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Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité – Elodie et Cindy 1024 420 L'Ilot

Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité – Elodie et Cindy

Recherche-action sur les violences faites aux femmes les plus précaires (sans abri) et préfiguration d'un centre de jour pour femmes.

Ce 13 janvier, L’Ilot présente aux parlementaires bruxellois∙es l’étude-action sur les femmes en situation de sans-abrisme qu’elle mène depuis mars 2021. Et ses constats sont sans appel : le nombre de femmes sans-abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors qu’elles subissent plus de violences – notamment liées au genre – que leurs homologues masculins. Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, L’Ilot a développé une série de recommandations pour proposer des solutions dignes et durables à ces constatations, notamment la création d’un centre de jour par et pour les femmes.

Elodie Blogie, qui a mené l'étude-action sur les femmes sans abris pour L’Ilot, dresse l’amer portrait d’une société – la nôtre – qui n’a jamais pris en compte les réalités du sans-abrisme au féminin.

Outre la création d’un centre de jour #paretpourlesfemmes, L’Ilot recommande notamment :

  • D’améliorer la méthodologie de dénombrement des femmes sans abris et de mener une étude qualitative à leur sujet
  • De créer des formations spécifiques sur le genre, le sexisme ou encore la non-binarité pour les travailleur∙euse∙s sociaux∙ales
  • De rapprocher les secteurs sans-abri et droits des femmes
  • De lutter contre la précarité menstruelle
  • (re)Penser la sexualité et l’intimité des personnes sans abris, notamment en hébergement

Cindy est l’une des expertes du vécu ayant co-construit avec L’Ilot les ébauches d'un futur centre de jour par et pour les femmes en situation de sans-abrisme. Elle nous explique le « pourquoi ? » de son implication et insiste sur l’absolue nécessité d’un tel projet.

Dans la presse : 

Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité – Rapport 1024 420 L'Ilot

Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité – Rapport

Etude-action sur les violences faites aux femmes les plus précaires (sans abri) et préfiguration d'un centre de jour pour femmes.

Ce 13 janvier, L’Ilot présente aux parlementaires bruxellois∙es l’étude-action sur les femmes en situation de sans-abrisme qu’elle mène depuis mars 2021. Et ses constats sont sans appel : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors qu’elles subissent plus de violences – notamment liées au genre – que leurs homologues masculins. Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, L’Ilot a développé une série de recommandations pour proposer des solutions dignes et durables à ces constatations, notamment la création d’un centre de jour par et pour les femmes.

Dans la presse : 

La Kart #2 accompagner les jeunes en errance : le projet MACADAM 1024 875 L'Ilot

La Kart #2 accompagner les jeunes en errance : le projet MACADAM

Madeleine Guyot, présidente de l’association Macadam - jeunes en errance et Simon Niset, directeur d’une des maisons d’accueil pour hommes seuls de L’Ilot à Charleroi échangent sur les spécificités de l’accompagnement des jeunes (entre 15 et 26 ans).

L’Ilot : Simon Niset, est-ce que vous
accueillez des jeunes dans votre
maison d’accueil ?

Simon Niset : Oui, en 2019 et en
2020 on a accueilli 20 % de jeunes
ayant entre 18 et 24 ans. C’est très
significatif. C’est une évolution récente.

L’Ilot : Comment ces jeunes hommes
sont arrivés chez vous ?

Simon Niset : Il y a différentes
manières : soit ces jeunes connaissent
des maisons d’accueil, soit ils se sont
adressés à un service social de première
ligne, soit ils appellent d’eux-mêmes
partout en espérant trouver une
place d’accueil et d’hébergement
temporaire… Ce qui m’interpelle c’est
que beaucoup de ces jeunes ont déjà
un parcours dans l’aide à la jeunesse.
On peut donc se poser la question d’un
certain échec à un moment précoce, au
niveau familial d’abord et ensuite au
niveau des institutions qui sont censées
prendre le relais. Les questions de mise
en autonomie ont toujours été très
compliquées. Force est de constater que
pour une bonne partie de jeunes, cela
ne fonctionne pas comme cela devrait.
Avec l’équipe socio-éducative de notre
maison d’accueil à L’Ilot, nous nous
interrogeons par rapport à l’accueil de
ce public, et, entre autres, de savoir si
une maison ouverte à tous les âges est
vraiment bien adaptée. On constate
deux choses : la première, c’est que
certains sous-groupes de jeunes vont
rentrer en conflit avec des plus âgés ; la
deuxième c’est la potentielle mauvaise
influence de plus âgés sur les plus
jeunes, notamment pour ceux qui
cherchent une figure parentale. En
même temps, je crois fort à la mixité
des publics, la mixité des âges… D’une
part, créer des structures spécifiques
pour les jeunes peut accroître le risque

pour eux de se tirer mutuellement vers
le bas. Mais, d’autre part, il faut le dire
honnêtement, on a déjà accueilli des
jeunes qui sont ressortis plus abîmés
d’une maison d’accueil qu’à leur arrivée
parce qu’ils y avaient rencontré les
mauvaises personnes, souvent en lien
avec des problèmes d’assuétudes et de
consommation…

L’Ilot : Le risque de glissement vers
le bas serait selon vous moins grand
si les jeunes restaient en groupe sans
autre contact avec des plus âgé·e·s ?

