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Kart #4 | « Très vite, il y a tous les classiques de la dégradation psychique qui s’installent » 1024 576 L'Ilot

Kart #4 | « Très vite, il y a tous les classiques de la dégradation psychique qui s’installent »

Illustration Gérard Bedoret

Manu Gonçalves est directeur de l’asbl Messidor-Carrefour, une Initiative d’Habitations protégées (IHP) destinée à la création de lieux de vie permettant la réinsertion de personnes sans abri avec un passif psychiatrique. Fort de sa longue expérience en la matière, il nous éclaire sur l’incidence de la maladie mentale sur le parcours en rue.
Il y a-t-il une prise en compte suffisante des pathologies mentales dans le sans-abrisme ?

La psyché fait partie intégrante de l’humanité. Et sa particularité, c’est qu’elle dérange celui ou celle qui en pâtit et son environnement. Les professionnel·les de la psyché n’ont pas réponse à tout. On minimise à cet égard le travail réalisé par des institutions comme L’Ilot. Vous créez du lien social et cela a une importance considérable dans la stabilisation des personnes. C’est aussi l’esprit-même d’une IHP : penser que la dimension collective et communautaire va faire soin.

Est-ce que le contexte d’une mise à la rue (et de la violence suscitée par cette dernière) peut constituer un accélérateur au développement de pathologies mentales ?

La mise à la rue ne provoque pas la maladie mentale, mais elle fragilise psychologiquement. Et chez les gens qui ont des pathologies, elle va les faire flamber. C’est en cela qu’il y a urgence. Cela dit, une détresse ou une pathologie ne se présente pas en quelques heures.

En revanche, très vite, il y a tous les classiques de la dégradation psychique qui s’installent. Ceux qui vont couper la personne de ses propres sentiments. La preuve, c’est que quand on remet en logement des gens qui ont été à la rue pendant des années, il se peut qu’ils tombent malades. Sans l’avoir jamais été avant. Comme s’il y avait quelque chose où, psychiquement, la rue avait pour effet de mettre la maladie à distance. Et que tout d’un coup, le fait de se retrouver un peu protégé·e, offrait à cette dernière un terreau à nouveau favorable.

Comment traiter des questions de santé mentale quand les besoins primaires ne sont pas eux-mêmes rencontrés ?

On ne fait pas l’un ou l’autre. On fait l’un et l’autre. Parce que c’est le seul moyen d’être utile à la personne tout en lui apportant du soin. C’est ce que vous faites à L’Ilot.

Et cela dépend aussi du rapport de la personne à sa « conscience morbide ». On parle de conscience morbide lorsqu'on veut évoquer la capacité d'un patient, atteint d'un trouble ou d'une pathologie psychiatrique, à se reconnaître comme malade. Malheureusement, le propre des fortes pathologies mentales, c’est qu’il n’y a pas de conscience morbide. Ou très peu. C’est-à-dire que la personne délire, mais ne s’en rend pas compte.

Tant que la personne a un rapport à l’étrangeté de ce qu’elle vit, il y a de la place pour offrir du soin. Quand il n’y en n’a pas, cela complique la donne et le risque de mise en danger devient réel.

Des aspects avec lesquels les travailleuses et travailleurs sociaux se trouvent parfois démunis, par manque de formations spécifiques dans le domaine de la santé mentale. Quelle solution le secteur peut-il faire valoir ?

Effectivement, on ne peut pas demander aux équipes de L’Ilot de faire du soin, du thérapeutique. Ce n’est pas leur métier. Et pourtant, les pathologies mentales font partie intégrante de leur quotidien.

De mon point de vue, il ne faut pas être psychologue ou psychiatre pour être utile à une personne en détresse psychologique. Il y a plein de travailleuses et travailleurs psychosociaux utiles sur les sujets de la santé mentale.

Le problème, c’est que le discours dominant dans notre société, c’est qu’il faut des gens estampillés par la faculté pour pouvoir assurer une prise en charge efficace. Mais de mon point de vue, plus une société est bienveillante, moins il y aura de gens en détresse. À condition de les considérer.

