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Les revendications clés du secteur bruxellois d’aide aux personnes sans abri en vue des élections 2024 1024 576 L'Ilot

Les revendications clés du secteur bruxellois d’aide aux personnes sans abri en vue des élections 2024

Face à l’augmentation du nombre de personnes sans abri et mal logées en Région de Bruxelles-Capitale et à la complexification des problématiques qu’elles rencontrent, des associations du secteur de l’aide aux personnes sans abri ainsi que les deux fédérations représentatives du secteur ont décidé d’unir leurs forces afin de communiquer de manière commune sur les actions prioritaires à mettre en place afin de lutter contre le sans-abrisme et le mal-logement à Bruxelles.

En effet, le 9 juin 2024 se dérouleront des élections cruciales qui éliront nos représentants politiques pour les 5 prochaines années au niveau régional, fédéral et européen. Il ne suffit plus de gérer la problématique du sans-abrisme mais de véritablement agir afin de lutter contre cette forme de précarité la plus extrême. 

Afin que nos décideurs politiques fassent de cette lutte une priorité et agissent de manière concrète et efficace, nous avons besoin de vous pour nous aider à porter ces messages. Alors n’hésitez plus, prenez connaissance de nos dix priorités, partagez-les sur les réseaux sociaux, débattez-en avec vos proches et interpellez vos élus !

Crise du logement

Aujourd’hui à Bruxelles, si votre seul revenu est le RIS (revenu d’intégration social du CPAS) il n’est financièrement pas possible de se payer un logement sur le marché privé de la location.  Le RIS pour un isolé est de 1263 euros par mois, alors que le prix moyen d’un studio à Bruxelles a maintenant dépassé les 800€ par mois et celui d’un appartement les 1159€ par mois (chiffres Federia 2023). Les logements sociaux étant saturés (minimum 8 ans d’attente, le double si vous êtes une famille nombreuse), la perte de logement signifie donc souvent le début du sans-abrisme. Ce n’était pas le cas, ou en tout cas pas aussi fort, il y a 10 ans. De la même manière, une fois devenu sans-abri, sortir de la rue est un casse-tête : nos services sont démunis lorsqu’ils accompagnent des personnes en recherche de logement.   

Face à ce constat, L’Ilot a choisi de faire plus en matière de logement. Avec d’autres, nous avons imaginé la Cellule Création et Captation de logement (CCL) qui vise justement à faire passer des biens du privé vers le logement social afin d’y loger des personnes sans abri. Pour compléter cet effort, nous avons participé à la création de la coopérative Fairground qui vise à sortir du marché spéculatif un maximum de l’immobilier bruxellois. Le but est de le protéger de la spéculation immobilière. Malgré des succès incontestables, nous ne nous battons pas à armes égales face à une situation du logement à Bruxelles qui se détériore toujours plus au dépend des plus précaires.

Nous avons donc besoin que le prochain gouvernement attaque ce problème à bras le corps. Si la protection des locataires ne s’améliore pas, nous verrons les chiffres du sans-abrisme à Bruxelles continuer à augmenter de manière inquiétante. C’est un autre choix de société que nous appelons de nos vœux. Cela implique, parmi d’autres choses, de : 

  • Augmenter l’offre de logement social sur Bruxelles 
  • Donner plus de moyens aux services chargés de la prévention des expulsions 
  • Faire des jugements d’expulsion par défaut (en l’absence des concernés) l’exception 
  • Lutter davantage contre la spéculation immobilière : un logement est un droit avant d’être un bien d’investissement 
  • … et beaucoup d’autres propositions encore comme celles développées par le RBDH (Rassemblement Bruxellois du Droit à l’Habitat) qui rassemble 50 organisations dont L’Ilot.

Détresse psychique et usage de drogues

Les crises successives ont démultiplié les situations de détresse psychique et les dommages liés à l’usage de drogues. Les services d’aide aux personnes sans abri sont confrontés à une explosion des problématiques de santé mentale et d'assuétudes. Le plus souvent sans avoir les moyens ou l’expertise pour y faire face. Pour y remédier, nous militons pour un renforcement du secteur de la santé mentale et exigeons une politique publique ambitieuse en matière de réduction des risques liés à l'usage de drogues.

