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150 à 200 nouvelles personnes en rue : le gouvernement fédéral met le secteur sans-abris à genoux 1024 576 L'Ilot

150 à 200 nouvelles personnes en rue : le gouvernement fédéral met le secteur sans-abris à genoux

Depuis des mois maintenant le gouvernement fédéral n’honore plus son obligation légale de loger toute personne en demande d’asile arrivant en Belgique durant la durée de sa procédure. Malgré les condamnations nombreuses et répétées, notamment par la Cour européenne des Droits de l’Homme, et les menaces de saisies, le fédéral ne parvient pas ou ne veut pas mettre fin à cette crise de l’accueil.

Laissés à la rue, des centaines de demandeurs d’asile avaient trouvé ces derniers mois un toit dans un bâtiment occupé à Schaerbeek à la Rue des Palais. Pendant des mois, la situation y a été catastrophique : pas de chauffage, quasi pas de sanitaire, des situations de violence, propagation de maladies contagieuses, etc. Les autorités fédérales, régionales et communales avaient décidé de mettre fin à cette situation. Leur promesse était de reloger tous les demandeurs d’asile et de fermer « Palais ». Si la fermeture a bien eu lieu hier avec un déploiement policier à proprement démesuré, la promesse de relogement n’a pas été tenue. Ils étaient encore 150 à 200 en fin de journée, enregistrés pour le relogement mais laissés sur le carreau. La police les a alors dispersés (pour aller où  ?). C’est naturellement qu’ils se sont ensuite retrouvés devant le Petit-Château, site historique de l’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile en Belgique. Là, les zones de police de Bruxelles ne voulant pas d’un camp de tentes sur leur territoire, les ont repoussés vers Molenbeek. De l’autre côté du canal, la police molenbeekoise caressant le même souhait les a refoulés sur le canal. C’est donc sur le pont entre les deux zones de police et sur les berges du canal que des dizaines de tentes ont été montées. Tentes apportées par des citoyens et des citoyennes pour pallier l’absence totale de moyens mis à disposition par l’Etat. Les moins chanceux, n’ont même pas eu droit à une toile au-dessus de leur tête et ont dû passer la nuit à la belle étoile.

Alors que le sans-abrisme à Bruxelles est galopant et que les associations du secteur sont débordées et mal financées, l’incompétence du gouvernement fédéral crée de fait un surplus de centaines de personnes à la rue dans Bruxelles. Proportionnellement cela signifie que plus ou moins un quart de la population actuelle dormant en rue en région bruxelloise est composé de demandeurs et demandeuses d’asile qui jusqu’à il y a un an, étaient logé·es par Fedasil.

En tant qu’organisation de lutte contre le sans-abrisme, L’Ilot voudrait signifier sa colère et son indignation devant une telle situation : le gouvernement fédéral participe à approfondir l’étendue du sans-abrisme à Bruxelles. Cela met le tissu de soutien aux personnes sans chez-soi à genoux, en le faisant crouler sous les besoins alors qu’il était déjà étranglé. Cette situation doit cesser et le gouvernement fédéral doit prendre ses responsabilités. 

Carte blanche : « Tarif social et statut BIM » 1024 576 L'Ilot

Carte blanche : « Tarif social et statut BIM »

La décision du gouvernement de ce 6 février 2023 de ne plus octroyer le tarif social "gaz et électricité" aux personnes bénéficiaires de l’intervention majorée (statut BIM) est une grave atteinte à la lutte contre la précarité énergétique. Des milliers de ménages qui, grâce à cette mesure de protection, se maintenaient de justesse au-dessus du seuil de pauvreté risquent de se voir propulsés sous celui-ci, à cause de l’augmentation soudaine de leurs factures d’énergie.

C'est pour éviter que des personnes précarisées se retrouvent à la rue que L'Ilot a co-signé une Carte Blanche écrite à l'initiative de La Coordination Gaz Elec Eau (CGEE).
Rejoignez-nous au Belgian Housing Action Day 2023 ! 1024 576 L'Ilot

Rejoignez-nous au Belgian Housing Action Day 2023 !

