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Aurélie Van De Walle

Kart #7 | « L’école est importante, mais tant qu’il n’y a pas d’hébergement, il n’y aura pas de sécurité. » 1024 576 L'Ilot

Kart #7 | « L’école est importante, mais tant qu’il n’y a pas d’hébergement, il n’y aura pas de sécurité. »

Riche d'une forte expérience dans le secteur de la eunesse et de la protection de la jeunesse, Solayman Laqdim est depuis janvier dernier le nouveau Délégué Général aux Droits de l'Enfant (DGDE). Un poste qui compte et une place à part pour observer la situation spécifique des mineur·es en situation de sans-abrisme.
Mr Laqdim, pendant vingt ans, vous avez œuvré dans le secteur de la jeunesse et de la protection de la jeunesse. Désormais DGDE, quel bilan tirez de la situation actuelle concernant les jeunes en errance et leur rapport à la scolarité ?

Vous avez raison, mon ADN, c’est l’aide et la protection de la jeunesse. Pendant vingt ans, j’ai vu beaucoup de jeunes sortir d’institutions spécialisées dans l’aide et la protection à la jeunesse et qui, quelques années après leur majorité, basculaient dans le sans-abrisme et dans l’errance. Les chiffres sont dramatiques. Ma conclusion, c’est que les réponses en forme de palliatif offertes aujourd’hui ne conviennent pas. La solution doit être préventive. Parce que quand vous êtes placé en institution jusqu’à vos 18 ans, le retour à l’autonomie est toujours compliqué. D’autant plus pour des publics qui sont des vulnérables parmi les vulnérables.

Qu’est-ce que vous appelez des vulnérables parmi les vulnérables ?

Déjà, la question des 18-25 ans est prioritaire. On a là la tranche d’âge la plus représentée au niveau du revenu d’intégration sociale. Avec des chiffres qui montent dans la Région de Charleroi jusqu’à 40 %.

Mais être une femme en rue, c’est encore une vulnérabilité en plus. Être une très jeune femme, avec les parcours terribles en matière de trafic d’êtres humains qui sont souvent les leurs, c’est encore une vulnérabilité en plus. Il y a aussi les MENA (ndlr : Mineurs Étrangers Non Accompagnés) bien sûr. Et un troisième secteur qui passe sous les radars, ce sont les jeunes avec handicap. La question centrale pour tous ces gens, c’est comment favoriser leur autonomie sans qu’ils basculent dans l’errance.

Et comment justement ?

La priorité, pour moi, c’est l’hébergement. Avant la scolarité. L’école ne redevient importante qu’une fois les situations individuelles stabilisées. Et la sécurité offerte. L’école est importante, mais quand on cumule toutes les difficultés propres à ces publics-là, on se rend compte que tant qu’il n’y a pas d’hébergement, il n’y aura pas de sécurité. Moi, je suis un fervent défenseur du Housing First. Et toutes les études démontrent à quel point cela fonctionne bien. Et puis, il y a la question de l’hébergement inconditionnel. Celui qui ne doit pas être trop restrictif dans ses conditions d’accueil.  Malheureusement, à Bruxelles, il y en a très peu. Donc, on se retrouve avec des jeunes qui ont des trajectoires de délinquance et des parcours de vie dans l’ensemble très cabossés, mais des institutions incapables de les prendre en charge par manque de moyens.

Nos institutions travaillent notamment en direction de très jeunes enfants avec parents. Que pensez-vous de l’idée que ces publics soient considérés comme prioritaires en matière de relogement ? 

Il y a tellement de publics précaires aujourd’hui, que la tentation c’est parfois de prioriser. De donner la priorité au « plus pire ». Parfois, cela en devient absurde. Avec les MENA, par exemple, comme il y a un déséquilibre avec les tuteurs, on favorise les situations avec une procédure judiciaire en cours. On peut en rire ou en pleurer, mais il y a des jeunes qui commettent des faits de délinquance pour pouvoir obtenir un tuteur. Tout ça pour dire que c’est toujours dangereux de prioriser.

La question migratoire est centrale parce qu’on sait que la méconnaissance d’une langue est un accélérateur en matière de décrochage scolaire. Comment réintégrer ces jeunes-là par l’école ?

Un accès aux droits compliqué, c’est là encore un accélérateur de vulnérabilité. Le paradoxe, c’est qu’on sait que l’école ouvre à toute une série de droits. Par exemple, un MENA, pour pouvoir avoir accès à une mutuelle, doit être scolarisé pendant trois mois. Normalement, une école ne peut pas refuser une inscription, sauf pour certains motifs. Mais dans les faits, la plupart des MENA qui se présentent dans une école sans tuteur pour les y accompagner se font remballer. Sans possibilité de se défendre, par méconnaissance des règles ou de la langue. La maitrise de cette dernière est centrale. Et on dit qu’il faut sept ans d’immersion pour pouvoir bien maitriser une langue…

Quelles solutions mettre en place pour pallier ce cloisonnement de fait ?

