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Femmes

L’horreur : le quotidien des femmes sans abri 1024 576 L'Ilot

L’horreur : le quotidien des femmes sans abri

Jessica* a fui un mari violent pour se réfugier dans notre maison d'accueil pour femmes.
Photo : © Layla Aerts

La journée du 25 novembre est dédiée dans le monde entier à la lutte contre toutes les formes de violences à l'égard des femmes. Bientôt trois mois après l’ouverture par L’Ilot du premier Centre de jour pour femmes sans abri à Bruxelles (Circé de L’Ilot), cette journée résonne encore un peu plus aux oreilles des équipes et des usagères de notre association.

Comme nous l’avions craint, les situations des celles fréquentant ce nouveau dispositif (un peu plus de 80 à ce jour) sont assez terrifiantes : des femmes particulièrement vulnérables et demandant des accompagnements les plus lourds arrivent en masse et osent désormais pousser les portes d’un centre où elles sentent qu’elles seront enfin entendues et correctement accompagnées.

Si
l’étude-action "Sans-abrisme au féminin : sortir de l'invisibilité" que nous avions menée il y a deux ans nous avait permis d’anticiper le type de situations que l’équipe aurait à gérer une fois le centre ouvert, nous avons-nous-mêmes été surpris·es par le niveau d’horreur et de gravité de ces situations et par le caractère quasi systématique de ce que les femmes vivant en rue subissent en termes de violences physiques, sexuelles et psychologiques.

Vu ce niveau de gravité et d’horreur, chacune de ces situations nécessite un accompagnement individuel et intensif de la part de notre équipe. Pendant ce temps, des dizaines d’autres femmes attendent leur tour pour bénéficier d’un accompagnement psychosocial de la part de l’équipe. Malgré la réelle volonté des autorités publiques de soutenir et financer ce projet, cet état de fait démontre que le cadre de financement tel que prévu pour un tel dispositif est déjà insuffisant.

Sonia* a vécu l'enfer

Sonia* fréquente régulièrement les services de L'Ilot. Comme toutes les femmes sans abri, elle a connu un parcours de violences multiples. Sa reconstruction est difficile, tant les traumatismes subis sont multiples.

Aujourd’hui, ce cadre de financement public est en effet le même pour tous les centres de jour, quel que soit le seuil d’accès et le type de public accueilli. Malheureusement, les situations évoquées ci-dessus ne peuvent pas être correctement accompagnées avec un tel cadre de financement.

En conclusion et seulement trois mois après l’ouverture du centre, l’équipe pourtant extrêmement engagée est déjà à genoux et nous savons que ces travailleuses ne pourront pas tenir sans un renfort rapide de personnel.
Or, le constat d’indispensabilité de structures spécialisées pour ce public spécifique est désormais implacable. C’est pourquoi nous profitons de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes pour rappeler la nécessité de financer dignement les aides apportées aux femmes sans abri ou en risque de sans-abrisme.

L'interview de Katima, usagère du Centre Circé de L'Ilot.

Le parcours de Mina : ferez-vous les bons choix ? 1024 576 L'Ilot

Le parcours de Mina : ferez-vous les bons choix ?

Victime de violences conjugales, sans ressources, sans contacts… Incarnez Mina, une maman de trois enfants devant fuir un mari devenu violent. À qui faire confiance ? Où aller ? Choisirez-vous les options lui évitant la rue ?

Tout part d’un constat, mis en avant par l’étude-action “Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité” publiée par L’Ilot début 2022 : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors même qu’elles subissent plus de violences – notamment liées au genre – que leurs homologues masculins.

Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, L’Ilot a développé une série de recommandations pour proposer des solutions concrètes, dignes et durables. Parmi elles : la création d’un centre de jour par et pour les femmes sans abri.

Le Centre de jour Circé de L’Ilot a donc ouvert ses portes en septembre 2023. Les récits terrifiants partagés par ses premières occupantes démontrent encore une fois qu’il était plus qu’urgent de proposer sans délai un refuge à celles sur qui s’abattent les pires violences qu’une société patriarcale est capable d’exercer sur les femmes. L’histoire que vous allez découvrir n’est malheureusement qu’un exemple parmi d’autres de cette triste réalité.