Difficultés d’accès aux droits sociaux

En Belgique, l’accès à certains droits sociaux tels que la mutuelle, le CPAS sont indissociables de l’accès à un logement. Actuellement, des centaines de personnes n’ont pas accès aux droits de base en raison d’une absence de logement ou tout simplement d’adresse. Le secteur social demande depuis des années de dissocier les droits des personnes de leur adresse, d'abroger le statut de cohabitant, de faciliter l’accès à une adresse de référence et de maintenir les guichets physiques des services. Ces changements sont à notre portée, rendons les possibles.

Crise de l'accueil

Le droit international impose aux Etats d’héberger les personnes qui demandent l’asile pendant la durée de la procédure. La Belgique s’était toujours acquittée de ce devoir jusqu’à cette législature durant laquelle le gouvernement fédéral n’a plus jugé prioritaire de respecter le cadre légal sur cette question. Résultat, des milliers de demandeurs et demandeuses d’asile sont laissées à la rue. C’est évidemment la Région bruxelloise qui concentre l’écrasante majorité de cette population. Dans la capitale, des milliers de nouvelles personnes sans abri s’ajoutent ainsi aux milliers préexistantes dans un contexte où les services bruxellois du secteur sont déjà largement saturés. La Belgique a été condamnée plusieurs fois à l’Europe et 8.800 fois par la justice belge sur cette question sans que cela ne change réellement l’attitude du gouvernement fédéral. Cette situation ne peut plus durer. Nous voulons un accueil digne pour toutes et tous.

Sans papiers, sans droits, sans abri

Aujourd’hui, parmi le public sans abri accueilli à Bruxelles dans les centres du Samusocial, 70 % sont des personnes sans papiers ou sans titre de séjour valable. Notamment des personnes âgées, des personnes malades, des femmes victimes de violences conjugales / intrafamiliales ayant dû fuir leur foyer…Pour protéger les plus vulnérables et sortir de l’impasse opérationnelle actuelle, il faut que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. Le statu quo n’est plus tenable, des solutions existent  !  Voir notamment la campagne du Samusocial et de 22 autres organisations

Sortie d’institution →  entrée en rue ?

« Aucune sortie d’institution (aide à la jeunesse, prison, hôpital, …) ne doit se faire sans offre de logement. » Cette proposition fait partie d'un texte signé par tous les pays européens à Lisbonne en 2021. En Belgique, rien n'a été mis en place pour y parvenir : les personnes sortent de prison sans accompagnement, amenant une importante part d’entre elles à se retrouver sans logement. C'est aussi le cas de l'aide à la jeunesse qui, une fois leur majorité atteinte, peine à accompagner suffisamment les jeunes : 25 % des jeunes en errances sortent d'institutions d'aide à la jeunesse. Nous refusons qu'une sortie d'institution soit une entrée en rue.

Public pluriel, réponse unique ?

Plus d’une personne sur dix recensée sans chez-soi est mineure, une sur cinq est une femme et une sur cinq est âgée de 18 à 25 ans. Des jeunes, des femmes, des personnes victimes de violences intra-familiales, des personnes LGBTQIA+, etc. À chaque personne son histoire et ses besoins spécifiques, le secteur doit pouvoir y répondre en offrant des solutions adaptées à tou.te.s. À cette fin, un soutien est nécessaire à la spécialisation et à la formation des structures.

Des services saturés

Face à l’augmentation alarmante du nombre de personnes sans chez-soi en Région de Bruxelles-Capitale, les structures d’accueil sont saturées et les équipes de terrain toujours plus sollicitées. Les 7134 personnes sans chez-soi recensées lors du dénombrement effectué par Bruss’help en 2022 masquent une diversité des profils cumulant parfois les problématiques (santé mentale, assuétudes…). Aujourd’hui, l’accueil et l’accompagnement de ces publics spécifiques nécessitent un renforcement des équipes, notamment par des compétences pluridisciplinaires non prévues par le cadre légal en vigueur.

Personnel à bout de souffle

D’année en année, le secteur de l’aide aux personnes sans abri voit ses obligations croître afin de compenser les guichets qui se ferment, la crise du logement, la saturation des services d’aide en santé mentale et physique, etc. Face à ce tsunami, le sens au travail s’abîme. Aujourd’hui, le métier de travailleur·se social·e est en pénurie et les équipes de notre secteur font face à des conditions de travail de plus en plus dures. Afin de garantir une aide psycho-médico-sociale de qualité, il faut revaloriser le travail social grâce à des hausses salariales ainsi qu’une diminution de la pénibilité de leur travail.