Or, les personnes en détresse psychologique sont quantité négligeable. Ce sont « les hommes infâmes » de Michel Foucault. Ceux se situant en-dessous du prolétariat et devant lesquels on ferme les yeux.

Kart #4 | 24h dans la vie d’une personne sans abri : un monde de violences 1024 608 L'Ilot

Kart #4 | 24h dans la vie d’une personne sans abri : un monde de violences

Illustration Gérard Bedoret

On peut être une femme diplômée, une travailleuse opiniâtre, une mère de famille épanouie et tout perdre. On peut aussi avoir, comme moi ou comme certain·es d’entre vous peut-être, les ressources nécessaires pour s’en sortir en cas de pépin.  La frontière est pourtant souvent ténue entre un cadre de vie idyllique et la détresse qui nous mènera au sans-abrisme.

Le sans-abrisme ne se limite pas aux personnes contraintes de dormir dans la rue. La FEANTSA* élargit ce concept aux problèmes de logements précaires ou inadéquats, faisant entrer de fait dans la population dite sans abri l’ensemble des ménages vivant dans des logements trop chers par rapport à leurs revenus, surpeuplés ou insalubres. Avec les crises que traverse aujourd’hui notre société, le nombre de personnes correspondant à ce profil, et donc en risque de perte de logement, va littéralement exploser.

Cela ne surprendra personne, mais le sans-abrisme ne s’anticipe pas. Dans beaucoup de cas, il ne s’annonce pas non plus : aujourd’hui, l’augmentation de la pauvreté fait que de plus en plus de personnes peuvent, du jour au lendemain, se retrouver sans rien.

Et les causes qui peuvent faire basculer vers le rien sont nombreuses : la perte d’un emploi, le faible niveau des revenus, la monoparentalité, les violences conjugales ou intra familiales, les migrations, les problèmes de santé, une rupture familiale ou amoureuse, le manque de logements abordables, le soutien insuffisant accordé aux personnes sortant d’un centre de soin, de l’hôpital, de prison ou d’autres établissements publics, l’extrême fragilité du réseau social et/ou familial. À cette liste déjà trop longue, on doit désormais ajouter l’augmentation du prix de produits de première nécessité et l’explosion des coûts énergétiques.

Le profil de la population sans abri est tout aussi diversifié. Elle ne comprend pas seulement des hommes seuls. Aujourd’hui, ce sont aussi des femmes et des familles, des jeunes, des enfants, des migrant·es et d’autres publics souvent marginalisés.

Sont aussi concernées des personnes en situation d’exclusion en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre. Un public souvent en situation de rupture familiale, livré à lui-même.

La détresse et la brutalité d’une mise à la rue ne connaissent pas d’équivalent en termes d’exclusion et de violence. En quelques jours, en quelques heures parfois, la confrontation avec le réel dépasse l’entendement.

Une spirale infernale qui guette beaucoup plus de monde qu’on ne le voudrait. Le décalage avec sa « vie d’avant » est parfois vertigineux et favorise les fêlures. Seul·e ou accompagné·e, dans la rue, le vide est partout. Et la société, en roue libre, ne s’arrêtera pas : il faut tellement peu de temps pour devenir invisible. Et des années pour tenter se reconstruire.

Les violences psychologiques vécues par les personnes sans abri sont d’autant plus fortes qu’elles s’accompagnent trop souvent de l’absence ou d’une insuffisance de suivi psychosocial de qualité. Le manque de ressources auquel sont confrontées les personnes concernées favorise cette plongée vers l’oubli, particulièrement pour les femmes qui doivent faire face à des structures peu adaptées à leurs besoins spécifiques. C’est pourquoi, en 2023, L’Ilot ouvrira un nouveau Centre de jour réservé aux femmes et exclusivement pensé par et pour elles.

