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Cambriolage à la Recyclerie de L’Ilot à Marchienne-au-Pont 1024 576 L'Ilot

Cambriolage à la Recyclerie de L’Ilot à Marchienne-au-Pont

Cambriolage à la Recyclerie de L’Ilot à Marchienne-au-Pont : 20 000 € dérobés, un projet solidaire fragilisé

Il s’agit d’un énorme coup dur pour un projet d’économie sociale et solidaire jusqu’ici en pleine expansion.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la Recyclerie de L’Ilot à Marchienne-au-Pont, située avenue de Matadi 14a (6030 Marchienne-au-Pont), a été la cible d’un cambriolage. Déjà régulièrement victime de vols à l’étalage ces derniers mois, c’est à un délit de plus grande ampleur qu’on cette fois été confronté·es les travailleuses et travailleurs de la Recyclerie.

Le préjudice financier est estimé à près de 20 000 euros, sans compter les pertes supplémentaires liées à la fermeture temporaire forcée de l’établissement dans les prochains jours. Parmi les biens dérobés figurent notamment 10 000 euros d’argent liquide ainsi que plusieurs tablettes et les deux terminaux de paiement électronique (TPE) – outils indispensables au fonctionnement quotidien de la structure et à son activité commerciale. Un manque à gagner conséquent pour un projet avant tout à vocation sociale. « Parce que c’est bien le côté social qui est attaqué ici », pointe d’ailleurs Caroline Mahieu, coordinatrice de la Recyclerie. « S’en prendre à un projet comme le nôtre, c’est d’abord s’attaquer à ses bénéficiaires. »

Un projet solidaire fragilisé

Et de fait, la Recyclerie de L’Ilot est bien plus qu’un magasin : c’est un projet d’économie sociale et solidaire. Son objectif est de donner une seconde vie aux divers objets et de les proposer à un public dans certains cas en situation de précarité financière, tout en créant des emplois durables pour des personnes éloignées du marché du travail. Chaque meuble réparé, chaque objet revalorisé, contribue non seulement à la réduction des déchets, mais aussi – et surtout – à la lutte contre l’exclusion sociale.

Fermée depuis ce lundi, la Recyclerie espère rouvrir en fin de semaine. Toute l’équipe est en tout cas à pied d’œuvre pour pouvoir relancer l’activité le plus rapidement possible.

Si dans cette période difficile vous désirez apporter votre soutien à la Recyclerie de L’Ilot, n’hésitez pas à faire un don à l’association : BE33 0017 2892 2946, avec en communication « Soutien à la Recyclerie ».

pauvreté Belgique et placement institutionnel
Pauvreté en Belgique : enfants placés pour cause de précarité 1024 576 L'Ilot

Pauvreté en Belgique : enfants placés pour cause de précarité

Visuel : ©OYO

Pauvreté en Belgique : enfants placés pour cause de précarité 

Sommaire :
  • Les chiffres de la pauvreté en Belgique  
    1. Quel est le seuil de pauvreté en Belgique ? 
    2. Un risque élevé de précarité  
    3. Le nombre de personnes sans abri en hausse 
  • Placement institutionnel et pauvreté : une injustice structurelle
    1. Le placement comme conséquence de la pauvreté 
    2. Les droits de l’enfant conditionnés par la pauvreté  
    3. Un échec du système 
  • Comment luttons-nous contre le placement pour cause de précarité ?   

C’est une réalité dont on parle peu, mais qui fracture des vies entières dans l’indifférence : en Belgique, des enfants sont placés parce que leurs mères sont pauvres. À Bruxelles, 87 % des familles monoparentales sont portées par des femmes, dont un quart vit sous le seuil de pauvreté [1]. Beaucoup n’ont accès qu’à des logements précaires, insalubres, ou des logements aux loyers hors de portée. D’autres n’ont plus de chez-soi. 

Et trop souvent, dans ces situations, l’aide proposée par les institutions n’en est pas une : c’est une séparation, on place l’enfant. Officiellement “pour son bien” ; en réalité, parce que notre société ne leur propose rien d’autre qu’un abandon organisé [2]. La précarité ne devrait jamais être un motif de placement. Pourtant, elle l’est.  

À L’Ilot, nous le constatons tous les jours : les mères qui fréquentent notre centre de jour pour femmes Circé sont confrontées à ce risque. Leur seul “manquement” ? Être sans chez-soi. Il est plus qu’urgent d’agir pour construire une société qui donne aux parents les moyens de retrouver leur(s) enfant(s). 

Les chiffres de la pauvreté en Belgique  

En Belgique, les chiffres de 2024 dressent le portrait d’une situation sociale plus qu’inquiétante. La pauvreté est marquée et se mesure à plusieurs niveaux. 

Quel est le seuil de pauvreté en Belgique ? 

Le seuil de pauvreté désigne un revenu minimal (fixé à 60 % du revenu médian national), en dessous duquel un ménage est considéré comme pauvre. En Belgique, les derniers chiffres de Statbel montrent que le seuil de pauvreté s’élève à 1 520 € par mois pour une personne isolée, et à 3 191 € pour un ménage avec deux enfants. 

seuil de pauvreté Belgique

Le seuil de pauvreté selon le type de ménage en Belgique (source : Statbel)

Un risque élevé de précarité  

D’après une étude de Statbel, plus de 2 millions de personnes courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en Belgique. Soit près de 20 % de la population. Près d’un∙e Belge sur dix se trouve en situation de privation matérielle et sociale (Statbel), ne disposant donc pas des ressources suffisantes pour assumer certaines dépenses essentielles de la vie quotidienne (chauffage, accès aux loisirs, etc.). 

Le nombre de personnes sans abri en hausse 

Les chiffres du dernier dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles sont alarmants: 9 777 d’entre eux∙elles vivent sans chez-soi dans la capitale belge (rapport de Bruss’help). Soit une augmentation de 25 % en seulement 2 ans! Une telle expansion du phénomène n’avait jamais été connue jusqu’à ce jour. 

Placement institutionnel et pauvreté : une injustice structurelle  

En Belgique francophone, près de 40 000 enfants sont éloigné·es chaque année de leur famille : placé·es en institution, en famille d’accueil ou dans des services spécialisés [3]. Si certaines situations exigent une protection urgente, un nombre croissant de placements est motivé par la précarité, notamment l’absence de logement stable. 

Le placement comme conséquence de la pauvreté 

Des mères seules, en situation de grande précarité, se voient retirer leur enfant non pas parce qu’elles sont défaillantes, mais parce qu’elles n’ont pas de chez-soi. Le marché locatif privé est inaccessible pour une maman solo émargeant au CPAS où avec un petit revenu. Et attendre un logement social peut prendre des années [4]. Faute de solution intermédiaire, le placement devient une réponse par défaut. 

