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  • 27 avril 2023

Crise de l’accueil : une énième gestion problématique du fédéral qui aggrave toujours plus l’ampleur du sans-abrisme

Crise de l’accueil : une énième gestion problématique du fédéral qui aggrave toujours plus l’ampleur du sans-abrisme

Crise de l’accueil : une énième gestion problématique du fédéral qui aggrave toujours plus l’ampleur du sans-abrisme 1024 576 L'Ilot

Ce week-end, un collectif citoyen a ouvert un nouveau bâtiment vide rue de la Loi, afin d’y loger des demandeuses et demandeurs d’asile laissés sur le carreau par l’État fédéral.

L’action est avant tout politique : situé juste à côté du siège du CD&V, l’ouverture du bâtiment vise à mettre la pression sur le gouvernement fédéral - et plus particulièrement sur sa secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor (CD&V) - afin qu’il honore enfin ses obligations légales. En effet, l'accueil des personnes en demande d'asile et leur hébergement durant toute la durée de la procédure, appels inclus, constituent des obligations découlant de la ratification par la Belgique de la convention de Genève du 28 juillet 1951. C’est une obligation qui était globalement respectée par la Belgique jusqu’ici. Ce n’est désormais plus le cas. Depuis octobre 2021, l’État belge et Fedasil ont déjà été sanctionnés 8600 fois par différents tribunaux du travail pour ne pas avoir honoré ces engagements. L’État et l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile refusent de se plier aux jugements et c’est très inquiétant : quand le gouvernement lui-même fait fi de l’État de droit cela crée un dangereux précédent

Le nombre de personnes sans abri à Bruxelles ne fait qu’augmenter de manière très inquiétante depuis une dizaine d’année. Et une partie de la responsabilité de cette augmentation est à mettre au crédit des politiques migratoires désastreuses du gouvernement fédéral : 

On se souvient, en 2015 déjà, de ces centaines de migrantes et migrants dormant dehors dans le parc Maximilien, qui avaient être logés par des citoyens et citoyennes faute d’initiatives suffisantes de l’État. Ces collectifs citoyens ont continué à exister pour prendre en charge les populations de personnes en situation de transmigration : ces personnes cherchant à rejoindre le Royaume-Uni ou d’autres pays et qui ne sont en Belgique que pour une période de transit. Cet accueil reste insuffisant et repose encore trop largement sur le bénévolat de nombreux citoyens et citoyennes belges.

Par ailleurs, la non-gestion de la problématique des personnes sans papiers par le gouvernement conduit ce groupe de population à s’accroître encore et encore. Une récente étude de la VUB estimait le nombre de personnes sans papiers en Belgique à 112 000. Autant de personnes vivant, pour certaines, depuis de nombreuses années en Belgique, à qui on ne reconnaît quasi aucun droit. La part de personnes sans papiers dans la population sans abri à Bruxelles est de plus en plus importante : selon certaines estimations faites par les associations de terrain, elle pourrait en représenter la moitié. Or, pour une majorité de ces personnes, l’obtention de papiers serait synonyme d’une possible sortie de rue, voire aurait permis d’éviter de les y conduire si elle était survenue plus tôt dans leur parcours. En laissant cette population quasiment sans possibilité d’être régularisée, c’est une bombe à retardement que prépare le gouvernement fédéral. 

La catastrophe sociale, elle, est déjà bien là : à croissance structurelle de la population sans abri, s’ajoute maintenant un nombre toujours plus important de personnes sans papiers, de personnes transmigrantes et maintenant de personnes en demande d’asile. Le secteur sans abri est un des acteurs qui subit de plein fouet cette réalité. Nos moyens, quand ils augmentent, le font moins que ce que nécessite la situation, et c’est par ailleurs de l’argent « jeté » dans l’urgence plutôt qu’investi dans la mise en place de réponses structurelles au sans-abrisme. L’Union Européenne s’est fixée comme objectif la fin du sans-abrisme en 2030, souhait repris par les autorités belges. Mais à ce stade, vu l’évolution actuelle, la réalité la plus plausible en Belgique à cette date sera « Il n’y a jamais eu autant de femmes, d’hommes et d’enfants sans abri qu’en 2030 ! ». 

Nous ajoutons donc notre voix à la voix de celles et ceux qui réclament des solutions au gouvernement fédéral : 

  • l'hébergement immédiat à partir du dépôt de la demande d’asile comme la loi le prévoit ;
  • la régularisation des personnes sans-papiers qui se trouvent en Belgique sur base de critères clairs et permanents, que sont les attaches durables, le travail, l’inéloignabilité et le risque d’atteinte à un droit fondamental en cas de retour ; ainsi que la création d’une commission de régularisation indépendante ;
  • la fin de la répression généralisée de ces différents publics en observation de la Déclaration Universelle des Droits Humains dans ses articles 13 et 14 : « 13.2  Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. 14.1 Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. »

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