Au contact de la rue, sans logement, sans accompagnement, il faut si peu de temps pour disparaitre et l’on sait les premières heures décisives. C’est sur celles-ci que je veux insister aujourd’hui. Et c’est notamment pour cela que seules des solutions dignes, structurelles et globales sont efficaces à moyen et long termes.

Parce que, en définitive, la situation des personnes sans abri nous concerne toutes et tous.

Ariane Dierickx, directrice de L’Ilot

* La Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les personnes sans abri.

Une nouvelle Maison d’accueil pour hommes sans chez soi dans la région de Charleroi 1024 682 L'Ilot

Une nouvelle Maison d’accueil pour hommes sans chez soi dans la région de Charleroi

L'Ilot a dernièrement accepté la proposition d'Emmaüs de reprendre la gestion de ses installations à Marchienne-au-Pont, dont une Maison d'accueil pour hommes sans chez-soi. Présentation du projet.

Proposer un hébergement temporaire permet aux personnes accueillies de se reconstruire, de se stabiliser et de faire le point sur leur situation (administrative, familiale, sanitaire, financière, etc.) afin d’envisager à nouveau un projet d’avenir.

Comme chacune des trois autres Maisons d'accueil de L’Ilot, celle de Marchienne-au-Pont est un lieu à taille humaine et avec une capacité d’accueil volontairement limitée (actuellement 12 places) afin de préserver l’intimité et le bien-être de chacun.

Les personnes y bénéficient d'un hébergement, de repas, mais aussi d’un accompagnement psychosocial basé sur les parcours de vie et les besoins spécifiques individuels.

La Maison accueille tout homme sans abri, quels que soient son parcours et son histoire. Il s’agit d’un public confronté à des difficultés sur plusieurs plans : sanitaire, psycho-social, administratif et économique.

Les problématiques rencontrées sont donc également multiples : assuétudes, problèmes de santé mentale, ruptures, surendettement, réinsertion après un séjour en prison, etc.

Les usagers de la Maison d'accueil peuvent également prendre une part active dans les activités de la Recyclerie de L'Ilot installée sur le même site.

Avec désormais deux Maisons d'accueil autour de Charleroi, à Jumet et à Marchienne-au-Pont, L'Ilot  devient l'un des principaux acteurs de la lutte contre le sans-abrisme dans la région.


Contacter la Maison d'accueil pour hommes sans chez soi de L'Ilot à Marchienne-au-Pont :

071/49.71.20

Rue de Beaumont 344 à 6030 Marchienne-au-Pont

La Recyclerie de L’Ilot : un projet d’économie sociale et circulaire 1024 766 L'Ilot

La Recyclerie de L’Ilot : un projet d’économie sociale et circulaire

Depuis 2022, la Recyclerie de L'Ilot à Marchienne-au-Pont propose à la revente des objets de toutes sortes collectés auprès de donatrices et donateurs de la région. La Recyclerie permet également aux hommes sans abri de la maison d'accueil de L'Ilot, installée sur le même site, de s'impliquer dans un véritable projet d'économie sociale et circulaire.

recyclerie@ilot.be | 071/51.70.63 | page Facebook
344 rue de Beaumont - 6030 Marchienne-au-Pont (entrée via la rue Matadi, à côté du cimetière, entre le n°14 et le n°16)
Horaire du magasin : mercredi à vendredi (13h-18h) + le samedi (10h-16h)
Horaire des dons : du lundi au vendredi (9h-12h et 13h-16h30) + le samedi (10h-12h)

La Recyclerie de L'Ilot est un véritable projet d’économie sociale et circulaire dans lequel les usagers de la maison d'accueil pour hommes sans chez-soi attenante peuvent pleinement s'impliquer.

La Recyclerie récupère des objets divers (vaisselle, mobilier, vêtements hommes / femmes / enfants, jeux/jouets, livres, etc.) auprès de donateurs∙trices, les remet en état si nécessaire et les propose à la vente sur son site de plusieurs centaines de m² à Marchienne-au-Pont.