Coordonner les efforts

La fin du sans-abrisme et du mal logement ne peut se réaliser qu’en s’attaquant de manière structurelle aux causes et en actionnant l’ensemble des leviers vers une insertion durable. Les compétences pour s’y atteler (Logement, Action sociale, Migration, Santé, etc.) étant réparties entre plusieurs niveaux de pouvoirs (fédéral, régional, communautaire...), des coordinations et des concertations doivent être mises en place avec les acteurs de terrain et les personnes concernées afin de créer un seul et même plan d’actions concret pour mettre fin au sans-abrisme.

Un incendie impacte le site de L’Ilot à Marchienne-au-Pont 1024 576 L'Ilot

Un incendie impacte le site de L’Ilot à Marchienne-au-Pont

Dans la nuit de ce samedi 9 au dimanche 10 décembre, un incendie a ravagé le hangar de stockage de la Recyclerie Marchienne-au-Pont et les quelque 15m3 de dons qui y étaient stockés. Aucune victime n’est heureusement à déplorer.

Coup dur pour les activités de L’Ilot. Ce week-end, un incendie a détruit l’un de nos entrepôts, indispensables au bon fonctionnement des activités commerciales de la Recyclerie.

Heureusement, l’intervention rapide des pompiers a permis au feu de ne pas se propager à l’ensemble du site et au voisinage.

Cela reste une difficile épreuve pour nos équipes de la Recyclerie, comme pour celles de la Maison d’accueil pour hommes (13 lits) attenante.  

Si l’incendie n’a pas directement touché ni le bâtiment abritant la Maison d’accueil ni la Recyclerie, elle contraint cette dernière à fonctionner au ralenti jusqu’à nouvel ordre. Et la prive d’un important espace de stockage, nécessaire à son bon fonctionnement quotidien.

De fait, privé de ce dernier, la Recyclerie va devoir temporairement revoir son organisation : aucune collecte ni réception de dons matériels n’est actuellement possible. En espérant pouvoir rapidement envisager la reconstruction de l’espace détruit. Le magasin devrait, quant à lui, ouvrir comme prévu ce mercredi.   

Un an et demi après l’incendie qui avait impacté plus durement encore la maison d’accueil de Jumet, c’est un deuxième chantier d’importance qui vient chambouler les activités de L’Ilot.

L’horreur : le quotidien des femmes sans abri 1024 576 L'Ilot

L’horreur : le quotidien des femmes sans abri

Jessica* a fui un mari violent pour se réfugier dans notre maison d'accueil pour femmes.
Photo : © Layla Aerts

La journée du 25 novembre est dédiée dans le monde entier à la lutte contre toutes les formes de violences à l'égard des femmes. Bientôt trois mois après l’ouverture par L’Ilot du premier Centre de jour pour femmes sans abri à Bruxelles (Circé de L’Ilot), cette journée résonne encore un peu plus aux oreilles des équipes et des usagères de notre association.

Comme nous l’avions craint, les situations des celles fréquentant ce nouveau dispositif (un peu plus de 80 à ce jour) sont assez terrifiantes : des femmes particulièrement vulnérables et demandant des accompagnements les plus lourds arrivent en masse et osent désormais pousser les portes d’un centre où elles sentent qu’elles seront enfin entendues et correctement accompagnées.

Si
l’étude-action "Sans-abrisme au féminin : sortir de l'invisibilité" que nous avions menée il y a deux ans nous avait permis d’anticiper le type de situations que l’équipe aurait à gérer une fois le centre ouvert, nous avons-nous-mêmes été surpris·es par le niveau d’horreur et de gravité de ces situations et par le caractère quasi systématique de ce que les femmes vivant en rue subissent en termes de violences physiques, sexuelles et psychologiques.

Vu ce niveau de gravité et d’horreur, chacune de ces situations nécessite un accompagnement individuel et intensif de la part de notre équipe. Pendant ce temps, des dizaines d’autres femmes attendent leur tour pour bénéficier d’un accompagnement psychosocial de la part de l’équipe. Malgré la réelle volonté des autorités publiques de soutenir et financer ce projet, cet état de fait démontre que le cadre de financement tel que prévu pour un tel dispositif est déjà insuffisant.

Sonia* a vécu l'enfer

Sonia* fréquente régulièrement les services de L'Ilot. Comme toutes les femmes sans abri, elle a connu un parcours de violences multiples. Sa reconstruction est difficile, tant les traumatismes subis sont multiples.