L’Ilot participe à l'édition 2023 du Housing Action Day qui se tiendra le 26 mars 2023. L'objectif de ce rassemblement : faire valoir le droit au logement à tous·tes en Belgique.

Le logement pour les gens, pas pour l'argent !

Rassemblons-nous ce 26 mars 2023 pour faire valoir notre droit au logement !

Habiter dans un logement décent, c'est une base nécessaire pour se construire une vie stable. Aujourd’hui en Belgique, nous sommes de plus en plus nombreux·ses à faire face à des loyers excessifs et des charges exorbitantes, des logements insalubres, des pratiques illégales et discriminantes de la part des propriétaires, une justice de paix inaccessible, une administration parfois incompréhensible. Bref, nous avons de plus en plus de difficultés à trouver un logement et avoir la sécurité de pouvoir y rester !

Cette situation n'est ni acceptable ni normale ! Cela suffit !

Nous sommes convaincu·es de pouvoir changer cette situation. Il ne s’agit pas d’un problème individuel : la crise du logement nous concerne tous·tes ! Nous appelons donc à l’organisation d’un mouvement collectif pour le droit au logement en Belgique !

Nos exigences :

  • Une baisse des loyers immédiate !
  • La fin des expulsions et la régularisation pour tous·tes !
  • PLUS de logements sociaux et d'alternatives au marché privé !

Rejoignez-nous au Belgian Housing Action Day ce 26 mars 2023 !

 

Précarité hydrique : participez à l’évènement « Bruxelles à sec » 1024 576 L'Ilot

Précarité hydrique : participez à l’évènement « Bruxelles à sec »

Cet évènement est d’abord le fruit d’une rencontre entre un podcast sorti récemment, « Corps Sales // Ville sèche », qui aborde les questions des problèmes d’accès à l’eau à Bruxelles et L'Ilot. Nous avons ainsi voulu croiser la question de l’accès à l’eau en ville avec une thématique chère à L’Ilot : le sans-abrisme au féminin.
Avoir accès à son corps, être en paix pour en prendre soin, en sécurité, c’est très compliqué quand on est une femme sans abri. L’intime, le soi et, par extension, l’hygiène sont constamment mis à mal par la rue et l’errance. À l’heure où les crises sociales rendent l'accès au logement toujours plus compliqué, à l’heure où de plus en plus de personnes se retrouvent à la rue, se laver hors /sans / mal chez soi à Bruxelles est devenu un combat.
Le sans-abrisme a, de plus, longtemps été imaginé au masculin, avec des réponses à la problématique ne prenant pas réellement en compte les spécificités liées au genre. Surtout quand on parle d’accès à l’eau : mixité quasi constante, sanitaires inadaptés, peu de sensibilisation… rendent les soins, et tous les bienfaits qu’ils procurent au corps comme à l’esprit, pas ou mal-accessibles à un public féminin sans abri ou en risque de sans-abrisme en constante augmentation.
Et pour toutes celles qui s'accrochent dans des logements insalubres, mal-chauffés ou surpeuplés, pour toutes celles qui ne se reconnaissent pas dans les lieux réservés aux personnes sans-chez-soi ou n'y ont tout simplement pas accès, les solutions se font tout aussi rares, l'état ayant pratiquement déserté ce qui nous apparait comme un service public essentiel...
Guidés dans nos réflexions par le documentaire radiophonique « Corps sales // Ville sèche » nous voulons, le temps d’une soirée d’échanges, (ré)interroger les solutions en matière d’accès à l’eau – et tout ce qui en découle – des femmes sans abri ou mal logées.
Les intervenantes :
  • Pauline Bacquaert, coréalisatrice de « Corps sales // Ville sèche »
  • Elodie Blogie, autrice de l’étude-action « Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité » (modération)
  • Veronica Martinez, directrice et co-fondatrice de BruZelle
  • Cindy Meirsschaut, experte du vécu et pair-aidante

Rejoignez-nous ce 26/01 (de 18h à 20h) au Centre de jour de L’Ilot (Parvis de Saint-Gilles 33a, 1060 Bruxelles)

Au programme :

18h : accueil
18h10 : présentation de « Corps sales // Villes sèches » par Pauline Bacquaert
18h20 : écoute du 3e épisode de « Corps sales // Villes sèche » : « Ce qu’il faut pour sortir la tête de l’eau »
18h50 : échanges entre les intervenantes et les participant∙e∙s sur la thématique
19h35 : présentation et visite du Centre de jour

Investissez avec la CCL ! 1024 576 L'Ilot

Investissez avec la CCL !

