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Aurélie Van De Walle

SOS : SOCIAL SECTOR OUT OF SERVICE CRISE DU SANS-ABRISME À BRUXELLES : L’APPEL À L’AIDE D’UN SECTEUR ÉPUISÉ 1024 576 L'Ilot

SOS : SOCIAL SECTOR OUT OF SERVICE CRISE DU SANS-ABRISME À BRUXELLES : L’APPEL À L’AIDE D’UN SECTEUR ÉPUISÉ

Pour la première fois depuis les cinq dernières années marquées par une série de crises à répétition, les travailleurs et travailleuses des secteurs de l’aide et de l’accompagnement des personnes sans-abri et mal logées observeront une heure symbolique d’arrêt de travail ce mercredi 13 mars.

Cette action vise à attirer l'attention sur la situation critique du sans-abrisme à Bruxelles ainsi que les défis considérables auxquels sont confrontés les travailleur.se.s de ce secteur, et à pousser les autorités à prendre des mesures urgentes.

Dans un contexte où 2.144.000 de Belges, soit 18,7% de la population, risquent la pauvreté ou l'exclusion sociale selon Statbel, il est impératif d'agir. À Bruxelles, ce chiffre s'élève à 415.000 personnes, soit 34% de la population, parmi lesquelles plus de 7.000 sont sans-abri ou mal logées,en augmentation de près de 20% en deux ans selon les chiffres de Bruss’help en octobre 2022.

Cette situation alarmante est exacerbée par une augmentation constante du nombre de personnes faisant appel aux services d'aide et d'accompagnement. De ce fait et depuis plusieurs années déjà, le secteur se trouve face à une saturation des dispositifs d’accueil
existant, malgré l’augmentation des places à disposition, ce qui aggrave finalement la précarisation de la population et met en péril les personnes non-accueillies.

Revendications et propositions

Dans ce contexte, le secteur tire la sonnette d'alarme et interpelle le Premier Ministre, Alexander De Croo, et le Ministre-Président bruxellois, Rudi Vervoort. Il avance quatre constats alarmants de mise sous haute tension des lignes d'aide et propose des solutions concrètes pour sortir de cette impasse. Parmi ces constats, on observe une (sur)saturation des dispositifs d'accueil, où la demande dépasse largement la capacité d'accueil disponible. Celle-ci entraîne une mise en concurrence des publics, qui elle-même met également en péril le principe d'inconditionnalité, forçant les équipes à faire face à des choix impossibles entre différents publics, faute de place suffisante. Amplifiée par la situation de crise et l’absence de perspectives de réinsertion durable encore possible à offrir aux personnes, une augmentation des tensions et des violences est vécue au sein des structures d'aide et d'hébergement. Face à tout cela, les équipes de terrains s’épuisent, confrontées à des défis incessants et à des ressources limitées, aggravant encore davantage la situation.

Dans ce contexte, le secteur tire la sonnette d’alarme en amenant des solutions. Les propositions visent à renforcer la prévention de la perte de logement ainsi que les portes d'entrée et les solutions de sortie du système d'aide, et ceci afin de garantir un accueil digne pour tous les publics sans condition de statut administratif. Par ailleurs, le secteur attire l’attention sur la nécessité de renforcer le rôle de planification stratégique pour prévenir les crises et de valoriser le personnel du secteur social-santé.

Action

Bien plus qu'une simple manifestation, cette action constitue une déclaration collective d'urgence sociale. Pour cette mobilisation sans précédent, les services du secteur interrompent temporairement leurs opérations habituelles avec un arrêt de travail généralisé de 11h à midi, un moment symbolique pour marquer une pause au sein d’équipes travaillant toute l’année à flux tendu, été comme hiver. Durant cette heure, les services seront suspendus afin de mettre en évidence les défis auxquels sont confrontés les secteurs de l'accueil et de l'accompagnement des publics en grande précarité.

En lançant ce SOS, le secteur de l’aide demande non seulement des changements immédiats mais aussi un engagement à long terme pour résoudre les problèmes structurels sous-jacents au sans-abrisme. Ils mettent en avant l'importance cruciale d’une planification stratégique adaptée pour construire un avenir où chacun et chacune a le droit à un logement décent, à la dignité, et à des services sociaux accessibles.