C’est une question compliquée. Surtout si on se concentre sur les jeunes qui ne sont pas scolarisables, qui ne sont jamais allés à l’école, qui ont connu la guerre depuis leur naissance, qui ont fait une route migratoire jusqu’ici et qui sont dans l’errance chez nous aujourd’hui. Scolariser des gens qui n’ont jamais été alphabétisés, c’est très compliqué. Des initiatives existent, mais elles fonctionnent avec très peu de moyens. Je pense à « La Petite École » dans les Marolles. On y pratique un enseignement très soft, mais l’objectif là-bas, c’est la remise en condition. Pour faire en sorte que ces jeunes puissent se resociabiliser. Voilà un type d’expérience probante. Il y en a d’autres. Les dispositifs DASPA (Dispositif d'Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants et Assimilés) par exemple. Là, on travaille avec des publics qui ont été scolarisés dans le passé, mais qui ne parlent pas la langue. Mais c’est un dispositif qui souffre d’un énorme décalage entre l’offre et la demande. Notamment en milieu urbain où il manque cruellement de places. Et puis le gros enjeu aussi, c’est la transition entre ces dispositifs DASPA et l’enseignement ordinaire. Là, il manque quelque chose.

Comment envisager positivement l’avenir dans ces conditions ?

Cela passera par une politique sociale ambitieuse. Par une politique d’accompagnement parental de qualité, bienveillante et qui respecte les choix éducatifs. Par plus d’inclusion à l’école. Plus de démocratie. Plus d’équité. Mais pour ça, il faut parvenir à sortir de cette logique de l’immédiateté. Même s’il faut reconnaitre que sur l’enseignement, avec le Pacte pour un Enseignement d’Excellence, c’est la première fois dans l’histoire récente politique que je vois quelque chose où on est dans une démarche sur du temps long. Et l’horizon aujourd’hui, c’est 2030.

On peut discuter du fond, mais c’est sain parce qu’il y a une vision. Et qu’on ne change pas les choses tous les cinq ans.

L'interview de Solayman Laqdim, nouveau Délégué Général aux Droits de l'Enfant (DGDE).

Soutenez L’Ilot via votre contrat d’assurance ! 1024 576 L'Ilot

Soutenez L’Ilot via votre contrat d’assurance !

À la rentrée, L’Ilot ouvrira les portes du premier Centre de jour par et pour les femmes sans abri à Bruxelles. Un endroit où elles pourront enfin se sentir en sécurité et échapper aux violences verbales, physiques et sexuelles dont elles sont trop souvent la cible en rue.

Nous avons une proposition à vous faire pour continuer à soutenir les initiatives de L’Ilot sans pour autant dépenser plus d’argent : en réévaluant votre contrat d’assurance habitation avec DAP Solidarity !

Si vous acceptez leur offre, DAP s’engage en effet à reverser une partie de votre prime d’assurance à l’association de votre choix. Pourquoi ne pas soutenir L’Ilot directement via votre contrat d’assurance en choisissant DAP Solidarity ?

Dénombrement 2022 – Le nombre de femmes et d’enfants en situation de sans-abrisme et mal logement en augmentation 1024 683 L'Ilot

Dénombrement 2022 – Le nombre de femmes et d’enfants en situation de sans-abrisme et mal logement en augmentation

Photo : ©Chloé Thôme

7.134, C'EST LE NOMBRE DE PERSONNES QUI EN NOVEMBRE DERNIER ÉTAIENT EN SITUATION DE SANS-ABRISME OU DE MAL LOGEMENT EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE. C’EST 18,9 % (5.313 PERSONNES) EN PLUS QU’EN 2020.

Bruss’help vient de rendre publics les résultats de son dénombrement de personnes sans abri en Région de Bruxelles-Capitale, effectué en novembre dernier et auquel ont pris part de nombreuses associations du secteur – dont L’Ilot – et des volontaires sensibilisé∙e∙s aux droits humains.

S’il faut saluer les progrès réalisés par l’institution bruxelloise pour élargir le prisme lors de ce dénombrement et, ainsi, mieux prendre en compte les personnes sans abri évoluant « sous les radars » (qui ne fréquentent pas les services dédiés ou qui transitent d’un lieu d’hébergement à un autre – chez des amis, dans la famille, etc. – ou menacées d’expulsion), les chiffres continuent à interpeler : ce sont près de 7200 personnes qui sont considérées sans-chez-soi à Bruxelles !

Parmi celles-ci, deux catégories de personnes retiennent toute notre attention : les femmes et les enfants. Si la proportion de femmes sans abri tend à diminuer (de 20,9% à 18,0%), leur nombre absolu est plus élevé qu’il y a deux ans : 1.283 contre 1.110 en 2020. La part d’enfants sans-chez-soi est également interpellante : les mineur∙e∙s représentent 13,7 % des personnes dénombrées.

Ces deux données nous confirment encore une fois que les actions que nous menons pour rendre nos services accessibles aux personnes les plus précarisées et vulnérables sont indispensables. Et que la lutte pour la fin du sans-abrisme n’en n’est qu’à son commencement.

L’Ilot fait reculer le sans-abrisme partout à Bruxelles et en Wallonie 1024 576 L'Ilot

L’Ilot fait reculer le sans-abrisme partout à Bruxelles et en Wallonie

Photo : ©Arnaud Ghys

Chaque homme, femme et enfant que L’Ilot accompagne vers la sortie de rue est une victoire contre le sans-abrisme et la grande pauvreté. Grâce au travail sans relâche de ses travailleurs et travailleuses, mais aussi grâce aux bénévoles, L’Ilot fait reculer chaque jour le sans-abrisme partout à Bruxelles et en Wallonie.

L’ensemble des dispositifs déployés au sein de notre association visent ce seul et même objectif : éradiquer le sans-abrisme et lutter contre la très grande précarité !

Grâce à notre longue expérience de plus de 60 ans auprès des personnes sans chez-soi, nous proposons une offre large et diversifiée de services de première nécessité.

