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Jérémie

La Kart #1 en chiffres 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 en chiffres

Femmes et sans-abrisme / mal-logement

 

Encore largement méconnu et sous-estimé en raison notamment des stratégies d’évitement de la rue mises en place par les femmes elles-mêmes, le sans-abrisme féminin s’inscrit dans un continuum de discriminations croisées qui affectent les femmes tout au long de leur parcours de vie et les touchent dans de très nombreux domaines de leur vie (emploi, logement, santé, mobilité, pensions, etc.).

Selon les statistiques les plus récentes fournies par Bruss’help, les femmes représenteraient 22,4 % du sans-abrisme sur le territoire régional bruxellois, contre 59,1 % d’hommes. Pour cette même région, les enfants, très majoritairement pris en charge par les femmes, représentent quant à eux 14,6 % du phénomène sans abri.

En raison notamment de leur perméabilité plus importante à la pauvreté et de leurs ressources globalement plus faibles (en particulier lorsqu’elles sont en situation de vulnérabilité sociale), les femmes sont particulièrement fragilisées par rapport au logement.

Trouver un logement n’est pas synonyme de stabilité : de nombreuses femmes vivent dans un logement « suroccupé » ou inadapté, parfois insalubre. Le coût du déménagement, leur situation précaire et l’évolution du marché locatif les obligent souvent à y rester.

 

Violences faites aux femmes

 

Les violences représentent la principale cause de sans-abrisme chez les femmes. Les témoignages recueillis sur le terrain indiquent que la quasi-totalité des femmes sans abri ont vécu des violences aggravées dans leurs parcours de vie.

En Belgique, 36 % des femmes ont subi des violences physiques et / ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans.

Pour 31 % des femmes, l’auteur du fait de violence le plus grave rencontré dans leur vie est leur partenaire. Entre 70 et 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite.

En moyenne 3 plaintes pour viol sont enregistrées chaque jour, mais on estime que seulement 16 % des victimes de violences sexuelles graves s’adressent à la police. Lorsqu’une plainte est déposée, seulement 4% aboutissent à une condamnation.

La Belgique a enregistré 24 féminicides en 2020. Dans le monde, plus de 70 % des femmes assassinées le sont par leur (ex-)partenaire.

 

Femmes et précarité

 

L’écart salarial défavorable aux femmes est de plus de 20 % en Belgique.

Avec une charge familiale et domestique qui repose majoritairement sur les épaules des femmes, 44 % d’entre elles (contre 9 % des hommes) travaillent à temps partiel sans que ce soit forcément un choix.

Plus de 80 % des familles monoparentales ont une femme à leur tête et près de 46 % de ces familles vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.

57 % des bénéficiaires du RIS (Revenu d’Intégration Sociale) sont des femmes et quasiment 40% d’entre elles sont isolées avec au moins un enfant à charge.

Plus d’un parent sur 10 ne perçoit pas la contribution alimentaire qui lui est due pour ses enfants et 93 % des dossiers introduits au SECAL (Service des Créances Alimentaires) pour recouvrement de ces créances alimentaires le sont par des femmes.

En Belgique, environ 16 % des personnes pensionnées vivent sous le seuil de pauvreté. Deux tiers de ces personnes particulièrement fragiles sont des femmes et 46 % de femmes n’ont pas accès à la pension minimale.

Le taux de dépendance financière (ou de risque de pauvreté individuel) est de 36 % pour les femmes (contre 11 % pour les hommes) et monte jusqu’à 50 % pour les femmes de plus de 60 ans et les femmes peu qualifiées.

Avec un taux de 42 %, les femmes sont surreprésentées dans les secteurs dits à risque élevé d’être impactés négativement par la pandémie Covid-19, contre 32 % pour les hommes ; le taux de chômage notamment est globalement resté stable en Europe mais a augmenté chez les femmes.

La Kart #1 femmes sans abri 1024 576 L'Ilot

La Kart #1 femmes sans abri

On n’accompagne pas des femmes sans abri comme on accompagne des hommes sans abri. Parce que leurs trajectoires de vie sont différentes, parce que leurs besoins et leurs attentes sont spécifiques, les approches à développer et les outils à mettre à leur disposition doivent être différents.

Aujourd’hui dans le secteur sans-abri, force est de constater que ce n’est pas (suffisamment) le cas. Et L’Ilot n’échappe pas à ce constat.