Aujourd’hui, ce cadre de financement public est en effet le même pour tous les centres de jour, quel que soit le seuil d’accès et le type de public accueilli. Malheureusement, les situations évoquées ci-dessus ne peuvent pas être correctement accompagnées avec un tel cadre de financement.

En conclusion et seulement trois mois après l’ouverture du centre, l’équipe pourtant extrêmement engagée est déjà à genoux et nous savons que ces travailleuses ne pourront pas tenir sans un renfort rapide de personnel.
Or, le constat d’indispensabilité de structures spécialisées pour ce public spécifique est désormais implacable. C’est pourquoi nous profitons de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes pour rappeler la nécessité de financer dignement les aides apportées aux femmes sans abri ou en risque de sans-abrisme.

L'interview de Katima, usagère du Centre Circé de L'Ilot.

Le parcours de Mina : ferez-vous les bons choix ? 1024 576 L'Ilot

Le parcours de Mina : ferez-vous les bons choix ?

Victime de violences conjugales, sans ressources, sans contacts… Incarnez Mina, une maman de trois enfants devant fuir un mari devenu violent. À qui faire confiance ? Où aller ? Choisirez-vous les options lui évitant la rue ?

Tout part d’un constat, mis en avant par l’étude-action “Sans-abrisme au féminin : sortir de l’invisibilité” publiée par L’Ilot début 2022 : le nombre de femmes sans abri ou mal logées est largement sous-évalué et l’offre de services ne leur est pas adaptée alors même qu’elles subissent plus de violences – notamment liées au genre – que leurs homologues masculins.

Dans une démarche intersectorielle et avec l’aide d’un groupe d’expertes du vécu, L’Ilot a développé une série de recommandations pour proposer des solutions concrètes, dignes et durables. Parmi elles : la création d’un centre de jour par et pour les femmes sans abri.

Le Centre de jour Circé de L’Ilot a donc ouvert ses portes en septembre 2023. Les récits terrifiants partagés par ses premières occupantes démontrent encore une fois qu’il était plus qu’urgent de proposer sans délai un refuge à celles sur qui s’abattent les pires violences qu’une société patriarcale est capable d’exercer sur les femmes. L’histoire que vous allez découvrir n’est malheureusement qu’un exemple parmi d’autres de cette triste réalité.

Mina a quitté le Maroc avec ses trois enfants pour rejoindre son mari en Belgique. Après quelques mois, celui-ci est devenu violent. Craignant pour sa vie, Mina a fui le domicile conjugal. Elle se retrouve dehors, sans domicile, sans argent, sans connaître la langue… Où aller ? À qui se confier ou faire confiance ? Comment s’en sortir ?

Le parcours est semé d’embûches et les choix que vous poserez pourraient bien être lourds de conséquences…

L'interview de Katima, usagère du Centre Circé de L'Ilot.

L'interview d'Anne, coordinatrice du Centre Circé de L'Ilot.

Soirée slam avec la poétesse Lisette Lombé ! 1024 576 L'Ilot

Soirée slam avec la poétesse Lisette Lombé !

La poétesse, slameuse et plasticienne Lisette Lombé, poétesse nationale 2024, est aussi la marraine du Centre de jour par et pour les femmes sans abri de L’Ilot. C’est dans ce contexte que L’Ilot et Lisette Lombé s’associent ce 26/01 pour cette soirée Slam animée par le collectif L-Slam mettant en valeur les talents féminins de la scène slam francophone.

DE LA BOUCHE À L’OREILLE POUR ÉCOUTER NOS SLAMS

En présence de Tessy Oudèna, à l'occasion de la sortie de son livre « Mon nom de rue est personne », de Cindy Vandermeulen, fondatrice de la maison d'éditions « Courgette Edition » et de slameuses, cette soirée sera l’occasion de visibiliser le sort des femmes sans chez soi et le travail de l’asbl L’Ilot qui lutte contre le sans-abrisme depuis plus de 60 ans.