Mina a quitté le Maroc avec ses trois enfants pour rejoindre son mari en Belgique. Après quelques mois, celui-ci est devenu violent. Craignant pour sa vie, Mina a fui le domicile conjugal. Elle se retrouve dehors, sans domicile, sans argent, sans connaître la langue… Où aller ? À qui se confier ou faire confiance ? Comment s’en sortir ?

Le parcours est semé d’embûches et les choix que vous poserez pourraient bien être lourds de conséquences…

L'interview de Katima, usagère du Centre Circé de L'Ilot.

L'interview d'Anne, coordinatrice du Centre Circé de L'Ilot.

« Femmes à la rue, au bout de l’impasse », le nouveau reportage sur L’Ilot et les femmes sans abri à Bruxelles 1024 576 L'Ilot

« Femmes à la rue, au bout de l’impasse », le nouveau reportage sur L’Ilot et les femmes sans abri à Bruxelles

« Être une femme à la rue c’est avoir tous les problèmes des hommes, plus les problèmes des femmes ». Intriguée par le pourquoi d’un premier Centre de jour pour et par les femmes à Bruxelles, une équipe de la RTBF nous a accompagnés au cours des six derniers mois pour comprendre l’intérêt d’un tel projet.

C'est un constat alarmant qui leur a mis la puce à l’oreille. Quand nous avons contacté la RTBF et plus précisément la rédaction de l’équipe de l’émission « Transversales » de La Première, nous les avons d’abord bombardé de chiffres.

Parce que ceux-là parlent souvent d’eux-mêmes. À Bruxelles, en 15 ans, le nombre de personnes sans abri a quadruplé. Plus de 7000 personnes sont sans abri dans la capitale, et parmi elles, au moins 1 sur 5 serait une femme. Des femmes qui subissent dans la rue de nombreuses violences, mais pour lesquelles aucun centre d’accueil spécifique n’existe alors.

C’est ce qu’expliquait en janvier 2022 notre étude action réalisée sur le sujet. 91 pages pour analyser des chiffres sous-évalués, comprendre des parcours lourds de violences et questionner un secteur pensé au « masculin universel ». Et comme conclusion la recommandation de la mise sur pied d’un dispositif d’accueil de jour bas seuil, par et pour les femmes, indispensable selon la directrice de L’Ilot Ariane Dierickx : « Quand elles sont en rue, elles revivent des phénomènes de violence beaucoup plus difficiles. Pouvoir accueillir ces femmes dans un endroit où elles se sentent en sécurité et où il y a une écoute particulière, c’était indispensable pour nous. »

De la théorie à la pratique il aura donc fallu un peu plus de 18 mois. Le 20 septembre dernier, Circé de L’Ilot voyait enfin le jour au bout d’un été agité entre remise à neuf de ce nouveau lieu d’accueil, maraudes dans le quartier autour de la Gare du Midi pour faire connaitre le centre et les formations genre et travail social suivies par l’équipe sociale. Comme l’explique Cindy Meirsschaut, experte du vécu et pair-aidante à Circé, le Centre a été voulu comme une maison : « On se sert soi-même son café, il y a des canapés, des bouquins... Pour qu’elles se rappellent à quel point c’est chouette de se sentir comme à la maison car on est toujours dans l’instant présent et dans la survie quand on vit en rue. »

Des semaines stressantes, mais constructrices que l’équipe de « Transversales » aura donc accompagnée précautionneusement.  Avec distance, mais profondeur. Sans voyeurisme, mais toujours avec curiosité. En résulte le reportage puissant de Sophie Mergen. Trente minutes pour mieux comprendre l’indispensabilité d’un service longtemps absent, mais déjà indispensable pour vous faire une idée plus précise de ce qu’est le sans abrisme au féminin.

