Illustration : ©Espace Fragile - Judith Faraoni
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas toujours au sein de la Maison d’accueil pour familles de L’Ilot pour familles. Les veilles de rentrée scolaire encore un peu moins que les autres. Cette année à nouveau - parce qu’une des priorités de L’Ilot est de permettre à chaque enfant, quel que soit son parcours de vie, d’être scolarisé·e -, ce sont ainsi plusieurs enfants accueillis dans la Maison qui prendront à nouveau le chemin de l’école chaque matin. Comme n’importe quel autre enfant. Trajectoire de vie cabossée non comprise.
« On prend souvent l’exemple de « Bienvenue chez les Ch’tis » pour résumer la situation des enfants qui fréquentent la maison », analyse en cinéphile Jean-Luc Joiret, directeur de la Maison. « Parce qu’ils pleurent en arrivant, mais aussi en repartant. »
Le but premier des travailleurs et travailleuses sociales de la Maison d’accueil pour familles est d’abord de rendre le séjour des enfants le plus agréable possible. « De leur permettre de retrouver tout simplement une place d’enfant », appuie encore Jean-Luc. « C’est-à-dire de ne plus les « parentaliser » à l’excès comme c’est malheureusement souvent le cas. Faire en sorte qu’ils n’aient plus à porter les problèmes de leurs parents et qu’ils puissent retrouver un peu d’insouciance, celle qui permet de grandir dans la légèreté. Le cœur du projet, c’est véritablement le bien-être de l’enfant. »
Bénéficiant de l’agrément en Soutien à la Parentalité octroyé par la Cocof, la Maison œuvre aussi à la reconstruction d’une relation parent-enfant parfois abimée par les drames vécus par la famille. Parallèlement, l’équipe travail à faire vivre au quotidien un projet pédagogique visant aussi le suivi scolaire.
« C’est toute une manière de travailler dans le suivi psycho-social qui a pour finalité la reconstruction de l’enfant en tant qu’enfant, en ce compris le suivi de son évolution. Mais l’idée, c’est aussi de réussir à le déconnecter de sa trop dure réalité. De lui permettre de retrouver son insouciance : leur réapprendre à rire et à jouer, c’est presque le cœur du travail des éducateurs et éducatrices qui s’occupent des enfants. »
Un détachement que l’école participe à offrir également. « C’est pour ça que c’est important pour nous que les enfants qui fréquentent la maison soient scolarisés. Et c’est le cas de 99 % d’entre eux », confirme Jean-Luc. « Cela dépend de l’autonomie des parents, mais il arrive que nous intervenions dans les démarches administratives liées à l’inscription. »
Responsable des activités enfants, Emilie, travailleuse sociale, organise des activités pour les plus petits tous les mercredi après-midi. « On y aborde des thèmes variés. L’idée c’est de leur permettre de s’exprimer, de favoriser la mise en place de leurs émotions. De les faire parler de leur rapport à la scolarité parfois, mais surtout de leur intégration à la vie en collectivité. Et puis, de leur faire comprendre que c’est normal de ressentir parfois de l’injustice. »
A défaut d’un véritable « chez-soi », les enfants de la Maison pour familles de L’Ilot ont accès à des oreilles bienveillantes pour les écouter à leur retour de l’école. Un accompagnement indispensable pour limiter au maximum les risques de décrochage scolaire.
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