DU CŒUR À LA MAIN POUR SOUTENIR LE CENTRE DE JOUR CIRCÉ DE L’ILOT PAR ET POUR FEMMES SANS ABRI

Prix standard : 30 euros

Prix de soutien : 100 euros

AU PROGRAMME
  • 19h : accueil
  • 20h : introduction par Ariane Dierickx
  • 20h15-20h45 : interview de Tessy Oudèna (autrice de « mon nom de rue est personne) et Lisette Lombé
  • 20h45-21h30 : cartes blanches du collectif L-Slam
  • 21h30 – 23h : poursuite des échanges autour d’un verre

Infos et réservations : info@ilot.be

Sans papiers, sans droits, sans abri : un statu quo intenable ! 1024 576 L'Ilot

Sans papiers, sans droits, sans abri : un statu quo intenable !

Les associations tirent la sonnette d’alarme et proposent des solutions pour sortir les plus vulnérables de la rue.

Alors que dans l’actualité, on a pu entendre des amalgames entre la question des personnes “sans papiers”, l’insécurité et le terrorisme, les associations appellent à la nuance et à la responsabilité, tant des autorités que des institutions et des citoyen·nes.

Le Samusocial, le CIRÉ, Médecins du Monde, l'Ilot et la Brussels Platform Armoede s’adressent aux Bruxellois·es, aux médias et aux responsables politiques avec la campagne Sans Papiers, sans droits, sans abri. Pour témoigner de la réalité des personnes “sans papiers” accompagnées par le Samusocial mais également pour proposer des solutions et sortir les plus fragiles de l’errance. 

Nous partageons la ville avec de nombreuses personnes “sans papiers” ou sans titre de séjour valable. 

Certain·es viennent d’arriver. D’autres sont là depuis des années. Certain·es ont des enfants, d’autres sont des enfants. Certain·es naissent ici, “sans papiers” dès leurs premières heures. D’autres encore sont des adultes isolé·es, jeunes ou moins jeunes.

Les causes qui peuvent mener à la situation de “sans papiers” sont diverses et plus complexes qu’on ne l’imagine, l’obtention du droit de séjour se joue parfois à très peu de choses… Le risque est pourtant sans équivoque : l’absence de droits et de perspectives. Or, nos équipes le constatent chaque jour, la situation est telle qu’il est absolument nécessaire de prendre des dispositions urgentes pour aider les personnes “sans papiers” les plus vulnérables” déclarent de concert les responsables de nos associations

De nombreuses personnes “sans papiers” sont sans abri à Bruxelles. Parmi elles, certaines très fragiles qu’il faut pouvoir soutenir maintenant. 

Des personnes âgées, malades ou en perte d'autonomie, dont la situation se dégrade et qui parfois meurent en rue ou dans nos centres d'urgence, car sans titre de séjour, elles ne peuvent intégrer à temps une maison de repos et de soins. L’obtention d’un droit de séjour pour ces personnes fragiles permettrait une prise en charge adaptée selon leur situation psycho-médico-sociale afin qu’elles puissent poursuivre ou terminer leur vie en toute dignité.

Des femmes victimes de violences conjugales, souvent mères, parfois arrivées en Belgique dans le cadre d'un regroupement familial, risquent de perdre leur droit au séjour dès qu’elles quittent leur conjoint violent. Elles doivent pouvoir être protégées par un titre de séjour autonome délivré rapidement.

Des ressortissant·es européen·nes, parfois en Belgique depuis plusieurs années, deviennent sans abri et en situation irrégulière dès qu’ils et elles perdent leur logement et leur adresse légale. Ils et elles sont radié·es des registres, n’ont aucun autre droit que celui à une aide médicale urgente, restrictive et peu accessible. La facilitation de la domiciliation ou de l’octroi d’une adresse de référence permettrait à nombre de ces personnes de garder ou de retrouver leurs droits et de sortir de l’impasse du sans-abrisme.

L'absence de solutions ou de procédures simplifiées pour ces personnes les maintient, parfois depuis des années, dans le sans-abrisme et dans des dispositifs d'urgence, inadaptés à leur situation et coûteux pour l’État. 

Aujourd'hui, devant l’augmentation de personnes vulnérables, le statu quo n’est plus tenable.  

Nos associations ont la responsabilité de témoigner des situations parfois insoutenables observées par nos équipes de terrain. Témoigner au travers des portraits de quatre personnes aidées par le Samusocial que nous présentons dans un tabloïd distribué à la sortie de certains métros ce mardi matin.  

Témoigner, mais également proposer des solutions très concrètes, des recommandations pragmatiques  qui ont été dégagées avec le concours d’une vingtaine d’associations des secteurs social, juridique et sanitaire, pour protéger les personnes “sans papiers” les plus vulnérables et les sortir de l'errance.