Après avoir pendant plusieurs décennies construit son offre de services pour répondre à une demande provenant très majoritairement d’hommes seuls, le secteur sans-abri a peiné – et peine encore – à s’adapter à l’évolution de ses publics. Ces dernières années, les opérations de recensement de la population sans-abri en région bruxelloise (de tels dénombrements ne se font pas encore dans les autres régions mais les observations faites sur le terrain révèlent les mêmes tendances) ont notamment fait apparaître une présence de plus en plus massive de femmes et de familles (majoritairement des mères monoparentales).

Et rien n’est moins étonnant : toutes les études et statistiques démontrent que la situation socio-économique des femmes est globalement moins bonne que celle des hommes et que la précarité, qui gagne chaque année du terrain et se renforcera encore à la sortie de la crise sanitaire que nous vivons actuellement, touche, tout au long de leur parcours de vie, plus gravement les femmes que les hommes.

Que ce soit en matière d’emploi, de santé, de logement, de pensions, de justice, d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, de place dans l’espace public, etc., les multiples causes d’inégalités entre femmes et hommes sont aujourd’hui largement connues et documentées. Pour autant, les solutions concrètes pour enrayer ces inégalités ne sont pas suffisantes, les volontés politiques pour les financer pas assez ambitieuses, les mentalités pas forcément prêtes à les accueillir.

Notre secteur malheureusement ne fait pas exception : infrastructures d’accueil peu/pas adaptées au public féminin, inadéquation des outils existants, méconnaissance des enjeux liés aux droits des femmes, insuffisance d’espaces dédiés à recueillir leur parole, manque de formation des équipes psychosociales à la problématique des discriminations (croisées) de genre, manque de données qualitatives et quantitatives sur la réalité des parcours de femmes sont autant de freins à la mise en place d’un accueil de qualité, digne et respectueux, spécifiquement pensé pour et avec les femmes en situation ou en risque de sans-abrisme.

Au-delà des actions et projets déjà mis en place par le passé et qui constituent les premières pierres de ce nouvel édifice, L’Ilot veut aujourd’hui relever le défi d’un accueil de qualité basé sur une approche globale respectueuse des droits des femmes et visant leur émancipation.

Cela demande de remettre en question toutes nos pratiques, de changer notre regard et de retrousser nos manches pour convaincre tous ceux et toutes celles qui seront nos meilleur·e·s allié·e·s dans ce nouveau défi.

Nous compterons sur chacun et chacune d’entre vous.

 

Ariane Dierickx,

Directrice générale de L’Ilot

Les températures remontent, l’urgence continue 710 750 L'Ilot

Les températures remontent, l’urgence continue

La vague de froid que vient de connaître la Belgique a une nouvelle fois mis en lumière les dangers auxquels font face les personnes qui vivent en rue.

Maintenant que le thermomètre remonte, la véritable urgence est de déployer suffisamment de moyens pour développer davantage de solutions dignes et durables. Et permettre à tous et toutes d’avoir un toit décent et d’y vivre dans des conditions dignes.

Les axes de travail sont multiples et complémentaires ; ils doivent être pensés de manière globale et interconnectée avec l’ensemble des acteurs de terrain du secteur sans-abri :

  • L’urgence doit rester l’urgence. L’urgence est indispensable : elle permet de sauver des vies. Mais, trop souvent aujourd’hui, ces solutions ne débouchent pas sur une prise en charge complète permettant l’accompagnement de la personne dans un logement et vers un projet de vie respectant sa dignité.
  • La prévention : la meilleure façon de sortir de la rue est de ne pas y tomber. Pour cela il faut des politiques ambitieuses de prévention afin d’aider les publics les plus fragiles à rester dans un logement et à s’y stabiliser. En cette période de crise économique post-Covid qui augmente le risque de pauvreté et de sans-abrisme, cette dimension doit impérativement être renforcée en privilégiant les approches intersectorielles.
  • Le logement : on le sait, on le crie depuis des années, il n’y a pas assez de logements disponibles à prix abordables à Bruxelles. Il est impératif de développer de nouvelles solutions de logements accessibles, dignes et durables afin d’augmenter le parc disponible et de prendre en compte la diversité des situations personnelles et des trajectoires de vie.
  • L’accompagnement dans le respect des besoins particuliers des personnes : le logement est un point de départ indispensable mais pas suffisant pour que les personnes puissent construire une vie digne. Une fois les personnes relogées, elles doivent pouvoir bénéficier d’un accompagnement global à domicile pour se reconstruire sur les plans de la santé mentale et/ou physique, poursuivre leur remise en ordre administrative, retrouver une stabilité financière, etc.