L'équipe du centre Circé de L'Ilot lors de l'inauguration. (c) Cabinet d'Alain Maron / Arnaud Ghys
Inauguration du centre CIRCÉ de L’Ilot 1024 595 L'Ilot

Inauguration du centre CIRCÉ de L’Ilot

Ce mercredi 13 septembre a eu lieu l'inauguration du Centre Circé de L'Ilot, le premier centre de jour par et pour les femmes sans abri à Bruxelles.

Ce mercredi 13 septembre, nous avons inauguré le centre Circé de L’Ilot, un lieu d’accueil uniquement pensé par et pour des femmes sans abri et dont l’objectif sera d’accueillir, en mixité choisie, des usagères en situation ou en risque de mal-logement.

Pourquoi Circé ?

Symbole de l’émancipation féminine dans la mythologie grecque, Circé suit son propre chemin et son idéologie. Son mythe a été repris par le patriarcat pour justifier la marginalisation et la punition de femmes trop libres, trop indépendantes et plus savantes que les hommes. C’est une sorcière et derrière ce terme se cache toujours la même idée : celle d’une femme ayant acquis plus de pouvoir que ce que la société ne tolère.

Un nom choisi par la nouvelle équipe sociale 100 % féminine qui sera à l’œuvre dès ce mois de septembre, et l’aboutissement d’un long projet né des multiples constats réalisés depuis plusieurs années au sein de notre association sur le manque de prise en compte d’un sans-abrisme au féminin.

La rue : un monde de violences, particulièrement pour les femmes.

C’est ainsi qu’en janvier 2022 était publiée notre étude-action « Femmes sans abri : sortir de l’invisibilité ». Celle-ci mettait en avant les chiffres, effarants, concernant la présence en rue de nombreuses femmes sans chez-soi et les violences auxquelles elles sont régulièrement confrontées.

Parmi les constats de cette recherche-action : la sous-estimation du nombre de femmes sans abri, mais aussi les interminables parcours de violences qu’elles ont pu subir avant et pendant leur survie dans la rue.

Des spécificités face auxquelles notre secteur s’est longtemps retrouvé démuni : pas assez équipé, trop peu formé, mal accompagné… C’est à cette équation multiple que le tout premier Centre de jour par et pour les femmes sans abris à Bruxelles devra répondre.

Un moment d’échange et de partage autour de la situation des femmes sans abri

Des défis en cascades dans les mois à venir, mais une inauguration et un moment festif d’abord pour marquer la reconnaissance de notre combat pour la prise en compte d’un sans-abrisme au féminin. Organisé en présence de la marraine Lisette Lombé, nouvelle poétesse nationale dès janvier 2024, de partenaires et, bien sûr, de notre équipe sociale, nous avons également fait de cet événement un espace d’échanges.

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Dénombrement 2022 – Le nombre de femmes et d’enfants en situation de sans-abrisme et mal logement en augmentation 1024 683 L'Ilot

Dénombrement 2022 – Le nombre de femmes et d’enfants en situation de sans-abrisme et mal logement en augmentation

Photo : ©Chloé Thôme

7.134, C'EST LE NOMBRE DE PERSONNES QUI EN NOVEMBRE DERNIER ÉTAIENT EN SITUATION DE SANS-ABRISME OU DE MAL LOGEMENT EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE. C’EST 18,9 % (5.313 PERSONNES) EN PLUS QU’EN 2020.

Bruss’help vient de rendre publics les résultats de son dénombrement de personnes sans abri en Région de Bruxelles-Capitale, effectué en novembre dernier et auquel ont pris part de nombreuses associations du secteur – dont L’Ilot – et des volontaires sensibilisé∙e∙s aux droits humains.

S’il faut saluer les progrès réalisés par l’institution bruxelloise pour élargir le prisme lors de ce dénombrement et, ainsi, mieux prendre en compte les personnes sans abri évoluant « sous les radars » (qui ne fréquentent pas les services dédiés ou qui transitent d’un lieu d’hébergement à un autre – chez des amis, dans la famille, etc. – ou menacées d’expulsion), les chiffres continuent à interpeler : ce sont près de 7200 personnes qui sont considérées sans-chez-soi à Bruxelles !

