L’horreur : le quotidien des femmes sans abri
Jessica* a fui un mari violent pour se réfugier dans notre maison d'accueil pour femmes.
Photo : © Layla Aerts
La journée du 25 novembre est dédiée dans le monde entier à la lutte contre toutes les formes de violences à l'égard des femmes. Bientôt trois mois après l’ouverture par L’Ilot du premier Centre de jour pour femmes sans abri à Bruxelles (Circé de L’Ilot), cette journée résonne encore un peu plus aux oreilles des équipes et des usagères de notre association.
Comme nous l’avions craint, les situations des celles fréquentant ce nouveau dispositif (un peu plus de 80 à ce jour) sont assez terrifiantes : des femmes particulièrement vulnérables et demandant des accompagnements les plus lourds arrivent en masse et osent désormais pousser les portes d’un centre où elles sentent qu’elles seront enfin entendues et correctement accompagnées.
Si l’étude-action "Sans-abrisme au féminin : sortir de l'invisibilité" que nous avions menée il y a deux ans nous avait permis d’anticiper le type de situations que l’équipe aurait à gérer une fois le centre ouvert, nous avons-nous-mêmes été surpris·es par le niveau d’horreur et de gravité de ces situations et par le caractère quasi systématique de ce que les femmes vivant en rue subissent en termes de violences physiques, sexuelles et psychologiques.
Vu ce niveau de gravité et d’horreur, chacune de ces situations nécessite un accompagnement individuel et intensif de la part de notre équipe. Pendant ce temps, des dizaines d’autres femmes attendent leur tour pour bénéficier d’un accompagnement psychosocial de la part de l’équipe. Malgré la réelle volonté des autorités publiques de soutenir et financer ce projet, cet état de fait démontre que le cadre de financement tel que prévu pour un tel dispositif est déjà insuffisant.
Sonia* a vécu l'enfer
Sonia* fréquente régulièrement les services de L'Ilot. Comme toutes les femmes sans abri, elle a connu un parcours de violences multiples. Sa reconstruction est difficile, tant les traumatismes subis sont multiples.
Aujourd’hui, ce cadre de financement public est en effet le même pour tous les centres de jour, quel que soit le seuil d’accès et le type de public accueilli. Malheureusement, les situations évoquées ci-dessus ne peuvent pas être correctement accompagnées avec un tel cadre de financement.
En conclusion et seulement trois mois après l’ouverture du centre, l’équipe pourtant extrêmement engagée est déjà à genoux et nous savons que ces travailleuses ne pourront pas tenir sans un renfort rapide de personnel. Or, le constat d’indispensabilité de structures spécialisées pour ce public spécifique est désormais implacable. C’est pourquoi nous profitons de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes pour rappeler la nécessité de financer dignement les aides apportées aux femmes sans abri ou en risque de sans-abrisme.
L'interview de Katima, usagère du Centre Circé de L'Ilot.