAMME

19h - 20h : accueil, bar & petite restauration

20h - 22h : Zidani & La Ligue d’Improvisation Belge Professionnelle se plient en 4 !

22h-24h : Poursuite des festivités autour du bar !

Réservation obligatoire via info@ilot.be

Les propositions de L’Ilot pour des communes actrices de la lutte contre le sans-chez-soirisme 1024 576 L'Ilot

Les propositions de L’Ilot pour des communes actrices de la lutte contre le sans-chez-soirisme

Axe 1 :  Un espace public inclusif

Une des compétences importantes des communes est l’aménagement de l’espace public. Il est bien connu que celui-ci a trop souvent été conçu, par le passé et encore actuellement - par des acteurs publics ou privés -, pour dissuader les personnes sans chez-soi de s’y installer : bancs fractionnés pour empêcher de s’y allonger, protubérances empêchant de s’asseoir sur les devantures, ou encore disparition totale de mobilier urbain lors de la rénovation de certains endroits pour « éliminer » le problème. Cette évolution impacte aussi l’ensemble de la population qui se déplace dans l’espace public. Selon nous, un autre type d’espace public, plus inclusif, est possible : accueillant, sécurisé et offrant des services universels à toutes et tous, que les personnes disposent ou non d’un chez-soi.

Voici une série de recommandations non-exhaustive :

Du mobilier urbain beau et confortable

Nous vivons à une époque où le manque d’espaces communs devient un enjeu sociétal majeur : de plus en plus de personnes sont isolées au quotidien et nos modes de vie - personnels comme professionnels - tendent à diminuer les opportunités de rencontre. Miser sur un espace public accueillant et convivial constitue une réponse à ces enjeux. Les récentes rénovations du piétonnier du centre-ville bruxellois, avec notamment l’installation de « chaises à bascule », ont suscité un réel enthousiasme parmi les passants et passantes. C’est un exemple positif dont d’autres communes pourraient s’inspirer. De manière plus classique, nous pensons que les bancs publics doivent non seulement continuer d'exister, mais être plus nombreux.

En complément, il est temps d’interdire les « dispositifs anti-SDF », indignes d'une société qui se veut démocratique, tournée vers l’autre et solidaire.

Un accès sanitaire renforcé

Un réseau de toilettes publiques

Comparée à d’autres pays, la Belgique souffre d’un manque criant de toilettes publiques. Cela pose un véritable problème sanitaire, entraînant des conséquences sur l'insalubrité de certains lieux et une réelle inégalité de genre, les femmes étant les premières victimes de cette carence. Au niveau des initiatives intéressantes à généraliser, certaines communes ont, par exemple, œuvré à faciliter l’accès aux toilettes des établissements Horeca. Mais cela reste insuffisant à nos yeux : les personnes les plus marginalisées ont encore trop souvent du mal à accéder à ces lieux. Les communes doivent développer un réseau de toilettes publiques offrant un accès universel. De nombreuses villes à travers le monde y parviennent, pourquoi pas nous ?

Des bains publics en voie de disparition : un patrimoine à sauvegarder

Durant le 20e siècle, les communes belges ont progressivement fermé le dense réseau de bains publics dont elles avaient la responsabilité. Alors que posséder une salle de bain individuelle était un luxe exceptionnel, c’est désormais devenu la norme. Pourtant, sans même parler des personnes vivant dans la rue, une part conséquente de la population n’a toujours pas de salle de bain dans son logement. Ces fermetures ont entraîné la création de structures associatives pour pallier ce manque (L’Ilot gère deux centres de jour notamment destinés à cet effet mais d’autres structures ont été créées autour de ce besoin spécifique comme DoucheFLUX ou Rolling Douche à Bruxelles). Cependant, ces lieux ne sont pas aussi « universels » qu’un service public et peuvent être perçus comme stigmatisants, en plus d’être insuffisants pour répondre à la demande. Certaines communes ont maintenu des douches sociales au sein des piscines communales, ce qui est une bonne initiative à renforcer afin que l’hygiène personnelle ne soit plus un luxe inaccessible. Ces dispositifs pourraient s’accompagner de services de consignes, outil indispensable pour beaucoup de personnes sans chez-soi.

Un accès universel à l'eau potable

Nos villes seront de plus en plus confrontées à des épisodes de chaleurs intenses. Pourtant, paradoxalement, nous manquons cruellement d’accès à l’eau potable dans l’espace public. En comparaison avec Paris et d’autres villes françaises, la différence est frappante. Bruxelles a commencé à augmenter le nombre de fontaines d’eau potable ; une excellente initiative, mais insuffisante. Les communes peuvent faire davantage, et c’est aussi le cas dans les communes wallonnes, comme à Charleroi, où le manque est criant.