Simon Niset : En fait, je ne dirais pas
que c’est une problématique liée au
fait que les jeunes se regroupent. Il est
évidemment normal que les jeunes
s’associent. Ce qui est compliqué pour
nous, c’est de leur faire comprendre
que les enjeux ne sont pas les mêmes
pour eux que pour des jeunes qui
sont en famille, et n’ont pas eu ce
parcours d’errance et d’exclusion qui
est le leur. On peut respecter le fait
qu’à 18 ans, on fait la fête, on est un
peu insouciant…mais un jeune reste
chez nous pendant neuf mois et, si au
bout des neuf mois, on n’arrive pas à
concrétiser un projet de logement, il va
se retrouver à la rue. Il y a une urgence
à se mobiliser mais c’est parfois assez
difficile de leur en faire prendre
conscience.

Madeleine Guyot : Ce que Simon
dit résonne fort à plein de niveaux.
C’est une question complexe. Ce
public a besoin d’être entendu dans
ses demandes et ses non-demandes,
d’être compris et qu’un lien soit recréé.
Le but de l’initiative Macadam c’est
de proposer un accueil « bas seuil »
de jour inconditionnel pour un
public fortement désaffilié et de lui
fournir une réponse le plus possible
désinstitutionnalisée.

« Bas seuil », cela implique que tout jeune peut y venir, quelle que soit la complexité de
sa situation, quel que soit son niveau
d’autonomie.

L’Ilot : Qu’est-ce que ce ça veut dire
« une réponse désinstitutionnalisée » ?

Madeleine Guyot : C’est permettre
constamment à la structure de se poser
la question de savoir si les services
qu’elle offre sont adaptés aux besoins.
C’est forcer l’institution à s’adapter
aux jeunes plutôt que les jeunes au
fonctionnement de la structure.
C’est aussi éviter une conditionnalité
monolithique. Car pour certains
jeunes, la mise en projet ou le projet
de logement, etc., ça peut fonctionner.
Mais pour plein d’autres jeunes, ça
ne fonctionne plus. Il leur faut un
temps de repos. Madacam veut le leur
offrir, avec un accompagnement. Ça
implique d’être prêt à accueillir la nondemande
des jeunes. Voilà donc nos
trois principes directeurs à Macadam :
l’inconditionnalité, le fait de ne pas
s’institutionnaliser et le fait d’accueillir
la non-demande.

L’Ilot : Est-ce que le fait d’être financé
par les pouvoirs publics, qui ont des
attentes, ne risque pas justement de
conduire à une institutionnalisation ?

Madeleine Guyot : L’ADN de Macadam
c’est l’intersectorialité : santé mentale,
aide à la jeunesse, sans-abrisme, lutte
contre la pauvreté, etc. L’Ilot connait
bien ce type de démarche parce qu’il est
membre du Conseil d’Administration
et fonctionne beaucoup avec d’autres
secteurs. Cela garantit une approche
plus large que celle d’un seul secteur
donc d’une seule « vision politique ».
La volonté de Macadam c’est de ne pas
rentrer dans une case afin de faire place

à quelque chose qui s’articule entre la
minorité et la majorité d’âge, le sansabrisme,
l’aide à la jeunesse, la santé
mentale, la lutte contre la pauvreté, etc.

L’Ilot : Simon Niset, comment
réagissez-vous à l’idée de la création
d’un centre de jour bas seuil pour
jeunes ?

Simon Niset : Je pense que c’est une
initiative qui a énormément de sens.
Il y a vraiment urgence. C’est un
besoin qui avait d’ailleurs déjà été
relayé par Philip De Buck, directeur du
Centre d’Accueil de jour de L’Ilot, qui
disait qu’il était alarmé par le nombre
de jeunes qu’il voyait, leur difficulté
à trouver leur place dans un centre
ouvert à tous et toutes, la difficulté de
l’équipe à répondre à leurs besoins et
attentes spécifiques et la potentielle
mauvaise influence que pouvait avoir le
public plus ancien sur ce public jeune
qu’il identifiait comme extrêmement
fragile.

L’Ilot : Quelle est la bonne manière
d’accueillir et d’accompagner ces
jeunes ?

Simon Niset : Je pense qu’il faut aller
vers un maximum de diversité et éviter
les groupes homogènes, pour que
tous les jeunes se sentent autorisés à
fréquenter ce centre. Après, les jeunes
sont dans la construction de soi, dans
la remise en question d’un système et
de toute forme d’autorité. Il faut donc
qu’il y ait un cadre clair mais avec
lequel les éducateurs et éducatrices
puissent jouer de manière intelligente,
sinon ça risque d’être extrêmement
compliqué.

