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10 000 personnes sans abri : « Dans la misère, pas de Bruxelles prospère » 1024 576 L'Ilot

10 000 personnes sans abri : « Dans la misère, pas de Bruxelles prospère »

Photo : ©Arnaud Ghys

9 777. C’est le nombre exact de personnes qui vivent aujourd’hui sans logement stable à Bruxelles ; une hausse de 25 % en seulement deux ans ! C’est ce que révèle le dernier dénombrement publié ce 18 juin par Bruss’Help. Une réalité qui s’installe, au cœur même notre capitale.

Face à l’augmentation inquiétante des chiffres, le secteur associatif et les entreprises bruxelloises demandent un engagement politique pour lutter contre le sans-abrisme.

Le dénombrement des personnes sans abri en chiffres

Le dernier dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles dévoile des résultats alarmants :

Près de 10 000 personnes en situation de sans-abrisme et de mal-logement dont :

  • plus de 1600 mineurs ;
  • près de 1000 personnes en rue, soit une augmentation de 20 % ;
  • plus de 2000 personnes en squats et en occupations temporaires.

En tant qu’organisations du secteur associatif et dirigeants d’entreprises implantées à Bruxelles, nous ne pouvons rester silencieux face à cette situation. Il est de notre devoir de se montrer unis et d’appeler ensemble à une réponse politique forte face à un défi qui touche notre région.

Cette demande se fait, par ailleurs, dans un contexte particulier. Un an après les élections régionales de juin 2024, la Région de Bruxelles-Capitale reste sans gouvernement. Cette situation de blocage politique ne peut justifier l’inaction face aux urgences économiques et sociales qui touchent les habitants, les entreprises qui y sont implantées et, plus largement, toute la société civile bruxelloise.

Une préoccupation partagée face au sans-abrisme

En effet, le sans-abrisme est un défi social évident, mais également socio-économique. Ses conséquences, en parallèle de la détresse humaine, alimentent le sentiment d’insécurité, nuisent à la qualité de vie urbaine et à l’attractivité de Bruxelles comme lieu de travail, de vie et d’investissement.

Ces dernières années, plusieurs entreprises ont exprimé leurs inquiétudes sur la dégradation du cadre de vie dans certains quartiers, comme dernièrement à la Porte de Namur. Le dernier dénombrement confirme ces signaux : l’exclusion s’enracine et s’étend.

Toutefois, nous ne pouvons souscrire à des one-shots hâtifs, sans réfléchir à leurs conséquences. Nous devons dégager des solutions durables et structurelles.

Dès lors, ensemble, nous appelons à des solutions concrètes de la part de nos responsables politiques autour de trois axes :

1. Créer du logement accessible pour l’ensemble des Bruxellois et des Bruxelloises

L’accès au logement est un maillon fondamental pour endiguer le sans-abrisme. Nous appelons à un renforcement de l’investissement ainsi qu’à libérer le potentiel de la construction de logements, en ce compris sociaux et à finalité sociale à destination des publics les plus précaires.

2. Renforcer les dispositifs sociaux et de santé dans leur accompagnement des personnes sans abri et mal logées

Les services d’aide aux personnes sans abri ne peuvent plus absorber les trop nombreuses demandes. Il faut dès lors renforcer les politiques qui permettent de diminuer le nombre de personne sans abri en vue d’une réintégration par le logement au sein de la société. Une pérennisation et une augmentation des moyens est nécessaire afin d’y faire face. Les politiques de réinsertion par le logement doivent être couplées à une prise en charge globale : santé physique et mentale, appui administratif, lutte contre les assuétudes, etc.

3. Agir pour une politique migratoire digne et réaliste

Aucune mesure ne permettra de résoudre le sans-abrisme sans apporter une solution structurelle aux personnes sans papiers et aux personnes demandeuses de protection internationale, laissées pour compte par le pouvoir Fédéral.

Les acteurs sociaux et le secteur économique, sont prêts à contribuer à ces enjeux en tant que partenaires.  

1. En investissant dans le logement abordable via des partenariats public-privé efficaces

Le secteur privé peut y contribuer, notamment via :

  • le soutien à la mise à disposition de biens immobiliers aux Agences Immobilières Sociales (AIS);
  • l’investissement et le financement de solutions de logement pour tous.

2. En soutenant un accompagnement renforcé des personnes vers l’autonomie

Les entreprises peuvent s’impliquer :

  • par des dons – de denrées alimentaires, de matériel, de compétences et financiers – aux associations ;
  • par l’offre de stages, d’emplois ou de formations notamment avec le soutien d’opérateurs comme Duo for a Job (pour développer le mentorat), Interskillar, Interface 3, etc. ;
  • en collaborant activement avec les CPAS, les opérateurs d’économie sociale ou les initiatives locales.

3. En agissant pour une politique migratoire inclusive

Une meilleure intégration par le travail, dès que cela est légalement possible, est indispensable.

Il est incohérent que des personnes aptes à travailler soient laissées sans droits ni perspectives.  Concernant les travailleurs sans papiers, une égalité de droits et un accès à un emploi légal doivent être garantis, par exemple en commençant par supprimer l’exigence de quitter le territoire pour obtenir un permis unique. Il s’agit d’une mesure essentielle, tant pour la dignité des travailleurs que pour la lutte contre le travail au noir.

Pourquoi nous mobilisons-nous contre le sans-abrisme ?