Vous êtes propriétaires ou souhaitez investir à Bruxelles ? Vous désirez donner du sens à votre patrimoine immobilier ? Prendre part à un projet social innovant tout en vous garantissant des revenus fixes, c’est possible avec la CCL, la cellule Captation et Création de logements !

La CCL accompagne des personnes en situation ou en risque de sans-abrisme vers plus d’autonomie grâce à l’accession au logement. Et avoir un chez-soi est une étape indispensable pour reconstruire un nouveau projet de vie.

Grâce à notre expertise immobilière et à notre partenariat privilégié avec les Agences Immobilières Sociales bruxelloises, vous pouvez participer à la fin du sans-abrisme, tout en vous garantissant des avantages certains.

Un loyer garanti, pas de précompte immobilier à payer, pas de gestion locative, une remise en état à la fin du bail et des avantages TVA sur les acquisitions de logement neufs.

La fin du sans-abrisme passe notamment par la création de nombreux logements supplémentaires. C'est pour cette raison que L'Ilot a créé la CCL, qu’elle développe avec l'appui de ses partenaires du secteur.

Vous pouvez, vous aussi, nous aider à mettre fin au sans-abrisme : contactez la CCL sans plus attendre !

Kart #5 | L’Ilot depuis 60 ans aux côtés des ex-détenu∙e∙s 1024 576 L'Ilot

Kart #5 | L’Ilot depuis 60 ans aux côtés des ex-détenu∙e∙s

Illustration Squarefish

C’est en 1960 que l’ASBL L'Ilot est créée à l'initiative de Jean-Jacques Pagnano. À l’origine de ce projet, on retrouve avant tout une histoire personnelle, une histoire d’amitié entre deux hommes.

Jean-Jacques Pagnano voit, en cette même année 1960, l’un de ses proches amis emprisonné par suite d’un accident de voiture meurtrier commis sous l’effet de l’alcool. Jean-Jacques Pagnano découvre par l’intermédiaire de son ami les réalités de l’univers carcéral. Il constate que les compagnons de détention de son ami n’ont nulle part où aller, une fois libérés.

Touché par le sort des anciens détenus, celui qui deviendra le fondateur de L’Ilot se propose alors de les héberger pour quelques jours. Un an plus tard, en 1961, le premier centre d’hébergement ouvre ses portes à Bruxelles et propose un accueil inconditionnel et un accompagnement aux hommes sortant de prison.

D’autres Maisons d’accueil pour ex-détenus sont créées dans la foulée dans d’autres villes belges (à Marcinelle notamment en 1963, Maison d’accueil qui déménagera ensuite à Jumet) et ailleurs en Europe (France, Italie) et dans le monde (Brésil).

Aujourd’hui, L’Ilot dispose de trois Maisons d’accueil pour hommes (à Bruxelles, Jumet et Marchienne-au-Pont) et d’une Maison d'accueil pour femmes et familles (à Bruxelles). Chacune de ces quatre maisons est un lieu à taille humaine, avec une capacité d’accueil volontairement limitée afin de préserver l’intimité et le bien-être de chacun et chacune.

Parmi les différents profils hébergés dans les Maisons d’accueil, les personnes sortant de prison sont soumises à une procédure d’accueil et d’accompagnement spécifique.

Kart #5 | De la prison à la rue : d’un enfer à l’autre 1024 576 L'Ilot

Kart #5 | De la prison à la rue : d’un enfer à l’autre

Les centres d’hébergement comme les Maisons d’accueil de L’Ilot constituent le dernier rempart pour permettre au détenu d’obtenir un congé pénitentiaire et, une fois sa peine purgée, lui éviter de tomber en rue.