Ouverts 365 jours par an, nos services s’articulent autour de 5 axes de travail : l’accueil d’urgence, l’hébergement temporaire, la formation et l’emploi, le logement et la santé alimentaire.

Chaque année, L’Ilot accompagne plus de 1500 personnes, hommes, femmes et enfants, vers des solutions dignes et durables via ses Centres d’accueil de jour, ses Maisons d’accueil, ses projets d’économie sociale et ses services orientés vers le logement (Captation et Création de Logements, Service d’installation en Logement, Services d’Accompagnement à Domicile).

Les missions que L’Ilot réalise sont en partie rendues possibles grâce au soutien des autorités publiques mais ne pourraient se passer de l’implication et de la générosité de nos donatrices et donateurs. C’est grâce aux dons de ces derniers, matériels et financiers, que nous gagnons chaque jour du terrain sur le sans-abrisme et l’extrême pauvreté pour que des femmes, des hommes et des enfants puissent retrouver des conditions de vie dignes et durables.

Merci à vous pour votre confiance et votre fidélité !

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Pour contacter L'Ilot :
• info@ilot.be - 02 537 20 41
• Rue de l’Église, 73 - 1060 Bruxelles
Création du premier Centre de jour par et pour les femmes 1024 576 L'Ilot

Création du premier Centre de jour par et pour les femmes

Le nouveau Centre de jour offrira du répit dans un espace sécurisant aux femmes et à leur(s) enfant(s)). ©Arnaud Ghys

Grâce au travail assidu des équipes de L’Ilot tout au long de l’année 2022, notre Centre d’accueil de Jour pour femmes a pu ouvrir ses portes en 2023.

Destiné exclusivement aux femmes sans abri ou en risque de sans-abrisme et composé d’une équipe éducative exclusivement féminine, ce nouveau dispositif a ouvert, dans un premier temps, sur le Parvis de Saint-Gilles à la place de l’actuel Centre de jour mixte qui sera, lui, prochainement installé au numéro 73 rue de l’Église.

À terme, nous espérons pouvoir installer définitivement le Centre de jour pour femmes dans un autre bâtiment plus adapté aux besoins de ce service.

Ouvert dans un premier temps 5 jours sur 7, le Centre de jour pour femmes vise à offrir un espace sécurisant et un moment de répit aux femmes en situation de grande précarité. Dans un premier temps, il pourra accueillir une soixantaine de femmes, davantage lorsque le Centre déménagera dans un bâtiment plus adapté.

Le constat est implacable : la pauvreté touche davantage les femmes que les hommes et ce, pour des raisons multiples : écart salarial femmes/hommes, les familles monoparentales sont portées à plus de 80% par des femmes, inégalité de pensions, etc.
L’importance de la non-mixité

C’est un fait : dans la rue, les femmes sont victimes de violences multiples et en particulier de violences sexuelles. Pour répondre à leurs besoins urgents (manger, se poser, prendre une douche, etc.), il est nécessaire qu’elles puissent disposer d’un endroit où elles se sentent en sécurité, entre elles dans un premier temps et à l’abri de la rue et de ses violences.

Ce temps de pause est indispensable pour ensuite pouvoir rebondir et construire un nouveau projet de vie (recouvrer ses droits, trouver un logement, entamer une formation ou commencer un nouvel emploi, etc.). Grâce à notre accompagnement psychosocial, les femmes pourront obtenir une aide personnalisée qui respecte leur trajectoire de vie et leur rythme.

Ce projet innovant est né d’un double constat : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors qu’elles subissent plus de violences et de discriminations que leurs homologues masculins.

C’est ce qui est ressorti de notre étude-action menée en 2021.

La sous-évaluation du nombre de femmes sans abri est notamment liée à ce qu’on appelle le « sans-abrisme caché » qui les touche davantage : pour éviter la rue, elles dorment une nuit chez une amie, la suivante dans une voiture, etc. et finissent par passer sous les radars de l’aide sociale, disparaissant des statistiques.

Ayant pour la plupart connu des parcours de violences avant de perdre leur logement, ces femmes vont, une fois en rue, vivre à nouveau sous la constante menace d’agressions multiples. Elles adoptent donc des stratégies d’invisibilisation (masculinisation, déplacements incessants, manque d’hygiène comme repoussoir, etc.). Ces stratégies de survie les rendent non seulement invisibles, mais affectent aussi fortement leur santé physique et mentale.

Face à ces trajectoires faites de violences, l’offre de services proposée par notre secteur n’est pas (suffisamment) adaptée aux besoins des femmes : les structures mixtes ne fonctionnent pas car elles sont majoritairement occupées par des hommes et la mixité est insurmontable pour certaines victimes de violences graves. D’autant que ces espaces sont généralement exigus, contraignant les personnes à une promiscuité importante. De ce fait, les femmes évitent ces lieux, comme en attestent les chiffres de fréquentation de nos services.

Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, nous avions développé une série de recommandations pour proposer des solutions dignes et durables adaptées aux besoins et attentes des femmes. La création d’un Centre de jour par et pour les femmes que nous inaugurerons prochainement en faisait partie.

Dans la lignée de nos valeurs, ce centre est basé sur la participation des bénéficiaires au développement du projet et vise leur émancipation. Grâce à une formation de l’équipe sur les violences de genre et sur l’ensemble des enjeux liés aux droits des femmes, il s’agit d’un lieu où les femmes pourront se sentir en sécurité et où leur expérience sera pleinement valorisée.