Santé mentale : 70% des personnes que nous accompagnons souffrent de troubles de la santé mentale. 1024 576 L'Ilot

Santé mentale : 70% des personnes que nous accompagnons souffrent de troubles de la santé mentale.

L'angoisse persistante d'une agression, le manque de sommeil, le froid, la faim, la recherche d’un toit pour la nuit... Le sans-abrisme aggrave considérablement les troubles anxieux et les états dépressifs, menant potentiellement à des pathologies plus sévères et complexes.

Au sein de L’Ilot, la santé mentale est une préoccupation majeure. 70% des personnes que nous accompagnons souffrent de troubles de la santé mentale, dont au moins 25% de troubles psychiatriques plus graves, tels que la psychose ou la schizophrénie.

Cette réalité, observée dans nos Maisons d’accueil et nos Centres de jour, s’inscrit dans un contexte de pauvreté grandissante qui plonge un nombre toujours plus important de femmes, d’hommes et d’enfants dans des conditions de vie indignes.

Aujourd’hui, 2 144 000 Belges, soit 18,7% de la population, courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Notre psychologue clinicienne Vasiliki, nous éclaire sur les réalités souvent invisibles des personnes sans abri. Elle observe que nombre d’entre elles minimisent leurs problèmes de santé allant jusqu’à se détacher de leur propre corps pour atténuer la souffrance physique et émotionnelle causée par la vie en rue.

Le rôle des psychologues est indispensable : ils et elles aident activement les personnes en souffrance à s'ouvrir, à partager leurs expériences douloureuses et à prendre conscience de leur parcours. Ce soutien psychologique est vital pour prévenir les crises violentes et accompagner chacun et chacune dans un processus de guérison et de réintégration sociale.

L’expérience nous montre que notre approche psychosociale ne se contente pas d’améliorer la santé mentale des personnes, elle les aide à dépasser leurs craintes ou blocages pour restaurer leurs relations familiales, amicales ou professionnelles. C'est le cas par exemple de Vincent* que nous avons accompagné au sein de notre Maison d’accueil pour hommes et qui, grâce à des entretiens réguliers avec notre psychologue, a repris contact avec sa fille. Nous avons également réalisé un travail exceptionnel avec Timéo*, jeune homme de 21 ans qui a vécu plusieurs mois en rue. Au fil des rencontres, Timéo* a pris conscience de ses schémas destructeurs et de leurs conséquences. Il mène aujourd’hui une vie stable : il habite en colocation, travaille et entretient des relations sociales épanouissantes.

Cependant, nos services se trouvent actuellement submergés par un nombre croissant de personnes sans abri présentant des troubles psychologiques, voire psychiatriques graves. Cette situation est exacerbée par une pénurie de personnel, en particulier de spécialistes formés en psychologie.

Nous avons impérativement besoin de votre soutien pour renforcer nos équipes et assurer un soutien psychologique dans chaque Maison d’accueil et chaque Centre de jour d'urgence.

* Prénom d'emprunt. Nos témoignages sont reconstitués d'après plusieurs expériences de terrain pour ne pas mettre en péril l'anonymat de nos usagers et usagères.

Soirée stand-up au profit de L’Ilot ! 1024 576 L'Ilot

Soirée stand-up au profit de L’Ilot !

Ce vendredi 15 mars, L'Ilot organise une soirée stand-up avec une programmation 100% féminine, dont les humoristes belges Fanny Ruwet et Lisa Delmoitiez. Cette soirée sera l’occasion de soutenir l’ouverture en septembre dernier du premier Centre de jour pour femmes sans abri en Belgique et de se projeter déjà sur son déménagement futur dans un lieu aux espaces repensés !

En plus de passer un moment rigolo, chacune de vos présences nous aideront à faire ensemble ce pas en avant gigantesque pour la reconnaissance du sans-abrisme au féminin.