Parce que Bruxelles a un caractère à part en Belgique. Étant donné son statut de grande ville et de capitale, celle-ci est exposée à des défis hors normes. Des réponses spécifiques de l’État fédéral doivent y être apportées, notamment par un refinancement de la Région.

Parce que nous croyons que la cohésion sociale et la diversité sont un socle de prospérité durable.

Parce que l’image et l’attractivité de Bruxelles dépendent aussi de sa capacité à prendre soin des personnes les plus vulnérables.

Parce qu’une économie prospère et un marché du travail qui fonctionne pleinement sont essentiels pour sortir durablement de la pauvreté.

Parce que la ville de demain se construira avec tous ses habitants, pas au détriment des personnes les plus fragiles.

Parce que sans lutter contre la fracture sociale, nous ne pouvons construire une Bruxelles prospère et qui rayonne à sa juste valeur.

Signataires :

  • BECI – Brussels Enterprises Commerce and Industry, Lisa Isnard – Secrétaire Générale
  • AMA – Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri, Christine Vanhessen – Directrice
  • Fédération Bico, Birger Blancke – Directeur
  • L’Ilot, Ariane Dierickx – Directrice Générale
  • Infirmiers de Rue, Emilie Meessen – Coordinatrice
  • Asbl DIOGENES vzw, Laurent Demoulin – Directeur
  • DUNE asbl, Frédérique Bartholeyns – Codirectrice.
  • Smes, Tanya Proulx – Co-directrice
  • Samusocial, Sébastien Roy – Directeur Général

Personnes de contact :

FR : Louis Berny, Responsable de projets bruxellois de la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri : 0477 07 27 48 – projets@ama.be

NL : Birger Blancke, Directeur de la Fédération Bico : 0494 47 04 24 – directeur@federationbicofederatie.be

bande dessinée sans-abrisme
Comic strip festival : notre BD sur le travail précaire en finale 1024 576 L'Ilot

Comic strip festival : notre BD sur le travail précaire en finale

Comic strip festival : notre bande dessinée sur le travail précaire en finale du prix Atomium 2025 

Sommaire :

  1. Le Comic Strip Festival 2025 : un événement incontournable
  • Un festival BD unique en Belgique  
  • Informations pratiques sur le Comic Strip Festival 2025 

2. Une bande dessinée sur le travail précaire en finale du Comic Strip Festival 2025

  • Pourquoi le Prix Atomium de la bande dessinée citoyenne est-il important ?  
  • « Un petit expresso sans sucre » : une bande dessinée engagée sur le travail précaire

Du 26 au 28 septembre 2025, le Comic Strip Festival transformera la Gare Maritime de Tour & Taxis en véritable temple de la bande dessinée. C’est dans ce cadre exceptionnel que sera décerné le Prix Atomium de la BD citoyenne, récompensant les œuvres qui osent aborder les défis de notre époque avec justesse et humanité. 

Cette année, la bande dessinée « Un petit expresso sans sucre » de L’Ilot figure parmi les 15 finalistes de cette prestigieuse distinction. Une belle reconnaissance pour le travail de notre association, mais surtout un coup de projecteur essentiel sur la réalité des travailleur·euses précaires sans abri en Belgique.  

Le Comic Strip Festival 2025 : un événement incontournable

Un festival BD unique en Belgique  

Depuis sa création, le Comic Strip Festival est devenu un rendez-vous majeur pour les amateur·ices de bande dessinée en Belgique et au-delà. Il offre une plateforme unique pour découvrir de nouveaux talents, célébrer des œuvres emblématiques et discuter des enjeux contemporains à travers le prisme de la BD. L’introduction du Prix Atomium en 2017 a renforcé l’engagement du festival envers la reconnaissance de la diversité et de la vitalité du neuvième art.  

Informations pratiques sur le Comic Strip Festival 2025

Le Comic Strip Festival se déroulera du 26 au 28 septembre 2025 à la Gare Maritime de Tour & Taxis (Bruxelles). L’évènement est gratuit. Au programme : expositions, ateliers, rencontres, dédicaces, projections et animations pour tous les âges.   

Une bande dessinée sur le travail précaire en finale du Comic Strip Festival 2025

Pourquoi le Prix Atomium de la bande dessinée citoyenne est-il important ?

Décerné chaque année au Comic Strip Festival, le Prix Atomium de la BD citoyenne récompense un album qui suscite une réflexion éthique et sociétale, abordant de manière constructive des enjeux contemporains. Le prix soutient ainsi les artistes engagé·es qui utilisent la bande dessinée comme moyen d’expression pour des causes sociales importantes.  

La nomination de notre BD pour ce prix constitue donc un bel accomplissement pour le travail quotidien de L’Ilot… mais aussi un coup de projecteur essentiel sur les souffrances invisibles liées au travail précaire. Une situation dramatique que l’instabilité des contrats (intérim, CDD, flexijobs, etc.) ne fait que favoriser, en touchant d’ailleurs davantage les femmes que les hommes.La précarité dans l’emploi recouvre une dimension de genre : les emplois à temps partiel ou encore les contrats à durée déterminée concernent plus particulièrement le sexe féminin. 