Cette nouvelle structure aura également un impact sur les enfants, qui représentent selon les statistiques un peu plus de 20% du public sans abri. On sait que les femmes sans abri sont régulièrement accompagnées de leur(s) enfant(s) dont elles ont la garde. En agissant sur les mères, nous évitons que la précarité ne se transmette de génération en génération et que ces enfants ne deviennent, à leur tour, des adultes sans abri ou en situation de précarité.

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. » 1024 576 L'Ilot

Incendie à Jumet : « J’ai failli perdre plusieurs amis. »

« Je suis rentré le dimanche. Les grilles de la Maison d’accueil étaient fermées et j’ai vu que le bâtiment avait brûlé. », Christophe*, 38 ans, ancien résident de la MA.  ©L’Ilot ASBL

En mai dernier, un incendie s’est déclaré dans notre Maison d’accueil pour hommes de Jumet. Le feu a ravagé les étages du bâtiment.

L’incendie a mis en danger les résidents comme l’équipe éducative. Grâce aux efforts combinés de l’éducatrice présente sur place et des pompiers, personne n’a fort heureusement été blessé.

Trois résidents ont néanmoins été intoxiqués par les dégagements de fumée et emmenés d’urgence à l’hôpital.

Ce terrible événement a constitué un véritable drame.

Car le feu n’a pas uniquement occasionné des dégâts matériels, il a également privé nos 24 résidents de leur hébergement et de la stabilité qu’ils venaient de retrouver.

Pour les hommes hébergés dans notre bâtiment de Jumet, cette maison était une fenêtre d’espoir. Un lieu sécurisant qui leur permettait de se projeter dans l’avenir.

Cette interruption forcée de l’accompagnement psychosocial dont ils bénéficiaient a porté un coup d’arrêt à la construction de leur nouvelle trajectoire de vie et les a fait basculer à nouveau dans une totale insécurité et instabilité, tant sur les plans matériel et administratif que psychologique et social.

En « poussant les murs » de nos Maisons d’accueil de Marchienne-au-Pont et de Bruxelles-Ville, nous avons pu y accueillir dans l’urgence certains des 24 hommes qui se sont de nouveau retrouvés sans abri. Les autres résidents ont été réorientés vers des structures partenaires de L’Ilot ou vers des solutions de logement d’urgence.

Après avoir réalisé pendant un an d’importants travaux dans notre Maison d’accueil de Jumet, les suivis psychosociaux vont enfin pouvoir reprendre. L’immeuble a nécessité d’importantes rénovations afin de réhabiliter les 24 chambres et les espaces communs que compte notre structure d’hébergement. Toute l’équipe a retroussé ses manches pour que le 24 mai 2023, nous partagions, avec les personnes et organisations qui nous ont soutenues, le grand plaisir de rouvrir notre Maison d’accueil.

« Quand on a ses habitudes, c’est vraiment très dur de voir sa maison brûler. »

Christophe*, 38 ans, a été hébergé dans notre Maison d’accueil de Marchienne-au-Pont suite à l’incendie. Comme les autres victimes de ce tragique incident, il nous livre son témoignage.

« Je suis rentré le dimanche. Les grilles de la Maison d’accueil étaient fermées et j’ai vu que le bâtiment avait brûlé. C’était vraiment très choquant. J’ai failli perdre plusieurs amis. »

Dans les heures qui ont suivi l’incendie, Christophe était désemparé. « Quand on a ses habitudes, c’est vraiment très dur de voir sa maison brûler. J’étais complétement perdu. L’Ilot m’a proposé de parler à une psychologue et ça m’a fait du bien. »

Christophe a passé huit mois à la rue avant d’arriver à la Maison d’accueil de Jumet. Il a vécu un divorce qui s’est très mal passé et, pour reprendre ses mots, il a sombré.

« La rue, c’est un combat de tous les jours. Tu t’endors le soir, tu ne sais pas si tu vas te réveiller. Quand je suis arrivé à L’Ilot, durant les premières nuits, j’ai dû réapprendre à dormir dans un lit et à être enfermé, façon de parler. Quand t’as dormi pendant longtemps dehors, ce n’est pas simple au début. Mais petit à petit, j’avais redécouvert la sensation agréable de passer de bonnes nuits. »

L’incendie a freiné la dynamique de reconstruction dans laquelle Christophe s’était inscrit. Il lui a fallu du temps pour soigner ses angoisses et reprendre les démarches qu’il avait initiées.

« Sylvain*, l’assistant social de L’Ilot, m’a aidé avec ma paperasse : je n’étais plus en ordre de mutuelle et je n’avais pas de médecin traitant. Il est venu avec moi à la Maison médicale où j’ai, à présent, mon dossier.

Quand l’incendie s’est déclaré, j’étais en pleine recherche d’emploi et de logement. Ça m’a filé un sacré coup : je n’arrivais plus à me motiver pour avancer. C’était compliqué de devoir changer de logement d’un seul coup et de reprendre de nouvelles habitudes.

Grâce à l’aide de L’Ilot, j’ai repris espoir et j’ai finalement trouvé un boulot comme manœuvre. Je suis à l’air libre, ça me plait. »

Christophe, accompagné par S.Ac.A.Do., notre Service qui accompagne à domicile nos anciens résidents : « J’avais peur de me retrouver tout seul mais L’Ilot ne m’a pas lâché. »

Après neuf mois passés au sein de nos Maisons d’accueil, Christophe a emménagé dans un studio. « Ce n’est pas très grand mais j’ai ma propre toilette, je suis content.