Le réseau de fontaine Wallace à Paris : un réseau dense et ancien

Une ville plus propre

Certaines personnes assimilent les habitants et habitantes de la rue à la saleté. Pourtant, il est évident qu’une personne vivant dans la rue génère moins de déchets annuels que la majorité de la population. Ces personnes sont aussi les premières victimes d’un environnement dégradé et sale auquel elles ne peuvent se soustraire. Il est donc important de repenser les enjeux de propreté publique en les intégrant à cette réalité : il faut notamment plus de poubelles, un ramassage plus fréquent, ainsi que plus de cendriers pour limiter la multiplication des mégots.

Axe 2 : Une approche solidaire plutôt que répressive

Il semble que, sous couvert d’actions visant à « sécuriser » l’espace public, certaines communes et certain·es bourgmestres cherchent à durcir leur discours vis-à-vis des personnes sans chez-soi : appels à ne pas donner d’argent, opérations de « nettoyage », règlements anti-mendicité, etc. Outre que ces méthodes ne règlent en rien le problème (qui ne fait que se déplacer d’un quartier à un autre, avec souvent en parallèle une dégradation de la situation des personnes qui perdent leurs repères et le lien avec les équipes sociales de rue qui les accompagnent), cette tendance est extrêmement préoccupante. Nous vivons dans des sociétés d’abondance : jamais, dans l’histoire de l’humanité, les niveaux de confort et de richesse n’ont été aussi élevés. Dans ce contexte, cette « chasse aux pauvres » est indécente. Plus que n’importe quel autre niveau de pouvoir, les communes doivent être un soutien pour les personnes les plus précarisées, pas un obstacle. Nous appelons à la fin des règlements communaux anti-mendicité et des autres dispositifs réglementaires visant à exclure les personnes de l’espace public. Nous saluons les politiques de certaines communes qui repensent leurs services de police et de gardiens et gardiennes de la paix pour plus de proximité : soutenir et orienter les personnes vivant dans la rue plutôt que les chasser et les réprimer. Le service public en sort grandi.

Axe 3 : Des CPAS qui s’adaptent aux besoins des personnes sans chez-soi

Le CPAS est le principal outil dont disposent les communes pour lutter contre la pauvreté. Malheureusement, trop d’entre eux oublient ou refusent encore d’accompagner les personnes sans chez-soi. La situation peut varier considérablement d’une commune à l’autre, preuve qu’une majorité communale peut influencer les pratiques en la matière.

Voici quelques exemples de bonnes pratiques à promouvoir :

  • un accès plus simple et automatique à une adresse de référence ;
  • une aide financière accordée lors de la remise en logement de personnes sans chez-soi ;
  • un accès au revenu d’intégration sociale (RIS) moins conditionné pour les publics en situation de grande vulnérabilité ;
  • moins de lourdeurs administratives et des délais réduits lors du transfert d’un CPAS à un autre ;
  • une harmonisation des règles d’accès à l’aide médicale urgente (AMU) au sein des CPAS, avec une procédure simple et rapide ;
  • des services accessibles en présentiel : les personnes sans chez-soi n’ont pas toujours les moyens de téléphoner ou d’utiliser internet ;
  • un accueil digne et humain : trop souvent, des personnes sans chez-soi rapportent avoir subi de la condescendance, voire des violences verbales lors de visites aux CPAS ;
  • une personne de référence au sein du CPAS, formée spécifiquement aux problématiques liées au sans-chez-soirisme ;
  • une convention de collaboration avec les Maisons d’accueil présentes sur le territoire de la commune afin de faciliter et améliorer l’accompagnement des personnes résidant dans ces maisons ;
  • l’intégration d’experts et expertes du vécu au sein du conseil du CPAS, afin d’améliorer la compréhension et l’accompagnement des situations de sans-chez-soirisme ;

Tout cela n’est possible que si les CPAS disposent des moyens nécessaires pour répondre efficacement à ces ambitions. Trop souvent, ces services souffrent d’un manque de personnel, ce qui complique l’exécution de leurs missions et contribue à la difficulté du travail des agents et agentes de CPAS.

Axe 4 : Une politique communale qui s’empare des enjeux de genre

Comme abordé dans l’axe 1, la question du genre est souvent présente dans les problématiques liées au sans-chez-soirisme, mais elle est trop souvent négligée dans les politiques communales. Les études montrent que la première cause de perte de logement pour les femmes est la violence : psychologique, intrafamiliale, conjugale, sexuelle, économique ou parfois toutes à la fois.

Les communes doivent traiter cette problématique sur deux fronts : anticiper ces violences et en gérer les conséquences lorsque la prévention a échoué. Voici quelques propositions dans ce domaine :

  • former les forces de l’ordre à agir et prévenir en cas de violences faites aux femmes et aux personnes sexisées : trop souvent, ces violences sont perçues comme un simple conflit, renvoyant dos à dos la victime et l’agresseur. Cela doit changer ;
  • disposer de procédures et de moyens pour mettre les femmes et les personnes sexisées à l’abri en cas de danger. Par exemple, en créant des logements de transit dédiés ;
  • mieux faire respecter les interdictions de contact entre un conjoint violent et sa victime. Trop souvent, les agresseurs transgressent cette interdiction sans être inquiétés. Une meilleure écoute et prise en compte de la parole des victimes par les polices locales est nécessaire.