« L’accueil en dehors du milieu familial peut être nécessaire, mais il ne doit jamais être une réponse à la misère. Or, les enfants vivant dans des familles pauvres sont surreprésentés dans les séparations. C’est une injustice structurelle. » 

  Benoît Van Keirsbilck, Directeur du Service droit des jeunes de Bruxelles 

Lorsqu’une mère seule perd la garde de son enfant parce qu’elle n’a pas de logement stable, c’est une double injustice : pour elle-même comme pour l’enfant. Car le placement ne marque pas la fin d’un épisode difficile, il en ouvre souvent un autre, plus long, plus complexe et plus douloureux. Et quand un·e premier·e enfant a été éloigné·e, la suspicion s’installe. Le regard des institutions devient plus lourd, le risque de placement d’un·e autre enfant s’accroît, même sans événement déclencheur.  

Dans cette spirale, ce n’est pas la violence qui condamne les mères. Ce n’est pas la négligence. C’est la pauvreté, l’isolement, l’instabilité résidentielle. Et ce sont précisément les femmes les plus vulnérables qui se retrouvent confrontées à cette mécanique implacable. 

« L’erreur, c’est de ne pas avoir d’appartement. »  

Isabelle, mère seule, citée par Alter Échos [5] 

Les droits de l’enfant conditionnés par la pauvreté  

La Convention internationale des droits de l’enfant garantit à chaque enfant le droit de vivre dans sa famille, sauf en cas de danger grave [6]. Et la Cour européenne des droits de l’homme l’a rappelé à plusieurs reprises : la pauvreté ne peut, à elle seule, justifier une séparation familiale [7]. 

Pourtant, dans les faits, les enfants de familles pauvres — en particulier celles et ceux de mères seules — sont surreprésenté·es dans les placements. Loin de les soutenir, le système fragilise davantage ces femmes, et interprète leur vulnérabilité comme une incapacité parentale [8]. 

« Être une femme sans abri ou mal-logée, c’est déjà être jugée ‘mauvaise mère’ par défaut. »  

AGORA, Précieux enfants, 2020 [9] 

Un échec du système  

À Bruxelles, 87 % des familles monoparentales sont dirigées par des femmes, dont un quart vit sous le seuil de pauvreté [10]. Elles cumulent les fragilités (rupture familiale, emploi instable, violences passées, non-recours au droit, etc.), mais sont les premières pénalisées, les dernières soutenues. Le système social, en théorie protecteur, punit leur pauvreté au lieu de la combattre.  

Selon AGORA, Vie Féminine et la Ligue des droits humains, les mères précaires font l’objet d’une stigmatisation récurrente, renforcée par des jugements subjectifs liés au genre, à l’origine sociale ou culturelle [11]. Les mères seules sont ainsi discriminées dans les décisions de placement.  

« Une mère dort avec son enfant ? C’est jugé anormal. Elle ne pleure pas ? Elle est froide. Elle pleure trop ? Elle est instable. Tout devient suspect. »  

Service AGORA, Précieux enfants, 2020

 Les mères qui demandent de l’aide sont souvent celles qui entrent dans le viseur des services sociaux. Parce qu’elles sont visibles, parce qu’elles craquent, parce qu’elles maîtrisent mal la langue ou peinent à expliquer leur situation. Leur vulnérabilité devient soupçonnée, scrutée, sanctionnée. 

De nombreuses mères témoignent d’un effet de spirale : la perte d’un logement entraîne le placement d’un·e enfant, puis d’un·e second·e. Les institutions développent une logique de suspicion durable. La demande d’aide, les larmes, le repli, les erreurs d’expression ou de gestion deviennent des signaux “d’alerte”. 

Une question se pose : pourquoi n’y a-t-il pas plus de logements publics pour les mères précaires ? La Belgique ne consacre que 6,7 % de son parc immobilier au logement social, contre 16 % en moyenne dans l’Union européenne [12]. À cette carence s’ajoute le fait que les femmes seules avec enfants ne sont pas toujours prioritaires, malgré leur extrême vulnérabilité. 

Trouver un logement avec un revenu compris entre 1 300 € et 1 700 € (minima sociaux en tant que personne isolée ou avec des enfants à charge) relève de l’impossible, a fortiori à Bruxelles. Les listes d’attente pour un logement social s’allongent d’année en année, et le manque de places en maison d’accueil pour femmes en difficulté est criant. Mais dans les décisions judiciaires, le manque de logements est souvent présenté comme un motif objectif de placement. 

Être pauvre ne devrait jamais suffire à justifier une séparation. Car ce n’est pas seulement une mère qu’on éloigne : c’est un·e enfant qu’on arrache à son quotidien, à sa fratrie, à son quartier, à son école, à ses amis… Un·e enfant qui, souvent, ne comprend pas. Qui se sent puni·e, abandonné·e, trahi·e. 

Comment L’Ilot lutte contre le placement pour cause de précarité ?  

Quand la pauvreté devient un motif de séparation, ce n’est plus de la protection. C’est une injustice. Quand elle empêche une famille de se reconstruire, c’est une faillite collective. 

Nous ne participerons pas à une société qui arrache les enfants à la misère pour mieux la perpétuer. Nous nous battrons pour une société qui donne aux parents les moyens de retrouver leur(s) enfant(s). 

À L’Ilot, nous savons qu’un logement peut faire la différence entre une rupture et une reconstruction. Nous savons que des centaines de mères accompagnées à Circé ou dans nos autres services d’accueil ou d’hébergement cherchent à renouer avec leurs enfants. Nous savons que nos maisons d’accueil, nos ateliers “café parents”, nos activités mères-enfants, etc. restaurent des liens fragiles, mais vivants. 

Mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi nous travaillons et plaidons pour :  

  • l’élaboration d’un centre d’expertise « Genre, précarité et travail social », afin de mieux comprendre les réalités des femmes les plus précarisées et de former les professionnel·les des secteurs du social à ces enjeux spécifiques ; 
  • la création de logements accessibles à loyers modérés, pensés pour des familles fragilisées, notamment produits par L’Ilot avec ses partenaires ;
  • la transformation des espaces communs de nos maisons d’accueil en studios individuels, plus respectueux de l’autonomie et du lien familial ;
  • le renforcement de la priorité claire au logement pour les mères seules, afin d’éviter des placements injustes ; 
  • la fin des politiques qui punissent les femmes pauvres au lieu de les soutenir.

Être victime ne devrait jamais être une faute. 