La Recyclerie collabore étroitement avec le Service d'Installation en logement (SIL) de L'Ilot qui récupère également du mobilier en région bruxelloise pour le proposer gratuitement à des personnes sans chez-soi lors de leur entrée en logement.

Toutes les actus (arrivées, promos...) en direct sur Facebook !

Don matériel

Meubles, électroménager, livres, vêtements... sont les bienvenus à condition qu'ils soient en BON état. Pour un enlèvement à domicile, veuillez nous envoyer plusieurs photos des objets à collecter, votre adresse et votre numéro de téléphone à recyclerie@ilot.be.
Nous ne prévoyons pas de collectes à domicile pour des objets qui rentrent dans une voiture.

Pour contacter la Recyclerie :
• 344 rue de Beaumont, 6030 Marchienne-au-Pont
• recyclerie@ilot.be
• 071/51.70.63
• La page Facebook de la Recyclerie
Crisis : une approche globale centrée sur la personne pour mettre fin au sans-abrisme. 1024 576 L'Ilot

Crisis : une approche globale centrée sur la personne pour mettre fin au sans-abrisme.

D'après l'article d'Eva Salman | Bruss'help 

Le projet Right First, coordonné par Bruss’help et porté par DIOGENESHoboL’Ilot et le New Samusocial, reconsidère les processus actuels d'accompagnement des personnes vulnérables et les politiques visant à faciliter leur accès aux droits sociaux. Les différents partenaires ont dernièrement rencontré Crisis, une association du Royaume-Uni dont le projet Skylight est une réelle source d'inspiration pour Right First. Explications.

Face à la crise croissante du sans-abrisme au Royaume-Uni dans les années soixante, l’organisation caritative Crisis est créée en 1967 pour apporter des solutions nouvelles. Depuis, elle a acquis une renommée nationale et a aidé des dizaines de milliers de personnes à sortir du sans-abrisme.

Elle développe au début des années 2000 le projet Skylight et ouvre les portes de son premier centre d'éducation et de formation à Londres. Ce modèle innovant propose des activités et un soutien aux personnes sans-abri ou mal logées qui ne peuvent souvent pas rester dans les foyers pour sans-abri pendant la journée.

Le modèle Skylight a aujourd’hui été étendu dans 11 centres à travers l'Angleterre, l'Écosse et le Pays de Galles. Ces centres soutiennent chaque année environ 10 000 sans-abri et personnes vulnérables pour trouver un logement sûr, acquérir de nouvelles compétences mais aussi des conseils en matière de bien-être et de sécurité.

Un modèle holistique unique par son processus d’accompagnement

L’évolution exponentielle du modèle Skylight n’est pas due au hasard : ce projet construit sur la méthodologie du « Case management » propose un service d’accompagnement unique faisant collaborer l’ensemble des acteurs impliqués.

C’est en s’appuyant sur une étude du SCIE (Social Care Institute for Excellence, Rapid Evidence Assessment) que Crisis développe sa formule Skylight. Cette étude préconise une approche centrée sur la personne, ses forces et ses besoins, et suggère d’appliquer un Case Management intensif.
Le Case Management appliqué par Crisis consiste donc en une gestion et une centralisation du parcours du bénéficiaire : toutes les actions entreprises par l’organisation et ses partenaires sont documentées.

Les avantages de ce processus de documentation sont multiples. Premièrement, il contribue à protéger les vulnérabilités car il assure la cohérence et la continuité de l’aide à la personne. Il permet aussi de suivre les progrès des bénéficiaires. En outre, cette méthode a de nombreux avantages en termes de gestion interne. Elle permet une coordination efficace, mais aussi une visibilité de la cohérence du travail effectué ou une remise en question plus ciblée au besoin.