INFOS PRATIQUES
  • Quand ? Le vendredi 15 mars de 19h à minuit
  • Où ? À La Tricoterie
  • Prix ? Prix standard : 30 euros / Prix de soutien : 100 euros
AU PROGRAMME
  • 19h-20h30 : accueil, bar & petite restauration et tombola pas pour rire
  • 20h30 – 22h30 : soirée plateau animée par Fanny Ruwet et Lisa Delmoitiez
  • 22h30-03h00 : bar (au rez-de-chaussée) et soirée Java (au sous-sol)

Réservation obligatoire avant le 1er mars via info@ilot.be

Les revendications clés du secteur bruxellois d’aide aux personnes sans abri en vue des élections 2024 1024 576 L'Ilot

Les revendications clés du secteur bruxellois d’aide aux personnes sans abri en vue des élections 2024

Face à l’augmentation du nombre de personnes sans abri et mal logées en Région de Bruxelles-Capitale et à la complexification des problématiques qu’elles rencontrent, des associations du secteur de l’aide aux personnes sans abri ainsi que les deux fédérations représentatives du secteur ont décidé d’unir leurs forces afin de communiquer de manière commune sur les actions prioritaires à mettre en place afin de lutter contre le sans-abrisme et le mal-logement à Bruxelles.

En effet, le 9 juin 2024 se dérouleront des élections cruciales qui éliront nos représentants politiques pour les 5 prochaines années au niveau régional, fédéral et européen. Il ne suffit plus de gérer la problématique du sans-abrisme mais de véritablement agir afin de lutter contre cette forme de précarité la plus extrême. 

Afin que nos décideurs politiques fassent de cette lutte une priorité et agissent de manière concrète et efficace, nous avons besoin de vous pour nous aider à porter ces messages. Alors n’hésitez plus, prenez connaissance de nos dix priorités, partagez-les sur les réseaux sociaux, débattez-en avec vos proches et interpellez vos élus !

Crise du logement

Aujourd’hui à Bruxelles, si votre seul revenu est le RIS (revenu d’intégration social du CPAS) il n’est financièrement pas possible de se payer un logement sur le marché privé de la location.  Le RIS pour un isolé est de 1263 euros par mois, alors que le prix moyen d’un studio à Bruxelles a maintenant dépassé les 800€ par mois et celui d’un appartement les 1159€ par mois (chiffres Federia 2023). Les logements sociaux étant saturés (minimum 8 ans d’attente, le double si vous êtes une famille nombreuse), la perte de logement signifie donc souvent le début du sans-abrisme. Ce n’était pas le cas, ou en tout cas pas aussi fort, il y a 10 ans. De la même manière, une fois devenu sans-abri, sortir de la rue est un casse-tête : nos services sont démunis lorsqu’ils accompagnent des personnes en recherche de logement.   

Face à ce constat, L’Ilot a choisi de faire plus en matière de logement. Avec d’autres, nous avons imaginé la Cellule Création et Captation de logement (CCL) qui vise justement à faire passer des biens du privé vers le logement social afin d’y loger des personnes sans abri. Pour compléter cet effort, nous avons participé à la création de la coopérative Fairground qui vise à sortir du marché spéculatif un maximum de l’immobilier bruxellois. Le but est de le protéger de la spéculation immobilière. Malgré des succès incontestables, nous ne nous battons pas à armes égales face à une situation du logement à Bruxelles qui se détériore toujours plus au dépend des plus précaires.

Nous avons donc besoin que le prochain gouvernement attaque ce problème à bras le corps. Si la protection des locataires ne s’améliore pas, nous verrons les chiffres du sans-abrisme à Bruxelles continuer à augmenter de manière inquiétante. C’est un autre choix de société que nous appelons de nos vœux. Cela implique, parmi d’autres choses, de : 

  • Augmenter l’offre de logement social sur Bruxelles 
  • Donner plus de moyens aux services chargés de la prévention des expulsions 
  • Faire des jugements d’expulsion par défaut (en l’absence des concernés) l’exception 
  • Lutter davantage contre la spéculation immobilière : un logement est un droit avant d’être un bien d’investissement 
  • … et beaucoup d’autres propositions encore comme celles développées par le RBDH (Rassemblement Bruxellois du Droit à l’Habitat) qui rassemble 50 organisations dont L’Ilot.

Détresse psychique et usage de drogues

Les crises successives ont démultiplié les situations de détresse psychique et les dommages liés à l’usage de drogues. Les services d’aide aux personnes sans abri sont confrontés à une explosion des problématiques de santé mentale et d'assuétudes. Le plus souvent sans avoir les moyens ou l’expertise pour y faire face. Pour y remédier, nous militons pour un renforcement du secteur de la santé mentale et exigeons une politique publique ambitieuse en matière de réduction des risques liés à l'usage de drogues.