Sources et ressources  

  • [1] Ligue des familles, Recherche-action sur les attentes et les besoins des familles monoparentales, 2022
  • [2] Axelle Magazine, Placements abusifs d’enfants : pour leur bien ? – 2022 
  • [3] Défense des Enfants International – Belgique, Entretien avec Benoît Van Keirsbilck, 2022 (voir aussi notre interview) 
  • [4] Baromètre des loyers, Région de Bruxelles-Capitale, 2024 
  • [5] Alter Échos, Maman et bébé sans domicile fixe, 2023 
  • [6] Convention internationale des droits de l’enfant, ONU, art. 9 
  • [7] Convention internationale des droits de l’enfant, ONU, art. 9 ; Cour européenne des droits de l’homme 
  • [8] Ligue des droits humains, Le placement – chronique d’une séparation annoncée, 2023
  • [9] Service AGORA / Lutte contre la pauvreté, Précieux enfants, 2020 
  • [10] Ligue des familles, Recherche-action sur les attentes et les besoins des familles monoparentales, 2022 
  • [11] AGORA, Précieux enfants, 2020 ; Vie Féminine, Aide à la jeunesse aveugle aux violences faites aux femmes, 2023 ; LDH, Le placement, 2023 
  • [12] Housing Europe, The State of Housing in the EU 2023 
concours Lady Fortuna Loterie Nationale
Lady Fortuna (Loterie Nationale) – Votez pour Circé de L’Ilot ! 1024 576 L'Ilot

Lady Fortuna (Loterie Nationale) – Votez pour Circé de L’Ilot !

Lady Fortuna (Loterie Nationale) – Votez pour Circé de L’Ilot !

Sommaire :
  • Qu’est-ce que le concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale ?  
  • Comment voter pour Circé via le concours Lady Fortuna ? 
    1. Un processus simple et gratuit  
    2. Les conditions d’accès  
    3. Quand voter avec Lady Fortuna ?
  • Notre projet Circé en finale : le seul refuge pour les femmes sans chez-soi 
  • Sources et ressources

C’est officiel : le concours “Lady Fortuna” de la Loterie Nationale entre dans son ultime phase. Destinée à soutenir des projets femmes, cette initiative est une magnifique occasion de soutenir notre projet Circé, qui figure parmi les finalistes ! 

Zoom sur le processus de vote et l’importance de donner sa voix pour Circé, premier et seul centre de jour par et pour les femmes sans abri à Bruxelles.

Qu’est-ce que le concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale ?  

Lady Fortuna est donc le nom d’un jeu à gratter particulier de la Loterie Nationale. L’initiative propose aux participant∙es non seulement de tenter leur chance, mais aussi de s’engager socialement, en votant pour un projet en faveur des femmes. Le montant que la Loterie s’engage à verser aux associations s’élève ainsi à 100 000 €. 

Comment voter pour Circé via le concours Lady Fortuna ? 

Le processus pour donner votre voix, les conditions d’accès, la période de votes… On vous dit tout sur le concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale !   

Un processus simple et gratuit  

Concrètement, chaque joueuse ou joueur peut voter une fois pour notre projet en scannant le QR code présent au dos de son billet participatif. Elle ou il est alors renvoyé∙e sur le site de la Loterie, et n’a plus qu’à sélectionner Circé parmi les 8 projets finalistes du concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale. 

Notons qu’il n’est pas obligatoire d’acheter le jeu à gratter pour donner votre voix à Circé ! Il est ainsi possible de voter gratuitement pour soutenir Circé.

Les conditions d’accès  

Les conditions requises pour pouvoir voter dans le contexte du concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale sont très peu contraignantes. La participation est ainsi gratuite et ouverte à :

  • toute personne physique majeure (donc âgée de minimum 18 ans) ; 
  • résidant en Belgique ; 
  • et disposant d’un compte de la Loterie Nationale (incluant le numéro de Registre National). 

Quand voter avec Lady Fortuna ?    

La période de votes du concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale s’étend du 26 août au 30 septembre 2025. Passé cette dernière date, il ne sera plus possible de donner votre voix pour notre projet Circé. 

Notre projet Circé en finale : le seul refuge pour les femmes sans chez-soi 

La réalité de la rue n’est pas la même selon le genre de la personne sans chez-soi. Un constat évident mais qui se vérifie à chaque « étape » du sans-abrisme : qu’il s’agisse de ses causes, de son vécu ou des stratégies utilisées pour l’affronter (voir notre étude-action).  

Les recherches menées dans le cadre de notre étude-action montrent ainsi que l’immense majorité des femmes en situation de sans-abrisme a traversé au moins une fois de la violence fondée sur le genre. Mais ce n’est pas tout. Les femmes qui vivent en rue courent un risque omniprésent que ne connaissent pas (ou nettement moins) les hommes sans chez -soi. Nous parlons ici des viols et des agressions sexuelles.  

« J’ai été violée 70 fois en 17 ans de rue. J’ai été violée par d’autres sans-abri mais aussi par des hommes avec un domicile, qui m’ont dit que j’étais moins chère qu’une prostituée ».

Anne Lorient, ancienne personne sans chez-soi à France Info

Ces parcours de violences que les femmes sans-chez soi subissent avant et pendant leur survie dans la rue représentent ainsi des spécificités, face auxquelles notre secteur s’est longtemps retrouvé démuni.  

Devant ces carences insupportables, nous avons donc décidé d’ouvrir en septembre 2023  Circé de L’Ilot, le tout premier centre de jour par et pour les femmes sans abri à Bruxelles. Un espace sécurisé et apaisant, pensé pour répondre au besoin d’un véritable refuge pour toutes les femmes vivant en rue, à l’abri des nombreuses violences liées au genre. Les services proposés sont variés et s’inscrivent dans cette logique :

  • repas ;
  • consigne ; 
  • douche ; 
  • lessive ; 
  • activités et accompagnement psychosocial.
crise du logement Housing Action Day
Crise du logement : définition, causes et solutions 1024 576 L'Ilot

Crise du logement : définition, causes et solutions

Photo : ©Housing Action Day 2025

Crise du logement : définition, causes et solutions

Sommaire :
  • La crise du logement : définition
  • Quelles sont les causes de la crise du logement ? 
    1. Des loyers impayables
    2. Une pénurie de logements sociaux 
    3. Des expulsions locatives à n’en plus finir  
    4. Les marchands de sommeil
  • Comment résoudre la crise du logement ?  
  • Le média Nationale 4 : un tableau complet sur la crise du logement

En Belgique, la crise du logement bat son plein. Plus de 326 000 personnes attendent désespérément un logement social, les prix de l’immobilier explosent et des milliers de familles sont expulsées chaque année. Des marchands de sommeil profitent quant à eux de la situation pour louer des logements insalubres à des prix exorbitants.

Face à cette urgence sociale, le média indépendant Nationale 4 mène l’enquête sur le terrain. De Charleroi à Liège en passant par Bruxelles, il s’emploie à décrypter les mécanismes de cette crise et à dégager des solutions concrètes.

Définition, causes profondes, pistes pour résoudre la problématique… Explorez dans cet article une analyse complète de la crise du logement et les initiatives qui permettront d’y répondre.