On le sait : le congé pénitentiaire est un moment charnière entre la vie carcérale et la libération. Ces premiers pas en dehors de la prison permettent au détenu de retrouver peu à peu sa dignité et de préparer sa sortie (recherche d’un logement, d’un emploi, etc.).

Mais voilà, les places manquent cruellement dans les structures d’hébergement comme les Maisons d’accueil de L’Ilot. À cette situation problématique se superpose une autre réalité alarmante : les institutions pénitentiaires comptent trop peu de travailleuses et travailleurs sociaux pour accompagner les détenus avant leur sortie.

Ces derniers sont toujours trop nombreux à sombrer dans la rue une fois leur liberté recouvrée, faute de réseau social sur lequel s’appuyer, de prise en charge psychosociale au sein de la prison et de places suffisantes dans les centres d’hébergement. Et c’est précisément pour ces mêmes raisons qu’ils sont privés de congé pénitentiaire durant leur incarcération.

Rien qu’au sein de la Maison d’accueil de Jumet, environ 200 demandes par an sont enregistrées pour seulement quelques places disponibles. Pour les personnes qui ne peuvent pas être hébergées, la rue est inévitable.  Avec tout ce qu’elle représente de risques de ne pas réussir son parcours de réinsertion dans la société.

En passant directement de la prison à la rue, ces hommes et ces femmes quittent un enfer pour un autre. C’est une double peine qui leur est infligée : après avoir payé leur dette à la société, ils se voient condamnés une seconde fois par l’inefficacité et les dysfonctionnements du système judiciaire et par la mentalité punitive très présente dans l’opinion publique. Stigmatisés pour le crime ou le délit qu’ils ont commis, les anciens détenus suscitent peu d’empathie auprès du public et sont ignorés dans les souffrances qu’ils vivent.

C’est en cela que l’hébergement et l’accompagnement des personnes sortant de prison constituent un sujet éminemment complexe.

Un accompagnement psychosocial individualisé et de qualité permet à des personnes que la vie n’a généralement pas épargnées de retrouver des solutions de vie dignes et durables.

Kart #5 | Plaidoyer « prison et sans-abrisme » 1024 576 L'Ilot

Kart #5 | Plaidoyer « prison et sans-abrisme »

Quel est le lien entre la prison et le sans-abrisme ?

Beaucoup de personnes sans chez-soi sortent directement d’un long séjour en institution : cliniques psychiatriques, hôpitaux mais aussi, souvent, prisons. Et ces dernières ont particulièrement tendance à « produire du sans-abrisme », pour de multiples raisons.

Il y a, tout d’abord, la problématique du manque d’accompagnement des détenu∙es au sein de la prison : le financement du système carcéral belge étant majoritairement alloué aux enjeux sécuritaires (engager des gardiens et gardiennes, payer des systèmes de surveillances, etc.), le secteur social n’en récolte que les miettes. Il y a trop peu de travailleuses et travailleurs sociaux dans les institutions pénitentiaires. Déjà insuffisant durant la peine, l’accompagnement social est de facto quasi inexistant à la sortie. Il est pourtant crucial.

Passer des années en prison équivaut ensuite, bien souvent, à perdre son réseau social, qui ne peut donc plus agir comme un filet de sécurité à la sortie. Une partie des ex-détenu∙es sans point de chute termine donc à la rue. Garder des repères – notamment familiaux ou sociaux – est pourtant primordial, car la détention empêche bon nombre de personnes incarcérées d’évoluer en même temps que les changements sociétaux, rendant la réinsertion encore plus difficile. S’accommoder à une nouvelle réalité peut être brutal et demander un certain temps.

Gregory (prénom d'emprunt), accueilli à L’Ilot à sa sortie de prison, témoigne : « Pour moi c’est la double peine : non seulement on en bave en prison mais après, une fois sorti, le cauchemar recommence et je suis puni une seconde fois. »

Pas/peu d’accompagnement, rupture des liens sociaux, décalage par rapport à la société… quelles sont les conséquences sur le terrain ?