Madeleine Guyot : Nous accueillons
tous les jeunes, en adaptant les
modalités d’accueil. Ces jeunes ont

l’errance comme seul dénominateur
commun. On parle de personnes
migrantes, LGBTQI+, de jeunes filles
enceintes, etc. Il faut les toucher et les
accompagner de façon pertinente, en
fonction de leur situation, et être très
réactif. Enfin, nous voulons stimuler
leur participation, au sein de Macadam
mais aussi pour se faire entendre des
politiques, intervenir comme experts
du vécu, etc.

L’Ilot : Quels sont les défis et les
points d’attention ?

Simon Niset : Il faut une équipe solide
et nombreuse pour accompagner ces
jeunes aussi très concrètement dans
leurs démarches administratives ou
pour la recherche d’un logement.
Et bien intégrer la structure dans le
quartier, pour que les jeunes y accèdent
facilement, sans craindre de n’être pas
bienvenus.

Madeleine Guyot : Ils sont nombreux.
Il faut éviter d’entrer dans la fameuse
« boucle de mobilité » des jeunes en
errance, qui circulent sans cesse entre
les mêmes services et reviennent à
chaque fois à la « case départ ». L’enjeu,
c’est d’améliorer la trajectoire de ces
jeunes. Cela veut dire promouvoir
l’intersectorialité, qui est indispensable.
On doit également arriver à toucher
des jeunes qui sont plus difficiles à
atteindre, comme les jeunes victimes de
traite et d’exploitation sexuelle. Nous
voulons aussi développer une expertise
sur ces publics qui puisse servir à tous
les acteurs. Enfin, il faut assurer des
financements à la hauteur des enjeux.
Nous avons besoin de l’engagement
ferme et concret des politiques sur cette
question.

Social et green washing au détriment de l’aide alimentaire : le modèle Happy Hours Market 1024 208 L'Ilot

Social et green washing au détriment de l’aide alimentaire : le modèle Happy Hours Market

Happy Hours Market est une entreprise qui récupère les invendus de commerces afin de les revendre en fin de journée à prix réduit sur une application. Les restes sont ensuite déposés après 21h30 à des associations d’aide alimentaire.

Au premier regard, l’action d’une telle entreprise semble vertueuse : lutte contre le gaspillage et soutien aux associations d’aide alimentaire. Qu’en est-il vraiment?

La marchandisation de l’aide alimentaire : de la science fiction ?

Le secteur de l’aide alimentaire s’organise depuis des dizaines d’années et se professionnalise surtout depuis 2015 dans la collecte d’invendus : achat et mutualisation des moyens logistiques, partage des moyens entre associations, collaborations etc. Des plateformes d’approvisionnement et d’échange existent déjà dans le secteur (DREAM, Bourse aux dons, LOCO…).

Il n’est pas satisfaisant de venir en aide aux personnes précarisées avec des invendus, mais aujourd’hui aucune autre solution n’existe. Il est encore moins envisageable que la qualité et la quantité de cet approvisionnement soit mis à mal par les entreprises qui s’intéressent de plus en plus à cette source de nourriture – surtout en ce moment, en pleine période de crise sanitaire et sociale. Si plus d’attention n’est pas portée à ce qui est en train de se jouer actuellement, et si les pouvoirs publics voient les entreprises privées à but lucratif comme des partenaires de l’aide sociale plutôt que de soutenir structurellement les actions de terrain, les dérives continueront jusqu’à la marchandisation totale de l’aide alimentaire (avec son lot de mises en concurrence et de pratiques déloyales).

Ce modèle n’est pas une solution.

Bruss'help : Chloé Thôme
Dénombrement 2020 – le nombre de femmes en situation de sans-abrisme et mal logement en augmentation 1024 683 L'Ilot

Dénombrement 2020 – le nombre de femmes en situation de sans-abrisme et mal logement en augmentation

5.313, c'est le nombre de personnes qui en novembre dernier étaient en situation de sans-abrisme ou de mal logement en Région bruxelloise contre 4.187 en 2018.

 

Selon les dernières statistiques fournies par Bruss'help, les femmes représenteraient 20,9% du sans-abrisme sur le territoire régional bruxellois. Pour cette même région, les enfants, très majoritairement pris en charge par les femmes, représentent quant à eux 17,6% du phénomène sans abri.

Encore largement méconnu et sous-estimé en raison notamment des stratégies d'évitement de la rue mises en place par les femmes elles-mêmes, le sans-abrisme féminin existe.