La crise du logement : définition 

La crise du logement en Belgique se définit comme la difficulté croissante qu’endurent les citoyen·nes pour accéder à un logement décent et abordable. Les prix de l’immobilier ne font que croître, alors que les revenus des gens ne connaissent pas la même évolution aussi rapidement.  

Résultat : un nombre toujours plus important de personnes ne parviennent plus à trouver des logements accessibles. Cette situation intolérable explique qu’en 2025, le droit au logement n’est toujours pas une réalité en Belgique.  

Quelles sont les causes de la crise du logement ? 

Les facteurs de la crise du logement sont multiples : loyers impayables, pénurie de logements sociaux, expulsions… 

Ces dynamiques entrent toutes en conflit avec le droit au logement décent, pourtant inscrit en toutes lettres dans la Constitution belge : 

« Art.23
Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.
[…] à cette fin, la loi, les décrets ou les règles garantissent, les droits économiques, sociaux et culturels. Ces droits comprennent notamment :[…] le droit à un logement décent ; »

Des loyers impayables : l’inflation immobilière

La crise du logement n’épargne aucune région en Belgique. L’inflation immobilière a ainsi atteint 2,3 % à Bruxelles, 3,3 % en Flandre et 5,4 % en Wallonie au premier trimestre 2025 (Statbel).

crise du logement en chiffres

Taux d’inflation pour les logements existants par région (source : Statbel) 

L’indice des prix des logements en Belgique a d’ailleurs atteint un pic de 143,12 points durant ce même trimestre (contre 142,18 points lors du trimestre précédent) et a augmenté de 0,7 % par rapport au quatrième trimestre de 2024. Ces chiffres illustrent une hausse constante du coût du logement (Trading Economics). On voit très clairement que les prix de l’immobilier ont explosé en 10 ans, et ainsi complexifié de plus en plus l‘accès à la propriété. Nous avons affaire à une crise du logement très sévère.  

statistiques crise du logement en graphique

Indice des prix des logements belges (HPI) et taux d’inflation annuel de ces prix (source : Statbel)

En Wallonie, la pression sur les ménages s’accroît : le coût d’un loyer mensuel (637 € en moyenne en 2024) augmente beaucoup plus rapidement que l’indice des prix à la consommation (Iweps).

crise du logement en Belgique

Évolution du loyer mensuel moyen en Wallonie (source : Iweps)

Une pénurie de logements sociaux 

 Au-delà d’une inflation immobilière qui rend les loyers complètement impayables, la crise du logement est aussi due à une grave pénurie de logements sociaux. 

Quelle que soit la région en Belgique, les files d’attente pour un logement social s’allongent à n’en plus finir. Les chiffres sont effarants. 

  • Bruxelles : plus de 52 000 ménages en attente 
  • Wallonie : 98 000 personnes patientent 
  • Flandre : 176 000 individus attendent (RTL)

 En Wallonie, il existe 100 000 logements publics mais le « taux de rotation » demeure très faible. Un peu plus de cinq ménages sur cent seulement quittent chaque année leur logement social, d’après le porte-parole de la Société Wallonne du Logement, Daniel Pollin. On constate ainsi dans cette région un gouffre entre l’offre et la demande (RTL).  

La problématique du logement social est avant tout une question d’engagement politique :  

« La plupart des logements publics sont financés par de l’argent public, ce qui nécessite des moyens colossaux pour répondre à la demande. Les gouvernements successifs […] ont choisi de concentrer leurs investissements sur la rénovation des bâtiments existants. […] En moyenne, 350 nouveaux logements sociaux sont créés chaque année, ce qui ne permet pas de combler la demande. » 

Daniel Pollin, porte-parole de la Société Wallonne du Logement, interviewé par RTL  

À cette grave pénurie s’ajoute l’insuffisance du parc de logements sociaux, qui ne représente ainsi que 7 % (à Bruxelles) et 6,5 % (en Wallonie) du parc immobilier (RTL).  

Des expulsions locatives à n’en plus finir  

L’expulsion locative constitue un autre facteur qui joue un rôle important dans la crise du logement. D’après une étude de Pernelle Godart, on dénombre, rien qu’à Bruxelles, une dizaine d’expulsions par jour. Soit plusieurs milliers par an. Mais ce n’est pas tout : ces chiffres ne comprennent même pas l’ensemble des expulsions cachées. Nombreuses sont les personnes qui sont ainsi mises à la porte sans même que les autorités ne soient mises au courant. 

Les conséquences d’une expulsion locative sont désastreuses pour les locataires les plus vulnérables. Sur le marché locatif privé, Bruxelles ne propose pas de logements au prix accessible pour les petits budgets. La saturation des logements sociaux contraint quant à elle les locataires expulsés·es à attendre 5, 10, voire 15 ans avant de se voir proposer un logement.  

Impossible donc de retrouver un logement dans ce contexte. L’expulsion amène dès lors ces publics à endurer le quotidien des personnes sans abri : l’accueil en hébergement d’urgence, le logement temporaire chez des connaissances ou même la vie en rue.

« Des familles dans des situations d’expulsion vont devoir chercher des hébergements d’urgence et quand on a 3, 4, 5, 6 enfants, il n’y a vraiment pas du tout de centres d’hébergement à Bruxelles qui soient réellement disponibles rapidement » 

Adèle Morvan, Travailleuse sociale à S.Ac.A.Do

Les marchands de sommeil  

Les marchands de sommeil sont des propriétaires qui profitent de la crise du logement pour louer un bien insalubre, surpeuplé et/ou dangereux, souvent à un prix exorbitant (police.be) : 

  • logement sale ;
  • murs humides ou nettement fissurés ;  
  • installations de gaz ou d’électricité défaillantes, etc. 

Exposé·e à ce type de situations, l’habitant·e s’expose à de multiples risques pour sa santé et sa sécurité. Pour le marchand de sommeil, l’objectif consiste à maximiser son bénéfice en louant un bien qui permet de loger une voire plusieurs personnes pour un investissement minimal. Les profils des victimes sont variés : personnes isolées, âgées ou en situation de séjour illégal, femmes avec ou sans enfants (police.be)…

Comment résoudre la crise du logement ?  

Face à la crise, il est plus qu’urgent d’agir pour que l’accès au logement devienne enfin une réalité commune pour toutes et tous en Belgique. Le pouvoir public doit absolument s’engager à augmenter le nombre de logements abordables grâce à des méthodes concrètes : 

  • Créer davantage de logements sociaux ; 
  • Encadrer les loyers ; 
  • Prévenir les expulsions ; 
  • Etc.   

Cette liste de solutions réalistes n’est pas exhaustive. La crise du logement est un phénomène complexe, qui mérite un décryptage en profondeur.  

