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Aurélie Van De Walle

Les équipes de L'Ilot manifestent pour le secteur non-marchand
Trois de nos services risquent de disparaître ! 1024 576 L'Ilot

Trois de nos services risquent de disparaître !

Trois services vitaux de l'Ilot aident des centaines de personnes sans abri à retrouver un logement et une vie digne. Ils sont aujourd'hui menacés de disparition, faute de financements publics. Focus sur leur apport essentiel dans notre combat contre le sans-abrisme à Bruxelles.

L’an passé déjà, l’incertitude financière menaçait le fonctionnement de nos Centres de jour. Aujourd’hui, ces difficultés persistent… et même empirent. Les élections fédérales et régionales ont rendu leur verdict sans appel. Face aux craintes de coupes budgétaires, c’est tout le secteur non marchand qui tremble.

Des services sans financement pérenne

Le fonctionnement et le financement de trois services vitaux (la CCL, ISSUE et le SIL) de l’Ilot sont désormais en danger. Ces services mutualisés ne bénéficient pas d’agréments et n’ont donc pas de financement pérenne. Ils ne peuvent pourtant pas disparaître : leur soutien est essentiel pour les femmes, hommes et enfants sans chez-soi.

La CCL pour un logement durable

La CCL (cellule Captation et Création de Logements) apporte au secteur sans-abri des solutions de logements. Elle convainc notamment des investisseurs et investisseuses privées à mettre leurs biens à disposition des personnes en situation précaire. La CCL travaille pour et avec une trentaine de services bruxellois. Depuis sa création en 2016 et grâce à son travail acharné, ce sont plus de 900 personnes qui ont pu sortir de la rue et retrouver un logement digne et durable.

ISSUE : débloquer des logements temporaires

Le projet ISSUE propose quant à lui des logements individuels temporaires dans des bâtiments inoccupés. Depuis sa création en 2020, 110 personnes ont été accompagnées par le service sur 7 sites différents, totalisant 50 logements individuels.

Le SIL, une aide à la mise en logement

Avoir un logement, c’est une chose. Le meubler en est une autre. C’est là qu’intervient le SIL, le Service d’Installation en Logement. Il récupère du mobilier auprès de particuliers et le propose gratuitement aux personnes sans-chez-soi sur le point d’emménager. Il apporte également une aide précieuse au moment du déménagement. Le SIL répond à des centaines de demandes chaque année, provenant de tout le secteur sans-abri bruxellois.

Un soutien nécessaire

Sans la CCL, ISSUE et le SIL, notre capacité à fournir des services vitaux à toutes les personnes en demande d’un logement serait clairement réduite. L’impact des coupes budgétaires sur celles et ceux que nous accompagnons chaque jour serait catastrophique. Le témoignage de Véronique (prénom d'emprunt), travailleuse du secteur :

« Ça a été une libération, parce qu’auparavant on organisait nous-mêmes des déménagements mais sans le service du SIL. J’ai vraiment connu le fait d’emménager des personnes avec un matelas, et qui restent parfois durant plusieurs mois avec juste le matelas le temps d’économiser et de pouvoir acheter des meubles. On ne réalise pas à quel point c’est un service précieux. »

Il est primordial d’éviter que l’instabilité politique ne prive l’Ilot des ressources nécessaires à son travail d’innovation sociale. Nous faire un don, c’est aider directement et concrètement les personnes qui n’ont plus de chez-soi. Chaque contribution permet à une famille, à une personne isolée, de retrouver un logement temporaire ou durable. Ce que vous donnez aujourd'hui peut changer leur vie demain.

Retour sur notre soirée avec Zidani et La Ligue Belge d’Impro 1024 576 L'Ilot

Retour sur notre soirée avec Zidani et La Ligue Belge d’Impro

Ce mercredi 13 novembre, vous étiez près de 150 à la Tricoterie pour soutenir en rigolant L'Ilot et la lutte contre le sans-abrisme.

Un immense merci à Zidani et La Ligue d’Improvisation Belge Professionnelle d’avoir contribué à faire de cette soirée un succès. Et encore un grand merci aux étudiant·es de l'Haute école ISFSC pour l'organisation et sans qui cette soirée n’aurait été possible ! On remet ça bientôt ?