« Aujourdʼhui, nous vivons dans une société où des personnes perçoivent des pensions de 6 000 euros tandis que dʼautres, souvent des femmes, doivent se contenter de moins de 800 euros par mois. Cʼest indéfendable. » 

Philippe Defeyt, économiste et ancien président du CPAS de Namur

« Un petit expresso sans sucre » : une bande dessinée engagée sur le travail précaire

Réalisée par L’Ilot en collaboration avec Abdel de Bruxelles et Alexandre de Moté, «Un petit expresso sans sucre» met en lumière les réalités des travailleur·euses précaires sans abri en Belgique. On plonge dans l’histoire de Steph’, un indépendant ruiné qui tente de cacher à ses proches qu’il vit dans sa camionnette.  

bande dessinée précarité sans abri

La trame reflète ainsi les situations réelles que traversent des milliers de personnes sans chez-soi accompagnées par L’Ilot : insécurité de l’emploi, perte d’un logement, érosion progressive des droits… Les équipes de nos maisons d’accueil le constatent chaque jour : le nombre de personnes qui ont un revenu mais ne sont pas en mesure d’assumer un loyer ne cesse d’augmenter. Les témoignages de femmes et d’hommes sans abri ne manquent pas.  

« Les propriétaires demandent parfois jusqu’à trois mois de loyer en avance. C’est impossible pour moi. Même avec un salaire régulier… » 

Nadine*

* Prénom d’emprunt. Nadine symbolise les milliers de travailleur·euses précaires sans abri qu’accompagne L’Ilot. 

Événement – L’Ilot vous invite à deux soirées théâtre exceptionnelles ! 1024 576 L'Ilot

Événement – L’Ilot vous invite à deux soirées théâtre exceptionnelles !

Parce que le sans-abrisme frappe durement les femmes, parce qu’il est urgent d’agir, L’Ilot vous convie à deux événements culturels engagés et solidaires.

Depuis septembre 2023, L’Ilot a ouvert Circé de L’Ilot, le premier Centre de jour dédié aux femmes sans abri à Bruxelles, un lieu sécurisant où elles peuvent se reposer et envisager une reconstruction. Pour soutenir ce projet essentiel, nous vous invitons à deux représentations théâtrales inoubliables, dont les bénéfices seront entièrement reversés à L’Ilot.

Iphigénie a splott (mardi 7 octobre au Cirque Royal de Bruxelles)

En collaboration avec le Théâtre de Poche et le Cirque Royal, venez découvrir la grande dernière de Iphigénie à Splott, un seul en scène percutant qui a marqué son époque.

Lieu : Cirque Royal, Bruxelles
Date : Mardi 7 octobre 2025
Places réservées : Corbeille J et L (places roses sur le plan)
Prix unique : 30 €

©Lara Herbinia

Queen Kong (mercredi 26 novembre au Centre Culturel d’Uccle)

Queen Kong, une pièce libératrice et viscéralement contemporaine, retrace le combat d’une héroïne qui brave les normes et affirme sa liberté. Une œuvre forte, adaptée par Georges Lini, saluée par la critique et la jeunesse.

Lieu : Centre Culturel d’Uccle
Date : Mercredi 26 novembre 2025
Prix : 12 euros (prix scolaire) /  30 euros (prix standard) / 100 euros (prix de soutien)

©Lara Herbinia

pension Belgique : précarité personnes âgées
Pension en Belgique : la précarité des personnes âgées 1024 576 L'Ilot

Pension en Belgique : la précarité des personnes âgées

Pension en Belgique : plus de précarité pour les personnes âgées

Sommaire :

  • Un système de pension qui aggrave la précarité des personnes âgées
  • Vieillir dans la précarité : un phénomène en forte croissance
  • La pension, réel rempart contre la précarité des personnes âgées ?
  • Comment aider une personne âgée en situation de précarité ?
  • Sources 

Récemment amené par le gouvernement Arizona, l’accord de Pâques inclut une série de mesures qui touchent en profondeur le système sensible des pensions. De quoi nourrir l’inquiétude quand on sait que les prévisions de Statbel annoncent un vieillissement de la population belge dans les prochaines années.  

Déjà bien présente, la précarité des personnes âgées risque ainsi de s’aggraver de façon drastique. Une question se pose : vieillir demain en Belgique sera-t-il synonyme d’exclusion sociale ? 

Un système de pension qui aggrave la précarité des personnes âgées 

Afin d’inciter les Belges à prolonger leur carrière, le gouvernement a inscrit dans l’accord de Pâques un mécanisme de malus pension. Si vous souhaitez prendre votre retraite avant l’âge légal de 66 ans (67 ans en 2030), vous devrez ainsi subir une pénalité financière. La conséquence ? Les senior·es devront subvenir à leurs besoins durant une période allongée, alors même que beaucoup peinent à conserver un emploi ou à en retrouver un après 55 ans.  

Pour bénéficier du nouveau bonus-pension, vous serez obligé·e de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite. Chaque année prestée augmentera alors un peu plus (2 %, 4 % ou 5 %) votre pension.  

Mais ce n’est pas tout. La limitation des allocations de chômage à 2 ans (dès 2026) charrie avec elle son lot d’inquiétudes. Pour être épargné·es par cette mesure, les 55 ans et plus devront prouver 30 ans de carrière (35 à partir de 2030). Le risque ? Une exclusion massive des chômeur·euses de cette catégorie d’âge… et un basculement dans la précarité pour les personnes âgées. 