Le média Nationale 4 : un tableau complet sur la crise du logement  

Pour sa saison 2, le média Nationale 4 se consacre à un tableau complet sur la crise du logement afin de dégager des solutions. Il propose de suivre six séries qui correspondent à autant d’urgences sociales, avec pour principaux territoires les villes de Charleroi, Bruxelles et Liège. On y découvre notamment : 

  • des témoignages sur linsalubrité à Charleroi ;
  • les expulsions incessantes du collectif bruxellois Zone Neutre ; 
  • la victoire d’un groupe de locataires face à un marchand de sommeil à Schaerbeek.  

Nationale 4 est un média thématique indépendant, sans publicité et d’accès gratuit. Pour mener à bien son travail d’investigation, il mise donc principalement sur le soutien financier de son public.    

Aux côtés d’autres associations ou collectifs, L’Ilot a décidé de soutenir ce projet plus qu’essentiel. Cette décision naturelle s’appuie sur une vision commune : comme Nationale 4, nous luttons pour que chacun·e ait accès à un logement digne et abordable

la rue tue sans abrisme
La rue tue : 30 ans d’espérance de vie en moins 1024 576 L'Ilot

La rue tue : 30 ans d’espérance de vie en moins

En Belgique, l’espérance de vie des personnes sans abri est de seulement 49 ans, contre plus de 80 ans pour la population générale. Ce chiffre glaçant illustre l’impact dévastateur de la vie dans la rue. Vivre sans chez-soi, c’est affronter chaque jour le froid, la faim, les maladies et les agressions, dans une bataille incessante pour la survie. Les personnes sans abri ont un risque de mortalité 6,5 fois plus élevé que le reste de la population. Une personne sur trois souffre de maladies psychiatriques sévères, et un tiers est touché par des addictions.

Cette réalité brutale ne peut plus être ignorée : en 2023, plus de 80 personnes sont mortes dans la rue à Bruxelles, soit le double des chiffres de 2009. Les femmes sans abri ont une espérance de vie encore plus basse avec une moyenne de 46 ans. Environ deux tiers d’entre elles meurent de maladies ou des suites d’agressions, souvent dans l’indifférence générale.

Comment, dans un pays comme le nôtre, pouvons-nous encore tolérer cette situation en 2024 ? Ces chiffres sont le reflet brutal d’une société qui abandonne les plus vulnérables à leur propre sort.

Chaque jour, L’Ilot se mobilise pour éviter ces drames. Mais les besoins sont immenses. Agir maintenant, c’est refuser de laisser la rue devenir un endroit sans droits, ni protection.

emotionele steunhond voor daklozen
Le chien, soutien émotionnel vital pour les personnes sans abri 1024 576 L'Ilot

Le chien, soutien émotionnel vital pour les personnes sans abri

Photo : ©Jevtic

Le chien, soutien émotionnel vital pour les personnes sans abri

Sommaire :
  • Le chien comme seul soutien émotionnel face à la vie en rue
    1. Un compagnon fidèle dans l’adversité
    2. Un soutien émotionnel face à la solitude
  • Le chien comme refuge pour les personnes sans abri
  • Des centres de jour à adapter pour accepter les chiens
  • Le projet innovant de L’Ilot pour accueillir les personnes sans abri avec leur chien

Selon une étude de l’université autonome de Barcelone, 67 % des personnes sans chez-soi ont un chien, et 74 % d’entre elles considèrent leur animal comme leur unique source de soutien social. Parmi les 9 777 personnes sans abri recensées à Bruxelles (chiffres du dernier dénombrement), beaucoup vivent avec un chien. Un animal de compagnie, véritable soutien émotionnel, qui représente souvent tout ce qui leur reste : un repère, une alarme, un réconfort…

Et pourtant, faute d’accueil adapté pour cet ami fidèle, beaucoup de personnes sans chez-soi renoncent aux services des centres de jour. Il est plus qu’urgent de penser autrement ces espaces afin de répondre aux besoins vitaux des femmes, des hommes et des enfants qui affrontent la rue. C’est pourquoi L’Ilot lance aujourd’hui un nouveau projet d’innovation sociale : adapter nos services de première ligne pour accueillir les personnes avec leurs chiens.

Le chien comme seul soutien émotionnel face à la vie en rue

Dans la rue, un lien vital subsiste encore parfois quand tout le reste s’est effondré. On parle ici de l’apport du chien comme soutien émotionnel pour les personnes sans abri. Ces femmes, hommes et enfants ont tout perdu et affrontent chaque jour la dure réalité de la vie sans chez-soi. Nous savons combien celle-ci détruit le corps, le moral, l’espoir…

Un compagnon fidèle dans l’adversité

Au milieu de toute cette violence, le chien est protecteur. Il devient un repère, un gardien contre la peur et l’abandon. Quand on n’a plus de toit, plus de sécurité, il reste cet être qui ne jugera jamais, qui restera à nos côtés, coûte que coûte. Pour beaucoup de personnes privées de logement, leur chien constitue leur seule famille.

Un soutien émotionnel face à la solitude

Dans un monde de solitude, les animaux de compagnie sont une source d’affection et de valorisation face au rejet de la société. Le chien reste un ami fidèle, il aide à tenir debout quand tout vacille. Il apporte un réconfort émotionnel constant, agit comme un rempart contre le stress et la solitude extrême. Selon la revue Harvard Health Publishing, la présence d’un animal de compagnie diminue en effet la tension artérielle ainsi que le cortisol (hormone du stress) et stimule l’ocytocine (hormone du bien-être).

Le chien comme refuge pour les personnes sans abri

La survie en rue est une lutte quotidienne. Face aux dangers, le chien représente un véritable refuge. Il permet de dormir quelques heures, sans craindre une agression ou un vol, se reposer en évitant un cauchemar de plus. Le manque de sommeil détruit. Dormir permet aux personnes sans abri de tenir, survivre une journée de plus. Et pour cela, beaucoup ne peuvent compter que sur leur chien.

« Avant, je ne dormais jamais. Je craignais trop qu’on m’agresse ou qu’on me vole. J’étais toujours sur mes gardes, épuisé, à bout de force. Je n’avais plus envie de vivre. Depuis que j’ai recueilli Molly, je peux enfin fermer les yeux quelques heures. Sans elle, je ne serais sûrement déjà plus là. »

Patrick*, personne sans abri, et sa chienne Molly

Des centres de jour à adapter pour accepter les chiens

Le lien vital qui unit les publics vivant en rue et leur chien est constamment mis en péril. Très peu de centres de jour acceptent les chiens. Les conséquences sont dramatiques : trop de personnes sans chez-soi renoncent à leurs besoins vitaux faute d’accueil adapté pour leur chien. Elles ne peuvent donc pas accéder aux services d’accompagnement social, prendre un repas ou une douche :

« C’est dur… Je ne peux pas aller me réchauffer, prendre une douche ou manger un vrai repas à cause de mon chien. Et je ne peux pas la laisser dehors, j’ai trop peur qu’on me la prenne ou qu’il lui arrive quelque-chose. »

Patrick*

Ce choix, inhumain, L’Ilot ne peut plus le cautionner. Nous refusons que la présence d’un chien soit un obstacle à l’accès à nos services.