25 novembre : luttons contre les violences faites aux femmes 1024 576 L'Ilot

25 novembre : luttons contre les violences faites aux femmes

La journée du 25 novembre est dédiée dans le monde entier à la lutte contre toutes les formes de violences à l'égard des femmes. Et cette année encore, L'Ilot prendra part à la manifestation organisée par MIRABAL ce dimanche 24 novembre à 14h. Une journée symbolique pour notre association.

La rue : un monde de violences multiples pour les femmes

Un an après l'ouverture de Circé de L'Ilot, notre Centre de jour pour femmes sans abri, cette Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes continue à résonner pour notre association. À Bruxelles, en 15 ans, le nombre de personnes sans abri a quadruplé. Selon le dernier dénombrement réalisé en 2022 par Bruss'Help, plus de 7000 personnes sont sans abri dans la capitale, et parmi elles, au moins 1 sur 5 serait une femme.

C’est un fait : la rue est un monde de violences multiples pour les femmes, en particulier de violences sexuelles, et c'est ce que nous rapportent aujourd'hui la quasi majorité des femmes fréquentant Circé de L'Ilot. Des femmes invisibilisées pour qui l'offre de services n'était pas adaptée en l'absence d'un Centre d’accueil spécifique réservé aux femmes jusqu'à l'ouverture de Circé de L'Ilot. C’est ce qui est ressorti notamment de notre étude-action sortie en 2022.

Aujourd’hui, brisons ce silence ensemble. La violence sous toutes ses formes n'a pas sa place dans notre société. En cette journée du 25 novembre, rejoins-nous pour dire STOP aux violences. Ensemble, nous pouvons #BriserLeSilence.

Nos solutions

Un moment de répit en Centre d'accueil de jour

D'une part, en septembre 2023, L'Ilot a inauguré Circé de L'Ilot, le premier Centre de jour par et pour les femmes sans abri à Bruxelles. Ce centre, géré par une équipe 100 % féminine et formée aux spécificités liées au genre, propose des services de première nécessité tels que des petits déjeuner, des repas du midi, des douches, une laverie, des consignes et un espace de repos. Résolument féministe et fondé sur les valeurs de communauté, inclusion et émancipation, Circé de L’Ilot offre un cadre sûr et respectueux pour accompagner les femmes en situation de sans-chez-soirisme. Le centre est ouvert 5 jours/7 : mardi de 8h30 à 13h30, mercredi et jeudi de 8h30 à 17h, samedi et dimanche de 8h30 à 16h.

Un hébergement temporaire en Maison d'accueil

D'autre part, L'Ilot propose également aux femmes sans abri de séjourner dans notre Maison d'accueil pour femmes et familles à Saint-Gilles, lʼune de nos quatre maisons dʼaccueil à Bruxelles et en Wallonie pour qu'elles puissent se reconstruire, de se stabiliser et de faire le point sur sa situation avant dʼenvisager à nouveau un projet dʼavenir.

Photo : ©Layla Aerts

Participez aux 20 km de Bruxelles 2025 avec L’Ilot ! 1024 576 L'Ilot

Participez aux 20 km de Bruxelles 2025 avec L’Ilot !

Cette année, les 20 km de Bruxelles ont lieu le dimanche 25 mai. Vous comptez y participer ? Courez au profit de L'Ilot et aidez-nous à lutter durablement contre le sans-abrisme !

Les inscriptions aux 20 km de Bruxelles avec L'Ilot sont ouvertes !

Depuis plus de 40 ans, les 20 km de Bruxelles réunissent chaque année près de 40 000 participants et participantes ! Un événement incontournable pour les sportives et sportifs en quête de défis !

Cette année encore, L'Ilot participe aux 20 km de Bruxelles en créant une équipe de coureurs et de coureuses. Mais également de marcheurs et de marcheuses. Et rejoindre l'équipe de L'Ilot pour la somme de 50 € vous offre de nombreux avantages à découvrir ci-dessous.