Parmi celles-ci, deux catégories de personnes retiennent toute notre attention : les femmes et les enfants. Si la proportion de femmes sans abri tend à diminuer (de 20,9% à 18,0%), leur nombre absolu est plus élevé qu’il y a deux ans : 1.283 contre 1.110 en 2020. La part d’enfants sans-chez-soi est également interpellante : les mineur∙e∙s représentent 13,7 % des personnes dénombrées.

Ces deux données nous confirment encore une fois que les actions que nous menons pour rendre nos services accessibles aux personnes les plus précarisées et vulnérables sont indispensables. Et que la lutte pour la fin du sans-abrisme n’en n’est qu’à son commencement.

Création du premier Centre de jour par et pour les femmes 1024 576 L'Ilot

Création du premier Centre de jour par et pour les femmes

Le nouveau Centre de jour offrira du répit dans un espace sécurisant aux femmes et à leur(s) enfant(s)). ©Arnaud Ghys

Grâce au travail assidu des équipes de L’Ilot tout au long de l’année 2022, notre Centre d’accueil de Jour pour femmes a pu ouvrir ses portes en 2023.

Destiné exclusivement aux femmes sans abri ou en risque de sans-abrisme et composé d’une équipe éducative exclusivement féminine, ce nouveau dispositif a ouvert, dans un premier temps, sur le Parvis de Saint-Gilles à la place de l’actuel Centre de jour mixte qui sera, lui, prochainement installé au numéro 73 rue de l’Église.

À terme, nous espérons pouvoir installer définitivement le Centre de jour pour femmes dans un autre bâtiment plus adapté aux besoins de ce service.

Ouvert dans un premier temps 5 jours sur 7, le Centre de jour pour femmes vise à offrir un espace sécurisant et un moment de répit aux femmes en situation de grande précarité. Dans un premier temps, il pourra accueillir une soixantaine de femmes, davantage lorsque le Centre déménagera dans un bâtiment plus adapté.

Le constat est implacable : la pauvreté touche davantage les femmes que les hommes et ce, pour des raisons multiples : écart salarial femmes/hommes, les familles monoparentales sont portées à plus de 80% par des femmes, inégalité de pensions, etc.
L’importance de la non-mixité

C’est un fait : dans la rue, les femmes sont victimes de violences multiples et en particulier de violences sexuelles. Pour répondre à leurs besoins urgents (manger, se poser, prendre une douche, etc.), il est nécessaire qu’elles puissent disposer d’un endroit où elles se sentent en sécurité, entre elles dans un premier temps et à l’abri de la rue et de ses violences.

Ce temps de pause est indispensable pour ensuite pouvoir rebondir et construire un nouveau projet de vie (recouvrer ses droits, trouver un logement, entamer une formation ou commencer un nouvel emploi, etc.). Grâce à notre accompagnement psychosocial, les femmes pourront obtenir une aide personnalisée qui respecte leur trajectoire de vie et leur rythme.

Ce projet innovant est né d’un double constat : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors qu’elles subissent plus de violences et de discriminations que leurs homologues masculins.

C’est ce qui est ressorti de notre étude-action menée en 2021.

La sous-évaluation du nombre de femmes sans abri est notamment liée à ce qu’on appelle le « sans-abrisme caché » qui les touche davantage : pour éviter la rue, elles dorment une nuit chez une amie, la suivante dans une voiture, etc. et finissent par passer sous les radars de l’aide sociale, disparaissant des statistiques.

Ayant pour la plupart connu des parcours de violences avant de perdre leur logement, ces femmes vont, une fois en rue, vivre à nouveau sous la constante menace d’agressions multiples. Elles adoptent donc des stratégies d’invisibilisation (masculinisation, déplacements incessants, manque d’hygiène comme repoussoir, etc.). Ces stratégies de survie les rendent non seulement invisibles, mais affectent aussi fortement leur santé physique et mentale.

Face à ces trajectoires faites de violences, l’offre de services proposée par notre secteur n’est pas (suffisamment) adaptée aux besoins des femmes : les structures mixtes ne fonctionnent pas car elles sont majoritairement occupées par des hommes et la mixité est insurmontable pour certaines victimes de violences graves. D’autant que ces espaces sont généralement exigus, contraignant les personnes à une promiscuité importante. De ce fait, les femmes évitent ces lieux, comme en attestent les chiffres de fréquentation de nos services.

Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, nous avions développé une série de recommandations pour proposer des solutions dignes et durables adaptées aux besoins et attentes des femmes. La création d’un Centre de jour par et pour les femmes que nous inaugurerons prochainement en faisait partie.

Dans la lignée de nos valeurs, ce centre est basé sur la participation des bénéficiaires au développement du projet et vise leur émancipation. Grâce à une formation de l’équipe sur les violences de genre et sur l’ensemble des enjeux liés aux droits des femmes, il s’agit d’un lieu où les femmes pourront se sentir en sécurité et où leur expérience sera pleinement valorisée.

Cette nouvelle structure aura également un impact sur les enfants, qui représentent selon les statistiques un peu plus de 20% du public sans abri. On sait que les femmes sans abri sont régulièrement accompagnées de leur(s) enfant(s) dont elles ont la garde. En agissant sur les mères, nous évitons que la précarité ne se transmette de génération en génération et que ces enfants ne deviennent, à leur tour, des adultes sans abri ou en situation de précarité.

La Cité des Dames, nouveau projet de théâtre participatif avec des femmes sans abri 1024 576 L'Ilot

La Cité des Dames, nouveau projet de théâtre participatif avec des femmes sans abri

« La Cité des Dames » est un projet artistique participatif et transversal mené par Marie Avril avec des femmes sans-abris de Bruxelles. La comédienne et metteure en scène s’est associée avec L'Ilot et quatre autres structures de terrain pour proposer des ateliers théâtre auprès de ce public vulnérable et invisibilisé : Douche Flux, Diogènes, Hobo et le Samu Social.

Depuis le mois de septembre, les femmes ont suivi un atelier de théâtre hebdomadaire et de cette exploration est née une forme scénique qu’elles partageront avec le public. La recherche a été collective, sur la base de jeux, d’improvisations sur des thèmes qu’elles ont choisis.

Marie Avril est accompagnée de Lénaïc Brulé, comédienne et de Rocio Alvarez, illustratrice, qui a réalisé une série de portraits lumineux et colorés des femmes pour les mettre à l’honneur. Eve Duchemin, cinéaste et documentariste, a accompagné elle aussi le trajet créatif des femmes avec sa caméra.

Trois représentations auront lieu en décembre :

• Le vendredi 16 décembre à 16h à l'Espace Magh Résevations : www.espacemagh.be / Tel : 02 274 05 10 ou par mail : loubna.elwahabi@espacemagh.be
• Le samedi 17 décembre à 19h à la Maison du Peuple
Résevations : www.lejacquesfranck.be / Tel : 02 538 90 20
• Le lundi 19 décembre à 20h30 à La Tricoterie
Résevations : www.tricoterie.be ou par mail : reservations@tricoterie.be

Afin de permettre au public de prendre part lui aussi à cette démarche, il pourra voir les portraits de Rocio et les images de Eve avant ou après le spectacle sur les murs de la Tricoterie. L’objectif du projet  « La Cité des Dames » est de rendre visible la problématique du sans abrisme à Bruxelles et particulièrement celui des femmes.

Projet réalisé avec le soutien de :

>> La Fédération Wallonie-Bruxelles (Un futur pour la Culture)
>> Du Fonds Célina Ramos géré par La Fondation Roi Baudoin
>> La Commune de Saint-Gilles
>> Les ASBL : L’Ilot, Douche Flux, Diogènes, Hobo et le Samu Social
>> L’Espace Magh

Et en partenariat avec :

>> Le Service de la Culture de Saint-Gilles
>> Le Centre Culturel Jacques Franck
>> La Maison du Peuple
>> Collectif Sanguin

Kart #4 | 24h dans la vie d’une personne sans abri : un monde de violences 1024 608 L'Ilot

Kart #4 | 24h dans la vie d’une personne sans abri : un monde de violences

Illustration Gérard Bedoret

On peut être une femme diplômée, une travailleuse opiniâtre, une mère de famille épanouie et tout perdre. On peut aussi avoir, comme moi ou comme certain·es d’entre vous peut-être, les ressources nécessaires pour s’en sortir en cas de pépin.  La frontière est pourtant souvent ténue entre un cadre de vie idyllique et la détresse qui nous mènera au sans-abrisme.