Le projet innovant de L’Ilot pour accueillir les personnes sans abri avec leur chien

Toute personne dans le besoin doit pouvoir être accueillie avec dignité, qu’elle soit seule ou accompagnée de son compagnon à quatre pattes. C’est pourquoi L’Ilot lance aujourd’hui un nouveau projet d’innovation sociale : adapter nos services de première ligne pour accueillir les personnes avec leurs chiens. Ce qui implique :

  • de former nos équipes à l’accueil canin ;
  • d’aménager des espaces adaptés à leurs besoins ;
  • de fournir des soins antiparasitaires gratuits ;
  • etc.

Protéger ce lien, c’est protéger une vie. Ce projet vital, nous le portons sans aucune subvention financière. Ce qui signifie que sans votre soutien, il ne verra jamais le jour ! Votre don peut changer des vies.

Personne ne devrait être contraint de choisir entre des soins de première nécessité et son animal de compagnie.

* Prénom d’emprunt. Patrick symbolise les centaines de personnes sans abri accompagnées par L’Ilot grâce à votre soutien.

soirées théâtre sans abrisme
Événement – L’Ilot vous invite à deux soirées théâtre exceptionnelles ! 1024 576 L'Ilot

Événement – L’Ilot vous invite à deux soirées théâtre exceptionnelles !

Parce que le sans-abrisme frappe durement les femmes, parce qu’il est urgent d’agir, L’Ilot vous convie à deux événements culturels engagés et solidaires.

Depuis septembre 2023, L’Ilot a ouvert Circé de L’Ilot, le premier Centre de jour dédié aux femmes sans abri à Bruxelles, un lieu sécurisant où elles peuvent se reposer et envisager une reconstruction. Pour soutenir ce projet essentiel, nous vous invitons à deux représentations théâtrales inoubliables, dont les bénéfices seront entièrement reversés à L’Ilot.

Iphigénie a splott (mardi 7 octobre au Cirque Royal de Bruxelles)

En collaboration avec le Théâtre de Poche et le Cirque Royal, venez découvrir la grande dernière de Iphigénie à Splott, un seul en scène percutant qui a marqué son époque.

Lieu : Cirque Royal, Bruxelles
Date : Mardi 7 octobre 2025
Places réservées : Corbeille J et L (places roses sur le plan)
Prix unique : 30 €

spectacle iphigénie à splott

©Lara Herbinia

Queen Kong (mercredi 26 novembre au Centre Culturel d’Uccle)

Queen Kong, une pièce libératrice et viscéralement contemporaine, retrace le combat d’une héroïne qui brave les normes et affirme sa liberté. Une œuvre forte, adaptée par Georges Lini, saluée par la critique et la jeunesse.

Lieu : Centre Culturel d’Uccle
Date : Mercredi 26 novembre 2025
Prix : 12 euros (prix scolaire) /  30 euros (prix standard) / 100 euros (prix de soutien)

queen kong

©Lara Herbinia

pension Belgique : précarité personnes âgées
Pension en Belgique : la précarité des personnes âgées 1024 576 L'Ilot

Pension en Belgique : la précarité des personnes âgées

Pension en Belgique : plus de précarité pour les personnes âgées

Sommaire :

  • Un système de pension qui aggrave la précarité des personnes âgées
  • Vieillir dans la précarité : un phénomène en forte croissance
  • La pension, réel rempart contre la précarité des personnes âgées ?
  • Comment aider une personne âgée en situation de précarité ?
  • Sources 

Récemment amené par le gouvernement Arizona, l’accord de Pâques inclut une série de mesures qui touchent en profondeur le système sensible des pensions. De quoi nourrir l’inquiétude quand on sait que les prévisions de Statbel annoncent un vieillissement de la population belge dans les prochaines années.  

Déjà bien présente, la précarité des personnes âgées risque ainsi de s’aggraver de façon drastique. Une question se pose : vieillir demain en Belgique sera-t-il synonyme d’exclusion sociale ? 

Un système de pension qui aggrave la précarité des personnes âgées 

Afin d’inciter les Belges à prolonger leur carrière, le gouvernement a inscrit dans l’accord de Pâques un mécanisme de malus pension. Si vous souhaitez prendre votre retraite avant l’âge légal de 66 ans (67 ans en 2030), vous devrez ainsi subir une pénalité financière. La conséquence ? Les senior·es devront subvenir à leurs besoins durant une période allongée, alors même que beaucoup peinent à conserver un emploi ou à en retrouver un après 55 ans.  

Pour bénéficier du nouveau bonus-pension, vous serez obligé·e de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite. Chaque année prestée augmentera alors un peu plus (2 %, 4 % ou 5 %) votre pension.  

Mais ce n’est pas tout. La limitation des allocations de chômage à 2 ans (dès 2026) charrie avec elle son lot d’inquiétudes. Pour être épargné·es par cette mesure, les 55 ans et plus devront prouver 30 ans de carrière (35 à partir de 2030). Le risque ? Une exclusion massive des chômeur·euses de cette catégorie d’âge… et un basculement dans la précarité pour les personnes âgées. 

Vieillir dans la précarité : un phénomène en forte croissance 

D’après une étude de Statbel, près de 20 % de la population belge courait déjà un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2024. Soit plus de 2 millions de personnes.   

On constate également que près de 18 % des 65 ans et plus étaient considéré·es comme « à risque de pauvreté », contre 13 % de la population globale. Autrement dit, les personnes âgées courent en Belgique un risque de pauvreté plus élevé que les autres. Le Bureau fédéral du Plan tire même la sonnette d’alarme : si aucune politique ne change la donne, cette situation préoccupante se dégradera dès le milieu des années 2050. 

Il est donc essentiel d’agir aujourd’hui, d’autant plus que le nombre de senior·es en Belgique explosera à l’avenir en raison d’un vieillissement démographique. D’après les projections de Statbel, le nombre de personnes âgées augmentera ainsi sensiblement dans les prochaines années.  

Si, en 2024, on comptait 28 personnes de 67 ans et plus pour 100 personnes de 18 à 66 ans, on en dénombrera 37 en 2040 et 43 en 2070. De quoi confirmer la thèse d’un vieillissement de la population.  

vieillissement démographique Belgique : précarité seniors

Proportion de personnes âgées de 67 ans et plus par rapport à la population en âge de travailler (source : Bureau fédéral du Plan

D’après les prévisions, l’espérance de vie moyenne augmentera pour atteindre, en 2070, 89,8 ans pour les femmes et 88,1 ans pour les hommes. Cette évolution génère ainsi des pressions sur le système de pension. D’ici 2040, on comptera un million de Belges de plus de 80 ans ! De nouvelles solutions doivent donc être trouvées pour garantir un équilibre économique. 