Pourquoi courir avec L'Ilot ?
  • En payant 50 € pour vous inscrire, vous participez uniquement aux frais d'inscription aux 20 km de Bruxelles et à l'organisation le jour-j prise en main par L'Ilot.
  • Grâce à votre collecte d'un minimum de 55 € par personne (obligatoire), vous soutenez nos actions aux côtés des personnes sans chez-soi et mal-logées.
  • Vous ne vous occupez de rien : nous prenons en charge toutes les démarches auprès des organisateurs.
  • Vous bénéficiez sur notre stand d’un vestiaire sécurisé où laisser vos affaires.
  • Vous recevez un maillot original aux couleurs de notre association.
  • Vous vous délecterez d'un brunch sacré-salé + verre(s) de l’amitié en fin de course, concoctés par Les Cuisines de L'Ilot. 
Vous désirez participer en groupe ou avec votre entreprise ? Rien de plus facile !
  • Frais d’inscription : 50 € par coureur.euse (couvrant uniquement l'inscription aux 20 km de Bruxelles et les frais d'organisation engagés par L'Ilot).
  • Votre entreprise lance ensuite une collecte avec un minimum de 55 € obligatoire à atteindre par coureur.euse (par exemple : 10 coureur.euses = 550 € de collecte). C’est via votre collecte que vous pourrez réellement nous soutenir dans nos actions.
  • Vivez une expérience inédite de Team Building, alliant sport et moments de partage dans un cadre festif ! Tout est pris en charge : inscriptions au 20 km, remise des dossards, brunch sucré-salé après la course, vestiaire sécurisé à disposition... Un défi accessible à toutes les conditions physiques et une vraie expérience de cohésion d’équipe.

Pour vous inscrire en tant que groupe / entreprise et pour toutes questions, veuillez contacter Martin Grimberghs :
m.grimberghs@ilot.be - 0487/22.32.86

Des questions ? Contactez Martin Grimberghs : m.grimberghs@ilot.be | 0487/22.32.86

Kart #9 Temps plein, poches vides | Des fins de mois impossibles malgré un emploi : témoignages 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Des fins de mois impossibles malgré un emploi : témoignages

En Belgique, de plus en plus de travailleurs peinent à boucler leurs fins de mois, malgré un emploi à temps plein. Pour beaucoup, les salaires ne suivent pas l’augmentation constante des loyers. Suite à la sortie de notre nouvelle publication sur les travailleurs et travailleuses précaires, nous avons récolté plusieurs témoignages autour de nous, que ce soit à L’Ilot ou dans notre entourage, concernant la thématique du travail précaire. Tous et toutes témoignent d’un même constat : travailler ne suffit plus pour vivre décemment.

Sylvia*, 36 ans, travailleuse sociale

« On m’a souvent parlé de la règle des 30%. Une règle selon laquelle le loyer d’un appartement ne doit pas dépasser 30% des revenus d’un ménage. Je suis travailleuse sociale, mon conjoint travaille à temps plein lui aussi. Nous avons cherché pendant deux ans à nous loger à Bruxelles en tenant compte de cet adage des 30%. Force est de constater que c’est devenu impossible. Aujourd’hui pour se loger, il faut se mettre en danger financièrement. »

Zakaria*, 51 ans, père de 3 enfants

« C’est devenu impossible en 2024 de vivre convenablement de ses revenus. Avant mes quelques économies me permettaient parfois de partir en vacances, de faire l’un ou l’autre cadeau à mes enfants ou à mes proches. Aujourd’hui, elles m’autorisent tout juste à régler mes factures et à faire face à l’un ou l’autre imprévus. Je suis en permanence sur la corde. »

Blandine*, 24 ans, jeune travailleuse

« J’ai 24 ans, je travaille à plein temps, mais ça ne change rien : avec les garanties locatives de plus en plus élevées, aucun propriétaire ne veut de moi, même avec un emploi à plein temps. Les propriétaires demandent des montants incroyables, parfois jusqu’à trois mois de loyer en avance, juste pour accepter de me louer un appartement. C’est impossible pour moi, même avec un salaire régulier. J’essaie de montrer que je suis sérieuse, que je travaille et que je peux payer, mais c’est jamais suffisant pour eux. Je me retrouve à rester chez des amis ou à chercher des logements précaires parce que je ne peux jamais réunir ces garanties exorbitantes. C’est vraiment décourageant de se dire que, malgré mon travail, je ne peux même pas accéder à un logement stable. »