Le sans-abrisme ne se limite pas aux personnes contraintes de dormir dans la rue. La FEANTSA* élargit ce concept aux problèmes de logements précaires ou inadéquats, faisant entrer de fait dans la population dite sans abri l’ensemble des ménages vivant dans des logements trop chers par rapport à leurs revenus, surpeuplés ou insalubres. Avec les crises que traverse aujourd’hui notre société, le nombre de personnes correspondant à ce profil, et donc en risque de perte de logement, va littéralement exploser.

Cela ne surprendra personne, mais le sans-abrisme ne s’anticipe pas. Dans beaucoup de cas, il ne s’annonce pas non plus : aujourd’hui, l’augmentation de la pauvreté fait que de plus en plus de personnes peuvent, du jour au lendemain, se retrouver sans rien.

Et les causes qui peuvent faire basculer vers le rien sont nombreuses : la perte d’un emploi, le faible niveau des revenus, la monoparentalité, les violences conjugales ou intra familiales, les migrations, les problèmes de santé, une rupture familiale ou amoureuse, le manque de logements abordables, le soutien insuffisant accordé aux personnes sortant d’un centre de soin, de l’hôpital, de prison ou d’autres établissements publics, l’extrême fragilité du réseau social et/ou familial. À cette liste déjà trop longue, on doit désormais ajouter l’augmentation du prix de produits de première nécessité et l’explosion des coûts énergétiques.

Le profil de la population sans abri est tout aussi diversifié. Elle ne comprend pas seulement des hommes seuls. Aujourd’hui, ce sont aussi des femmes et des familles, des jeunes, des enfants, des migrant·es et d’autres publics souvent marginalisés.

Sont aussi concernées des personnes en situation d’exclusion en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre. Un public souvent en situation de rupture familiale, livré à lui-même.

La détresse et la brutalité d’une mise à la rue ne connaissent pas d’équivalent en termes d’exclusion et de violence. En quelques jours, en quelques heures parfois, la confrontation avec le réel dépasse l’entendement.

Une spirale infernale qui guette beaucoup plus de monde qu’on ne le voudrait. Le décalage avec sa « vie d’avant » est parfois vertigineux et favorise les fêlures. Seul·e ou accompagné·e, dans la rue, le vide est partout. Et la société, en roue libre, ne s’arrêtera pas : il faut tellement peu de temps pour devenir invisible. Et des années pour tenter se reconstruire.

Les violences psychologiques vécues par les personnes sans abri sont d’autant plus fortes qu’elles s’accompagnent trop souvent de l’absence ou d’une insuffisance de suivi psychosocial de qualité. Le manque de ressources auquel sont confrontées les personnes concernées favorise cette plongée vers l’oubli, particulièrement pour les femmes qui doivent faire face à des structures peu adaptées à leurs besoins spécifiques. C’est pourquoi, en 2023, L’Ilot ouvrira un nouveau Centre de jour réservé aux femmes et exclusivement pensé par et pour elles.

Au contact de la rue, sans logement, sans accompagnement, il faut si peu de temps pour disparaitre et l’on sait les premières heures décisives. C’est sur celles-ci que je veux insister aujourd’hui. Et c’est notamment pour cela que seules des solutions dignes, structurelles et globales sont efficaces à moyen et long termes.

Parce que, en définitive, la situation des personnes sans abri nous concerne toutes et tous.

Ariane Dierickx, directrice de L’Ilot

* La Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les personnes sans abri.