Vieillir dans la précarité : un phénomène en forte croissance 

D’après une étude de Statbel, près de 20 % de la population belge courait déjà un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2024. Soit plus de 2 millions de personnes.   

On constate également que près de 18 % des 65 ans et plus étaient considéré·es comme « à risque de pauvreté », contre 13 % de la population globale. Autrement dit, les personnes âgées courent en Belgique un risque de pauvreté plus élevé que les autres. Le Bureau fédéral du Plan tire même la sonnette d’alarme : si aucune politique ne change la donne, cette situation préoccupante se dégradera dès le milieu des années 2050. 

Il est donc essentiel d’agir aujourd’hui, d’autant plus que le nombre de senior·es en Belgique explosera à l’avenir en raison d’un vieillissement démographique. D’après les projections de Statbel, le nombre de personnes âgées augmentera ainsi sensiblement dans les prochaines années.  

Si, en 2024, on comptait 28 personnes de 67 ans et plus pour 100 personnes de 18 à 66 ans, on en dénombrera 37 en 2040 et 43 en 2070. De quoi confirmer la thèse d’un vieillissement de la population.  

vieillissement démographique Belgique : précarité seniors

Proportion de personnes âgées de 67 ans et plus par rapport à la population en âge de travailler (source : Bureau fédéral du Plan

D’après les prévisions, l’espérance de vie moyenne augmentera pour atteindre, en 2070, 89,8 ans pour les femmes et 88,1 ans pour les hommes. Cette évolution génère ainsi des pressions sur le système de pension. D’ici 2040, on comptera un million de Belges de plus de 80 ans ! De nouvelles solutions doivent donc être trouvées pour garantir un équilibre économique. 

L’allongement de la durée de vie nécessite également une réflexion de fond quant aux structures d’accueil ou aux soins à domicile pour les personnes âgées. 

vieillissement démographique : pauvreté personnes âgées

L’évolution de l’espérance de vie à la naissance en Belgique (source : Statbel) 

La pension, réel rempart contre la précarité des personnes âgées ?  

Pour beaucoup de senior·es, la pension ne suffit déjà plus à couvrir un loyer, des soins médicaux ou même une alimentation décente. Il faut dire que le vieillissement à domicile coûte autour de 1 200 euros mensuels, sans compter les charges (loyer, énergie, nourriture, etc.). Avec un coût moyen de 2 084 € par mois, la maison de repos constitue dans ce paysage peu enviable un luxe inaccessible pour la plupart.  

Un·e senior·e sur quatre vit sous le seuil de pauvreté à Bruxelles. Quand il n’y a plus de toit, de proches ou de solutions, la rue devient la seule issue. Aucune alternative n’est proposée à celles et ceux dont la pension est trop faible. En Belgique, près de 5 000 personnes âgées vivent sans chez-soi. Quand on perd son logement, il ne reste que la solitude, l’invisibilité, le silence et la violence… 

 Dans ce contexte déjà compliqué, les mesures actuelles du gouvernement Arizona ne feront qu’exposer encore davantage nos aîné·es au risque du sans-abrisme.  

Comment aider une personne âgée en situation de précarité ? 

Chaque jour, L’Ilot lutte contre la précarité des personnes âgées avec des moyens adaptés.  

  • Nos Centres de jour (tels que Circé) offrent un répit essentiel : un repas chaud, une douche, une écoute bienveillante ou encore un accompagnement social.  
  • Nos Maisons d’accueil proposent plus qu’un toit : un lit, des soins, mais surtout un soutien psychosocial sur mesure pour retrouver un logement durable. 
  • Nos Cuisines et notre Recyclerie forment à l’emploi.  

Grâce à ces services d’accompagnement, nous permettons à des senior·es épuisé·es par la vie en rue de se reconstruire et de retrouver une place digne dans la société.  

 “L’Ilot m’a soutenu de tous points de vue. D’abord, avec un toit pour dormir. Ensuite, en m’aidant à régler mes problèmes de pension et à remettre ma mutuelle en ordre. Enfin, ils m’ont permis d’ouvrir un compte en banque car j’ai pu prendre mon adresse officielle dans la Maison d’accueil.” 

Jean-Pierre, usager de L’Ilot 

 À 68, 72 ou 79 ans, personne ne devrait dormir dehors. Grâce à votre don, nous redonnons un peu de chaleur, de sécurité et d’espoir à celles et ceux qui n’ont plus rien… hormis le poids des années. Face à cette injustice silencieuse, votre soutien peut tout changer. 

Vous pouvez devenir acteur·ice du changement. 

Plus de besoins, moins de moyens 1024 576 L'Ilot

Plus de besoins, moins de moyens

L’équation impossible des organisations de lutte contre le sans-abrisme

Une perte de revenus avec la diminution de la déduction fiscale sur le don…

La levée de fonds privés nous est devenue indispensable pour assurer le financement de  nos activités face aux besoins grandissants en matière de lutte contre la grande  précarité. Conscients des limites budgétaires des autorités publiques, nos organisations  ont patiemment construit un réseau de donatrices et donateurs privés pour pallier le  manque. Ces dons rendent par exemple possible des projets d’innovation sociale peu ou  pas subsidiés. Ils assurent aussi un renforcement en personnel des projets  structurellement sous-financés. Enfin, ils autorisent la mise à niveau de nos  infrastructures nous permettant de les rendre plus qualitatives. Pour envisager une  montée en puissance de nos actions face à l’accroissement de la problématique du  sans-abrisme, la levée de fonds privés est une piste dans laquelle nos organisations ont  investi, notamment poussées par des discours de responsabilisation financière.  L’annonce du gouvernement fédéral d’une réduction des déductions fiscales sur les  dons, passant de 45 à 30%, est donc extrêmement inquiétante. Cela va  mécaniquement conduire à une réduction de nos revenus sur ce segment, à un moment  où nos financements publics sont eux aussi remis en question. 