Jean-Pierre*, 70 ans, travailleur à la retraite

« J’ai pris ma retraite il y a trois ans, mais au lieu de me reposer, je dois continuer à travailler parce que ma pension ne couvre même pas le loyer. Je pensais pouvoir enfin souffler après une vie de boulot, mais entre les loyers qui explosent et les factures qui tombent chaque mois, je n’arrive pas à m’en sortir. C’est épuisant, je me demande souvent quand je pourrai vraiment profiter de ma retraite, ou si ce moment viendra un jour. »

Mariam*, 31 ans, travailleuse à plein temps

« Malgré mon salaire, le loyer engloutit plus de la moitié de ce que je gagne, et chaque mois, je me retrouve à devoir choisir entre payer mon loyer à temps ou me nourrir correctement. Même en travaillant à plein temps, j’ai l’impression que ce n’est jamais suffisant pour vivre décemment. Les factures s'accumulent, tout devient plus cher, mais mon salaire, lui, ne bouge pas. Ce n’est pas normal de travailler autant et de ne pas pouvoir boucler ses fins de mois. On bosse dur, mais on survit à peine. »

Moussa*, 19 ans, personne sans papiers

« Sans papiers, je galère déjà à trouver du travail, mais quand j’en trouve, c’est souvent pour des salaires de misère parce que certains abusent de ma situation. À la fin du mois, impossible de payer mon loyer correctement. Et en plus, je fais face au racisme : les propriétaires et les employeurs me ferment la porte juste à cause de mes origines. J’ai l’impression d’être coincé dans une double précarité, celle de ne pas avoir de papiers et celle d’être jugé sur qui je suis. »

Et vous ? Comment faites-vous face à cette situation ? Est-ce que votre travail vous permet de vivre de vos revenus ? Quel est le % de votre salaire que vous mettez dans votre loyer ? Est-ce que vous connaissez des personnes qui vivent la même situation ? Envoyez-nous votre témoignage en 4-5 lignes à presse@ilot.be. Nous en repartagerons certains d’entre eux de manière anonymisée sur notre page Instagram. Merci d’avance à tous et à toutes pour votre participation !

*prénom d'emprunt.

Kart #9 Temps plein, poches vides | Témoignages 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Témoignages

Extrait de la bande dessinée avec Abdel de Bruxelles « Un petit expresso sans sucre » qui retrace le parcours de Steph’, un indépendant qui n’arrive plus, malgré son travail, à s’en sortir financièrement.

Des « costumes-cravate » sans chez-soi : la réalité de l’accueil des travailleuses et travailleurs précaires parmi nos publics n’est pas neuve. Équipe sociale et résident·es de nos maisons d’accueil témoignent.

« La tendance est à la hausse »

C'est ce que confirme Alexandra Todeanca, coordinatrice de la Maison d’accueil pour hommes de L’Ilot à Bruxelles. « De plus en plus, nous devons adapter notre accueil à celui de personnes dont le quotidien est de se lever pour aller travailler. Ce n’est évidemment pas la même dynamique d’accompagnement social. »

Des résidents et résidentes qui, bien qu’ayant un emploi, ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins essentiels, notamment en matière de logement. Face à la hausse des loyers et à l’insuffisance des revenus, ils et elles se retrouvent dans nos Maisons d’accueil, en dépit de leur activité professionnelle. L’Ilot oeuvre activement pour apporter des solutions structurelles, en plaidant pour une meilleure protection sociale et un accès au logement décent pour toutes et tous ; et, ainsi, freiner l’engrenage infernal dans lequel les personnes vivant en rue tombent irrémédiablement, qu’elles soient travailleuses ou non.

« Aujourd'hui, mon travail ne me protège pas »

Sayli a 29 ans et avait, jusqu’il y a peu, toujours « connu les semaines pleines ». D’abord en salle puis en cuisine, comme « chef » et toujours dans « de grands restaurants ». Le genre de lieu « dans lequel on ne chôme pas ». Des journées de douze heures, six jours par semaine, Sayli connait. D’Atlanta à La Havane en repassant régulièrement par Bruxelles, Sayli mènera pendant des années une vie de backpacker en toque. Pour ses proches, il mène surtout « la grande vie » à l’autre bout du monde. Pour lui, il « se décarcasse pour vivre de sa passion ».