J’avais peur au début de me retrouver tout seul et de ne pas réussir à me sentir chez moi. Mais L’Ilot ne m’a pas lâché. »

Notre Service d’Installation en Logement (SIL) a fourni une aide à Christophe pour son emménagement.

« J’ai reçu un lit et un petit canapé, ça m’a fameusement dépanné. Et puis surtout, j’ai eu la visite toutes les semaines de Christelle*, la collègue de Sylvain qui travaille au service de guidance à domicile et de post-hébergement de L’Ilot. Elle m’apprend à faire mon budget pour éviter d’être à découvert le dix du mois. »

Les Services d’Accompagnement à Domicile de L’Ilot (S.Ac.A.Do.), l’un actif dans la région de Charleroi, l’autre à Bruxelles, s’inscrivent dans la continuité de l’accompagnement mis en place lors du séjour en Maison d’accueil. Les différents champs d’intervention sont similaires : remise en ordre administrative, guidance budgétaire, aides sociales, recréer du lien social, etc.

En s’adaptant au rythme de la personne, le suivi post-hébergement a un impact déterminant sur l’ancrage durable dans le nouveau logement. C’est un filet de sécurité rassurant, aussi bien pour les anciens résidents et résidentes qui s’installent dans leur nouveau logement que pour leurs propriétaires qui ont un interlocuteur privilégié en cas de difficultés.

Cela fait à présent sept mois que Christophe vit en autonomie dans son nouveau logement. Toutes les semaines, il prend contact avec Christelle*, notre assistante sociale avec qui un lien de confiance s’est créé. Parfois, il appelle « juste comme ça », comme il le dit avec le sourire.

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Une nouvelle Maison d’accueil et une Recyclerie 1024 576 L'Ilot

Une nouvelle Maison d’accueil et une Recyclerie

« Si je n’étais pas à L’Ilot, je serais sûrement à la rue. Ou je serais peut-être mort. », Lucas*, 19 ans, résident à la Maison d’accueil de Marchienne-au-Pont et volontaire à la Recyclerie

Le 29 septembre 2022, nous inaugurions la quatrième Maison d’accueil de L’Ilot et la Recyclerie attenante situées au numéro 344 de la rue de Beaumont à Marchienne-au-Pont.

Après huit mois de fonctionnement, les retours sont enthousiasmants. En témoigne le récit inspirant de Lucas*. Ce jeune homme de 19 ans est hébergé dans notre Maison d’accueil depuis six mois. Il a accepté de partager son histoire.

Avant son arrivée à L’Ilot, Lucas dormait en rue : il faisait partie de ces jeunes en errance devenus de plus en plus nombreux à Bruxelles et en Wallonie.

« La plupart du temps, je m’asseyais contre un poteau, dans un lieu assez voyant près des appartements et des maisons. J’essayais de reposer mes muscles du mieux que je pouvais. La nuit, je faisais des micro-sommeils, je ne dormais jamais vraiment. Je restais toujours sur mes gardes. Et en journée, je marchais énormément pour éviter d’être pris pour cible. »

Dès l’âge de 12 ans, Lucas a été placé en institution. « J’ai fugué plusieurs fois. J’ai été dans des services résidentiels d’urgence (S.R.U.). La vie en rue c’était vraiment la galère. J’ai commencé à chercher un endroit où je serais plus tranquille et j’ai trouvé la Maison d’accueil de L’Ilot à Marchienne. »

Au sein de notre structure d’hébergement temporaire, Lucas peut se reconstruire, se stabiliser et faire le point sur sa situation (administrative, familiale, sanitaire, financière, etc.) avant d’envisager un projet d’avenir.

Une Maison d’accueil à taille humaine

Comme chacune des trois autres Maisons de L’Ilot, celle de Marchienne-au-Pont est un lieu à taille humaine et avec une capacité d’accueil volontairement limitée (actuellement 12 places) afin de préserver l’intimité et le bien-être de chacun.

Face au nombre sans cesse croissant de nouvelles demandes, nous aimerions porter la capacité d’accueil à 20 places, ce qui nécessitera des travaux de rénovation du bâtiment afin de garantir le même niveau d’intimité. Ce projet dépendra des financements et des soutiens que nous serons en capacité d’obtenir.

Pour l’heure, nous procédons à certains menus réaménagements de la Maison d’accueil pour qu’elle soit la plus agréable possible pour les résidents.

Lucas dispose désormais de sa propre chambre qu’il a personnalisée avec un poster affichant « Be happy » avec une banane en guise de « smile ».

Grâce à l’accompagnement psychosocial de notre équipe pluridisciplinaire, Lucas est retourné voir une psychologue pour l’aider à gérer ses troubles anxieux et son trouble déficitaire de l’attention (TDA). Un dépistage précoce de ces troubles et une intervention appropriée durant l’enfance lui auraient sans doute permis de réduire le risque de décrochage scolaire.

Car Lucas n’est pas allé au-delà de sa 3e année secondaire. À l’école, il a toujours été dépeint comme étant non compliant.

À son arrivée dans notre Maison d’accueil, il n’avait pas de projet et la simple évocation de son avenir lui procurait des angoisses.

C’est pour cette raison qu’au sein de nos structures d’hébergement temporaire, le travail social s’installe sur le temps long. Il faut permettre aux personnes hébergées de retrouver une stabilité avant d’envisager des solutions vers l’autonomie. Nos Maisons d’accueil proposent des hébergements de neuf mois, avec la possibilité de prolonger ce délai si la situation le justifie.