1110 femmes ont été comptabilisées en situation de sans-abrisme ou de mal logement au mois de Novembre 2020. Même si le pourcentage de femmes par rapport au pourcentage d'hommes a diminué, nous observons bel et bien une augmentation de 17,7% du nombre de femmes. Si leur présence dans l'espace public a diminué (51 femmes contre 84 en 2018), une personne sur trois en hébergement d'urgence et centre d'accueil est une femme. Comme précisé par Bruss'help, les centres d’urgence et les hôtels de crise ont également accueilli de nombreuses femmes victimes de violences conjugales, phénomène en forte hausse durant l’ensemble de l’année 2020.

Pour échapper aux risques d'agression en rue, les femmes vont d'abord préférer les solutions de débrouille : une nuit dans la famille, une autre chez des amis, une autre encore dans une voiture ou un squat. L'espace public, encore majoritairement pensé par et pour les hommes, est source de danger pour les femmes en particulier, qui deviennent de véritables proies.

Pour plus d'informations concernant la spécificité de l'accompagnement des femmes en situation de sans-abrisme, consultez notre rubrique "comprendre".

La Kart #1 l’histoire de Marie 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 l’histoire de Marie

La Kart #1 de l’urgence de croiser sans-abrisme et féminisme 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 de l’urgence de croiser sans-abrisme et féminisme

Entretien avec Ariane Dierickx (L’Ilot) et Valérie Lootvoet, (Université des femmes)

La précarité et l’insécurité émaillent les parcours des femmes à la rue et en situation de mal-logement. Accompagner ces femmes nécessite donc de mettre en lumière et d’articuler les multiples discriminations qui senchevêtrent dans la vie des femmes, dès leur enfance. Sans quoi l’accompagnement présente des réponses limitées pour les femmes, voire même génère de nouvelles violences. Echanges croisés entre laction de terrain auprès des femmes sans abri, avec Ariane Dierickx, directrice générale de L’Ilot, et le plaidoyer féministe, avec Valérie Lootvoet, directrice de lUniversité des femmes.

Propos recueillis par Manon Legrand (Alter Echos[1])

Quel est le parcours des femmes sans abri et comment arrivent-elles à cette situation ? 

Ariane Dierickx : Les femmes en situation ou en risque de sans-abrisme connaissent des discriminations multiples tout au long de leur parcours de vie, qui fabriquent les conditions de la précarité, et expliquent leur situation de mal- et de sans-logement. On retrouve derrière la majorité des femmes que nous accompagnons toutes les discriminations que peuvent subir les femmes, à commencer par les violences sexuelles, psychologiques, physiques, économiques, le plus souvent sur fond de violences sociales qui commencent dès l’enfance. On ne le dit pas assez : les violences sont la première cause de sans-abrisme des femmes, suivie des problèmes de santé mentale. Mais la santé mentale des femmes, on le sait, est aussi abîmée par les violences qu’elles subissent tout au long de leur vie. Si on approchait donc la question de façon systémique, le sans-abrisme féminin ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Valérie Lootvoet : Cela met en lumière l’absence de filet pour les femmes, et notamment l’absence de solidarité intra-familiale par rapport à ce qui s’est passé dans leur vie de femmes, mais surtout de filles. Je ne pense pas que le sans-abrisme pend au nez de tout le monde, comme on l’entend souvent. Je vois chez les femmes monoparentales des grandes problématiques d’accès au logement – refus de certains propriétaires, loyers trop onéreux pour des logements dignes pour les femmes et leurs enfants, etc. Pour autant, je ne pense pas que toutes ces femmes-là, malgré leurs difficultés de logement, soient en condition de tomber dans une situation où elles n’auront plus aucun toit sur la tête.

Quest-ce qui serait alors spécifique aux femmes ?

Ariane Dierickx : On entend souvent parler d’accident de parcours comme une cause possible du sans-abrisme, mais la plupart du temps, les personnes qui fréquentent nos services, hommes comme femmes, ont connu un lourd parcours institutionnel ponctué de multiples formes d’exclusions et de violences. Il y a des éléments communs dans les parcours des femmes et des hommes sans abri, mais s’ajoutent pour les femmes, les violences genrées. En raison d’un cumul de situations dans lesquelles elles se sont systématiquement retrouvées niées, violentées, écrasées, les femmes perdent progressivement l’estime d’elles-mêmes. Permettre de retrouver l’estime de soi est un des gros enjeux du travail d’accompagnement dans le secteur sans-abri. Quand quelqu’un n’est plus capable d’activer les réseaux d’entraide existants, c’est parce qu’il a l’impression de ne plus en valoir le coup. Les violences genrées aggravent encore la perte d’estime de soi, qui devient le point de dégringolade pouvant aller jusqu’à la perte de logement. Mais il y aussi des femmes qui arrivent chez nous, non pas à cause d’une situation de violences sociales et économiques depuis l’enfance, mais directement suite à un parcours de violences conjugales.

Pourquoi, sachant cela, sont-elles minoritaires dans le public sans-abri ?