…couplée à une augmentation de la grande précarité 

La Belgique connait depuis une quinzaine d’années une augmentation sans précédent  du sans-abrisme. Ce phénomène observé par toutes et tous est confirmé par plusieurs  dénombrements des personnes sans-abris organisés par différents organismes publics  et indépendants. Bruxelles en est un exemple frappant: le nombre de personnes sans  abri y est passé de 1.724 en 2008 à 9.777 en 2024 selon le décompte de Bruss’Help, soit  un nombre six fois supérieur. Face à une telle spirale, un plan ambitieux est nécessaire  si on veut inverser la tendance. Pourtant, les mesures annoncées par le nouveau  gouvernement fédéral dans son accord de majorité retirent beaucoup de filets de  sécurité pour les populations les plus fragiles. Cela fait craindre une augmentation de la  perte de logement et donc une accélération inquiétante du sans-abrisme structurel. 

Pour nos organisations, la situation ne fait pas de doute : nos services, déjà saturés,  vont connaître un accroissement de la demande à laquelle nous n’aurons pas la capacité  de répondre.

Une réduction de nos moyens et une augmentation des besoins sur nos missions, voilà  le cocktail explosif auquel nous nous préparons.  

Il est possible que le nouveau gouvernement fédéral, en prenant des décisions qui sont  toujours techniques et complexes à élaborer, n’ait pas envisagé ces conséquences.  Nous voulons donc l’interpeller sur le risque qui se pose ici. Personne ne désire une  explosion du nombre de personnes en rue : ce n’est pas l’idée que l’on se fait d’une  société riche et prospère. Ce sont des destins brisés couplés à un coût sociétal  important, car plus longtemps on reste en rue et plus long et coûteux est le chemin pour  en sortir. 

La déduction fiscale sur le don permettait jusqu’ici au gouvernement d’agir sur ce drame  sociétal à moindres frais. Chaque euro investi dans nos organisations ne coûte que 45  centimes à l’État. Cela permet donc une répartition du financement des actions entre les  citoyens et citoyennes d’une part et les autorités publiques d’autre part. Si demain,  investir dans la collecte de dons devait ne plus être rentable pour nos organisations, nous  n’aurions d’autre choix que de nous tourner vers les pouvoirs publics pour compenser le  manque à gagner, rendant l’opération négative pour les finances publiques.  

Nous appelons donc le nouveau gouvernement fédéral à entendre notre appel et à  adapter ses mesures.  

[Interpeler vos élu∙es, partager cet appel, c’est agir concrètement sur l’avenir de milliers  de personnes sans chez-soi et grandement précarisées.]  

Signataires :

  • L’Ilot
  • Infirmiers de rue
  • Samusocial
  • AMA – Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri
  • CPVCF
  • Le Chant d’Oiseau
  • Le Home Baudouin
  • Le Home du pré
  • Le Comité de la Samaritaine, asbl
  • L’Entraide de Saint-Gilles (Diaconia Asbl)
  • Chèvrefeuille
  • Resto du Coeur de Saint-Gilles
  • CASAF ASBL- Aire de Rien  (Les Petits Riens )
  • Pierre d’Angle asbl
  • Source asbl
  • Rolling Douche Asbl
  • Service d’Entraide Familiale ASBL (SEF ASBL)
  • Mères et Enfants asbl
  • Maison d’Accueil Saint-Paul Asbl
  • Maison maternelle Paul Henricot
  • asbl DIOGENES vzw
  • Les Frangines asbl
  • Le Tremplin
  • Bulle Wasserette Mobile
  • Maison d’accueil L’Etape ASBL
  • Maison d’accueil L’Espérance
  • La Fontaine Liège / Ordre de Malte Belgique asbl
  • Braséro – Accueil de jour – ASBL
  • Les Petits Riens asbl
  • Nativitas asbl
  • L’Eglantier
dénombrement sans abri Bruxelles
Dénombrement des personnes sans abri : résultats alarmants 1024 683 L'Ilot

Dénombrement des personnes sans abri : résultats alarmants

Photo : ©Arnaud Ghys

Sommaire :

  • Pourquoi ce dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles ? 
  • Les chiffres du dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles 
  • Le détricotage des politiques sociales : quel impact sur l’évolution du sans-abrisme ?   
  • Quelles solutions pour les personnes sans abri ou mal-logées ? 

Les chiffres du dernier dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles viennent d’être publiés par Bruss’help dans son rapport préliminaire 2025. Et le constat est alarmant : 9 777 d’entre eux.elles vivent sans chez-soi dans la capitale belge. Soit une augmentation de 25 % en seulement 2 ans !  

Une telle expansion du phénomène n’avait jamais été connue jusqu’à ce jour. À l’œuvre au niveau fédéral, le détricotage des politiques sociales annonce un futur sans promesses d’améliorations. Mais comment, dans une capitale européenne, tant de personnes peuvent-elles encore vivre cette situation ?  