Ces enjeux croisés sont plus que jamais primordiaux. Parce que le nombre de personnes sans abri ne cesse d’augmenter, et parce que la crise sanitaire fragilise de nouveaux publics, comme nous le voyons malheureusement à L’Ilot.

Ensemble, nous pouvons décider de faire face et de mettre les moyens qui permettront à notre pays de sortir du sans-abrisme pour que tous et toutes puissent se reconstruire une vie dans le respect de la dignité humaine.

Urgence Grand Froid 720 480 L'Ilot

Urgence Grand Froid

La vague de grand froid qui s’abat actuellement sur la Belgique représente un danger de mort pour toutes les personnes qui vivent en rue. En 2021, s’ajoutent à ce danger imminent les difficultés supplémentaires liées à la crise Covid-19, comme la limitation du nombre de places dans les centres d’accueil de jour en raison des mesures sanitaires, qui réduit pour ces personnes les possibilités de venir se réchauffer en journée dans un lieu sécurisé.

Il est indispensable de se mobiliser afin d’éviter des mort·e·s en rue, aujourd’hui. 

L’Ilot se mobilise avec ses partenaires du secteur pour faire face à l’urgence à travers différentes actions :

  • Notre centre de jour a élargi ses horaires pour permettre aux personnes de rester plus longtemps au chaud, avec une offre élargie et gratuite de boissons et de repas chauds.
  • Nous avons contacté des hôtels qui ont accepté d’héberger des personnes sans-abri.
  • Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires de secteur pour réorienter un maximum de personnes vers des lieux d’hébergement temporaire ou d’accueil d’urgence.
  • Nous poussons nos murs pour accueillir un maximum de personnes dans nos différents lieux d’hébergement temporaire.

Ces solutions, comme toutes les solutions d’urgence, sont indispensables pour sauver des vies. Aujourd'hui et maintenant.

Mais ces solutions ont un coût important.

Faites de toute urgence un don en faveur des personnes les plus fragilisées par la vague de froid : 20, 40 ou 60 euros font déjà la différence !

VAGUE DE FROID : QUAND L’URGENCE DEVIENT CHRONIQUE 851 315 L'Ilot

VAGUE DE FROID : QUAND L’URGENCE DEVIENT CHRONIQUE

La vague de grand froid qui s’abat actuellement sur la Belgique représente un danger de mort pour toutes les personnes qui vivent en rue. En 2021, s’ajoutent à ce danger imminent les difficultés supplémentaires liées à la crise-COVID19, comme la limitation du nombre de places dans les centres d’accueil de jour en raison des mesures sanitaires, qui réduit pour ces personnes les possibilités de venir se réchauffer en journée dans un lieu sécurisé.

Il est indispensable de se mobiliser afin d’éviter des mort·e·s en rue, aujourd’hui.

L’Ilot se mobilise avec ses partenaires du secteur pour faire face à l’urgence à travers différentes actions :

  • Notre centre de jour a élargi ses horaires pour permettre aux personnes de rester plus longtemps au chaud, avec une offre élargie et gratuite de boissons et de repas chauds.
  • Nous avons contacté des hôtels qui ont accepté d’héberger des personnes sans-abri.
  • Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires de secteur pour réorienter un maximum de personnes vers des lieux d’hébergement temporaire ou d’accueil d’urgence.
  • Nous poussons nos murs pour accueillir un maximum de personnes dans nos différents lieux d’hébergement temporaire.

Ces solutions, comme toutes les solutions d’urgence, sont indispensables pour sauver des vies, maintenant.

Mais ces solutions temporaires ne résolvent en rien le problème de fond, celui du sans-abrisme dans notre pays. Quand le thermomètre remontera, les personnes sans abri ne seront toujours pas en sécurité. Une fois passée la vague de grand froid, la véritable urgence sera de déployer suffisamment de moyens pour développer davantage de solutions dignes et durables et permettre à tous et toutes d’avoir un toit décent et d’y vivre dans des conditions dignes. Qui permettent que, chez nous, en Belgique, un grand froid ne soit pas synonyme de danger sur des vies humaines.

Les axes de travail sont multiples et complémentaires ; ils doivent être pensés de manière globale et interconnectée avec l’ensemble des acteurs de terrain du secteur sans-abri :

  • L’urgence doit rester l’urgence. L’urgence est indispensable : elle permet de sauver des vies. Mais, trop souvent aujourd’hui, ces solutions ne débouchent pas sur une prise en charge complète permettant l’accompagnement de la personne dans un logement et vers un projet de vie respectant sa dignité.