Afin de conduire le processus d’accompagnement de manière optimale, un coach doit être désigné pour agir comme point de contact principal. Il joue alors un rôle primordial dans l’élaboration du plan d’action, la coordination du processus et l’évaluation des progrès effectués. Ce coach principal dispose à tout moment d’une visibilité sur le parcours des personnes qu’il suit, grâce à la documentation et à la centralisation des données entre les différents intervenants, et quel que soit leur secteur d’action. C’est en ce sens qu’un outil de travail et d’évaluation digital unique a été élaboré.

La conception d’une solution taillée sur mesure

MAPS (Member Achievement Progression System) est une plateforme créée spécialement pour supporter le travail des accompagnateurs. Elle apporte une structure au travail des intervenants en signalant les tâches essentielles et les évaluations à mener, et une vision d’ensemble du dossier en mettant en avant les progrès accomplis et les difficultés rencontrées. Il est également un outil essentiel pour communiquer entre les intervenants et coordonner leur travail.

Lorsqu’un nouveau bénéficiaire se présente à un centre Skylight, il remplit un formulaire de contact initial sur la plateforme afin de lancer son plan de sécurité et d’inclusion. Le plan est créé sur mesure en fonction de la situation et des besoins de la personne. Après ce premier contact, un coach principal est rapidement assigné pour accompagner le bénéficiaire. Chaque étape et prise de contact sera alors documentée par l’ensemble des intervenants de manière à suivre son évolution et à retracer avec exactitude le parcours suivi.
Des évaluations régulières sont organisées de manière à faire un point sur la progression et à adapter le plan d’action au besoin.

Enfin, l’outil MAPS a été conçu avec une interface conviviale et intuitive pour être accessible à tous et encourager le bénéficiaire et les travailleurs à l’utiliser de manière assidue.

Une source d’inspiration pour le projet Rights First

Crisis est partenaire du projet Rights First et a déjà délivré plusieurs modules de formation à notre équipe bruxelloise. Son projet est une source d’inspiration et de réflexion dans l’élaboration de notre outil de monitoring, actuellement en plein développement.

Le projet Rights First adopte également une approche holistique dans l’accompagnement d’un échantillon de 375 personnes. Pour mesurer son efficacité, l’un des enjeux consiste à créer un système de monitoring et d’évaluation à la fois adapté à l’ensemble des acteurs et propice à une observation complète des progrès réalisés.

Nous remercions donc chaleureusement Crisis pour son enseignement riche en apprentissages et qui nous donne une inspiration certaine pour étoffer un outil clé du projet Rights First.

* Toutes les informations divulguées ne reflètent que l’opinion de l’auteur. Dès lors, la Commission européenne n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait de ces informations.

Illustratie : Prisca Jourdain
Une guidance à domicile dans la prévention du sans-abrisme 1024 712 L'Ilot

Une guidance à domicile dans la prévention du sans-abrisme

L’explosion des coûts énergétiques et l’inflation généralisée ont poussé un grand nombre de personnes vers la précarité. Trouver un nouveau logement pour les personnes sans abri est une première étape ; encore faut-il qu’elles parviennent à le conserver.

C’est pourquoi le développement d’une offre de logements dignes, accessibles et durables est indissociable d’une guidance à domicile régulière et coordonnée. Cette mission est celle de nos deux Services d’Accompagnement À Domicile (S.Ac.A.Do.), l’un actif à Bruxelles, l’autre dans la région de Charleroi. En s’adaptant au rythme de la personne ou de la famille relogée, ils jouent un rôle primordial dans sa nouvelle vie et agissent sur de multiples facettes pour qu’elle puisse s’approprier son logement et s’y stabiliser.