Un Centre de jour par et pour les femmes 1024 608 L'Ilot

Un Centre de jour par et pour les femmes

Alertés par des chiffres qui semblaient incohérents compte tenu de la réalité de la pauvreté des femmes en Belgique mais aussi par des retours de terrain indiquant une grande difficulté de notre secteur à accompagner correctement les femmes vivant en rue, il nous a paru indispensable de mener une étude-action afin de mieux comprendre les trajectoires qui amènent les femmes en rue et sonder leurs besoins spécifiques. C’est ce que nous avons réalisé en 2021 et nos constats sont sans appel : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors qu’elles subissent plus de violences que leurs homologues masculins.

La sous-évaluation du nombre de femmes sans abri est notamment liée à ce qu’on appelle le « sans-abrisme caché » qui les touche davantage : pour éviter la rue, elles dorment une nuit chez une amie, la suivante dans une voiture, etc. et finissent par passer sous les radars, disparaissant des statistiques. Ayant pour la plupart connu des parcours de violences (conjugales et intrafamiliales le plus souvent, mais aussi des violences sexuelles et/ou des violences liées à la traite des êtres humains ou encore à l’exil) avant de perdre leur logement, ces femmes vont, une fois en rue, vivre à nouveau sous la constante menace d’agressions multiples. Elles adoptent donc des stratégies d’invisibilisation : elles se masculinisent, négligent volontairement leur hygiène ou se déplacent sans cesse, ce qui contribue non seulement à les rendre invisibles, mais affecte aussi fortement leur santé physique et mentale.

DÉCOUVREZ LE TÉMOIGNAGE DE SYLVIE*

Face à ces trajectoires faites de violences, l’offre de services proposée par notre secteur n’est pas (suffisamment) adaptée aux besoins des femmes : les structures mixtes ne fonctionnent pas, car elles sont majoritairement occupées par des hommes et la mixité est insurmontable pour certaines victimes de violences graves. De ce fait, les femmes évitent ces lieux, comme en attestent les chiffres de fréquentation de nos services.

Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, nous avons donc développé une série de recommandations pour proposer des solutions dignes et durables à ces constatations, dont la création d’un centre de jour par et pour les femmes.

Dans la lignée de nos valeurs, ce centre sera basé sur l’autonomie des bénéficiaires. Grâce à une formation des équipes sur les violences de genre et sur l’ensemble des enjeux liés aux droits des femmes, il s’agira d’un lieu où les femmes pourront se sentir en sécurité et où leur expérience sera valorisée.

Outre les besoins spécifiques des femmes, cette nouvelle structure aura également un impact sur les enfants. En effet, on sait que près de 20 % d’enfants sans abri dénombrés dans notre secteur accompagnent dans la très grande majorité des cas leur mère, et que les familles monoparentales sont presque exclusivement soutenues à bout de bras par les femmes. En agissant sur les mères, nous évitons que la précarité ne se transmette de génération en génération et que ces enfants ne deviennent, à leur tour, des adultes sans abri.

*prénom d'emprunt

>> Retrouvez notre rapport d'activité dans son intégralité.

8 mars : la pauvreté est bel et bien genrée 1024 420 L'Ilot

8 mars : la pauvreté est bel et bien genrée

Pauvreté individuelle, dépendance financière, taux d’emploi, écarts salariaux... En matière de précarité socio-économique en Belgique, les femmes occupent toutes les premières places.

La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars, c’est l’occasion pour L’Ilot de rappeler que c’est notamment la pauvreté résultant d’emplois mal considérés et précaires qui oblige les personnes – et donc majoritairement les femmes – à vivre constamment à la limite de leurs capacités, mal logées, avec le risque permanent de basculer…

Pas d’argent ? Pas de logement !

L’affirmation semble évidente. Ce qui l’est moins, c’est l’impact de la précarité financière sur le public féminin en particulier. Beaucoup d’indicateurs, notamment ceux que L’Ilot a mis en évidence dans son étude-action « Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité », montrent clairement que les femmes sont, de manière générale, plus pauvres que les hommes :

  • 70 % des personnes en situation de pauvreté individuelle sont de sexe féminin ;
  • en Wallonie, 27,1 % des femmes sont dans une situation de dépendance financière (à un conjoint la majorité du temps) contre 12,3 % des hommes ;
  • les familles monoparentales vivent avec un risque de pauvreté de 41 %. Or, dans 83 % des cas, ces ménages sont en réalité composés d’une femme seule avec un ou plusieurs enfant(s) ;
  • après les familles monoparentales, ce sont les femmes seules de moins de 65 ans qui sont les plus exposées à la pauvreté, avec un risque de 27,6 %.