Pourquoi ce dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles ? 

Le dénombrement, le fait même de compter, permet de mettre en lumière un phénomène souvent dissimulé. Cet effort de visibilisation pose ainsi les bases d’un pilotage plus juste des politiques publiques. Afin d’obtenir une cartographie la plus exacte possible, le dénombrement du nombre de personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles s’appuie sur une méthodologie robuste.  

Les chiffres du dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles   

Le dénombrement de 2022 recensait déjà 7 134 personnes sans chez-soi à Bruxelles. En 2024, ce sont cette fois 9 777 personnes sans abri ou mal-logées qui tentent de survivre dans la capitale. Cette hausse de 25 % démontre une aggravation claire du phénomène, qui s’explique par différents facteurs, comme l’explique le président de Bruss’Help : 

  • l’évolution significative de la pauvreté à Bruxelles ; 
  • l’augmentation abusive des loyers qui mène à des expulsions massives  
  • l’arrêt de l’accueil d’hommes seuls dans les structures de Fedasil. 
dénombrement sans abri Bruss'help

Pourcentage de personnes sans chez-soi dénombrées par profil (Source : Bruss’help) 

Mais ce n’est pas tout. Le nombre de mineurs·es et de femmes sans abri ou mal-logées a également explosé en l’espace de seulement deux ans : 

  • 2022 : on recense 1 283 femmes et 977 mineurs∙es sans chez-soi à Bruxelles ; 
  • 2024 : on compte 1 991 femmes et 1 678 mineurs∙es sans abri ou mal-logées dans la capitale.  
combien de sans abri à bruxelles

Répartition des personnes sans chez-soi selon l’âge et le genre (Source : Bruss’help) 

Le détricotage des politiques sociales : quel impact sur l’évolution du sans-abrisme ?   

L’accord des partis du gouvernement Arizona comporte une série de mesures qui concernent nos pensions, salaires et services publics, parmi lesquelles on retrouve : 

  • la diminution de la cotisation spéciale de sécurité sociale ; 
  • le rétablissement de la période d’essai ; 
  • la limitation des allocations de chômage à 2 ans ;  
  • le plafonnage des aides sociales des chômeurs·ses au salaire minimum ; 
  • l’introduction de malus (jusqu’à 404 € par mois) pour inciter les futurs·es pensionnés·es à ne pas anticiper leur retraite.  

Ces décisions qui remodèlent drastiquement les politiques sociales impliquent à terme une nouvelle accélération du sans-abrisme à Bruxelles. La baisse des ressources de l’aide sociale, le risque de saturation des CPAS, la facilitation des licenciements précoces, etc. : autant de conséquences concrètes qui menacent le maintien en logement, d’autant plus dans une ville où les loyers explosent 

Quelles solutions pour les personnes sans abri ou mal-logées ?  

Les chiffres du dénombrement de 2024 le démontrent encore : le sans-abrisme est une problématique de grande ampleur. Comment, dès lors, lutter contre le phénomène ? 

À L’Ilot, notre accompagnement des personnes sans chez-soi s’organise en 5 actions : 

  • accueil d’urgence : deux Centres de jour (dont Circé, dédié aux fxmmes) pour les besoins de première nécessité ; 
  • hébergement temporaire : quatre Maisons d’accueil pour se reconstruire et se stabiliser ;  
  • logement : une cellule de Captation et de Création de Logements (CCL), ainsi qu’un Service d’Accompagnement À Domicile (S.Ac.A.Do.) et un Service d’Installation en Logement (SIL) ;  
  • formation & emploi : les Cuisines et la Recyclerie de L’Ilot pour former à un emploi ;   
  • santé alimentaire : une collecte alimentaire pour proposer une alimentation saine et durable.

Soutenir le combat de L’Ilot, c’est faire un geste pour la fin du sans-abrisme à Bruxelles. 

Surpopulation carcérale : nos maisons d’accueil à bout de souffle 1024 576 L'Ilot

Surpopulation carcérale : nos maisons d’accueil à bout de souffle

Photo : ©Layla Aerts

L’Ilot interpelle face aux effets de la surpopulation carcérale sur ses structures d’accueil

Des mesures pénitentiaires aux répercussions inattendues

Depuis 2024, plusieurs mesures ont été prises pour désengorger les prisons belges : congés pénitentiaires prolongés, détentions fractionnées (« un mois sur deux »), etc. Si ces dispositifs visent à réduire la pression carcérale, ils ont provoqué un effet boule de neige inattendu sur les structures d’accueil comme celles de L’Ilot.

Des maisons d’accueil sous pression constante

En l’absence de solutions de logement à leur sortie, de nombreuses personnes détenues sont désormais orientées vers nos Maisons d’accueil, sans concertation préalable ni moyens supplémentaires.

À notre Maison pour hommes sans abri de Jumet, le nombre de personnes en congé pénitentiaire accueillies est passé de 3 ou 4 par mois à près de 30 aujourd’hui. Ce sont désormais 130 personnes détenues qui sont suivies dans notre Maison d’accueil de Jumet.

Une absence de concertation et de moyens

Nos équipes sont en première ligne pour amortir les conséquences de ces politiques pénitentiaires sans vision à long terme. Cette situation génère une pression constante et menace la qualité de l’accompagnement que nous pouvons offrir au quotidien aux personnes en situation de précarité.

