Femmes et sans-abrisme / mal-logement
Encore largement méconnu et sous-estimé en raison notamment des stratégies d’évitement de la rue mises en place par les femmes elles-mêmes, le sans-abrisme féminin s’inscrit dans un continuum de discriminations croisées qui affectent les femmes tout au long de leur parcours de vie et les touchent dans de très nombreux domaines de leur vie (emploi, logement, santé, mobilité, pensions, etc.).
Selon les statistiques les plus récentes fournies par Bruss’help, les femmes représenteraient 22,4 % du sans-abrisme sur le territoire régional bruxellois, contre 59,1 % d’hommes. Pour cette même région, les enfants, très majoritairement pris en charge par les femmes, représentent quant à eux 14,6 % du phénomène sans abri.
En raison notamment de leur perméabilité plus importante à la pauvreté et de leurs ressources globalement plus faibles (en particulier lorsqu’elles sont en situation de vulnérabilité sociale), les femmes sont particulièrement fragilisées par rapport au logement.
Trouver un logement n’est pas synonyme de stabilité : de nombreuses femmes vivent dans un logement « suroccupé » ou inadapté, parfois insalubre. Le coût du déménagement, leur situation précaire et l’évolution du marché locatif les obligent souvent à y rester.
Violences faites aux femmes
Les violences représentent la principale cause de sans-abrisme chez les femmes. Les témoignages recueillis sur le terrain indiquent que la quasi-totalité des femmes sans abri ont vécu des violences aggravées dans leurs parcours de vie.
En Belgique, 36 % des femmes ont subi des violences physiques et / ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans.
Pour 31 % des femmes, l’auteur du fait de violence le plus grave rencontré dans leur vie est leur partenaire. Entre 70 et 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite.
En moyenne 3 plaintes pour viol sont enregistrées chaque jour, mais on estime que seulement 16 % des victimes de violences sexuelles graves s’adressent à la police. Lorsqu’une plainte est déposée, seulement 4% aboutissent à une condamnation.
La Belgique a enregistré 24 féminicides en 2020. Dans le monde, plus de 70 % des femmes assassinées le sont par leur (ex-)partenaire.
Femmes et précarité
L’écart salarial défavorable aux femmes est de plus de 20 % en Belgique.
Avec une charge familiale et domestique qui repose majoritairement sur les épaules des femmes, 44 % d’entre elles (contre 9 % des hommes) travaillent à temps partiel sans que ce soit forcément un choix.
Plus de 80 % des familles monoparentales ont une femme à leur tête et près de 46 % de ces familles vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.
57 % des bénéficiaires du RIS (Revenu d’Intégration Sociale) sont des femmes et quasiment 40% d’entre elles sont isolées avec au moins un enfant à charge.
Plus d’un parent sur 10 ne perçoit pas la contribution alimentaire qui lui est due pour ses enfants et 93 % des dossiers introduits au SECAL (Service des Créances Alimentaires) pour recouvrement de ces créances alimentaires le sont par des femmes.
En Belgique, environ 16 % des personnes pensionnées vivent sous le seuil de pauvreté. Deux tiers de ces personnes particulièrement fragiles sont des femmes et 46 % de femmes n’ont pas accès à la pension minimale.
Le taux de dépendance financière (ou de risque de pauvreté individuel) est de 36 % pour les femmes (contre 11 % pour les hommes) et monte jusqu’à 50 % pour les femmes de plus de 60 ans et les femmes peu qualifiées.
Avec un taux de 42 %, les femmes sont surreprésentées dans les secteurs dits à risque élevé d’être impactés négativement par la pandémie Covid-19, contre 32 % pour les hommes ; le taux de chômage notamment est globalement resté stable en Europe mais a augmenté chez les femmes.
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