Au cœur d’une semaine passée sous les températures négatives, le focus était forcément, et comme souvent, soudainement mis sur le secteur sans-abri. L’occasion pour L’Ilot de rappeler que le sans-abrisme, c’est une problématique qui ne connait pas le thermomètre. Et qui souffre autant en hiver qu’en été.
Depuis ce lundi 8 janvier 2024, la Région Bruxelles - Capitale a activé son plan « Froid Extrême ». Concrètement, cela signifie que 150 places de plus sont actuellement disponibles pour les personnes sans abri. Un dispositif pour pallier l’urgence d’une situation de grand froid bien entendu nécessaire, mais loin d’être suffisant, comme nous l’explique notre directrice Ariane Dierickx. « À L’Ilot, on a tendance à dire que le sans-abrisme ne connait pas le thermomètre. Les chiffres le prouvent d’ailleurs puisqu’il y a autant de morts en rue en été en qu’en hiver ».
Ce qui offre forcément un regard différent sur ces mesures d’urgence prises en hiver quand, soudain, les températures chutent drastiquement. « Sans compter que ces 150 places en plus ne vont pas permettre de mettre tout le monde à l’abri dans cette période de grand froid » précise d’ailleurs d’entrée Ariane Dierickx.
Comprendre qu’au sein de notre ASBL où nos deux Centres de jours et nos quatre Maisons d’accueil sont déjà saturées toutes l’années, on peut difficilement pousser les murs. Et que pour nous, la vraie solution, ce n’est pas d’augmenter sans arrêt le nombre de places, mais plutôt de s’orienter vers des solutions à long terme axées sur la remise en logement.
« Le problème, c’est que pendant très longtemps, les autorités politiques ont pratiqué une gestion du sans abrisme plutôt qu’une lutte contre le sans abrisme », précise Ariane Dierickx. Ce n’est pas la même chose. Un lourd passif qui s’est traduit ces dernières d’années par une augmentation substantielle du nombre de personnes à la rue.
« Rien qu’à Bruxelles et sur les dix dernières années, la population sans abris a quadruplé », complète Benjamin Peltier, responsable de plaidoyer à L’Ilot et lui aussi désolé de voir autant d’argent investi dans des solutions peu pérennes. « Ce plan grand froid, c’est encore une mesure d’urgence et, par définition, celles-ci seront toujours insuffisantes. »
Comprendre qu’ouvrir des Centres d’urgence quand il fait froid, c’est bien, mais que cela ne sortira jamais personne durablement de la rue. « C’est un peu comme un paquebot qui perdrait structurellement des gens à la mer et auquel on ne penserait à lancer des bouées de sauvetages que quand la mer devient agitée », métaphorise encore Benjamin Peltier. « Malheureusement, cela ne fait remonter personne à bord et cela n’empêche surtout personne de tomber. Ce qu’il faudrait d’abord penser à faire, c’est stopper cette fuite en avant. »
Comprendre qu’ouvrir des Centres d’urgence quand il fait froid, c’est bien, mais que cela ne sortira jamais personne durablement de la rue. « C’est un peu comme un paquebot qui perdrait structurellement des gens à la mer et auquel on ne penserait à lancer des bouées de sauvetages que quand la mer devient agitée », métaphorise encore Benjamin Peltier. « Malheureusement, cela ne fait remonter personne à bord et cela n’empêche surtout personne de tomber. Ce qu’il faudrait d’abord penser à faire, c’est stopper cette fuite en avant. »
« Il faut reconnaitre un sursaut ces dernières années. Et une prise de conscience des autorités politiques par rapport à l’ampleur du phénomène et à la gravité du problème, » réagissait Ariane Dierickx sur BX1 lundi matin au micro de Fabrice Grosfiley.
« Cela s’est traduit par des augmentations de budgets assez importantes pour le secteur sans-abri. Et une réorientation des politiques vers des solutions de sortie de rue. Du logement, notamment via les programmes « Housing First ». Malheureusement, on assiste aujourd’hui à un effet de rattrapage. C’est-à-dire qu’il y a plus de personnes qui arrivent en rue au quotidien que de personnes qu’on arrive à reloger et à sortir de la rue. On voit bien que les solutions proposées sont insuffisantes. Mais ce qu’il faut, c’est une augmentation très nette des politiques sociales en Belgique. Il faut changer de paradigme et oser aborder aujourd’hui le vrai problème qu’est la crise du logement. Cela passe par l’encadrement des loyers et des mesures qui permettent véritablement aux personnes d’avoir de nouveau accès aux logements. Le logement doit revenir un droit et non pas un bien d’investissement. »
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