« Il y a toujours quelque chose à faire à la Recyclerie. »

Aux hommes hébergés dans ces structures qui, comme Lucas, à leur arrivée n’ont pas d’idée précise de ce qu’ils voudraient faire, nous proposons de travailler à la Recyclerie. Les résidents sont preneurs de cette activité, ils s’y investissent beaucoup.

« Il y a toujours quelque chose à faire : trier les dons, réparer les meubles, ranger les articles, servir les clients. Je n’ai jamais le temps de m’ennuyer. » Lucas est motivé.

Véritable projet d’économie sociale et circulaire, La Recyclerie de L’Ilot favorise la récupération, la réparation et la revente d’objets divers. Meubles, électroménager, vêtements, livres et objets de toute sorte proviennent de généreux donateurs et donatrices et sont, ensuite, triés par les volontaires et les résidents.

Huit mois après la reprise du site par L’Ilot, nous constatons une augmentation de la fréquentation de la Recyclerie ainsi qu’une professionnalisation des pratiques.

À titre d’exemple, nous avons décidé d’adapter les prix des dons matériels en fonction du public qui fréquente la Recyclerie : des vêtements sont proposés au prix le plus bas pour les personnes ayant des difficultés financières tandis que certains objets de décoration sont, au contraire, à un prix plus élevé pour des personnes avec plus de moyens.

L’argent récolté sert à financer le travail social de L’Ilot.

L’autre partie des dons matériels est envoyée à notre Service d’Installation en Logement (SIL) et distribuée directement et gratuitement aux personnes sans abri récemment relogées par nos services ou par nos partenaires de terrain.

« Au début, je devais trier la vaisselle, les objets en porcelaine et les lampadaires. Après plusieurs semaines, j’ai eu envie de changer de poste. J’en ai parlé avec la responsable de la recyclerie et Pascal*, un autre résident, m’a proposé de me prendre avec lui à l’atelier.

Hier, il m’a montré comment réparer un grille-pain. Il y avait un problème mécanique. Le panier était coincé. Il a fallu intervenir avec une petite pince plate pour réussir à descendre et à monter le panier. »

Cette expérience a donné envie à Lucas de reprendre le chemin de l’école pour étudier l’électromécanique.

La notion de « cadre » ne lui fait désormais plus peur. Les règles, comme a pu lui expliquer Yvonne*, l’une des volontaires à la Recyclerie, sont faites pour évoluer harmonieusement les uns avec les autres.

« J’aime bien Yvonne*, c’est un peu comme ma grand-mère. Elle me dit que c’est important tout ce que j’apprends à la Recyclerie car lorsque j’aurai mon chez-moi, je serai content de pouvoir profiter des objets que j’aurai moi-même réparés. »

« Ici, à L’Ilot, on me prend comme je suis. Je me sens bien et je ne pars pas en vrille. Si je n’étais pas à L’Ilot, je serais sûrement à la rue. Ou je serais peut-être mort. »

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Vous souhaitez faire un don matériel à la Recyclerie ?
Meubles, électroménager, éléments décoratifs, livres et vêtements sont les bienvenus à condition qu’ils soient en bon état. Vous soutiendrez ainsi un projet social unique.
Vous pouvez également venir acheter ces objets les mardis et jeudis de 14h à 16h et le samedi de 10h à 12h. Les recettes de la vente soutiennent la mission sociale de L’Ilot en finançant directement la Maison d’accueil pour hommes.
Pour contacter la Recyclerie :
• 344 rue de Beaumont, 6030 Marchienne-au-Pont
• recyclerie@ilot.be
• 071/51.70.63
• La page Facebook de la Recyclerie
Service d’installation en logement : « On avait enfin un appartement mais aucun meuble ni aucun équipement pour notre bébé. » 1024 576 L'Ilot

Service d’installation en logement : « On avait enfin un appartement mais aucun meuble ni aucun équipement pour notre bébé. »

Aux côtés d’autres initiatives liées à l’économie circulaire, notre Service d’Installation en Logement (SIL) bénéficie d’un espace de stockage dans le vaste entrepôt de 20.000 m² du Circularium à Anderlecht.

« On avait enfin un appartement mais aucun meuble ni aucun équipement pour notre bébé. », Maeva et Théo, les jeunes parents de la petite Alma

Créé pendant la crise sanitaire en novembre 2020, le SIL, notre Service d’Installation en Logement a connu une année 2022 particulièrement intense. Le service fait en effet face à un nombre toujours grandissant de demandes.

Parmi les femmes, les hommes et les familles que ce dispositif d’aide à l’emménagement a soutenu l’an dernier, on retrouve Théo* (23 ans) et Maeva* (21 ans) et leur bébé Alma*.

Ces jeunes parents étaient hébergés dans notre Maison d’accueil destinée aux femmes et aux familles avant d’emménager dans leur propre appartement. Expulsés de leur logement, les futurs parents n’avaient nulle part où aller. Ils étaient à la rue alors que Maeva était déjà enceinte de quatre mois.

« On est soulagés à présent mais on a vraiment eu peur : on voulait accueillir notre fille dans les meilleures conditions. On ne voulait pas que notre bébé ait des parents sans abri. Quand j’ai accouché, on n’avait pas encore déménagé mais on savait que c’était bon pour l’appartement. », confie la jeune maman.

Grâce à l’accompagnement de L’Ilot, Théo a pu trouver un travail dans l’Horeca et mettre des sous de côté pour payer la garantie locative de leur futur nid.

« L’équipe de L’Ilot m’a vraiment bien aidé pour créer mon C.V. et trouver des offres d’emploi. L’assistant social m’a donné des conseils aussi pour me présenter correctement devant mes futurs employeurs. Et ça a marché ! », se félicite Théo.