AD : Les femmes victimes de violences conjugales ne se retrouvent pas dans le vocable « sans-abri », c’est l’une des raisons pour lesquelles elles n’arrivent pas dans notre secteur. Ces femmes vont aussi s’interdire d’aller en rue en raison de la présence des enfants, alors que les hommes vont plus vite décrocher de la famille et tout lâcher. Les femmes, parce qu’elles savent que la rue est violente, pour elles et pour leurs enfants, se l’interdisent. Elles trouvent des solutions de débrouille, une nuit dans la famille, une autre chez une amie, une autre encore dans une voiture ou un squat. C’est comme ça qu’elles finissent par disparaître des radars de l’aide sociale et qu’on ne les retrouve pas dans les statistiques. Il arrive que des femmes restent aussi dans un environnement violent parce qu’elles ne trouvent pas de meilleure réponse à leur détresse : c’est rester ou partir, mais pour aller où ? D’autres vont aussi se tourner vers la prostitution pour éviter la rue. Ces différentes situations, qui devraient être comptabilisées dans les statistiques de mal-logement et de sans-abrisme, donnent une image tronquée du phénomène du sans-abrisme au féminin, largement méconnu et sous-estimé.

Vous constatez aussi que les services ne sont pas adéquats pour les femmesPourquoi ?

VL : On est aujourd’hui – et pas seulement dans le secteur du sans-abrisme – dans un système de réduction des risques, avec des mesures de rattrapage qui ne viennent pas régler des années de délitement de l’estime de soi. Si les femmes et les hommes, dès la petite enfance, étaient mieux accompagné·e·s dans la formation de leur estime d’eux-mêmes, du prendre soin de soi, du prendre soin des liens, si les paramètres sociaux permettaient une construction des identités individuelles qui permettent d’en faire des socles stabilisés, nous ne connaîtrions pas ces situations. Les services comme L’Ilot héritent de longues trajectoires de déshérence.

AD : Les femmes savent que certains services sont utilisés par les hommes, mais aussi pensés par et pour eux. Dans la plupart des infrastructures de notre secteur, elles n’ont pas suffisamment d’intimité. Elles n’ont pas la possibilité de déposer leurs difficultés et leurs besoins. Les solutions qu’on leur propose ne sont pas adéquates, qui plus est dans un contexte d’urgence qui reste encore trop au cœur des solutions proposées. En pleine crise Covid, cela nous a vraiment marqué·e·s. Tous les services de terrain ont vu disparaître les femmes. Notre hypothèse est que la sur-sollicitation de nos services par des hommes, a éloigné encore davantage les femmes. Parce qu’elles ne trouvent pas de réponses adéquates dans nos services, les femmes finissent par ne plus les fréquenter, trouvent d’autres solutions… ou n’en trouvent pas. Et continuent de subir des violences en rue ou dans leur foyer. Quant à la rue, on sait qu’elle est dangereuse pour tous, mais plus encore pour les femmes. Soit les femmes sans abri vont nier, dissimuler leur féminité, ce qui concourt aussi à les invisibiliser. Soit elles vont chercher la protection de groupes d’hommes dans lesquels elles vont revivre des rapports de domination. C’est un cercle sans fin…

Pourquoi et comment le secteur du sans-abrisme et le plaidoyer féministe doivent-ils davantage sarticuler?

AD : Un lieu d’accueil pour les femmes sera une réponse vaine si nous ne travaillons pas au départ d’une démarche intersectorielle. Le terrain du sans-abrisme ne nourrit pas suffisamment le travail de plaidoyer du féminisme. Nous avons des enjeux communs dans nos secteurs, comme l’individualisation des droits sociaux, que nous défendons l’un et l’autre mais chacun de notre côté sans jamais croiser les argumentaires et les batailles. Nous observons aussi des traces persistantes de paternalisme dans les modes d’accompagnement proposés dans notre secteur, un paternalisme inconscient et évidemment bienveillant, mais qui entrave complètement le travail d’émancipation. Nous devrions passer de la vision caritative, elle aussi encore trop présente, à un travail politique qui analyse des défaillances de l’Etat, informe notre public sur les politiques sociales afin qu’il identifie son pouvoir d’agir. Cela passe aussi par l’inclusion de notre public dans notre travail de réflexion stratégique. Un des gros enjeux dans le travail social est de faire en sorte que les équipes sociales de terrain soient en capacité de faire des liens directs entre les difficultés livrées par les personnes et les causes systémiques qui engendrent cette situation. C’est de l’éducation permanente, et nous avons à nous inspirer des associations féministes. Le centre de jour que nous voulons créer pour les femmes n’est pas pensé uniquement comme un espace de prestations de services mais bien comme outil de mobilisation collective et solidaire qui permette la transformation sociale des structures institutionnelles.

