Pour la première fois depuis les cinq dernières années marquées par une série de crises à répétition, les travailleurs et travailleuses des secteurs de l’aide et de l’accompagnement des personnes sans-abri et mal logées observeront une heure symbolique d’arrêt de travail ce mercredi 13 mars.
Cette action vise à attirer l'attention sur la situation critique du sans-abrisme à Bruxelles ainsi que les défis considérables auxquels sont confrontés les travailleur.se.s de ce secteur, et à pousser les autorités à prendre des mesures urgentes.
Dans un contexte où 2.144.000 de Belges, soit 18,7% de la population, risquent la pauvreté ou l'exclusion sociale selon Statbel, il est impératif d'agir. À Bruxelles, ce chiffre s'élève à 415.000 personnes, soit 34% de la population, parmi lesquelles plus de 7.000 sont sans-abri ou mal logées,en augmentation de près de 20% en deux ans selon les chiffres de Bruss’help en octobre 2022.
Cette situation alarmante est exacerbée par une augmentation constante du nombre de personnes faisant appel aux services d'aide et d'accompagnement. De ce fait et depuis plusieurs années déjà, le secteur se trouve face à une saturation des dispositifs d’accueil
existant, malgré l’augmentation des places à disposition, ce qui aggrave finalement la précarisation de la population et met en péril les personnes non-accueillies.
Revendications et propositions
Dans ce contexte, le secteur tire la sonnette d'alarme et interpelle le Premier Ministre, Alexander De Croo, et le Ministre-Président bruxellois, Rudi Vervoort. Il avance quatre constats alarmants de mise sous haute tension des lignes d'aide et propose des solutions concrètes pour sortir de cette impasse. Parmi ces constats, on observe une (sur)saturation des dispositifs d'accueil, où la demande dépasse largement la capacité d'accueil disponible. Celle-ci entraîne une mise en concurrence des publics, qui elle-même met également en péril le principe d'inconditionnalité, forçant les équipes à faire face à des choix impossibles entre différents publics, faute de place suffisante. Amplifiée par la situation de crise et l’absence de perspectives de réinsertion durable encore possible à offrir aux personnes, une augmentation des tensions et des violences est vécue au sein des structures d'aide et d'hébergement. Face à tout cela, les équipes de terrains s’épuisent, confrontées à des défis incessants et à des ressources limitées, aggravant encore davantage la situation.
Dans ce contexte, le secteur tire la sonnette d’alarme en amenant des solutions. Les propositions visent à renforcer la prévention de la perte de logement ainsi que les portes d'entrée et les solutions de sortie du système d'aide, et ceci afin de garantir un accueil digne pour tous les publics sans condition de statut administratif. Par ailleurs, le secteur attire l’attention sur la nécessité de renforcer le rôle de planification stratégique pour prévenir les crises et de valoriser le personnel du secteur social-santé.
Action
Bien plus qu'une simple manifestation, cette action constitue une déclaration collective d'urgence sociale. Pour cette mobilisation sans précédent, les services du secteur interrompent temporairement leurs opérations habituelles avec un arrêt de travail généralisé de 11h à midi, un moment symbolique pour marquer une pause au sein d’équipes travaillant toute l’année à flux tendu, été comme hiver. Durant cette heure, les services seront suspendus afin de mettre en évidence les défis auxquels sont confrontés les secteurs de l'accueil et de l'accompagnement des publics en grande précarité.
En lançant ce SOS, le secteur de l’aide demande non seulement des changements immédiats mais aussi un engagement à long terme pour résoudre les problèmes structurels sous-jacents au sans-abrisme. Ils mettent en avant l'importance cruciale d’une planification stratégique adaptée pour construire un avenir où chacun et chacune a le droit à un logement décent, à la dignité, et à des services sociaux accessibles.