Si l’étape suivante a été semée d’embûches – il est très difficile de louer un appartement décent à prix abordable à Bruxelles – le jeune couple est finalement parvenu à trouver un logement à Anderlecht.

« On était super heureux : on allait enfin avoir notre chez-nous. Mais très vite, on a réalisé qu’on ne possédait rien et que la garantie locative avait englouti toutes nos économies. Il fallait se meubler et surtout s’équiper pour la petite. »

Les jeunes parents ne le savaient pas encore mais L’Ilot dispose d’un Service d’Installation en Logement (SIL).

Ce dispositif a pour mission de proposer un accompagnement logistique aux personnes sans abri lors de leur mise en logement. Il les aide à s’approprier leur nouveau lieu de vie pour qu’elles se sentent vraiment chez elles. S’inscrivant dans une démarche sectorielle, notre service travaille pour l’ensemble des personnes sans abri fréquentant des services bruxellois.

« Il nous fallait surtout du mobilier pour la petite : un berceau, une poussette, une petite commode pour les vêtements, une chaise haute… »

Après avoir trouvé leur appartement, Maeva et Théo ont découvert l’espace où L’Ilot entrepose les divers meubles et objets provenant de généreux donateurs et donatrices. Aux côtés d’autres initiatives liées à l’économie circulaire, notre service bénéficie d’un espace de stockage dans le vaste entrepôt de 20.000 m² du Circularium à Anderlecht.

C’est là que les personnes sans abri comme ce jeune couple peuvent venir choisir les meubles et les objets dont elles ont besoin.

« Il nous fallait surtout du mobilier pour Alma : un berceau, une poussette, une petite commode pour ses vêtements, une chaise haute, une baignoire pour bébé. On a eu de la chance : on a tout trouvé sauf la table à langer. La travailleuse sociale nous a dit qu’elle nous la mettrait de côté si elle en recevait une. »

Tous ces meubles et objets sont le fruit de dons provenant de particuliers et d’entreprises. Notre service parcourt tout le territoire de la région bruxelloise pour collecter des tables, des fauteuils, des lits, mais aussi des draps, des casseroles, de l’électroménager, etc. Les donatrices et donateurs ont particulièrement marqué leur générosité en 2022. Mais les besoins restent toujours importants.

« Deux semaines après notre visite à l’entrepôt, l’équipe du SIL nous a aidés à emménager. Ils sont venus chercher nos sacs de vêtements et nos affaires à la Maison d’Accueil. Ensuite, ils sont allés à l’entrepôt avec Théo pour charger nos meubles dans leur camionnette et les amener dans notre appartement.  

Arrivés sur place, ils nous ont donné un coup de main pour monter les meubles de la chambre d’Alma. Ils nous ont même aidés à décorer les murs avec des posters d’animaux de la jungle. Justine*, l’assistante sociale m’a donné un cadre pour y mettre la première photo d’Alma. », confie encore émue Maeva.

Choisir et recevoir gratuitement des meubles, de l’électroménager ou encore des éléments de décoration contribue à personnaliser le nouvel intérieur, ce qui renforce les conditions de vie dignes des personnes accompagnées et le lien qui les unit à leur logement, augmentant leurs chances de le garder.

*Prénom d'emprunt

Ce témoignage a été reconstitué avec plusieurs éléments véridiques rassemblés et retravaillés.

Vous souhaitez éviter de jeter ce qui est en bon état et peut encore servir ? Nous venons le chercher.

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Santé alimentaire : 40 000 repas équilibrés distribués par an 1024 576 L'Ilot

Santé alimentaire : 40 000 repas équilibrés distribués par an

Grâce à notre collecte et à notre potager participatif, ce sont 40 000 repas qui sont préparés et distribués chaque année. ©Marie Russilo

Quand le simple fait d’ouvrir les yeux le matin est une victoire, il n’est plus question de vivre mais bien de survivre. Les hommes et les femmes sans abri qui s’assoupissent à la nuit tombée ne savent pas s’ils ou elles reverront le jour.

Dans ce contexte de survie, leur première préoccupation est de manger. Se nourrir de ce qu’on voudra bien leur donner. Généralement des aliments froids et pas toujours sains.

La vie en rue est caractérisée par des difficultés d’accès à la nourriture et en particulier à une alimentation saine et équilibrée.

C’est pourquoi la prévention de la dénutrition et des déficiences alimentaires chez les personnes sans abri constitue un objectif fondamental. L’alimentation digne pour toutes et tous est un droit fondamental.

À L’Ilot, nous avons élevé la santé alimentaire parmi nos priorités. L’alimentation fait partie intégrante de l’accompagnement que nous proposons aux femmes, aux hommes et aux enfants à qui nous apportons une aide concrète et directe au sein de nos différents services.

Cet axe consacré à la santé alimentaire passe par une collecte à grande échelle pour l’ensemble de nos services mais aussi pour nos partenaires puisqu’une partie de la collecte que nous organisons est redistribuée à d’autres associations actives auprès des publics en situation de précarité.

Les chiffres permettent de mesurer l’ampleur de notre mission : grâce à notre collecte et à notre potager participatif, ce sont 40 000 repas qui sont préparés et distribués chaque année rien que dans les services de L’Ilot, soit plus de 100 repas par jour !

Des repas pensés et élaborés en priorisant la qualité nutritionnelle des assiettes que nous proposons à l’ensemble des personnes fréquentant nos services.