VL : L’approche caritative est aussi le signe d’un Etat social défaillant. Le retour de la charité est un signe que l’Etat ne remplit pas son rôle, on le voit dans cette crise. La reproduction sociale dont nous parlions n’est pas un déterminisme dans un Etat social fort, ce qu’il n’est pas pour le moment. L’Etat a été capable de créer une sécurité sociale, de garantir l’accès à la culture. L’école est normalement un filet de prévention pour les enfants qui y passent de longues heures. Mais le secteur est à bout, les enseignant·e·s exténué·e·s, plus encore aujourd’hui dans cette crise. Nous devons réaffirmer qu’il s’agit de la mission de l’Etat de garantir des droits, sans quoi nous reportons tout sur les familles, sur les femmes, ou sur les associations.

[1] www.alterechos.be. Le numéro de mars d’Alter Echos est consacré aux violences contre les femmes dans les secteurs de l’aide psycho-sociale.

La Kart #1 l’art du soin 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 l’art du soin

A L’Ilot depuis un peu plus de deux ans, Axelle accompagne des femmes et des familles en tant qu’éducatrice et assistante psy. Exercer au sein d’une maison d’hébergement lui a permis de renforcer la relation de soin qu’elle entretient avec les résidentes. C’est par le partage tant des moments difficiles que des grands moments de joie qu’elle parvient à percevoir les personnes qu’elle accompagne dans leur ensemble et travaille à la restauration d’une confiance souvent perdue.

Qu’est-ce qui t’a amenée à L’Ilot ?

J’ai étudié la photo durant trois ans. Rapidement, je me suis renseignée sur les possibilités d’utiliser ce médium comme soin. J’ai fait un an d’art thérapie pour creuser la question. Ca m’a permis de renforcer le lien entre l’art et le soin. Je me suis retrouvée face à des personnes vulnérables, face à des problématiques très souvent lourdes. J’avais envie et besoin d’un bagage théorique et je me suis tournée vers la psychologie pendant trois ans supplémentaires. Très vite, j’ai voulu savoir si la photographie argentique pouvait permettre d’augmenter l’estime de soi des femmes ayant vécu des violences intrafamiliales. J’ai fait un projet photo dans une maison d’accueil où j’accompagnais des résidentes.

Suite à cette expérience, j’éprouvais le désir de continuer à travailler dans une maison d’accueil. Le soin, c’est ma manière à moi d’apporter quelque chose et j’ai voulu continuer à aider des femmes à se reconnecter à ce qu’elles sont au plus profond d’elles-mêmes et tenter au mieux d’apaiser certaines douleurs et souffrances. 

Quelle est ta mission au sein de la maison d’hébergement pour femmes et familles ?

Je suis éducatrice et assistante psycho pour le soutien à la parentalité. En tant qu’éducatrice, j’apporte aux résidentes un soutien au niveau administratif ; un travail parfois formel et informel qui se fait au sein de la maison. C’est aussi des moments de partage – on regarde des films ensemble, on prend le temps de manger ensemble, de faire des activités. Le soutien à la parentalité se découpe sous plusieurs formes. Il y a d’une part l’aspect café parents : des groupes de parole pour les parents et toute autre personne qui le désire. D’autre par, il y a les activités parents-enfants et les entretiens individuels. C’est aussi un travail de référente et d’accompagnement.

Quelle est la clé pour instaurer une relation de confiance avec une résidente en tant que travailleur·euse ?

Je ne pense pas qu’il existe une façon de faire. Certaines personnes ont besoin de temps, d’autres iront plus vite vers tel ou tel travailleur parce que c’est un homme, vers une travailleuse parce que c’est une femme, parce qu’elle a tel âge ou parce qu’elle fait tel métier. Il y a une part d’identification, de ce qu’elles projettent sur toi, parfois aussi une intuition. Je pense que chaque travailleur·euse utilise des manières complètement différentes pour créer une relation de confiance avec la personne. Pour ma part, ça peut sembler bête mais lors de la première rencontre avec la personne je lui demande toujours comment elle va. Je lui dis « je ne te demande pas simplement comment ça va, je te demande vraiment comment tu vas, là ». Généralement ça découle sur une discussion et sur un partage.

Observes-tu des aspects communs aux parcours des femmes qui sonnent à votre porte ?

La grande majorité des femmes qui viennent ici ont été touchées par des violences ; des violences conjugales, intrafamiliales, de l’esclavage, de l’inceste, des mutilations génitales. Nous accueillons aussi des personnes qui se sont retrouvées à la rue mais qui au bout d’un moment ne pouvaient vraiment plus y vivre. Ces personnes sont très souvent confrontées à la violence sexuelle.

Lorsque la personne arrive ici, elle est cassée, brisée. On doit apprendre à accompagner ces personnes dans une reconstruction assez rapide. Même si le plus important est de trouver un logement, d’avoir un toit et de pouvoir répondre aux besoins de base, une personne détruit·e peut ne pas être prête à accéder à cette étape, d’où l’importance de lui apporter un soutien psychologique.

En quoi est-il primordial d’avoir des espaces réservés aux femmes ?