 

  • La prévention: la meilleure façon de sortir de la rue est de ne pas y tomber. Pour cela il faut des politiques ambitieuses de prévention afin d’aider les publics les plus fragiles à rester dans un logement et à s’y stabiliser. En cette période de crise économique post-Covid qui augmente le risque de pauvreté et de sans-abrisme, cette dimension doit impérativement être renforcée en privilégiant les approches intersectorielles.

 

  • Le logement: on le sait, on le crie depuis des années, il n’y a pas assez de logements disponibles à prix abordables à Bruxelles. Il est impératif de développer de nouvelles solutions de logements accessibles, dignes et durables afin d’augmenter le parc disponible et de prendre en compte la diversité des situations personnelles et des trajectoires de vie.

 

  • L’accompagnement dans le respect des besoins particuliers des personnes: le logement est un point de départ indispensable mais pas suffisant pour que les personnes puissent construire une vie digne. Une fois les personnes relogées, elles doivent pouvoir bénéficier d’un accompagnement global à domicile pour se reconstruire sur les plans de la santé mentale et/ou physique, poursuivre leur remise en ordre administrative, retrouver une stabilité financière, etc.

Ces enjeux croisés sont plus que jamais primordiaux. Parce que le nombre de personnes sans abri ne cesse d’augmenter, et parce que la crise sanitaire fragilise de nouveaux publics, comme nous le voyons malheureusement à L’Ilot.

Ensemble, nous pouvons décider de faire face et de mettre les moyens qui permettront à notre pays de sortir du sans-abrisme pour que tous et toutes puissent se reconstruire une vie dans le respect de la dignité humaine.

La Kart de L’Ilot 1024 725 L'Ilot

La Kart de L’Ilot

Quand la crise sanitaire vient aggraver la crise sociale

On dénombrait en novembre 2018 plus de 4000 personnes sans abri à Bruxelles. Le dénombrement de cet hiver nous montrera à quel point ces chiffres ont augmenté.

Combien en Wallonie ? Combien en Flandre ? Aucune statistique récente ne nous permet de le savoir. Encore moins d’avoir une idée du nombre de personnes qui ont récemment basculé brutalement dans la précarité ou la pauvreté, aujourd’hui en « risque de sans-abrisme ».

Demain, tous les opérateurs de terrain des secteurs du social le savent, les pertes de logement liées à la perte de revenus vont s’enchaîner. Nos services de prévention sont assaillis d’appels de personnes qui sont « sur le fil », en train de basculer. Les CPAS ne parviennent plus à suivre... tout comme nos équipes de terrain, en incapacité de répondre à toutes les demandes d’aide.

Le nombre de personnes obligées de bricoler des solutions d’hébergement temporaire va exploser : une nuit chez un ami, la suivante dans une voiture… avant de se résoudre à venir frapper à la porte d’un centre d’accueil d’urgence.

Ce que l’on sait aussi, c’est qu’avec la profonde crise sociale qui accompagne la crise sanitaire, le profil de nos publics est en train de s’élargir de manière très inquiétante. Depuis plusieurs années déjà, l’homme blanc de quarante ans ayant eu un « accident de parcours » partage son bout de carton avec des femmes qui, malgré leur manque de ressources, ont le courage de quitter leur conjoint violent ; avec des (très) jeunes en rupture familiale ; avec celles et ceux qui, faute de moyens pour une politique de réinsertion, n’ont pas pu préparer leur sortie de prison ; avec des personnes dont les problèmes de santé mentale justifieraient qu’elles soient accueillies dans des centres spécialisés ; avec des personnes isolées dont la trop faible pension ne permet pas de payer les frais exorbitants d’une maison de repos.

À ces publics déjà bien connus de nos services de terrain viennent aujourd’hui s’ajouter des familles récemment expulsées pour non paiement de loyer ; des mamans seules qui n’arrivent plus à remplir le frigo ; des personnes dont le revenu a été raboté pour cause de chômage économique ou activité mise à l’arrêt ; des étudiant·e·s qui ont perdu leur job et que la famille, elle aussi en difficulté, ne peut pas soutenir ; des travailleurs au noir et des femmes vivant de la prostitution qui se retrouvent subitement sans aucune source de revenu.

Bref : toutes celles et tous ceux qui hier s’en sortaient tout juste et que la crise sanitaire est venue frapper de plein fouet.