Il paie ses loyers par tranches, enchaîne les heures supplémentaires et les sacrifices qui vont avec. Les dérives aussi : alcool et dépendances le mèneront à un retour précipité en Belgique. Ses proches « tombent de haut ». Lui, fait profil bas. « Avant, pour eux, j’avais l’argent, la voiture, les costumes. Mais c’était plus une façade que le vrai moi. Qui devient riche grâce à son travail ? Eux pensaient que j’avais trouvé ma voie, moi j’étais conscient d’être en train de ruiner ma vie. » S’en suivront neuf jours en rue, ses premiers sans travailler depuis treize ans. Aux nuits dans le métro se succèdent les journées d’errance.

Un appel avec sa sœur lui fera connaitre L’Ilot et sa Maison d’accueil pour hommes, « Le 38 », qu’il intègre en juin dernier. Quelques jours plus tard, revigoré, Sayli trouvera un travail « en deux heures, mais dans un Carrefour Express ». Un temps plein, mais pas franchement le boulot de ses rêves pour celui qui entame en parallèle des études pour devenir éducateur spécialisé. Sayli ne perd pas la face mais ne veut pas que sa situation soit connue de ses collègues. « Ce serait trop louche. » Alors, « pour eux », il est « le bon samaritain toujours bien sapé » qui va porter les invendus du jour « aux SDF ». Pour ses nouveaux colocataires de L’Ilot, il est le travailleur qui ramène des petits plats préparés en fin de journée. Une double vie que Sayli accepte de mener de front, sans sourciller. « Aujourd’hui mon travail ne me protège pas, pour ça il y a L’Ilot, mais je me dis que c’est une étape vers le retour à l’autonomie. »

Kart #9 Temps plein, poches vides | Entretien avec Philippe Defeyt 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Entretien avec Philippe Defeyt

Extrait de la bande dessinée avec Abdel de Bruxelles « Un petit expresso sans sucre » qui retrace le parcours de Steph’, un indépendant qui n’arrive plus, malgré son travail, à s’en sortir financièrement.

Économiste et ancien président du CPAS de Namur, Philippe Defeyt pose un regard critique sur la précarité grandissante des travailleurs et travailleuses en Belgique. Face à un système inadapté aux nouvelles réalités du travail, il questionne les outils actuels de mesure de la pauvreté et propose des réformes structurelles.

La pertinence relative des indicateurs de pauvreté

Pour Philippe Defeyt, il est indispensable de revoir la manière dont nous mesurons la pauvreté. « Le taux de pauvreté tel quʼon le calcule aujourdʼhui, à partir du revenu médian, ne reflète pas la réalité vécue par beaucoup de personnes. On peut très bien ne plus être pauvre selon les statistiques mais rester dans des conditions de vie précaires ou à lʼinverse être pauvre selon lʼindicateur mais bénéficier dʼaides matérielles multiples (logement social, déplacements gratuits, tarif social gaz, etc.) qui, de fait, protègent de la pauvreté. »

L'indicateur de pauvreté ignore des éléments comme le surendettement ou les coûts liés à la santé, qui affectent pourtant directement le niveau de vie. Philippe Defeyt plaide pour des indicateurs prenant en compte les dépenses réelles nécessaires pour mener une vie digne. « En Wallonie, si demain toutes les personnes en situation de pauvreté accèdent à des logements sociaux, voient leurs dettes effacées et reçoivent des repas gratuits, le taux de pauvreté tel qu'il est mesuré aujourd'hui resterait inchangé, car il ne se base que sur le revenu ! »

Il évoque également l'évolution des définitions de la pauvreté, qui restent des choix politiques ancrés dans leur époque : « Quand lʼEurope a décidé quʼune personne était considérée comme pauvre quand elle nʼatteignait pas 60 % du revenu médian – alors que la norme jusque-là était en Belgique de 50 % du revenu moyen -, le taux de pauvreté a presque doublé dans notre pays, passant de 7 % à 15 % ! Ce quʼil faut aujourdʼhui, ce sont des indicateurs qui reflètent le niveau de vie réel, et pas seulement les revenus. » 

