fbpx

PLAIDOYER

IL FAUT DIRE LA VÉRITÉ

La Belgique se réveille une fois de plus étourdie par la découverte de deux personnes mortes en rue.

En tant que professionnel·le·s qui travaillons au quotidien avec les femmes, les hommes et les enfants qui se retrouvent dans l’extrême précarité, nous ressentons l’urgence de rappeler – une fois encore – les constats suivants :

1. Rappelons d’abord que malheureusement et contrairement aux idées reçues, le sans-abrisme tue tous les jours et pas seulement l’hiver.

La mort tragique de ces deux femmes ne doit pas faire passer sous silence toutes les autres personnes sans abri qui meurent dans l’indifférence le reste de l’année. Ce n’est pas le froid qui a tué ces deux femmes, mais le manque d’ambition en matière de lutte contre le sans-abrisme.

2. Nous ne pouvons plus supporter que l’on continue à privilégier une approche d’urgence dans l’accueil des personnes sans abri alors qu’il est concrètement possible d’éradiquer le sans-abrisme.

L’ensemble du secteur compétent est capable dès aujourd’hui de présenter et de porter un plan global d’actions allant dans ce sens. Ce plan nécessite de remettre les solutions structurelles et durables (prévention, accès au logement, accompagnement psychosocial individualisé, etc.) au cœur du dispositif d’aide. Nous demandons aux politiques de tous les niveaux de faire confiance aux professionnel·le·s qui sont confronté·e·s quotidiennement depuis des années aux réalités des femmes et des hommes qui se retrouvent dans l’extrême précarité.

3. Nous nous devons de rappeler que la toute grande partie du public qui se retrouve dans la précarité et qui pourrait connaître la même fin tragique que les deux victimes de la nuit dernière en sont là en raison de la défaillance de politiques structurelles de l’Etat :

les politiques d’exclusion menées par le gouvernement fédéral, la non assistance aux personnes qui se retrouvent en marge de la société, un enseignement dual générateur de discriminations, le manque criant de moyens pour lutter efficacement contre les violences conjugales, des coupes budgétaires catastrophiques dans les soins de santé, la mauvaise prise en charge des situations d’assuétude, le vide sidéral en matière de politique d’accompagnement et de réinsertion des personnes sortant de prison, les moyens ridicules dévolus à la santé mentale, etc. Tant que ces robinets de l’exclusion ne seront pas taris, nous continuerons à voir la précarité gagner du terrain… et à compter les morts en rue.

Pour L’Ilot,
Ariane Dierickx, directrice générale

Le 31 octobre 2018