Au-delà de la question des violences faites aux femmes et aux personnes sexisées, les communes doivent intégrer la dimension de genre dans toutes leurs décisions. C’est particulièrement vrai pour le sans-chez-soirisme : aujourd’hui, les politiques sont encore largement pensées pour un profil masculin « type ». Pourtant, il est essentiel de prendre en compte la diversité des parcours, à commencer par les spécificités du sans-chez-soirisme féminin.

Axe 5 : L’accès au logement digne et abordable

On peut parler de l’espace public et de sa gestion mais, ultimement, sortir du sans-chez-soirisme passe par l’accès à un logement. Les communes ont un rôle clé à jouer en la matière.

Une politique de lutte contre les logements vides

Nos sociétés sont confrontées à un paradoxe : d’un côté, des logements vides, inoccupés ; de l’autre, des personnes dormant dans la rue faute de logement. Lutter contre les logements inoccupés permet d’augmenter le nombre d’habitations disponibles, ce qui a un impact positif dans la lutte contre le sans-chez-soirisme. De nombreuses communes ont mis en place des taxes, parfois sévères, sur les bâtiments vides, mais cela ne suffit pas : encore faut-il les identifier. Certaines ont également développé des programmes de rénovation de bâtiments abandonnés, pour ensuite leur donner une vocation sociale. Ce type d’initiative est à encourager.

Mise à disposition du parc de logements communaux

Presque toutes les communes disposent d’un parc de logements leur appartenant, mais la gestion de celui-ci varie grandement d’une commune à l’autre. Pour certaines, c’est une source de revenus ; pour d’autres, un levier d’action sociale. Si chaque commune dédiait une partie de son parc au relogement de personnes sans chez-soi, cela aurait un impact significatif sur notre secteur, qui peine de plus en plus à trouver des logements disponibles.

Intégrer des critères sociaux dans les projets immobiliers

Un des importants leviers des communes sur le marché du logement se trouve dans les procédures d’urbanisme. Lorsque des projets immobiliers d’envergure leur sont soumis, les communes devraient systématiquement exiger qu’une part de ceux-ci soit dédiée au logement social. Ne pas le faire contribue à l’augmentation du nombre de logements neufs et chers, au détriment des logements abordables. Garantir une portion de logements sociaux, c’est assurer que des lieux accessibles restent disponibles pour les personnes en grande précarité, afin que personne ne soit oublié.

Vidéo avec Benjamin Peltier, chargé de plaidoyer à L'Ilot.

Un toit pour grandir, rire et s’épanouir 1024 576 L'Ilot

Un toit pour grandir, rire et s’épanouir

Priver un enfant de la magie de sa chambre, c’est priver un ciel de ses étoiles : plus rien ne l’éclaire.

Être un ou une « enfant bagage », qui l’a un jour envisagé ? C’est pourtant la réalité d’Anaïs, 6 ans, qui suit sa maman dans une vie de rue. En Belgique, près de 20 % des personnes sans chez-soi sont des enfants, témoins de violences familiales et de difficultés de leurs parents sans pouvoir trouver refuge auprès d’eux, qui ne sont plus en capacité d’assurer un cadre sécurisé.

Depuis 1987, L’Ilot, via sa Maison d’accueil pour femmes et familles « le 160 », accueille des enfants en perte d’identité, des petits garçons et des petites filles envahies de stress, d’anxiété, d’insécurité… Depuis 2012, L’Ilot propose un projet pédagogique spécifique pour qu’ils et elles retrouvent leur place dans la famille, leurs repères, leurs liens sociaux ou encore leurs émotions…

 « 40 % des enfants à Bruxelles vivent dans la pauvreté. Nos travailleurs et travailleuses sociales n’ont qu’une mission : permettre à ces petits et petites de retrouver tout simplement une place d’enfant et éviter qu’ils ne grandissent trop vite. » explique Jean-Luc Joiret, directeur de la Maison d’accueil.

Notre objectif : libérer la parole des enfants pour les aider à sortir de cette boucle du déterminisme social. Leur permettre de grandir à leur rythme, en respectant leurs besoins et leurs envies et en faisant vivre leurs droits.

Devenons toutes et tous un soutien solide pour ces enfants. Nous avons besoin de vous.

Ensemble, nous pouvons les entourer d’insouciance et de bonheur. Sans votre aide, sans notre travail d’équipe, bien trop d’enfants continueront à subir la pauvreté et l’exclusion au quotidien.

Nos projets sont indispensables et ne peuvent se concrétiser que grâce à vous : améliorer l’aménagement de nos espaces d’accueil pour permettre aux enfants et à leurs parents de retrouver une bulle d’intimité, y développer de précieux moments d’échanges liés à la parentalité, acheter le matériel nécessaire à la scolarité des enfants, leur proposer des activités sportives et des loisirs, etc. Ensemble, assurons un avenir meilleur à ces enfants qui fréquentent ou fréquenteront un jour les services de L’Ilot.