Difficultés d’accès aux droits sociaux

En Belgique, l’accès à certains droits sociaux tels que la mutuelle, le CPAS sont indissociables de l’accès à un logement. Actuellement, des centaines de personnes n’ont pas accès aux droits de base en raison d’une absence de logement ou tout simplement d’adresse. Le secteur social demande depuis des années de dissocier les droits des personnes de leur adresse, d'abroger le statut de cohabitant, de faciliter l’accès à une adresse de référence et de maintenir les guichets physiques des services. Ces changements sont à notre portée, rendons les possibles.

Crise de l'accueil

Le droit international impose aux Etats d’héberger les personnes qui demandent l’asile pendant la durée de la procédure. La Belgique s’était toujours acquittée de ce devoir jusqu’à cette législature durant laquelle le gouvernement fédéral n’a plus jugé prioritaire de respecter le cadre légal sur cette question. Résultat, des milliers de demandeurs et demandeuses d’asile sont laissées à la rue. C’est évidemment la Région bruxelloise qui concentre l’écrasante majorité de cette population. Dans la capitale, des milliers de nouvelles personnes sans abri s’ajoutent ainsi aux milliers préexistantes dans un contexte où les services bruxellois du secteur sont déjà largement saturés. La Belgique a été condamnée plusieurs fois à l’Europe et 8.800 fois par la justice belge sur cette question sans que cela ne change réellement l’attitude du gouvernement fédéral. Cette situation ne peut plus durer. Nous voulons un accueil digne pour toutes et tous.

Sans papiers, sans droits, sans abri

Aujourd’hui, parmi le public sans abri accueilli à Bruxelles dans les centres du Samusocial, 70 % sont des personnes sans papiers ou sans titre de séjour valable. Notamment des personnes âgées, des personnes malades, des femmes victimes de violences conjugales / intrafamiliales ayant dû fuir leur foyer…Pour protéger les plus vulnérables et sortir de l’impasse opérationnelle actuelle, il faut que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. Le statu quo n’est plus tenable, des solutions existent  !  Voir notamment la campagne du Samusocial et de 22 autres organisations

Sortie d’institution →  entrée en rue ?

« Aucune sortie d’institution (aide à la jeunesse, prison, hôpital, …) ne doit se faire sans offre de logement. » Cette proposition fait partie d'un texte signé par tous les pays européens à Lisbonne en 2021. En Belgique, rien n'a été mis en place pour y parvenir : les personnes sortent de prison sans accompagnement, amenant une importante part d’entre elles à se retrouver sans logement. C'est aussi le cas de l'aide à la jeunesse qui, une fois leur majorité atteinte, peine à accompagner suffisamment les jeunes : 25 % des jeunes en errances sortent d'institutions d'aide à la jeunesse. Nous refusons qu'une sortie d'institution soit une entrée en rue.

Public pluriel, réponse unique ?

Plus d’une personne sur dix recensée sans chez-soi est mineure, une sur cinq est une femme et une sur cinq est âgée de 18 à 25 ans. Des jeunes, des femmes, des personnes victimes de violences intra-familiales, des personnes LGBTQIA+, etc. À chaque personne son histoire et ses besoins spécifiques, le secteur doit pouvoir y répondre en offrant des solutions adaptées à tou.te.s. À cette fin, un soutien est nécessaire à la spécialisation et à la formation des structures.

Des services saturés

Face à l’augmentation alarmante du nombre de personnes sans chez-soi en Région de Bruxelles-Capitale, les structures d’accueil sont saturées et les équipes de terrain toujours plus sollicitées. Les 7134 personnes sans chez-soi recensées lors du dénombrement effectué par Bruss’help en 2022 masquent une diversité des profils cumulant parfois les problématiques (santé mentale, assuétudes…). Aujourd’hui, l’accueil et l’accompagnement de ces publics spécifiques nécessitent un renforcement des équipes, notamment par des compétences pluridisciplinaires non prévues par le cadre légal en vigueur.