C’est une question de bon sens, de droits et de dignité. La leur, autant que la nôtre.

Car notre action quotidienne nous rappelle sans cesse ce constat implacable : aucune mesure ne permettra de mettre fin au “sans-abrisme” tant que nous ne trouverons pas des solutions humaines et durables à la question des “sans papiers”. 

Inauguration du nouveau Centre de jour de L’Ilot 1024 576 L'Ilot

Inauguration du nouveau Centre de jour de L’Ilot

Ce mardi 10 octobre, l’asbl L’Ilot a inauguré son tout nouveau Centre de jour pour personnes sans abri, situé à Saint-Gilles (rue de l'Église 73). C’est dans ce lieu d’accueil entièrement rénové et aux espaces repensés et optimisés que notre centre d’accueil a déménagé cet été.

Jamais, au cours de ses plus de 60 ans d’existence, L’Ilot n’avait pu proposer à ses usagers et usagères un lieu d’accueil aussi approprié. Imaginé et conçu pour mieux répondre à leurs besoins, ce nouveau centre d’accueil est le résultat de plusieurs années de réflexions menées avec les experts et expertes du vécu, nos équipes et nos partenaires (inter)sectoriels.

Et cette nouvelle structure apporte déjà des effets bénéfiques, directement observables, au vivre-ensemble et au bien-être des personnes : les équipes de terrain de L’Ilot constatent depuis l’ouverture une nette amélioration du climat qui y règne et une diminution drastique des violences. Encore une preuve que ce n’est qu’en proposant des services de qualité dans un environnement faisant la part-belle à la dignité qu’on peut véritablement épargner, le temps d’un instant, les immenses difficultés de la rue à celles et ceux qui la fréquentent et favoriser une approche sociale d’abord basée sur le lien de confiance, la sociabilisation et le retour à l’autonomie de ses usagers.

En plus des services de première nécessité mieux adaptés aux besoins de ses bénéficiaires, le Centre de jour, ouvert5 jours par semaine (fermé le lundi et le vendredi) sert désormais 45 repas à table, donne accès à six douches pour hommes, deux douches pour femmes et une autre pour personne à mobilité réduite. Une zone de repos pouvant accueillir jusqu’à 10 personnes a également vu le jour, ainsi qu’un espace informatique.

Au rez-de-chaussée, les Cuisines de L’Ilot ont été installées de manière à centraliser la préparation des repas de l’ensemble des services bruxellois de L’Ilot. Le lieu accueille également la production des Pots de L’Ilot, le projet d’économie sociale de produits certifiés bio préparés par une équipe de personnes qui suivent un programme de (pré)formation aux métiers de l’Horeca.

Aussi, les deuxième et troisième étages accueillent désormais le pôle administratif, communication et levée de fonds de l’association. Une plus forte concentration des services qui donne aussi plus de sens à notre mission.

Nous tenons, enfin, à remercier tout particulièrement les sponsors et soutiens qui nous ont permis de réaliser ce projet d'envergure, comme les joueurs et joueuses de la Loterie Nationale.

Avec le soutien de

L'équipe du centre Circé de L'Ilot lors de l'inauguration. (c) Cabinet d'Alain Maron / Arnaud Ghys
Inauguration du centre CIRCÉ de L’Ilot 1024 595 L'Ilot

Inauguration du centre CIRCÉ de L’Ilot

Ce mercredi 13 septembre a eu lieu l'inauguration du Centre Circé de L'Ilot, le premier centre de jour par et pour les femmes sans abri à Bruxelles.

Ce mercredi 13 septembre, nous avons inauguré le centre Circé de L’Ilot, un lieu d’accueil uniquement pensé par et pour des femmes sans abri et dont l’objectif sera d’accueillir, en mixité choisie, des usagères en situation ou en risque de mal-logement.

Pourquoi Circé ?

Symbole de l’émancipation féminine dans la mythologie grecque, Circé suit son propre chemin et son idéologie. Son mythe a été repris par le patriarcat pour justifier la marginalisation et la punition de femmes trop libres, trop indépendantes et plus savantes que les hommes. C’est une sorcière et derrière ce terme se cache toujours la même idée : celle d’une femme ayant acquis plus de pouvoir que ce que la société ne tolère.