Un appel à une action urgente des autorités

Face à cette pression devenue intenable, L’Ilot appelle les autorités à engager de toute urgence une concertation avec les acteurs du secteur du sans-chez-soirisme et à mobiliser des ressources concrètes pour faire face à cette nouvelle réalité afin de garantir un accompagnement digne et durable aux personnes en fin de peine.

Kart #11 Être pauvre, ça coûte cher ! 1024 334 L'Ilot

Kart #11 Être pauvre, ça coûte cher !

Vivre dans la rue, c’est payer plus pour avoir moins

Centres d’accueil, services dédiés au logement, etc. Découvrez les solutions concrètes apportées par L’Ilot !

« Souvent, je saute des repas. Ça fait mal au ventre, mais au moins, je peux payer une nuit en auberge ou acheter un ticket de métro pour dormir au chaud ». – Julien*, 42 ans

La nourriture, l’hygiène, le sommeil… Dans la rue, tout coûte plus cher. Chaque jour, des milliers de personnes choisissent entre manger et dormir, entre se réchauffer et se soigner. Une survie qui a un prix. Vivre dans la rue n’est pas gratuit, la rue vole tout : le pouvoir d’agir, la santé, la vie, l’espoir… On assiste à une véritable descente aux enfers pécuniaire, qui empêche une multitude d’hommes, de femmes et d’enfants sans abri ou mal-logés de remonter la pente de l’endettement.

Des centres d’accueil d’urgence

À L’Ilot, nos centres de jour sont des bulles de répit au milieu du chaos : un repas chaud, une douche, une laverie, un suivi psychosocial, etc. Un peu d’humanité dans une vie où tout manque. Mais faute de moyens, nous devons fermer ces centres deux jours par semaine. Deux jours sans solution, deux jours de trop.

« Il faut voir la réalité : prendre un rendez-vous chez un médecin, c’est la galère sans adresse de référence. Et un simple traitement pour une infection, ça peut me coûter jusqu’à 35 €, si j’ai de la chance… » Samira*, 29 ans

Grâce à vous, nous apportons des solutions concrètes à des centaines de personnes sans abri à s’en sortir. Chaque don est une chance supplémentaire que nos centres puissent rester ouverts tous les jours de la semaine.

Du logement avant tout

La crise est particulièrement vive à Bruxelles mais touche aussi la Wallonie : la proportion de logements abordables est globalement en diminution. En effet, le prix des loyers augmente plus vite que le pouvoir d’achat ; et l’écart se creuse, rendant l’équation quasiment insoluble.

Le logement social n’a, de plus, pas la capacité de faire face au problème : le parc n’a pas été suffisamment investi ces dernières années et est aujourd’hui largement insuffisant pour répondre à la demande. Cette situation pousse des ménages précaires à accepter des loyers qu’ils n’ont pas la capacité de supporter sur le long terme. La conséquence se fait souvent peu attendre : le nombre d’expulsions domiciliaires est ainsi, lui aussi, en augmentation.

 « Il y a des douches publiques, mais elles sont rares et payantes, entre 1 € et 3 € (soit un budget de 60 € par mois). Et encore, il faut acheter du savon, du shampoing, des protections périodiques… ». – Astrid*, 19 ans

En 2022, 7 134 personnes sans abri ou en situation de grande précarité ont été recensées dans les rues de Bruxelles. Soit une augmentation de 18,9 % par rapport à 2020. Près de 25 % de ces personnes sont des enfants. Une réalité extrêmement préoccupante que nous combattons tous les jours, grâce à des services spécialisés :

Ces différents services logement incarnent la vision de notre asbl. Nous considérons, à L’Ilot, que le meilleur moyen de permettre à une personne de sortir du sans-abrisme est de lui proposer, aussi rapidement que possible, un logement couplé à un accompagnement. Cette approche défend le principe selon lequel un chez-soi digne est la base de tout, que l’on ne peut rien espérer construire de durable (alimentation, repos, santé, etc.) sans celui-ci.

* Prénom d’emprunt. Tous nos témoignages sont reconstitués d’après nos expériences de terrain pour préserver l’anonymat des personnes que nous accompagnons.

dénombrement sans abri Bruxelles
Expulsion locative : définition, chiffres et conséquences 1024 683 L'Ilot

Expulsion locative : définition, chiffres et conséquences

Photo : ©Arnaud Ghys

Expulsion locative : fin de la trêve hivernale bruxelloise

  1. Qu’est-ce qu’une expulsion locative ?
  2. Expulsion locative : les chiffres à Bruxelles
  3. Les conséquences des expulsions
  4. Ressources

Mars 2025. Les beaux jours font doucement leur retour, et il souffle sur Bruxelles comme un parfum d’été… La réalité est pourtant bien moins belle pour toute une série d’habitants·es de la capitale. Le 15 mars signe la fin de la trêve hivernale qui gelait les décisions juridiques d’expulsion locative. Passé cette date, des locataires bruxellois·es seront donc mis·es dehors. Pour certains·es, c’est le début du sans-abrisme.

Qu’est-ce qu’une expulsion locative ?

L’expulsion locative est une procédure légale permettant aux propriétaires de récupérer leur bien en cas de manquement des locataires à leurs obligations contractuelles.