Personnel à bout de souffle

D’année en année, le secteur de l’aide aux personnes sans abri voit ses obligations croître afin de compenser les guichets qui se ferment, la crise du logement, la saturation des services d’aide en santé mentale et physique, etc. Face à ce tsunami, le sens au travail s’abîme. Aujourd’hui, le métier de travailleur·se social·e est en pénurie et les équipes de notre secteur font face à des conditions de travail de plus en plus dures. Afin de garantir une aide psycho-médico-sociale de qualité, il faut revaloriser le travail social grâce à des hausses salariales ainsi qu’une diminution de la pénibilité de leur travail.

Coordonner les efforts

La fin du sans-abrisme et du mal logement ne peut se réaliser qu’en s’attaquant de manière structurelle aux causes et en actionnant l’ensemble des leviers vers une insertion durable. Les compétences pour s’y atteler (Logement, Action sociale, Migration, Santé, etc.) étant réparties entre plusieurs niveaux de pouvoirs (fédéral, régional, communautaire...), des coordinations et des concertations doivent être mises en place avec les acteurs de terrain et les personnes concernées afin de créer un seul et même plan d’actions concret pour mettre fin au sans-abrisme.

Aide alimentaire : le hold-up des start-ups ? 1024 576 L'Ilot

Aide alimentaire : le hold-up des start-ups ?

À L’Ilot, nous attachons une grande importance aux questions de santé alimentaire. Trop souvent par le passé, il a été estimé que les personnes sans abri « pouvaient être déjà contentes qu’on leur donne quelque chose à manger ». Non, tout le monde a droit à vivre avec dignité et cela passe aussi par le droit à une alimentation saine et de qualité. Toutefois, cet impératif n’est pas simple à atteindre dans un contexte où la stabilité financière des institutions du secteur est souvent précaire.

Le moyen que nous avons trouvé pour y parvenir à L’Ilot, c’est en mettant en place une collecte alimentaire : nous récupérons des invendus dans des grandes surfaces avant leur date de péremption. Cela nous permet d’abord de faire tourner nos cuisines sans faire exploser notre budget d’achat, et ensuite de pouvoir garantir à nos usagers et usagères des produits de qualité que nous n’aurions pas pu nous payer nous-mêmes. Cette collecte, nous la réalisons pour notre compte (les Cuisines de L’Ilot, quatre maisons d’accueil et deux centres de jour) mais nous redistribuons aussi une partie à des organisations plus petites qui n’ont pas les moyens d’organiser leur propre collecte.

Ce modèle est en danger.

L’arrivée des start-ups conjuguée à la franchisation croissante des grandes surfaces conduit souvent les magasins à préférer passer des deals avec ces start-ups par facilité et attrait du gain. En effet, ces pratiques monétisent les invendus nous mettant dans une situation de concurrence que nous sommes assurés de perdre.

Nous avons budgété que si demain à L’Ilot nous devions acheter 100% des denrées alimentaires que nous consommons, cela nous coûterait plus de 200.000€ par an. Une somme que nous n’avons pas et qui contribuerait à détériorer nos conditions d’accueil et qui, une fois de plus, pénaliserait ceux et celles qui sont les plus précarisés.

L’Ilot est membre du réseau LOCO : réseau d’organisations réalisant de la collecte et redistribution d’invendus alimentaires aux profits des plus nécessiteux. À ce titre, nous nous joignons à cet appel.

Un incendie impacte le site de L’Ilot à Marchienne-au-Pont 1024 576 L'Ilot

Un incendie impacte le site de L’Ilot à Marchienne-au-Pont

Dans la nuit de ce samedi 9 au dimanche 10 décembre, un incendie a ravagé le hangar de stockage de la Recyclerie Marchienne-au-Pont et les quelque 15m3 de dons qui y étaient stockés. Aucune victime n’est heureusement à déplorer.

Coup dur pour les activités de L’Ilot. Ce week-end, un incendie a détruit l’un de nos entrepôts, indispensables au bon fonctionnement des activités commerciales de la Recyclerie.

Heureusement, l’intervention rapide des pompiers a permis au feu de ne pas se propager à l’ensemble du site et au voisinage.

Cela reste une difficile épreuve pour nos équipes de la Recyclerie, comme pour celles de la Maison d’accueil pour hommes (13 lits) attenante.  