Un nom choisi par la nouvelle équipe sociale 100 % féminine qui sera à l’œuvre dès ce mois de septembre, et l’aboutissement d’un long projet né des multiples constats réalisés depuis plusieurs années au sein de notre association sur le manque de prise en compte d’un sans-abrisme au féminin.

La rue : un monde de violences, particulièrement pour les femmes.

C’est ainsi qu’en janvier 2022 était publiée notre étude-action « Femmes sans abri : sortir de l’invisibilité ». Celle-ci mettait en avant les chiffres, effarants, concernant la présence en rue de nombreuses femmes sans chez-soi et les violences auxquelles elles sont régulièrement confrontées.

Parmi les constats de cette recherche-action : la sous-estimation du nombre de femmes sans abri, mais aussi les interminables parcours de violences qu’elles ont pu subir avant et pendant leur survie dans la rue.

Des spécificités face auxquelles notre secteur s’est longtemps retrouvé démuni : pas assez équipé, trop peu formé, mal accompagné… C’est à cette équation multiple que le tout premier Centre de jour par et pour les femmes sans abris à Bruxelles devra répondre.

Un moment d’échange et de partage autour de la situation des femmes sans abri

Des défis en cascades dans les mois à venir, mais une inauguration et un moment festif d’abord pour marquer la reconnaissance de notre combat pour la prise en compte d’un sans-abrisme au féminin. Organisé en présence de la marraine Lisette Lombé, nouvelle poétesse nationale dès janvier 2024, de partenaires et, bien sûr, de notre équipe sociale, nous avons également fait de cet événement un espace d’échanges.

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Kart #7 | Aller à l’école, mais dormir à la rue : une réalité inacceptable 1024 576 L'Ilot

Kart #7 | Aller à l’école, mais dormir à la rue : une réalité inacceptable

Illustration : ©Espace Fragile - Judith Faraoni

Chaque rentrée scolaire nous ramène à un moment de vie empli d’émotions. Qui racontera le plus souvent l’état d’excitation… ou d’angoisse, c’est selon, qui était le nôtre à cet instant précis. Souvent associée à la fin des libertés estivales, la rentrée scolaire est pourtant le rendez-vous le plus structurant de notre société.

Celui qui, plus jeunes, nous a permis de sociabiliser, grandir, comprendre, échanger ou apprendre. Celui qui nous a toutes et tous, aussi, un jour ou l’autre, obligé à la comparaison : de nos cartables, de nos tenues, de nos goûters... Bien plus que de l’apparat, l’école est un miroir qui raconte qui nous sommes. Notre destin, notre famille. Notre chance d’être là aussi.

On le sait à L’Ilot, être attendu·e quelque part le jour de la rentrée scolaire est déjà une chance en soi. Ce lundi 28 août, toutes et tous n’auront pas la chance d’intégrer une nouvelle classe, de retrouver les copains et copines, de raconter les souvenirs d’été ou, tout simplement, de changer de quotidien. Car malheureusement, la routine de la plupart des enfants sans abri, c’est l’absence de scolarité.

D’autres enfants seront scolarisés sans pouvoir retrouver, chaque soir, un environnement sécurisant indispensable à leur bien-être. En Belgique, près d’un enfant sur cinq vit en effet sous le seuil de pauvreté et connaît la déprivation[1]. Rien que sur le territoire régional bruxellois, près de mille enfants vivent sans logement[2] : ils et elles sont accueillies dans des structures d’hébergement provisoire, des centres d’urgence ou connaissent l’errance en rue, dans certains cas sans même être accompagnés par des adultes. Mais comment appréhender sereinement une rentrée scolaire quand on n’a pas de chez-soi ? Comment suivre une scolarité « normale » dans un quotidien dicté par l’instabilité et la survie ?

C’est à ces questions et à de nombreuses autres qu’à L’Ilot nous avons voulu donner la priorité à la veille de la rentrée scolaire.

La preuve par l’exemple dans cette KART consacrée à la scolarité des enfants sans abri.

Bonne lecture,

Ariane Dierickx, directrice générale

[1] Anne-Catherine GUIO et Frank VANDENBROUCKE, La pauvreté et la déprivation des enfants en Belgique. Comparaison des facteurs de risque dans les trois régions et les pays voisins, Fondation Roi Baudouin, décembre 2018

[2] Dénombrement des personnes sans chez-soi en Région de Bruxelles-Capitale – Septième édition, 8 novembre 2022, Bruss’help, Bruxelles, mai 2023