• 19 août 2025

Crise du logement : définition, causes et solutions

crise du logement Housing Action Day

Crise du logement : définition, causes et solutions

Crise du logement : définition, causes et solutions 1024 576 L'Ilot

Photo : ©Housing Action Day 2025

Crise du logement : définition, causes et solutions

Sommaire :
  • La crise du logement : définition
  • Quelles sont les causes de la crise du logement ? 
    1. Des loyers impayables
    2. Une pénurie de logements sociaux 
    3. Des expulsions locatives à n’en plus finir  
    4. Les marchands de sommeil
  • Comment résoudre la crise du logement ?  
  • Le média Nationale 4 : un tableau complet sur la crise du logement

En Belgique, la crise du logement bat son plein. Plus de 326 000 personnes attendent désespérément un logement social, les prix de l’immobilier explosent et des milliers de familles sont expulsées chaque année. Des marchands de sommeil profitent quant à eux de la situation pour louer des logements insalubres à des prix exorbitants.

Face à cette urgence sociale, le média indépendant Nationale 4 mène l’enquête sur le terrain. De Charleroi à Liège en passant par Bruxelles, il s’emploie à décrypter les mécanismes de cette crise et à dégager des solutions concrètes.

Définition, causes profondes, pistes pour résoudre la problématique… Explorez dans cet article une analyse complète de la crise du logement et les initiatives qui permettront d’y répondre.

La crise du logement : définition 

La crise du logement en Belgique se définit comme la difficulté croissante qu’endurent les citoyen·nes pour accéder à un logement décent et abordable. Les prix de l’immobilier ne font que croître, alors que les revenus des gens ne connaissent pas la même évolution aussi rapidement.  

Résultat : un nombre toujours plus important de personnes ne parviennent plus à trouver des logements accessibles. Cette situation intolérable explique qu’en 2025, le droit au logement n’est toujours pas une réalité en Belgique.  

Quelles sont les causes de la crise du logement ? 

Les facteurs de la crise du logement sont multiples : loyers impayables, pénurie de logements sociaux, expulsions… 

Ces dynamiques entrent toutes en conflit avec le droit au logement décent, pourtant inscrit en toutes lettres dans la Constitution belge : 

« Art.23
Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.
[…] à cette fin, la loi, les décrets ou les règles garantissent, les droits économiques, sociaux et culturels. Ces droits comprennent notamment :[…] le droit à un logement décent ; »

Des loyers impayables : l’inflation immobilière

La crise du logement n’épargne aucune région en Belgique. L’inflation immobilière a ainsi atteint 2,3 % à Bruxelles, 3,3 % en Flandre et 5,4 % en Wallonie au premier trimestre 2025 (Statbel).

crise du logement en chiffres

Taux d’inflation pour les logements existants par région (source : Statbel) 

L’indice des prix des logements en Belgique a d’ailleurs atteint un pic de 143,12 points durant ce même trimestre (contre 142,18 points lors du trimestre précédent) et a augmenté de 0,7 % par rapport au quatrième trimestre de 2024. Ces chiffres illustrent une hausse constante du coût du logement (Trading Economics). On voit très clairement que les prix de l’immobilier ont explosé en 10 ans, et ainsi complexifié de plus en plus l‘accès à la propriété. Nous avons affaire à une crise du logement très sévère.  

statistiques crise du logement en graphique

Indice des prix des logements belges (HPI) et taux d’inflation annuel de ces prix (source : Statbel)

En Wallonie, la pression sur les ménages s’accroît : le coût d’un loyer mensuel (637 € en moyenne en 2024) augmente beaucoup plus rapidement que l’indice des prix à la consommation (Iweps).

crise du logement en Belgique

Évolution du loyer mensuel moyen en Wallonie (source : Iweps)

Une pénurie de logements sociaux 

 Au-delà d’une inflation immobilière qui rend les loyers complètement impayables, la crise du logement est aussi due à une grave pénurie de logements sociaux. 

Quelle que soit la région en Belgique, les files d’attente pour un logement social s’allongent à n’en plus finir. Les chiffres sont effarants. 

  • Bruxelles : plus de 52 000 ménages en attente 
  • Wallonie : 98 000 personnes patientent 
  • Flandre : 176 000 individus attendent (RTL)

 En Wallonie, il existe 100 000 logements publics mais le « taux de rotation » demeure très faible. Un peu plus de cinq ménages sur cent seulement quittent chaque année leur logement social, d’après le porte-parole de la Société Wallonne du Logement, Daniel Pollin. On constate ainsi dans cette région un gouffre entre l’offre et la demande (RTL).  