Si l’incendie n’a pas directement touché ni le bâtiment abritant la Maison d’accueil ni la Recyclerie, elle contraint cette dernière à fonctionner au ralenti jusqu’à nouvel ordre. Et la prive d’un important espace de stockage, nécessaire à son bon fonctionnement quotidien.

De fait, privé de ce dernier, la Recyclerie va devoir temporairement revoir son organisation : aucune collecte ni réception de dons matériels n’est actuellement possible. En espérant pouvoir rapidement envisager la reconstruction de l’espace détruit. Le magasin devrait, quant à lui, ouvrir comme prévu ce mercredi.   

Un an et demi après l’incendie qui avait impacté plus durement encore la maison d’accueil de Jumet, c’est un deuxième chantier d’importance qui vient chambouler les activités de L’Ilot.

Soirée slam avec la poétesse Lisette Lombé ! 1024 576 L'Ilot

Soirée slam avec la poétesse Lisette Lombé !

La poétesse, slameuse et plasticienne Lisette Lombé, poétesse nationale 2024, est aussi la marraine du Centre de jour par et pour les femmes sans abri de L’Ilot. C’est dans ce contexte que L’Ilot et Lisette Lombé s’associent ce 26/01 pour cette soirée Slam animée par le collectif L-Slam mettant en valeur les talents féminins de la scène slam francophone.

DE LA BOUCHE À L’OREILLE POUR ÉCOUTER NOS SLAMS

En présence de Tessy Oudèna, à l'occasion de la sortie de son livre « Mon nom de rue est personne », de Cindy Vandermeulen, fondatrice de la maison d'éditions « Courgette Edition » et de slameuses, cette soirée sera l’occasion de visibiliser le sort des femmes sans chez soi et le travail de l’asbl L’Ilot qui lutte contre le sans-abrisme depuis plus de 60 ans.

DU CŒUR À LA MAIN POUR SOUTENIR LE CENTRE DE JOUR CIRCÉ DE L’ILOT PAR ET POUR FEMMES SANS ABRI

Prix standard : 30 euros

Prix de soutien : 100 euros

AU PROGRAMME
  • 19h : accueil
  • 20h : introduction par Ariane Dierickx
  • 20h15-20h45 : interview de Tessy Oudèna (autrice de « mon nom de rue est personne) et Lisette Lombé
  • 20h45-21h30 : cartes blanches du collectif L-Slam
  • 21h30 – 23h : poursuite des échanges autour d’un verre

Infos et réservations : info@ilot.be

Sans papiers, sans droits, sans abri : un statu quo intenable ! 1024 576 L'Ilot

Sans papiers, sans droits, sans abri : un statu quo intenable !

Les associations tirent la sonnette d’alarme et proposent des solutions pour sortir les plus vulnérables de la rue.

Alors que dans l’actualité, on a pu entendre des amalgames entre la question des personnes “sans papiers”, l’insécurité et le terrorisme, les associations appellent à la nuance et à la responsabilité, tant des autorités que des institutions et des citoyen·nes.

Le Samusocial, le CIRÉ, Médecins du Monde, l'Ilot et la Brussels Platform Armoede s’adressent aux Bruxellois·es, aux médias et aux responsables politiques avec la campagne Sans Papiers, sans droits, sans abri. Pour témoigner de la réalité des personnes “sans papiers” accompagnées par le Samusocial mais également pour proposer des solutions et sortir les plus fragiles de l’errance. 

Nous partageons la ville avec de nombreuses personnes “sans papiers” ou sans titre de séjour valable. 

Certain·es viennent d’arriver. D’autres sont là depuis des années. Certain·es ont des enfants, d’autres sont des enfants. Certain·es naissent ici, “sans papiers” dès leurs premières heures. D’autres encore sont des adultes isolé·es, jeunes ou moins jeunes.

Les causes qui peuvent mener à la situation de “sans papiers” sont diverses et plus complexes qu’on ne l’imagine, l’obtention du droit de séjour se joue parfois à très peu de choses… Le risque est pourtant sans équivoque : l’absence de droits et de perspectives. Or, nos équipes le constatent chaque jour, la situation est telle qu’il est absolument nécessaire de prendre des dispositions urgentes pour aider les personnes “sans papiers” les plus vulnérables” déclarent de concert les responsables de nos associations

De nombreuses personnes “sans papiers” sont sans abri à Bruxelles. Parmi elles, certaines très fragiles qu’il faut pouvoir soutenir maintenant. 