Cette plus grande précarité des femmes par rapport à leurs homologues masculins fait qu’elles sont notamment plus exposées au mal logement et, dans les situations les plus problématiques, au sans-abrisme. Pour se payer un logement décent, il faut de l’argent ! 

Si la problématique est loin d’être neuve, elle nécessite pourtant, encore et toujours, le développement de solutions structurelles et innovantes, focalisées sur le vécu et la situation particulière des femmes. L’Ilot tient à travailler dans ce sens dans le futur en mettant notamment l’accent sur l’importance de former les travailleurs et travailleuses de terrain aux spécificités liées au genre de la personne sans abri ou mal logée.

Des emplois pénibles, précaires et mal payés

Pour éviter de tomber dans la précarité, il faut entre autres avoir accès à un travail de qualité, bien rémunéré. Et les statistiques montrent encore une fois qu’hommes et femmes ne sont pas égaux face à l’emploi.

La crise sanitaire liée au Coronavirus a en effet révélé à quel point les métiers dits « essentiels », de soins aux autres et à la société, sont principalement exercés par des femmes, dans des conditions de travail aussi pénibles que précaires et avec des salaires très (trop) bas : infirmières, aide-soignantes, caissières, puéricultrices, techniciennes de surface, etc. Plusieurs études ont aussi démontré que la charge du travail domestique et des soins aux enfants a explosé pour les femmes durant les confinements successifs, notamment en raison du télétravail. Les violences conjugales et intrafamiliales ont aussi augmenté, comme a pu le constater notre secteur, manquant de places pour les victimes.

Quelques chiffres – parmi tant d’autres exemples d’inégalités :

· selon les secteurs, 80 à 98% des « héros de la crise » - soit les travailleurs et travailleuses de première ligne – étaient en réalité des héroïnes. Or, la grande majorité d’entre elles gagnent moins que le salaire belge moyen ;

· 81% des travailleurs dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale sont des femmes ;

· l'écart salarial annuel s’élève à 21%, et les pensionnées bénéficient d’une pension 30% inférieure à celles des retraités. Ces écarts sont principalement dus au travail à temps partiel et à la forte présence des femmes dans des secteurs dévalorisés et mal rémunérés, typiquement le secteur du social et du soin ;

· en Wallonie, 68% des travailleuses de l’économie sociale sont à temps partiel (pour 31% des hommes). C’est le cas de 53% des Bruxelloises (et 23% des Bruxellois) ;

· selon une étude de la VUB, les femmes effectuent plus de deux tiers des tâches ménagères. L'institut pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes rappelle qu’un jour de semaine, les hommes consacrent 1h30 de plus que les femmes au travail rémunéré, tandis que les femmes utilisent ce temps supplémentaire pour le soin aux enfants et les tâches domestiques. Les hommes ont aussi 45 minutes de plus de temps libre chaque jour. Ces différences s’accroissent encore le week-end.

Une enquête française a montré que le travail domestique des mères a doublé pendant la crise sanitaire. La crise sanitaire pourrait donc faire reculer de 20 ans les très lentes évolutions en termes de répartition des tâches.

Qui prend soin de celles qui prennent soin ?

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, L’Ilot a décidé de se positionner et de participer à la journée de lutte du 8 mars. Le GRIF(F !), soit le Groupe de Réflexion et d’Initiative Féministes (et Féroces !) de L’Ilot a invité toutes les travailleuses à une journée de partage, de réflexion et de lutte, centrée autour de la problématique du soin des travailleuses du care. Les coordinations et directions de nos différents services de terrain ont tout mis en œuvre pour donner la possibilité aux travailleuses qui le souhaitent d’y participer.

L’initiative sera répétée, chaque année, tant que les femmes de tous les horizons ne seront pas considérées comme égales des hommes, dans le monde du travail et partout ailleurs.