En plus d’être injuste (la « dette à la société » des ex-détenu∙e∙ est sensée être soldée une fois leur peine purgée), ce procédé est inefficace. En effet, face à ce nouveau chemin de croix, nombreux sont ceux et celles dont la santé mentale chancelle, qui (re)tombent dans les assuétudes, (re)basculent dans la criminalité...

Et face au manque de prévoyance de l’État, il incombe à certains acteurs de terrain, principalement le secteur du sans-abrisme et celui de la prévention aux assuétudes, d’assumer l’accompagnement de ces personnes. Nos Maisons d’accueil reçoivent un nombre de demandes (plus de 200 par an rien qu’à Jumet !) émanant de personnes sortant de prison qui est bien supérieur à nos capacités d’accueil.

Le problème se situe déjà en amont de la sortie : l’absence de réseau social empêche beaucoup de prisonniers et prisonnières en fin de peine de renseigner une adresse valide à l’administration pénitentiaire et donc de bénéficier des congés pénitentiaires auxquels ils ou elles ont droit. Pour – un peu – palier cela, notre Maison d’accueil pour hommes sans abri de Jumet leur réserve une chambre. Mais cela ne permet pas de rencontrer la demande, qui est bien trop importante que pour être absorbée par nos seules infrastructures. Les personnes que nous accueillons à leur sortie de prison sont toujours passées par nos services au préalable lors d’un congé pénitentiaire. Pour les autres, qui ne parviennent pas à trouver de places dans des institutions comme les nôtres, la rue devient presque une fatalité. L’Etat entretient ainsi un système qui crée mécaniquement du sans-abrisme.

Que pourrait-on faire différemment ?

Il y a tout d’abord lieu de se poser la question de la pertinence de l’enfermement pour certaines personnes. Il serait à notre sens judicieux de développer des alternatives afin d’offrir aux juges un panel de solutions plus diversifié qu’actuellement et éviter l’enfermement à certain∙es.

Ensuite, pour les profils pour lesquels la prison est inévitable, il faut absolument un meilleur accompagnement social en prison : celui-ci doit impérativement servir à la préparation de leur sortie. Cet accompagnement devrait idéalement se poursuivre une fois dehors, afin d’assurer la transition entre le monde carcéral et le retour à la vie en société. C’est en partie ce que le ministère de la Justice tente de faire avec la création de « maisons de transition » dans lesquelles certain∙es détenu·es purgent la fin de leur peine et où ils ou elles peuvent déjà jouir d’une situation intermédiaire entre la prison et l’extérieur. Le nombre de ces maisons et de facto celui de places disponibles sont actuellement tout à fait insuffisants. Les conditions pour y accéder sont aussi trop strictes, ce qui en exclut les profils qui en auraient le plus besoin.

Il est, enfin, anormal que l’État fédéral se repose sur le travail du secteur associatif, qui doit ainsi palier ces manquements avec des moyens dérisoires. Le minimum serait donc que le ministère de la Justice prévoit une dotation spécifique pour les associations effectuant ce travail d’accompagnement. Travail que nous réalisons actuellement sans qu’il ne soit financé par un seul euro public.

L'interview de Benjamin, conseiller plaidoyer à L'Ilot.

Décembre 2022. 1h30 (?). -2° Celsius. Charlotte et sa maman, première nuit sans abri 1024 576 L'Ilot

Décembre 2022. 1h30 (?). -2° Celsius. Charlotte et sa maman, première nuit sans abri

« Il est une ou deux heure du matin. La porte de la banque est fermée. Mon dernier espoir.

Je suis trop épuisée pour continuer à chercher un endroit où dormir.

Alors, je m’assieds sur ce sol glacial, Charlotte sur mes genoux. Je voudrais qu’elle dorme au moins quelques heures.

Charlotte cherche le sommeil. Malgré toutes ses couches de vêtements, je la sens trembler de froid. Elle respire fort, sa gorge lui fait mal.