Des personnes âgées, malades ou en perte d'autonomie, dont la situation se dégrade et qui parfois meurent en rue ou dans nos centres d'urgence, car sans titre de séjour, elles ne peuvent intégrer à temps une maison de repos et de soins. L’obtention d’un droit de séjour pour ces personnes fragiles permettrait une prise en charge adaptée selon leur situation psycho-médico-sociale afin qu’elles puissent poursuivre ou terminer leur vie en toute dignité.

Des femmes victimes de violences conjugales, souvent mères, parfois arrivées en Belgique dans le cadre d'un regroupement familial, risquent de perdre leur droit au séjour dès qu’elles quittent leur conjoint violent. Elles doivent pouvoir être protégées par un titre de séjour autonome délivré rapidement.

Des ressortissant·es européen·nes, parfois en Belgique depuis plusieurs années, deviennent sans abri et en situation irrégulière dès qu’ils et elles perdent leur logement et leur adresse légale. Ils et elles sont radié·es des registres, n’ont aucun autre droit que celui à une aide médicale urgente, restrictive et peu accessible. La facilitation de la domiciliation ou de l’octroi d’une adresse de référence permettrait à nombre de ces personnes de garder ou de retrouver leurs droits et de sortir de l’impasse du sans-abrisme.

L'absence de solutions ou de procédures simplifiées pour ces personnes les maintient, parfois depuis des années, dans le sans-abrisme et dans des dispositifs d'urgence, inadaptés à leur situation et coûteux pour l’État. 

Aujourd'hui, devant l’augmentation de personnes vulnérables, le statu quo n’est plus tenable.  

Nos associations ont la responsabilité de témoigner des situations parfois insoutenables observées par nos équipes de terrain. Témoigner au travers des portraits de quatre personnes aidées par le Samusocial que nous présentons dans un tabloïd distribué à la sortie de certains métros ce mardi matin.  

Témoigner, mais également proposer des solutions très concrètes, des recommandations pragmatiques  qui ont été dégagées avec le concours d’une vingtaine d’associations des secteurs social, juridique et sanitaire, pour protéger les personnes “sans papiers” les plus vulnérables et les sortir de l'errance.

C’est une question de bon sens, de droits et de dignité. La leur, autant que la nôtre.

Car notre action quotidienne nous rappelle sans cesse ce constat implacable : aucune mesure ne permettra de mettre fin au “sans-abrisme” tant que nous ne trouverons pas des solutions humaines et durables à la question des “sans papiers”. 

« Femmes à la rue, au bout de l’impasse », le nouveau reportage sur L’Ilot et les femmes sans abri à Bruxelles 1024 576 L'Ilot

« Femmes à la rue, au bout de l’impasse », le nouveau reportage sur L’Ilot et les femmes sans abri à Bruxelles

« Être une femme à la rue c’est avoir tous les problèmes des hommes, plus les problèmes des femmes ». Intriguée par le pourquoi d’un premier Centre de jour pour et par les femmes à Bruxelles, une équipe de la RTBF nous a accompagnés au cours des six derniers mois pour comprendre l’intérêt d’un tel projet.

C'est un constat alarmant qui leur a mis la puce à l’oreille. Quand nous avons contacté la RTBF et plus précisément la rédaction de l’équipe de l’émission « Transversales » de La Première, nous les avons d’abord bombardé de chiffres.

Parce que ceux-là parlent souvent d’eux-mêmes. À Bruxelles, en 15 ans, le nombre de personnes sans abri a quadruplé. Plus de 7000 personnes sont sans abri dans la capitale, et parmi elles, au moins 1 sur 5 serait une femme. Des femmes qui subissent dans la rue de nombreuses violences, mais pour lesquelles aucun centre d’accueil spécifique n’existe alors.