Simplement pour qu’elles ne soient plus confrontées à une violence le temps de quelques instants. Ce qu’elles projettent sur l’homme, c’est cette vision de violence. Comme l’homme a toujours été violence, elles associent l’homme à la violence. Même ici dans un cadre donné il peut être symbole de violence. D’où l’importance de retrouver un endroit réservé aux femmes ; un lieu où on peut se retrouver soi, être seule, mais aussi un lieu où on peut échanger avec des femmes sur certaines problématiques ou simplement se retrouver en tant que femmes. On y perçoit une énergie vraiment différente. On remarque également que lorsqu’un homme entre dans la pièce, l’ambiance change. Les femmes vont plus se refermer, moins facilement prendre la parole ou assumer ce qu’elles disaient cinq minutes plus tôt. Parfois bien au contraire, certaines femmes se sont tues pendant vingt ans et ne laisseront plus un seul homme prendre le dessus sur elles.

Quand deux femmes viennent exactement du même pays, que leurs histoires présentent des similitudes, quelque chose se crée à la seconde. Simplement parce qu’une est passée par une étape et que l’autre n’y est pas encore, elles peuvent se nourrir l’une l’autre. Je l’observe beaucoup pendant les groupes de parole et je remarque à quel point ces femmes se soutiennent, à quel point elles s’écoutent et s’apportent mutuellement un nouveau regard sur la situation. Parfois je me dis que c’est elles qui se soignent, ce sont elles les guérisseuses.

Quelles perspectives d’avenir envisagent les femmes que tu accompagnes ?

Le présent est quelque chose de vraiment délicat. Ce qui revient le plus souvent, c’est « je veux avoir mon chez-moi, je veux avoir mon toit, ma maison ».

Lors de leur sortie de la maison, un accompagnement post-hébergement est-il prévu pour les personnes qui le désirent ?

Certain·e·s collègues dont c’est la spécialisation poursuivent parfois l’accompagnement pendant plusieurs mois et c’est selon moi merveilleux et indispensable pour la continuité du travail qui a été fait jusque là. Le suivi qui sera apporté à ces personnes dépendra de la demande de chacun·e. Une personne nous demandera de régler les factures, une autre aura besoin que l’on vienne une fois par semaine prendre le café chez elle. Nous sommes souvent confronté·e·s à la question de la solitude. Même si le but premier est de permettre à la personne d’être la plus autonome possible, car très souvent elle dépendait d’untel ou d’unetelle, il faut maintenir le contact avec celles qui le demandent. Le soutien à la parentalité a également toute sa place dans le post-hébergement.

Quels signes te font penser qu’un déclic s’est opéré pour ces personnes ?

Le changement de comportement est généralement explicite ; avec les autres, avec l’équipe, avec leurs enfants, on sent que quelque chose s’opère en elles. Des personnes agressives deviennent beaucoup plus calmes, plus douces, plus sereines. Des femmes arrivent simplement à se regarder à nouveau dans le miroir, alors que c’était jusque là  impossible. Parfois l’image de soi a été bafouée. Très souvent elles me montrent des photos d’elles avant, sur lesquelles elles étaient pour beaucoup plus apprêtées. Ensuite elles me montrent une photo actuelle et il est impossible pour elles de poser les yeux sur ce qu’elles sont. Elles ne veulent plus prendre soin d’elles. Il faut leur faire prendre conscience qu’elles doivent apprendre à se respecter. Nous travaillons sur l’estime de soi, la confiance en soi, l’amour de soi.

Quelles joies te procure ta mission ici ?

Parfois juste entendre un « merci ». Voir des femmes sourire. Voir un regard qui change, qui est en train de s’illuminer. Voir aussi des femmes pleurer. Elles ont parfois été incapables de pleurer pendant plusieurs années. Voir des femmes changer de posture et commencer à incarner leur corps, leur être, leur âme. Voir des femmes qui viennent me voir, qui m’attendent. Tous ces petits changements font que je suis heureuse de me lever le matin et d’y contribuer.

La Kart #1 en route vers un accueil de qualité pour les femmes sans abri 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 en route vers un accueil de qualité pour les femmes sans abri

Pour aller au plus près des besoins et attentes des femmes en situation ou en risque de sans-abrisme, il faut se donner le temps d’écouter ce que ces femmes elles-mêmes, dont les trajectoires sont multiples et complexes, ont à dire mais, aussi, pouvoir s’appuyer sur les expertises des professionnel·le·s de terrain qui les accompagnent dans d’autres secteurs, en particulier le secteur des droits des femmes.

Car le terrain du sans-abrisme a besoin de se nourrir davantage du travail de plaidoyer féministe. Et vice-versa.

Cette démarche, globale et résolument intersectorielle, c’est celle que lance aujourd’hui L’Ilot, à travers une recherche-action sur les trajets de femmes sans abri ayant eu un parcours de violences et/ou de grande précarité. L’ambition est grande : s’appuyer sur les résultats de cette recherche-action pour créer à Bruxelles un nouveau Centre de jour pour femmes sans abri en capacité de proposer des solutions concrètes plus adaptées aux parcours des femmes. Nous y travaillons dès mars 2021.