Charlotte dans mes bras, le vent qui nous glace les os, je repense aux dernières semaines.

J’ai encore l’impression de collectionner les emmerdes les unes après les autres.

D’abord, le papa de Charlotte que j’ai enfin quitté. Et puis il n’a plus voulu entendre parler de nous quand il a rencontré quelqu’un d’autre. Et adieu la pension alimentaire.

Et puis, mon premier appart’ avec Charlotte a été une période magique. C’était la première fois que nous étions sans Lui.

J'avais l’impression qu’on s’était enfin retrouvées, toutes les deux. On buvait du chocolat chaud en regardant des Disney, on prenait notre petit-déjeuner ensemble, on rêvait…

Alors je n’ai pas voulu y croire quand j’ai vu les factures de gaz et d’électricité. Surtout qu’avant, c’était Lui qui s’en occupait.

Le montant, c’était presque tout mon salaire qui y passait. Je voulais juste profiter encore de mes moments avec Charlotte. Alors je n’ai rien fait. Et je n’avais plus d’argent sur mon compte bancaire. Les finances, c’était Lui aussi.

Et puis, un soir après avoir récupéré Charlotte de l’école, ma clef ne rentrait plus dans la serrure. J’ai appelé le proprio, les pompiers, la police. Cela n’a servi à rien.

Nous mourrons de froid pour notre première nuit dehors. J’ai tellement envie de m’endormir. Je ne sens plus le bas de mon corps. J’ai tellement peur que Charlotte ne se réveille pas... »

L’Ilot évite tous les désastres de la rue à des femmes et enfants sans abri comme Charlotte et sa maman.

Vous pouvez les aider. Faites un don.

Grand froid : l’urgence est dans la rue 800 531 L'Ilot

Grand froid : l’urgence est dans la rue

Ce n’est plus un secret pour personne, l’hiver approche. Et quand certain∙e∙s ont l’esprit aux fêtes, d’autres n’ont en tête que leur propre survie : le froid glacial qui tombe actuellement sur notre pays rend en effet la vie en rue encore plus insupportable, voire mortelle. Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot, témoigne de la situation catastrophique que les personnes sans abri traversent actuellement.

Le Centre de jour de L’Ilot, installé sur le Parvis de Saint-Gilles à Bruxelles, accueille tous les jours de nombreuses personnes sans abri en quête de services de première nécessité : un repas, une douche chaude, une sieste dans un cadre sécurisé et rassurant, une oreille attentive prête à écouter les épreuves traversées…

Attaqués de toutes parts par le froid, les corps glacés jusqu’aux os, des hommes, femmes et enfants sans abri sont de plus en plus nombreux et nombreuses à y chercher refuge… sans forcément le trouver, à notre grand désarroi : faute de moyens, nos équipes sont obligées de refuser l’accès à certaines personnes, sans savoir si elles seront encore en mesure d’endurer une journée dehors, de survivre seules en plein hiver…

Philip De Buck, directeur du Centre de jour de L’Ilot : « La vague de froid actuelle frappe de plein fouet celles et ceux qui vivent en rue : nous sommes obligés de refuser du monde au Centre de jour ! L’équipe doit donc laisser dehors des personnes sans abri qui ont déjà dû endurer toutes les difficultés d’une nuit en rue.

Le métro bruxellois fait en effet actuellement office d’abri d’urgence : tous les services sont saturés de demandes. Nous n’avons plus, à L’Ilot, de places d’hébergement disponibles !  

Des hommes, des femmes et des enfants sans abri souffrent du coup, en plus du froid glacial, de la violence extrême qui règne en rue : l’insécurité y est omniprésente. Ils et elles sont aussi en première ligne face à la maladie : la promiscuité et le manque d’hygiène entraînent une recrudescence de maladies graves, comme la gale.

Les manques sont criants, et pas seulement en matière de logement : nous devons remuer ciel et terre pour trouver de la nourriture en suffisance pour, chaque jour, proposer des colis alimentaires à celles et ceux qui ont faim et ne trouvent rien. »