L’allongement de la durée de vie nécessite également une réflexion de fond quant aux structures d’accueil ou aux soins à domicile pour les personnes âgées. 

vieillissement démographique : pauvreté personnes âgées

L’évolution de l’espérance de vie à la naissance en Belgique (source : Statbel) 

La pension, réel rempart contre la précarité des personnes âgées ?  

Pour beaucoup de senior·es, la pension ne suffit déjà plus à couvrir un loyer, des soins médicaux ou même une alimentation décente. Il faut dire que le vieillissement à domicile coûte autour de 1 200 euros mensuels, sans compter les charges (loyer, énergie, nourriture, etc.). Avec un coût moyen de 2 084 € par mois, la maison de repos constitue dans ce paysage peu enviable un luxe inaccessible pour la plupart.  

Un·e senior·e sur quatre vit sous le seuil de pauvreté à Bruxelles. Quand il n’y a plus de toit, de proches ou de solutions, la rue devient la seule issue. Aucune alternative n’est proposée à celles et ceux dont la pension est trop faible. En Belgique, près de 5 000 personnes âgées vivent sans chez-soi. Quand on perd son logement, il ne reste que la solitude, l’invisibilité, le silence et la violence… 

 Dans ce contexte déjà compliqué, les mesures actuelles du gouvernement Arizona ne feront qu’exposer encore davantage nos aîné·es au risque du sans-abrisme.  

Comment aider une personne âgée en situation de précarité ? 

Chaque jour, L’Ilot lutte contre la précarité des personnes âgées avec des moyens adaptés.  

  • Nos Centres de jour (tels que Circé) offrent un répit essentiel : un repas chaud, une douche, une écoute bienveillante ou encore un accompagnement social.  
  • Nos Maisons d’accueil proposent plus qu’un toit : un lit, des soins, mais surtout un soutien psychosocial sur mesure pour retrouver un logement durable. 
  • Nos Cuisines et notre Recyclerie forment à l’emploi.  

Grâce à ces services d’accompagnement, nous permettons à des senior·es épuisé·es par la vie en rue de se reconstruire et de retrouver une place digne dans la société.  

 “L’Ilot m’a soutenu de tous points de vue. D’abord, avec un toit pour dormir. Ensuite, en m’aidant à régler mes problèmes de pension et à remettre ma mutuelle en ordre. Enfin, ils m’ont permis d’ouvrir un compte en banque car j’ai pu prendre mon adresse officielle dans la Maison d’accueil.” 

Jean-Pierre, usager de L’Ilot 

 À 68, 72 ou 79 ans, personne ne devrait dormir dehors. Grâce à votre don, nous redonnons un peu de chaleur, de sécurité et d’espoir à celles et ceux qui n’ont plus rien… hormis le poids des années. Face à cette injustice silencieuse, votre soutien peut tout changer. 

Vous pouvez devenir acteur·ice du changement. 

nouvelle réglementation attestation fiscale
Plus de besoins, moins de moyens 1024 576 L'Ilot

Plus de besoins, moins de moyens

L’équation impossible des organisations de lutte contre le sans-abrisme

Une perte de revenus avec la diminution de la déduction fiscale sur le don…

La levée de fonds privés nous est devenue indispensable pour assurer le financement de  nos activités face aux besoins grandissants en matière de lutte contre la grande  précarité. Conscients des limites budgétaires des autorités publiques, nos organisations  ont patiemment construit un réseau de donatrices et donateurs privés pour pallier le  manque. Ces dons rendent par exemple possible des projets d’innovation sociale peu ou  pas subsidiés. Ils assurent aussi un renforcement en personnel des projets  structurellement sous-financés. Enfin, ils autorisent la mise à niveau de nos  infrastructures nous permettant de les rendre plus qualitatives. Pour envisager une  montée en puissance de nos actions face à l’accroissement de la problématique du  sans-abrisme, la levée de fonds privés est une piste dans laquelle nos organisations ont  investi, notamment poussées par des discours de responsabilisation financière.  L’annonce du gouvernement fédéral d’une réduction des déductions fiscales sur les  dons, passant de 45 à 30%, est donc extrêmement inquiétante. Cela va  mécaniquement conduire à une réduction de nos revenus sur ce segment, à un moment  où nos financements publics sont eux aussi remis en question. 

…couplée à une augmentation de la grande précarité 

La Belgique connait depuis une quinzaine d’années une augmentation sans précédent  du sans-abrisme. Ce phénomène observé par toutes et tous est confirmé par plusieurs  dénombrements des personnes sans-abris organisés par différents organismes publics  et indépendants. Bruxelles en est un exemple frappant: le nombre de personnes sans  abri y est passé de 1.724 en 2008 à 9.777 en 2024 selon le décompte de Bruss’Help, soit  un nombre six fois supérieur. Face à une telle spirale, un plan ambitieux est nécessaire  si on veut inverser la tendance. Pourtant, les mesures annoncées par le nouveau  gouvernement fédéral dans son accord de majorité retirent beaucoup de filets de  sécurité pour les populations les plus fragiles. Cela fait craindre une augmentation de la  perte de logement et donc une accélération inquiétante du sans-abrisme structurel. 

Pour nos organisations, la situation ne fait pas de doute : nos services, déjà saturés,  vont connaître un accroissement de la demande à laquelle nous n’aurons pas la capacité  de répondre.

Une réduction de nos moyens et une augmentation des besoins sur nos missions, voilà  le cocktail explosif auquel nous nous préparons.  

Il est possible que le nouveau gouvernement fédéral, en prenant des décisions qui sont  toujours techniques et complexes à élaborer, n’ait pas envisagé ces conséquences.  Nous voulons donc l’interpeller sur le risque qui se pose ici. Personne ne désire une  explosion du nombre de personnes en rue : ce n’est pas l’idée que l’on se fait d’une  société riche et prospère. Ce sont des destins brisés couplés à un coût sociétal  important, car plus longtemps on reste en rue et plus long et coûteux est le chemin pour  en sortir. 

La déduction fiscale sur le don permettait jusqu’ici au gouvernement d’agir sur ce drame  sociétal à moindres frais. Chaque euro investi dans nos organisations ne coûte que 45  centimes à l’État. Cela permet donc une répartition du financement des actions entre les  citoyens et citoyennes d’une part et les autorités publiques d’autre part. Si demain,  investir dans la collecte de dons devait ne plus être rentable pour nos organisations, nous  n’aurions d’autre choix que de nous tourner vers les pouvoirs publics pour compenser le  manque à gagner, rendant l’opération négative pour les finances publiques.  