La problématique du logement social est avant tout une question d’engagement politique :  

« La plupart des logements publics sont financés par de l’argent public, ce qui nécessite des moyens colossaux pour répondre à la demande. Les gouvernements successifs […] ont choisi de concentrer leurs investissements sur la rénovation des bâtiments existants. […] En moyenne, 350 nouveaux logements sociaux sont créés chaque année, ce qui ne permet pas de combler la demande. » 

Daniel Pollin, porte-parole de la Société Wallonne du Logement, interviewé par RTL  

À cette grave pénurie s’ajoute l’insuffisance du parc de logements sociaux, qui ne représente ainsi que 7 % (à Bruxelles) et 6,5 % (en Wallonie) du parc immobilier (RTL).  

Des expulsions locatives à n’en plus finir  

L’expulsion locative constitue un autre facteur qui joue un rôle important dans la crise du logement. D’après une étude de Pernelle Godart, on dénombre, rien qu’à Bruxelles, une dizaine d’expulsions par jour. Soit plusieurs milliers par an. Mais ce n’est pas tout : ces chiffres ne comprennent même pas l’ensemble des expulsions cachées. Nombreuses sont les personnes qui sont ainsi mises à la porte sans même que les autorités ne soient mises au courant. 

Les conséquences d’une expulsion locative sont désastreuses pour les locataires les plus vulnérables. Sur le marché locatif privé, Bruxelles ne propose pas de logements au prix accessible pour les petits budgets. La saturation des logements sociaux contraint quant à elle les locataires expulsés·es à attendre 5, 10, voire 15 ans avant de se voir proposer un logement.  

Impossible donc de retrouver un logement dans ce contexte. L’expulsion amène dès lors ces publics à endurer le quotidien des personnes sans abri : l’accueil en hébergement d’urgence, le logement temporaire chez des connaissances ou même la vie en rue.

« Des familles dans des situations d’expulsion vont devoir chercher des hébergements d’urgence et quand on a 3, 4, 5, 6 enfants, il n’y a vraiment pas du tout de centres d’hébergement à Bruxelles qui soient réellement disponibles rapidement » 

Adèle Morvan, Travailleuse sociale à S.Ac.A.Do

Les marchands de sommeil  

Les marchands de sommeil sont des propriétaires qui profitent de la crise du logement pour louer un bien insalubre, surpeuplé et/ou dangereux, souvent à un prix exorbitant (police.be) : 

  • logement sale ;
  • murs humides ou nettement fissurés ;  
  • installations de gaz ou d’électricité défaillantes, etc. 

Exposé·e à ce type de situations, l’habitant·e s’expose à de multiples risques pour sa santé et sa sécurité. Pour le marchand de sommeil, l’objectif consiste à maximiser son bénéfice en louant un bien qui permet de loger une voire plusieurs personnes pour un investissement minimal. Les profils des victimes sont variés : personnes isolées, âgées ou en situation de séjour illégal, femmes avec ou sans enfants (police.be)…

Comment résoudre la crise du logement ?  

Face à la crise, il est plus qu’urgent d’agir pour que l’accès au logement devienne enfin une réalité commune pour toutes et tous en Belgique. Le pouvoir public doit absolument s’engager à augmenter le nombre de logements abordables grâce à des méthodes concrètes : 

  • Créer davantage de logements sociaux ; 
  • Encadrer les loyers ; 
  • Prévenir les expulsions ; 
  • Etc.   

Cette liste de solutions réalistes n’est pas exhaustive. La crise du logement est un phénomène complexe, qui mérite un décryptage en profondeur.  

Le média Nationale 4 : un tableau complet sur la crise du logement  

Pour sa saison 2, le média Nationale 4 se consacre à un tableau complet sur la crise du logement afin de dégager des solutions. Il propose de suivre six séries qui correspondent à autant d’urgences sociales, avec pour principaux territoires les villes de Charleroi, Bruxelles et Liège. On y découvre notamment : 

  • des témoignages sur linsalubrité à Charleroi ;
  • les expulsions incessantes du collectif bruxellois Zone Neutre ; 
  • la victoire d’un groupe de locataires face à un marchand de sommeil à Schaerbeek.  

Nationale 4 est un média thématique indépendant, sans publicité et d’accès gratuit. Pour mener à bien son travail d’investigation, il mise donc principalement sur le soutien financier de son public.    

Aux côtés d’autres associations ou collectifs, L’Ilot a décidé de soutenir ce projet plus qu’essentiel. Cette décision naturelle s’appuie sur une vision commune : comme Nationale 4, nous luttons pour que chacun·e ait accès à un logement digne et abordable