Depuis des mois maintenant le gouvernement fédéral n’honore plus son obligation légale de loger toute personne en demande d’asile arrivant en Belgique durant la durée de sa procédure. Malgré les condamnations nombreuses et répétées, notamment par la Cour européenne des Droits de l’Homme, et les menaces de saisies, le fédéral ne parvient pas ou ne veut pas mettre fin à cette crise de l’accueil.
Laissés à la rue, des centaines de demandeurs d’asile avaient trouvé ces derniers mois un toit dans un bâtiment occupé à Schaerbeek à la Rue des Palais. Pendant des mois, la situation y a été catastrophique : pas de chauffage, quasi pas de sanitaire, des situations de violence, propagation de maladies contagieuses, etc. Les autorités fédérales, régionales et communales avaient décidé de mettre fin à cette situation. Leur promesse était de reloger tous les demandeurs d’asile et de fermer « Palais ». Si la fermeture a bien eu lieu hier avec un déploiement policier à proprement démesuré, la promesse de relogement n’a pas été tenue. Ils étaient encore 150 à 200 en fin de journée, enregistrés pour le relogement mais laissés sur le carreau. La police les a alors dispersés (pour aller où ?). C’est naturellement qu’ils se sont ensuite retrouvés devant le Petit-Château, site historique de l’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile en Belgique. Là, les zones de police de Bruxelles ne voulant pas d’un camp de tentes sur leur territoire, les ont repoussés vers Molenbeek. De l’autre côté du canal, la police molenbeekoise caressant le même souhait les a refoulés sur le canal. C’est donc sur le pont entre les deux zones de police et sur les berges du canal que des dizaines de tentes ont été montées. Tentes apportées par des citoyens et des citoyennes pour pallier l’absence totale de moyens mis à disposition par l’Etat. Les moins chanceux, n’ont même pas eu droit à une toile au-dessus de leur tête et ont dû passer la nuit à la belle étoile.
Alors que le sans-abrisme à Bruxelles est galopant et que les associations du secteur sont débordées et mal financées, l’incompétence du gouvernement fédéral crée de fait un surplus de centaines de personnes à la rue dans Bruxelles. Proportionnellement cela signifie que plus ou moins un quart de la population actuelle dormant en rue en région bruxelloise est composé de demandeurs et demandeuses d’asile qui jusqu’à il y a un an, étaient logé·es par Fedasil.
En tant qu’organisation de lutte contre le sans-abrisme, L’Ilot voudrait signifier sa colère et son indignation devant une telle situation : le gouvernement fédéral participe à approfondir l’étendue du sans-abrisme à Bruxelles. Cela met le tissu de soutien aux personnes sans chez-soi à genoux, en le faisant crouler sous les besoins alors qu’il était déjà étranglé. Cette situation doit cesser et le gouvernement fédéral doit prendre ses responsabilités.
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