Quelques actions concrètes menées par les services S.Ac.A.Do. : recevoir un soutien administratif pour gérer la paperasse, bénéficier d’une guidance budgétaire pour prioriser le paiement des factures et des dettes, entendre les conseils de professionnel·les pour mieux comprendre et obtenir les aides sociales auxquelles on a droit, être accompagné·e lors d’une inscription en maison médicale ou lors de la recherche d’un logement plus digne ou plus adapté à ses moyens, apprendre à recréer du lien social ou encore à s’intégrer dans le quartier… Parfois, tout simplement, se sentir écouté·e et bénéficier d’un soutien psycho-social pour ne pas craquer…

Un réseau soutenant tissé autour de la personne est une condition importante avant de mettre fin à son accompagnement. Quand celle-ci va mieux sur le plan financier, médical, administratif, du logement, etc., se pose la question de la solitude et de la peur de se retrouver seul·e entre quatre murs. Cette solitude risque fortement de créer de nouvelles problématiques (alcoolisme, repli sur soi, tentation de retour en rue pour retrouver son ancien réseau de survie, etc.).

En 2021, une de nos équipes S.Ac.A.Do. a ainsi accompagné Marie qui payait un loyer de 900 euros avec un revenu du CPAS au taux isolé avoisinant le même montant, l’empêchant fort logiquement de vivre décemment. Suite à un accident de travail, Marie avait vu ses capacités cognitives diminuées. Nous l’avons donc soutenue dans ses démarches auprès du Service Public Fédéral Sécurité Sociale afin d’obtenir une reconnaissance comme personne handicapée. Elle a finalement eu droit à un revenu complémentaire lui permettant ainsi de pouvoir vivre plus décemment.

En 2020, la crise sanitaire nous avait contraints à adapter notre manière de travailler et à cesser les visites à domicile. Le manque de contacts avait fortement impacté les personnes accompagnées : elles avaient énormément souffert de solitude, ayant par ailleurs peu de contacts sociaux et un réseau familial quasi inexistant.

Durant cette année, nous avons plus que jamais compris l’importance de notre travail et d’un de nos lieux essentiels d’action : le domicile des personnes. C’est pourquoi, en 2021, nous avons fait de la reprise des visites à domicile une priorité. Bien entendu, celles-ci ont été réalisées dans le plus grand respect des mesures sanitaires. Nous avons également repris l’organisation d’activités collectives, qu’elles soient culturelles, sociales ou récréatives. Pique-nique, cinéma-débat, bowling ou encore visite du marché de Noël ont ainsi été mis en place pour briser le cycle de la solitude initié par la pandémie.

 

>> Retrouvez notre rapport d'activité dans son intégralité.

Un Centre de jour par et pour les femmes 1024 608 L'Ilot

Un Centre de jour par et pour les femmes

Alertés par des chiffres qui semblaient incohérents compte tenu de la réalité de la pauvreté des femmes en Belgique mais aussi par des retours de terrain indiquant une grande difficulté de notre secteur à accompagner correctement les femmes vivant en rue, il nous a paru indispensable de mener une étude-action afin de mieux comprendre les trajectoires qui amènent les femmes en rue et sonder leurs besoins spécifiques. C’est ce que nous avons réalisé en 2021 et nos constats sont sans appel : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors qu’elles subissent plus de violences que leurs homologues masculins.

La sous-évaluation du nombre de femmes sans abri est notamment liée à ce qu’on appelle le « sans-abrisme caché » qui les touche davantage : pour éviter la rue, elles dorment une nuit chez une amie, la suivante dans une voiture, etc. et finissent par passer sous les radars, disparaissant des statistiques. Ayant pour la plupart connu des parcours de violences (conjugales et intrafamiliales le plus souvent, mais aussi des violences sexuelles et/ou des violences liées à la traite des êtres humains ou encore à l’exil) avant de perdre leur logement, ces femmes vont, une fois en rue, vivre à nouveau sous la constante menace d’agressions multiples. Elles adoptent donc des stratégies d’invisibilisation : elles se masculinisent, négligent volontairement leur hygiène ou se déplacent sans cesse, ce qui contribue non seulement à les rendre invisibles, mais affecte aussi fortement leur santé physique et mentale.