Car c’est une réalité : les repas donnés dans la rue ou distribués dans les centres d’aide aux personnes en situation de grande précarité ne sont pas toujours équilibrés. Dans les circuits de l’aide alimentaire, la qualité des produits collectés et proposés n’est pas toujours au rendez-vous car l’approvisionnement du secteur de l’aide alimentaire repose surtout sur deux filières : les invendus de la grande distribution et les produits du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD).

Or, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les personnes sans abri meurent beaucoup plus souvent de problèmes de santé liés à des maladies cardiovasculaires provoquées notamment par la malnutrition et la dénutrition que pour d’autres raisons comme l’hypothermie.

Travailler sur la question de la santé alimentaire permet donc aux personnes sans abri d’augmenter leur espérance de vie. Aujourd’hui, une personne qui vit à la rue a une espérance de vie de 45 ans en moyenne. L’espérance de vie à la naissance pour la population totale en Belgique est de 81 ans.  L’écart est colossal !

Travailler sur la question de la santé alimentaire, c’est à la fois une question de dignité, de restauration de l’estime de soi et de nécessité par rapport à la santé des personnes.

Concrètement, nos actions en matière de santé alimentaire se déclinent via :

    • une prise en compte des enjeux écologiques et diététiques lors de la préparation des repas dans les services ;
    • une confection de repas pour le food-truck solidaire du Ralliement des fourchettes ;
    • l’entretien d'un potager et de ruches à Jumet ;
    • l’organisation d'une collecte régulière auprès de partenaires alimentaires : redistribuée ensuite dans tous les services de L'Ilot et partagée auprès des personnes les plus précarisées via des associations partenaires : La Rencontre, La Porte Verte, les Sœurs de Mère Theresa, les Restos du Cœur et Feed the Culture.
Khalid, réfugié irakien, devenu chef cuisinier à L’Ilot 1024 576 L'Ilot

Khalid, réfugié irakien, devenu chef cuisinier à L’Ilot

Khalid a quitté l’Irak en 2017. Cette année-là dans son pays natal, la guerre contre l’État islamique fait rage laissant des territoires morcelés et déchirés par les bombardements. Contraint à l’exil, laissant famille et amis derrière lui, Khalid foule le sol d’un pays dont il ne parle pas la langue.

Son parcours de demandeur d’asile est ponctué d’étapes éprouvantes jusqu’à ce qu’il obtienne le statut de réfugié.

C’est durant ses premières années en Belgique que Khalid rencontre l’équipe de L’Ilot : « J’ai commencé à travailler à L’Ilot comme bénévole. Au début, je ne savais pas parler le français. J’ai appris la langue grâce à L’Ilot ».

Khalid sourit derrière sa barbe épaisse couleur charbon. L’homme en impose par sa grande taille et sa prestance.

À 39 ans, celui qui était cuisinier au sein de l’armée irakienne, met désormais sa passion au profit des résidents de L’Ilot. C’est bien évidemment en cuisine qu’on le retrouve, un essuie à carreaux accroché à la ceinture de son tablier rouge.

Khalid est aujourd’hui le chef cuistot de notre Maison d’accueil pour hommes, le « 38 ». Tous les jours, il prépare le repas du soir pour la vingtaine de résidents et les membres de l’équipe éducative.

Cuisiner c’est toute sa vie. Et quand il n’est pas derrière les fourneaux, il n’est jamais bien loin : en train de ranger le stock, de nettoyer les frigos ou encore dans le salon où il discute avec les résidents.

« Comme je dis toujours aux résidents : on va commencer une nouvelle vie ici. »

« J’ai pas mal de contacts avec tous les résidents. Je sens bien qu’ils ont beaucoup de difficultés et de problèmes. J’essaie de parler avec eux pour les aider à éliminer ces problèmes. J’essaie de leur donner de la motivation pour oublier les soucis. Comme je leur dis toujours : on va commencer une nouvelle vie ici. »

Khalid est le chef cuistot de notre Maison d’accueil pour hommes. Tous les jours, il prépare le repas du soir pour la vingtaine de résidents et les membres de l’équipe éducative. Il travaille également comme cuisinier dans le cadre de notre projet d’économie sociale « Les Pots de L’Ilot ».

Cette énergie positive, Khalid la transmet tant qu’il peut. Il aime participer aux activités avec les résidents mais aussi inventer des petits jeux pour animer le quotidien.

« J’ai créé une petite activité avec les résidents. Quand on écoute une chanson à la radio, je leur demande le nom de celui ou celle qui chante et en quelle année la chanson est sortie. Il y a plusieurs résidents qui connaissent beaucoup de chansons et donc on s’amuse bien. »

Pour Khalid, être cuisinier à L’Ilot c’est bien plus qu’un travail. C’est devenu sa famille. S’occuper des autres, leur faire du bien, c’est ce qu’il tente de faire tous les jours et ça le rend heureux tout simplement.

« Je me suis bien intégré. J’ai pas mal d’amis et j’ai beaucoup de contacts avec les travailleurs. Je pense que par mon parcours, je représente un peu l’espoir de s’en sortir pour les hommes qui passent quelques mois dans cette maison. Un espoir qui fonctionne comme un moteur dans lequel on remet tous les jours un peu d’huile… »

Khalid travaille également comme cuisinier dans le cadre de notre projet d’économie sociale « Les Pots de L’Ilot ». « On prépare des tapenades, du hummus et des caviars d’aubergines. On a créé quatre recettes. Tous les ingrédients de nos produits sont bios. »