À Bruxelles, un « moratoire hivernal » interdit les expulsions entre le 1er novembre et le 15 mars, même si le propriétaire détient un titre exécutoire tel qu’un jugement du juge de paix.

Expulsion locative : les chiffres à Bruxelles

On dénombre une dizaine d’expulsions par jour à Bruxelles. Soit plusieurs milliers par an. Bien qu’horrifiants, ces chiffres ne comptabilisent même pas toutes les expulsions locatives cachées. De nombreuses personnes sont en effet mises à la porte sans même que les autorités ne soient mises au courant.

Dans plus de la moitié des cas, le jugement se délivre en l’absence du locataire. L’affaire n’est pourtant pas traitée lorsque le propriétaire est absent à l’audience… Le système protège ainsi davantage les bénéfices financiers de ce dernier que le droit du locataire à disposer d’un logement, inscrit noir sur blanc dans la constitution belge :

« Art.23
Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.
[…] à cette fin, la loi, les décrets ou les règles garantissent, les droits économiques, sociaux et culturels. Ces droits comprennent notamment :
[…] le droit à un logement décent ; »

Les conséquences des expulsions

Pour les locataires, les conséquences d’une expulsion locative sont désastreuses. La quête d’un logement au prix accessible pour les petits budgets est vaine à Bruxelles. Impossible donc, dans ces conditions, de retrouver un logement sur le marché locatif privé.

Et les logements sociaux ? Face à leur saturation (plus de 50 000 foyers sur la liste d’attente), les locataires expulsés·es sont contraints·es d’attendre 5, 10, voire 15 ans avant qu’on leur propose un logement.

L’expulsion amène ainsi ces publics à connaître la réalité des personnes sans abri : accueil en hébergement d’urgence, logement chez des amis·es ou même arrivée à la rue.

« Des familles dans des situations d’expulsion vont devoir chercher des hébergements d’urgence et quand on a 3, 4, 5, 6 enfants, il n’y a vraiment pas du tout de centres d’hébergement à Bruxelles qui soient réellement disponibles rapidement ». Adèle Morvan, Travailleuse sociale à S.Ac.A.Do

Comme le démontrent des études, la perte d’un logement engendre également des conséquences psychologiques : insécurité à long terme pour les enfants, perte de repères… Le coût des expulsions est aussi énorme pour la collectivité puisque la procédure implique toute une série d’officiers·ères publics·ques.

Vidéo avec Adèle Morvan, travailleuse sociale à S.Ac.A.Do.

8 mars : L’Ilot manifeste pour les droits des femmes 1024 576 L'Ilot

8 mars : L’Ilot manifeste pour les droits des femmes

Salaires inférieurs, temps partiels subis, métiers sous-valorisés, retraites plus faibles… En Belgique, les femmes sont les premières victimes de la précarité financière. Une réalité qui les maintient dans une dépendance économique et les expose davantage à la précarité, au mal-logement et au sans-abrisme.

L’homme le plus pauvre de Belgique est une femme

La précarité économique touche particulièrement les femmes, notamment celles issues de milieux défavorisés, migrantes ou monoparentales. En Belgique, 70 % des personnes pauvres sont des femmes. Les familles monoparentales, souvent dirigées par des femmes, vivent avec un risque de pauvreté de 41 %. Et les femmes seules de moins de 65 ans sont également plus exposées à la précarité. Les femmes occupent souvent des emplois précaires et mal rémunérés, particulièrement dans les secteurs du soin et de l’action sociale, tout en assumant une charge de travail domestique disproportionnée.

Quelques chiffres
  • 70 % des personnes en situation de pauvreté individuelle sont des femmes.
  • Une femme en couple a quatre fois plus de risques d’être en précarité (32 %) qu’un homme en couple (7 %).
  • La dépendance financière concerne 23 % des femmes en couple contre seulement 3 % des hommes.
  • Les revenus annuels nets moyens des hommes s’élèvent à 25.935 €, contre 18.585 € pour les femmes.
  • 66,4 % des femmes de 20 à 64 ans travaillent, contre 74,5 % des hommes.

Ces chiffres sont issus de notre étude-action « Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité », sortie en 2022.

Moins de revenus… Mais plus de dépenses

Au quotidien, les femmes font face à des dépenses supplémentaires qui alourdissent leur budget et creusent encore davantage les inégalités financières par rapport aux hommes. Parmi celles-ci :

  • La taxe rose : les rasoirs, shampoings, crèmes, etc. sont plus chers que leurs équivalents masculins.
  • Les protections hygiéniques, qui représentent une charge financière de jusqu’à 120 € par an.
  • Les consultations gynécologiques, plus chères qu’une simple consultation médicale.
  • Le maquillage, les soins de la peau et les produits capillaires achetés par les femmes à cause des attentes sociales.
  • Frais de garde et parentalité à leur charge.
  • Dépenses liées à la sécurité : Certaines femmes investissent dans des taxis/Ubers tard le soir par peur des agressions, ce qui entraîne des frais supplémentaires par rapport aux hommes qui utilisent plus souvent les transports en commun la nuit.
Manifestation pour les droits des femmes

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, L’Ilot rappelle que l’accès à un revenu digne et durable est la clé pour sortir durablement de la précarité. Ce samedi 8 mars, nous descendrons dans les rues pour faire entendre notre voix et exiger des politiques économiques qui garantissent aux femmes sans abri des revenus dignes et une véritable indépendance financière.