L’injuste destin du pangolin, roman-feuilleton radiophonique diffusé sur La Première, chronique de la crise Covid-19, est publié sous la forme d’un petit livre. Les droits d’auteur et bénéfices sont reversés à trois associations : L’Ilot, Cœur SDF et Plateforme Citoyenne BXLRefugees.
Questions à Myriam Leroy
Quelle était l’intention derrière le projet ?
Le livre documente la crise. C’était un peu un prétexte pour parler de ce que l’on traverse tous, pour parler des infos anxiogènes dont on nous gavait jusqu’à la nausée, de ce truc qu’il faudrait ne pas oublier. Documenter sous une forme de fiction permettait de s’amuser en tant qu’auteur, de travailler, et on a tous pensé, sans trop savoir l’expliquer, que ça pourrait être bien de conserver une trace de ce truc pour s’en souvenir, pour pas oublier. Je pense que le ton du texte change aussi avec le temps. On ne raconte plus du tout les choses de la même manière à la fin qu’au début. Au début c’est très nerveux, on se demandait ce que l’on allait devenir, si on n’allait pas tous mourir. A la fin ça se dilate un peu, ça se permet aussi des incursions dans des choses un peu plus humoristiques, plus anecdotiques. Je pense que l’idée était réellement de prendre le pouls de la situation et notre pouls à nous et d’en conserver une trace.
De l’oral à l’écrit… ?
A l’origine, c’est vraiment un projet radio. Ce n’était pas destiné à être un livre. C’est plutôt un souvenir. Ce livre est un souvenir du feuilleton radio. La radio est un média dans lequel beaucoup de gens se sont réfugiés. On a assisté à un retour aux médias traditionnels. Les gens ont voulu s’abreuver à des sources d’info qu’ils considéraient fiables et dignes de confiance. On a l’impression d’avoir été rarement autant écoutés que pendant le confinement.
Pourquoi avoir décidé de soutenir des associations dont L’Ilot ?
Il a toujours été évident pour nous qu’il aurait été indécent de vendre un livre pareil pour notre pomme. Je parle en mon nom personnel : j’ai remarqué que soutenir des associations de manière concrète, c’était une manière de rester ancré dans le réel et de ne pas se sentir totalement inutile et impuissant. Ce qu’il y avait de particulièrement angoissant dans cette crise, c’est que l’on ne pouvait rien y faire. Donner un coup de pouce financier, ou un coup de main sur le terrain à des associations, personnellement, ça m’a fait du bien. Je pense que je ne suis pas la seule à m’être engagée parmi les auteurs du livre.
Jérôme Colin a proposé de faire ça pour des associations, ce qui nous semblait couler de source. Il nous a alors demandé de soumettre des noms d’associations. Les trois qui ont été choisies sont celles qui sont sorties plusieurs fois et ça aurait pu être trois autres aussi.
La question du sans-abrisme, je pense que tout le monde se l’est posée en temps de Covid. On n’a pas arrêté de réfléchir au fait de chez-soi, de maison, de territoire, de liberté. De maison comme protection, comme seconde peau, comme écran entre soi et les malheurs du monde. On a tous pensé aux mal logés, et forcément aux pas vraiment logés du tout. Cette crise a jeté une lumière crue sur des choses que l’on savait déjà mais là il n’est plus possible d’ignorer qu’il existe des inégalités profondes et structurelles, qu’il y a des laissés pour compte, des gens qui ont été complètement abandonnés.
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