Nous appelons donc le nouveau gouvernement fédéral à entendre notre appel et à  adapter ses mesures.  

[Interpeler vos élu∙es, partager cet appel, c’est agir concrètement sur l’avenir de milliers  de personnes sans chez-soi et grandement précarisées.]  

Signataires :

  • L’Ilot
  • Infirmiers de rue
  • Samusocial
  • AMA – Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri
  • CPVCF
  • Le Chant d’Oiseau
  • Le Home Baudouin
  • Le Home du pré
  • Le Comité de la Samaritaine, asbl
  • L’Entraide de Saint-Gilles (Diaconia Asbl)
  • Chèvrefeuille
  • Resto du Coeur de Saint-Gilles
  • CASAF ASBL- Aire de Rien  (Les Petits Riens )
  • Pierre d’Angle asbl
  • Source asbl
  • Rolling Douche Asbl
  • Service d’Entraide Familiale ASBL (SEF ASBL)
  • Mères et Enfants asbl
  • Maison d’Accueil Saint-Paul Asbl
  • Maison maternelle Paul Henricot
  • asbl DIOGENES vzw
  • Les Frangines asbl
  • Le Tremplin
  • Bulle Wasserette Mobile
  • Maison d’accueil L’Etape ASBL
  • Maison d’accueil L’Espérance
  • La Fontaine Liège / Ordre de Malte Belgique asbl
  • Braséro – Accueil de jour – ASBL
  • Les Petits Riens asbl
  • Nativitas asbl
  • L’Eglantier
dénombrement sans abri Bruxelles
Dénombrement des personnes sans abri : résultats alarmants 1024 683 L'Ilot

Dénombrement des personnes sans abri : résultats alarmants

Photo : ©Arnaud Ghys

Sommaire :

  • Pourquoi ce dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles ? 
  • Les chiffres du dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles 
  • Le détricotage des politiques sociales : quel impact sur l’évolution du sans-abrisme ?   
  • Quelles solutions pour les personnes sans abri ou mal-logées ? 

Les chiffres du dernier dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles viennent d’être publiés par Bruss’help dans son rapport préliminaire 2025. Et le constat est alarmant : 9 777 d’entre eux.elles vivent sans chez-soi dans la capitale belge. Soit une augmentation de 25 % en seulement 2 ans !  

Une telle expansion du phénomène n’avait jamais été connue jusqu’à ce jour. À l’œuvre au niveau fédéral, le détricotage des politiques sociales annonce un futur sans promesses d’améliorations. Mais comment, dans une capitale européenne, tant de personnes peuvent-elles encore vivre cette situation ?  

Pourquoi ce dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles ? 

Le dénombrement, le fait même de compter, permet de mettre en lumière un phénomène souvent dissimulé. Cet effort de visibilisation pose ainsi les bases d’un pilotage plus juste des politiques publiques. Afin d’obtenir une cartographie la plus exacte possible, le dénombrement du nombre de personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles s’appuie sur une méthodologie robuste.  

Les chiffres du dénombrement des personnes sans abri ou mal-logées à Bruxelles   

Le dénombrement de 2022 recensait déjà 7 134 personnes sans chez-soi à Bruxelles. En 2024, ce sont cette fois 9 777 personnes sans abri ou mal-logées qui tentent de survivre dans la capitale. Cette hausse de 25 % démontre une aggravation claire du phénomène, qui s’explique par différents facteurs, comme l’explique le président de Bruss’Help : 

  • l’évolution significative de la pauvreté à Bruxelles ; 
  • l’augmentation abusive des loyers qui mène à des expulsions massives  
  • l’arrêt de l’accueil d’hommes seuls dans les structures de Fedasil. 
dénombrement sans abri Bruss'help

Pourcentage de personnes sans chez-soi dénombrées par profil (Source : Bruss’help) 

Mais ce n’est pas tout. Le nombre de mineurs·es et de femmes sans abri ou mal-logées a également explosé en l’espace de seulement deux ans : 

  • 2022 : on recense 1 283 femmes et 977 mineurs∙es sans chez-soi à Bruxelles ; 
  • 2024 : on compte 1 991 femmes et 1 678 mineurs∙es sans abri ou mal-logées dans la capitale.  
combien de sans abri à bruxelles

Répartition des personnes sans chez-soi selon l’âge et le genre (Source : Bruss’help) 

Le détricotage des politiques sociales : quel impact sur l’évolution du sans-abrisme ?   

L’accord des partis du gouvernement Arizona comporte une série de mesures qui concernent nos pensions, salaires et services publics, parmi lesquelles on retrouve : 

  • la diminution de la cotisation spéciale de sécurité sociale ; 
  • le rétablissement de la période d’essai ; 
  • la limitation des allocations de chômage à 2 ans ;  
  • le plafonnage des aides sociales des chômeurs·ses au salaire minimum ; 
  • l’introduction de malus (jusqu’à 404 € par mois) pour inciter les futurs·es pensionnés·es à ne pas anticiper leur retraite.  

Ces décisions qui remodèlent drastiquement les politiques sociales impliquent à terme une nouvelle accélération du sans-abrisme à Bruxelles. La baisse des ressources de l’aide sociale, le risque de saturation des CPAS, la facilitation des licenciements précoces, etc. : autant de conséquences concrètes qui menacent le maintien en logement, d’autant plus dans une ville où les loyers explosent 

Quelles solutions pour les personnes sans abri ou mal-logées ?  

Les chiffres du dénombrement de 2024 le démontrent encore : le sans-abrisme est une problématique de grande ampleur. Comment, dès lors, lutter contre le phénomène ? 

À L’Ilot, notre accompagnement des personnes sans chez-soi s’organise en 5 actions : 

  • accueil d’urgence : deux Centres de jour (dont Circé, dédié aux fxmmes) pour les besoins de première nécessité ; 
  • hébergement temporaire : quatre Maisons d’accueil pour se reconstruire et se stabiliser ;  
  • logement : une cellule de Captation et de Création de Logements (CCL), ainsi qu’un Service d’Accompagnement À Domicile (S.Ac.A.Do.) et un Service d’Installation en Logement (SIL) ;  
  • formation & emploi : les Cuisines et la Recyclerie de L’Ilot pour former à un emploi ;   
  • santé alimentaire : une collecte alimentaire pour proposer une alimentation saine et durable.

Soutenir le combat de L’Ilot, c’est faire un geste pour la fin du sans-abrisme à Bruxelles. 

Votez pour Circé de L’Ilot
et aidez-nous à remporter jusqu’à
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Votez pour Circé de L’Ilot et aidez-nous à remporter jusqu’à 100 000 € au grand concours Lady Fortuna de la Loterie Nationale !

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