Les travailleurs et travailleuses pauvres et le risque de sans-abrisme

Sur la question des travailleurs et travailleuses précaires, Philippe Defeyt met en garde contre les amalgames. « Dire quʼun travailleur est pauvre simplement parce quʼil a un salaire bas brouille les cartes. Ce qui compte, cʼest le ménage dans lequel il vit : le même salaire si vous êtes isolé ou si vous avez trois personnes à charge ce nʼest pas la même chose. »

L’instabilité des contrats (intérim, CDD, flexijobs) expose des travailleurs et des travailleuses à un risque accru de précarité. « Plus les revenus sont fractionnés, plus le risque de devenir un ou une travailleuse pauvre est élevé. Et si ces personnes perdent leur emploi, elles risquent de ne jamais atteindre les quotas nécessaires pour ouvrir leurs droits au chômage. La législation nʼest tout simplement pas adaptée à leur situation. »

Sans oublier que la précarité dans l’emploi a aussi une dimension de genre : les emplois à temps partiel, les contrats à durée déterminée, concernent davantage les femmes que les hommes. « Aujourdʼhui, nous vivons dans une société où des personnes perçoivent des pensions de 6 000 euros tandis que dʼautres, souvent des femmes, doivent se contenter de moins de 800 euros par mois. Cʼest indéfendable. »

Philippe Defeyt s’inquiète également de l'augmentation du sans-abrisme, particulièrement à Bruxelles. « La situation est en train d'empirer, et ce nʼest pas uniquement dû aux sans-papiers. Même en les excluant des chiffres, le nombre de personnes sans abri augmente. Et derrière cette réalité, il y a souvent des parcours de vie marqués par des problèmes de santé mentale qui aggravent leur précarité. » Il rappelle que pour certaines personnes, des programmes comme "Housing First" (qui proposent un logement stable avant tout autre accompagnement) fonctionnent bien, mais que ce n'est pas une solution universelle, insistant sur l’importance de la recons-truction d’un réseau social autour de la personne (ndlr : comme le fait S.Ac.A.Do., le service d’accompagnement à domicile de L’Ilot).

Kart #9 Temps plein, poches vides | Éditorial 1024 576 L'Ilot

Kart #9 Temps plein, poches vides | Éditorial

Extrait de la bande dessinée avec Abdel de Bruxelles « Un petit expresso sans sucre » qui retrace le parcours de Steph’, un indépendant qui n’arrive plus, malgré son travail, à s’en sortir financièrement.

Les crises successives – financière, économique, sanitaire, sociale – ont fragilisé notre société, frappant durement les travailleuses et travailleurs précaires. Notre association, active contre le sans-abrisme, en témoigne quotidiennement : des milliers de personnes font face à l'insécurité de l'emploi, à la perte de logement et à une érosion progressive de leurs droits.

Un peu partout dans le monde, l’extrême-droitisation des débats politiques a notamment pour conséquence de marginaliser les personnes les plus fragiles. En Belgique, la récente modification du paysage politique annonce des réformes qui semblent privilégier la flexibilité du travail au détriment de la sécurité. Dans un climat d’installation de nouveaux gouvernements à différents niveaux de pouvoir, il est crucial de remettre les droits des travailleurs et travailleuses précaires au centre du débat.

À L’Ilot, nous refusons de traiter uniquement les symptômes de la précarité. Nous offrons un accompagnement global, avec l’objectif que les personnes puissent retrouver une stabilité professionnelle et une autonomie durable. Collaborant au quotidien avec les autorités politiques et publiques, nous plaidons pour des réformes politiques ambitieuses, ciblant le logement abordable, l’automatisation des droits, la sécurisation de l’emploi, l’individualisation des droits sociaux ou encore l’accès aux services de santé mentale.

Notre pays, nos régions, doivent devenir des territoires de solidarité, où chaque travailleur ou travailleuse pourra retrouver dignité et espoir. C’est dans cet esprit que nous collaborons avec Abdel de Bruxelles, auteur de BD engagé, qui a à coeur de mettre en lumière les souffrances liées au travail précaire. Son oeuvre, dont vous pourrez
admirer les prémisses dans ces pages, sera bientôt disponible via tous nos canaux de communication.