C’est ce qu’expliquait en janvier 2022 notre étude action réalisée sur le sujet. 91 pages pour analyser des chiffres sous-évalués, comprendre des parcours lourds de violences et questionner un secteur pensé au « masculin universel ». Et comme conclusion la recommandation de la mise sur pied d’un dispositif d’accueil de jour bas seuil, par et pour les femmes, indispensable selon la directrice de L’Ilot Ariane Dierickx : « Quand elles sont en rue, elles revivent des phénomènes de violence beaucoup plus difficiles. Pouvoir accueillir ces femmes dans un endroit où elles se sentent en sécurité et où il y a une écoute particulière, c’était indispensable pour nous. »

De la théorie à la pratique il aura donc fallu un peu plus de 18 mois. Le 20 septembre dernier, Circé de L’Ilot voyait enfin le jour au bout d’un été agité entre remise à neuf de ce nouveau lieu d’accueil, maraudes dans le quartier autour de la Gare du Midi pour faire connaitre le centre et les formations genre et travail social suivies par l’équipe sociale. Comme l’explique Cindy Meirsschaut, experte du vécu et pair-aidante à Circé, le Centre a été voulu comme une maison : « On se sert soi-même son café, il y a des canapés, des bouquins... Pour qu’elles se rappellent à quel point c’est chouette de se sentir comme à la maison car on est toujours dans l’instant présent et dans la survie quand on vit en rue. »

Des semaines stressantes, mais constructrices que l’équipe de « Transversales » aura donc accompagnée précautionneusement.  Avec distance, mais profondeur. Sans voyeurisme, mais toujours avec curiosité. En résulte le reportage puissant de Sophie Mergen. Trente minutes pour mieux comprendre l’indispensabilité d’un service longtemps absent, mais déjà indispensable pour vous faire une idée plus précise de ce qu’est le sans abrisme au féminin.

Kart #7 | « Quand vous ne parlez pas français en mai, vous ne pouvez pas conjuguer au futur antérieur en septembre… Le système scolaire n’est pas adapté à leurs besoins. » 1024 576 L'Ilot

Kart #7 | « Quand vous ne parlez pas français en mai, vous ne pouvez pas conjuguer au futur antérieur en septembre… Le système scolaire n’est pas adapté à leurs besoins. »

EVA, 20 ans, bénévole « enfants » dans la Maison pour familles de L’Ilot à Bruxelles. Essaie d’optimiser son temps pour venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin.
Quel est ton rapport aux enfants que tu accompagnes à L’Ilot ?

J’essaie de ne pas trop rentrer dans l’intime ; par peur d’être intrusive, de réveiller des traumatismes. Mais s’ils ou elles ont envie de se livrer, ils savent qu’on a aussi la possibilité de ce lien-là.  Par exemple, je ne monte jamais à l’étage, dans les chambres. C’est une limite que je me fixe. Je reste concentrée sur les aspects purement scolaires en essayant de ne pas avoir l’étiquette d’une institutrice « classique ». Mais un côté un peu plus proche, plus copain-copine.

Est-ce que tu sens qu’il y a une réelle demande de la part des enfants ?

Clairement. Tous les enfants que j’aide ont des parents qui ne parlent pas français. Donc évidemment qu’ils ont besoin d‘aide pour leurs devoirs. Parce qu’obligatoirement, leurs parents ne s’intéressent pas vraiment à leur scolarité, ils ont malheureusement d’autres priorités, d’autres urgences. Et c’est bien normal. Donc quand j’arrive le mardi, je me sens attendue. Même si pour les enfants, à la limite, il faudrait que je vienne tous les jours. Parce que contrairement à ce qu’on croit parfois, ce sont des enfants qui tiennent à leur scolarité, qui n’ont pas envie de décrocher.

Malheureusement, si vous ne parlez pas français au mois de mai, vous ne pourrez pas conjuguer au futur antérieur en septembre ! Ça parait délirant de l’extérieur, mais c’est une réalité. Il y a trop peu d’efforts qui sont faits pour accompagner ces publics-là. Et je crois que le système scolaire en lui-même n’est pas adapté à leurs besoins.

Qu’est-ce que tu retires personnellement de cette expérience ?

Beaucoup de reconnaissance. Quand je vois des enfants de 6e primaire qui ne savent pas ce que c’est un nombre décimal, je me dis que notre présence est indispensable. Souvent, je leur fais des fiches de conjugaison. Quand j’en vois certains ou certaines les trimballer partout dans la maison, je me dis que ce que je fais n’est pas inutile. C’est gratifiant. On se sent utile.

L'interview d'Eva, bénévole « enfants » dans la Maison pour familles de L’Ilot à Bruxelles.