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Face à ces trajectoires faites de violences, l’offre de services proposée par notre secteur n’est pas (suffisamment) adaptée aux besoins des femmes : les structures mixtes ne fonctionnent pas, car elles sont majoritairement occupées par des hommes et la mixité est insurmontable pour certaines victimes de violences graves. De ce fait, les femmes évitent ces lieux, comme en attestent les chiffres de fréquentation de nos services.

Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, nous avons donc développé une série de recommandations pour proposer des solutions dignes et durables à ces constatations, dont la création d’un centre de jour par et pour les femmes.

Dans la lignée de nos valeurs, ce centre sera basé sur l’autonomie des bénéficiaires. Grâce à une formation des équipes sur les violences de genre et sur l’ensemble des enjeux liés aux droits des femmes, il s’agira d’un lieu où les femmes pourront se sentir en sécurité et où leur expérience sera valorisée.

Outre les besoins spécifiques des femmes, cette nouvelle structure aura également un impact sur les enfants. En effet, on sait que près de 20 % d’enfants sans abri dénombrés dans notre secteur accompagnent dans la très grande majorité des cas leur mère, et que les familles monoparentales sont presque exclusivement soutenues à bout de bras par les femmes. En agissant sur les mères, nous évitons que la précarité ne se transmette de génération en génération et que ces enfants ne deviennent, à leur tour, des adultes sans abri.

*prénom d'emprunt

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Service d’Installation en Logement 1024 734 L'Ilot

Service d’Installation en Logement

Déménagement, emménagement, mise à disposition de matériel et de meubles, installation de mobilier, nettoyage, réparations, petits travaux, sont autant d’actions concrètes offertes par le SIL, notre Service dʼInstallation en Logement, qui travaille dans une démarche sectorielle pour l’ensemble des personnes sans abri fréquentant des services bruxellois.

Créé en plein milieu de la crise sanitaire, le SIL est actif depuis novembre 2020 et a pour mission de proposer un accompagnement logistique aux personnes sans abri lors de leur mise en logement. Il les aide à s’approprier leur nouveau lieu de vie pour qu’elles se sentent vraiment chez elles. Choisir (et recevoir gratuitement) des meubles, de l’électroménager, des éléments de décoration et autres, contribue à personnaliser le nouvel intérieur, ce qui renforce la dignité des personnes accompagnées et leur lien à leur logement, augmentant leurs chances de le garder.

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2021 : Prévenir le sans-abrisme en profondeur 1024 923 L'Ilot

2021 : Prévenir le sans-abrisme en profondeur

L’année 2020 a été, comme chacun et chacune sait, particulièrement difficile sur les plans psychologique et social. L’ensemble de nos services ont dû adapter leur mode de fonctionnement en respectant les directives pour contrer la pandémie. Les confinements successifs, les règles sanitaires et la distanciation sociale ont stoppé bon nombre d’activités essentielles pour maintenir le lien avec les personnes et reconstruire l’estime de soi.

Une de nos priorités pour 2021 était donc de tisser et renforcer les liens entre les travailleurs et travailleuses d’un côté et les usagers et usagères de l’autre. Notre leitmotiv, c’est la fin du sans-abrisme via des solutions de logement structurelles, dignes et durables. Notre action dans le domaine est donc proportionnelle aux besoins des personnes que nous accompagnons : importante et multiple. La prévention du sans-abrisme fait partie intégrante de l’approche de LʼIlot. Elle est au cœur de toutes nos réflexions orientées vers les personnes en risque de sans-abrisme.

Sur le terrain, cela se concrétise notamment par les Services dʼAccompagnement À Domicile (S.Ac.A.Do.) et dʼInstallation en Logement (SIL). Avec l’aggravation de la crise socioéconomique qui a directement suivi celle du COVID et qui a été récemment amplifiée par la crise de l’énergie et l’effondrement du pouvoir d’achat des ménages, nos actions de prévention se révèlent plus essentielles que jamais : accompagner les personnes en risque de sans-abrisme pour leur éviter une perte de logement est aussi important qu’accompagner les personnes ayant déjà perdu leur logement. Le risque de sans-abrisme concerne aujourd’hui très concrètement un nombre considérable et continuellement croissant de personnes et de familles. Les accompagner aujourd’hui, c’est freiner l’augmentation du nombre de personnes en rue demain. Pour toutes ces personnes qui, chaque jour, doivent choisir entre payer le loyer ou remplir le frigo, la visite de nos équipes est indispensable. Il s’agit de se sentir un peu mieux chez soi et de pouvoir y rester.