Bonne lecture !

Ariane Dierickx, directrice de L’Ilot

Temps plein, poches vides : quand le travail ne protège plus de la précarité 1024 576 L'Ilot

Temps plein, poches vides : quand le travail ne protège plus de la précarité

Un loyer qui augmente, des prix qui ne cessent de s’enflammer, un marché de l’emploi qui favorise l’ère de l’ubérisation maximale (dans laquelle les personnes engagées sont forcées de passer sous le régime indépendant, sans plus aucune sécurité). Voici le dangereux mélange qui nous menace toutes et tous, qui pourrait tout nous faire perdre ! En 2024, plus de 2,1 millions de Belges courent un réel risque de pauvreté ou d'exclusion sociale [1].

Avec 1426 euros mensuels, le statut d’Emmanuel est devenu celui d’une personne vivant sous le seuil de pauvreté [2].  Loin d’être un cas isolé, de plus en plus de travailleuses et travailleurs arrivent chaque jour dans nos services n’ayant plus les moyens de se loger. Ces femmes et ces hommes, souvent invisibles aux yeux de la société, luttent quotidiennement pour joindre les deux bouts. Leur courage et leur ambition demeurent puissants et se voient parfois engloutis bien rapidement par une dynamique mortifère : une faillite, une maladie, une accumulation de factures, etc. Et la hausse des prix qui s’amuse sans vergogne à jouer avec ces vies.

Le travail ne protège plus de la pauvreté. Vos dons sont nécessaires et permettent à nos services d’accueil d’assurer un lieu de réconfort, un toit pour plusieurs mois, mais aussi un espace de travail et de rencontre pour que ces travailleuses et travailleurs sans abri puissent se reconstruire, retrouver l’estime de soi et restaurer leurs droits. Grâce à vous, l’Ilot propose un accompagnement au long cours pour permettre à chacun et chacune d’aller de l’avant, de retrouver confiance et d’envisager à nouveau une trajectoire de vie épanouissante.

La réalité est criante : l'indexation des salaires ne permet plus de compenser l'augmentation des prix et certains barèmes salariaux ne rencontrent plus le coût de la vie. Davantage de travailleurs et travailleuses basculent dans le champ de l’urgence sociale, de l’aide alimentaire ou encore de l'aide énergétique. La précarité des travailleurs et des travailleuses est un fléau silencieux.

Votre soutien est essentiel pour nous permettre de poursuivre efficacement nos missions d’accompagnement.

*Prénom d'emprunt. Nos témoignages sont reconstitués d'après plusieurs expériences de terrain pour ne pas mettre en péril l'anonymat de nos usagers et usagères.

[1] https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/risque-de-pauvrete-ou-dexclusion-sociale#news

[2] En Belgique, le seuil de pauvreté s’élève à 1.450 € par mois pour une personne seule et à 3.045 € pour un ménage de deux adultes avec deux enfants.

Photo : ©Towfiqu Barbhuiya

Retour sur la soirée stand-up avec Florence Mendez au profit de Circé de L’Ilot 1024 576 L'Ilot

Retour sur la soirée stand-up avec Florence Mendez au profit de Circé de L’Ilot

Ce vendredi 27 septembre, vous étiez plus de 200 à la Tricoterie pour fêter les un an de Circé de L'Ilot, le premier Centre de jour pour et par les fxmmes sans abri à Bruxelles.

Merci à Florence Mendez pour l'animation de la soirée et aux autres guests de renom Kaoutar Berne, Clémence Daubelcour, Dicklan, France Van Bellingen, Letizia Finizio, Marine Sergent, Tatou et Daphné pour leurs spectacles incroyables ! Et surtout merci à vous pour votre présence et votre soutien qui nous aide à faire chaque jour un pas de plus vers la reconnaissance du sans-abrisme au féminin.

On remet ça ensemble ? N'hésitez pas à venir à notre soirée thématique du 7 octobre pour en finir avec le sans-abrisme ou celle du 13 novembre avec La Ligue d’Improvisation Belge Professionnelle et l'humoriste Zidani.