En attendant, L’Ilot a commencé à poser les premiers jalons d’un accueil de qualité des femmes en situation ou en risque de sans-abrisme :

  • Maison d’accueil pour femmes et familles
  • Programme de « soutien à la parentalité »
  • Formation « violences conjugales » des équipes
  • Espace-temps réservé aux femmes au Centre de jour
  • Colloque Sans-abrisme et Féminisme : des enjeux à croiser, avec l’Université des Femmes (mars 2018)
  • Soutien des Journées du Matrimoine, avec L’Architecture qui dégenre
  • Tolérance zéro pour attitudes et comportements sexistes
  • Communication genrée : mixité des sujets traités, écriture inclusive, etc.
  • Objectif de parité dans les équipes et aux différents niveaux de l’organisation
  • Participation active à la Journée Internationale des Droits des Femmes du 8 mars
  • Distribution de protections hygiéniques aux femmes sans abri via Bruz’elles
La Kart #1 en chiffres 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 en chiffres

Femmes et sans-abrisme / mal-logement

 

Encore largement méconnu et sous-estimé en raison notamment des stratégies d’évitement de la rue mises en place par les femmes elles-mêmes, le sans-abrisme féminin s’inscrit dans un continuum de discriminations croisées qui affectent les femmes tout au long de leur parcours de vie et les touchent dans de très nombreux domaines de leur vie (emploi, logement, santé, mobilité, pensions, etc.).

Selon les statistiques les plus récentes fournies par Bruss’help, les femmes représenteraient 22,4 % du sans-abrisme sur le territoire régional bruxellois, contre 59,1 % d’hommes. Pour cette même région, les enfants, très majoritairement pris en charge par les femmes, représentent quant à eux 14,6 % du phénomène sans abri.

En raison notamment de leur perméabilité plus importante à la pauvreté et de leurs ressources globalement plus faibles (en particulier lorsqu’elles sont en situation de vulnérabilité sociale), les femmes sont particulièrement fragilisées par rapport au logement.

Trouver un logement n’est pas synonyme de stabilité : de nombreuses femmes vivent dans un logement « suroccupé » ou inadapté, parfois insalubre. Le coût du déménagement, leur situation précaire et l’évolution du marché locatif les obligent souvent à y rester.

 

Violences faites aux femmes

 

Les violences représentent la principale cause de sans-abrisme chez les femmes. Les témoignages recueillis sur le terrain indiquent que la quasi-totalité des femmes sans abri ont vécu des violences aggravées dans leurs parcours de vie.

En Belgique, 36 % des femmes ont subi des violences physiques et / ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans.

Pour 31 % des femmes, l’auteur du fait de violence le plus grave rencontré dans leur vie est leur partenaire. Entre 70 et 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite.

En moyenne 3 plaintes pour viol sont enregistrées chaque jour, mais on estime que seulement 16 % des victimes de violences sexuelles graves s’adressent à la police. Lorsqu’une plainte est déposée, seulement 4% aboutissent à une condamnation.

La Belgique a enregistré 24 féminicides en 2020. Dans le monde, plus de 70 % des femmes assassinées le sont par leur (ex-)partenaire.

 

Femmes et précarité

 

L’écart salarial défavorable aux femmes est de plus de 20 % en Belgique.

Avec une charge familiale et domestique qui repose majoritairement sur les épaules des femmes, 44 % d’entre elles (contre 9 % des hommes) travaillent à temps partiel sans que ce soit forcément un choix.

Plus de 80 % des familles monoparentales ont une femme à leur tête et près de 46 % de ces familles vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.

57 % des bénéficiaires du RIS (Revenu d’Intégration Sociale) sont des femmes et quasiment 40% d’entre elles sont isolées avec au moins un enfant à charge.

Plus d’un parent sur 10 ne perçoit pas la contribution alimentaire qui lui est due pour ses enfants et 93 % des dossiers introduits au SECAL (Service des Créances Alimentaires) pour recouvrement de ces créances alimentaires le sont par des femmes.

En Belgique, environ 16 % des personnes pensionnées vivent sous le seuil de pauvreté. Deux tiers de ces personnes particulièrement fragiles sont des femmes et 46 % de femmes n’ont pas accès à la pension minimale.

Le taux de dépendance financière (ou de risque de pauvreté individuel) est de 36 % pour les femmes (contre 11 % pour les hommes) et monte jusqu’à 50 % pour les femmes de plus de 60 ans et les femmes peu qualifiées.

Avec un taux de 42 %, les femmes sont surreprésentées dans les secteurs dits à risque élevé d’être impactés négativement par la pandémie Covid-19, contre 32 % pour les hommes ; le taux de chômage notamment est globalement resté stable en Europe mais a augmenté chez les femmes.