Pour LʼIlot, l’enjeu est de taille : prévenir le sans-abrisme en profondeur. Loin d’une conception humanitaire ou caritative de l’aide aux personnes, les services de LʼIlot s’inscrivent dans une vision qui promeut la justice sociale et ont pour objectif de lutter contre le sans-abrisme par le rétablissement des droits des personnes. Cette conception du travail social privilégie les solutions sur le long terme, en incluant activement les personnes bénéficiaires dans la démarche proposée. Il s’agit de rendre les personnes actrices de leur avenir et d’ouvrir la voie vers l’autonomie et l’émancipation.

 

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Vague de chaleur : les personnes sans abri en danger 786 519 L'Ilot

Vague de chaleur : les personnes sans abri en danger

La vague de chaleur qui survient fragilisera à nouveau largement les publics vivant en rue : pas d’accès à de l’eau fraiche, à une douche pour se rafraichir, à un local tempéré… Ainsi, une période qui est déjà difficile pour tous et toutes devient insupportable pour les personnes sans abri.

La mobilisation politique et citoyenne vis-à-vis des personnes sans abri se focalise trop souvent sur la phase hivernale. Pourtant, ce n’est pas forcément l’hiver qui est la période durant laquelle il y a le plus de décès parmi les gens à la rue. Le « Collectif les Morts de la Rue » recense les décès à Bruxelles et ses chiffres, année après année, démontrent qu’autant de personnes sans abri décèdent dans la rue en été qu'en hiver.

À Bruxelles, et de manière générale dans les villes en Belgique, l’accès à des points d’eau potable dans les espaces publics est beaucoup trop rare. Sans le travail associatif visant à apporter des bouteilles d’eau en rue, il y a de vrais risques de déshydratation des populations y vivant.

Les publics particulièrement touchés par les problèmes d’assuétude présentent des risques encore plus élevés : pas assez hydratés, trop exposés au soleil, sans vêtements adaptés... Ce qui peut mener à l’hyperthermie. Cet enjeu n’est pas juste celui de cette semaine : nous savons que les vagues de chaleur vont être de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique. Nous devons nous y préparer.

« Il y a donc un enjeu à revoir la manière dont ces phénomènes de vagues de chaleur sont abordés », explique Ariane Dierickx, Directrice de L’Ilot asbl.
« De la même manière que les médias commencent à interroger l’imagerie utilisée pour l’illustrer, les pouvoirs publics doivent chercher à apporter des solutions structurelles. Nous sommes face aux effets concrets du réchauffement climatique, il n’y aura pas de retour en arrière. Il s’agit donc de considérer cette réalité comme structurelle. »

Parmi les solutions apportées par L’Ilot : distribution d’eau gratuite sur le Parvis de Saint-Gilles (via le Centre de jour), accueil au sein de ce même Centre pour des douches, repas, etc. et des solutions d’hébergement au sein de nos Maisons pour les personnes fragilisées.

L’Ilot en deux mots
L’Ilot a pour mission de répondre aux besoins rencontrés par les personnes sans abri et en situation de grande précarité en organisant entre autres une offre de services de première nécessité, d’accueil et d’hébergement temporaire, de création et de captation de solutions de logement dignes et durables, ainsi que de guidance à domicile pour les personnes récemment relogées.

Contacts
Jérémie Mercier | Responsable de la communication | 0472/54.00.09 | j.mercier@ilot.be
Aude Garelly | Conseillère de direction | 0473/42.48.03 | a.garelly@ilot.be

Le communiqué de presse dans son intégralité