Ces nouveaux visages de la pauvreté ont vingt-cinq, quarante-sept, dix-neuf ou cinquante-huit ans, s’appellent Paul, Safia, Sven ou Aleksandra, étaient peut-être vos voisin·e·s hier, fréquentaient le même magasin que vous, leurs enfants côtoyaient les vôtres au parc. Depuis trop longtemps et avant la crise sanitaire déjà, leur situation professionnelle était trop précaire, leur logement trop cher et trop petit, leur vie sociale trop restreinte, leur frigo trop vide… Depuis trop longtemps, le « trop peu de tout » était leur quotidien.

Cela fait des années que les acteurs de terrain s’époumonent pour réclamer des portes de sortie au sans-abrisme : plus de logements aux loyers accessibles pour les très petits revenus, une politique de prévention digne de ce nom, une véritable politique de réinsertion pour les sortant·e·s de prison, un plan ambitieux et efficace de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales, une démarche forte pour contrer la spéculation immobilière dans les grandes villes, une meilleure prise en compte de la réalité spécifique des jeunes en errance et des personnes souffrant d’assuétudes ou de santé mentale, une politique migratoire digne d’une démocratie moderne, etc.

Les réponses se font attendre… et le nombre de portes d’entrée dans ce secteur ne fait qu’augmenter.

La crise sanitaire et ses effets en cascade sont venus noircir un tableau déjà bien sombre. Comme le souligne François Bertrand, directeur de Bruss’help, organe régional bruxellois de coordination de l’aide aux personnes sans abri, dans un entretien accordé à Alter Echos à l’été 2020, la pandémie et ses contraintes ont très durement touché les services du secteur sans abri :

« Dès les premières semaines de la crise, on s’est retrouvé avec des personnes auparavant hébergées dans le circuit de la débrouille, chez des amis ou dans la famille, dans des logements insalubres ou très exigus. Nos services se sont vus confrontés à une série de personnes en décrochage, qui ont perdu leur emploi ou qui avaient un revenu de remplacement et pour qui le Covid a restreint ou coupé toute ressource financière, les mettant en situation de sans-abrisme. »

La problématique du sans-abrisme est de longue date principalement gérée sous le prisme de l’urgence. Aux chutes annuelles des températures, les autorités politiques répondent depuis des années par des plans d’accueil hivernaux qui disparaissent dès que le thermomètre remonte. À la crise sociale qui a directement suivi la crise sanitaire et que tout le secteur a senti venir dès le départ, elles ont répondu par des solutions à inventer rapidement. Avec souplesse et réactivité certes, en collaboration avec le secteur heureusement, mais qui montrent forcément leurs limites si elles ne viennent pas s’inscrire dans une approche globale et intégrée basée sur la recherche de solutions structurelles et mettant en présence tous les enjeux et défis des secteurs du social.

Au-delà des mesures d’urgence inventées en plein confinement – comme notamment la mise à l’abri des publics les plus fragiles dans des « hôtels solidaires » – les équipes de L’Ilot inscrivent leur action dans une démarche globale proposant toute l’année une offre de services complémentaires, tous orientés vers des solutions dignes et durables.

L’Ilot a comme ambition de « sortir du sans-abrisme ». Nous le savons, notre travail pour réaliser cette ambition sera demain plus difficile encore qu’aujourd’hui. Pour ces publics qui ont failli être les oubliés de la pandémie, pour toutes celles et tous ceux que nous accompagnons depuis des années, notre engagement reste pourtant intact et notre détermination plus forte que jamais. Cette ambition est à la portée d’une société solidaire dans laquelle chacun et chacune d’entre nous peut jouer un rôle.

Merci d’avoir choisi d’en jouer un à nos côtés !

Ariane Dierickx,

Directrice générale de L’Ilot

Les axes de travail de L’Ilot

L’Ilot développe son action autour de 5 axes :

  • Accueil d’urgence. En journée au centre d’accueil de jour de Bruxelles. La nuit dans deux maisons d’accueil à Bruxelles.
  • Hébergement temporaire. Deux maisons d’accueil pour hommes seuls à Bruxelles et Charleroi et une maison d’accueil pour femmes et familles à Bruxelles.
  • Formation et Emploi. Projet d’économie sociale Les Pots de L’Ilot, comprenant un programme de préformation aux métiers de l’Horeca et une activité commerciale basée sur la vente d’une gamme de produits alimentaires bio.
  • Cellule bruxelloise Capteur et Créateur de Logements, coopérative immobilière sociale Home Sweet Coop, Services d’accompagnement à domicile à Bruxelles et en Wallonie
  • Santé alimentaire. Collecte alimentaire et potager participatif.

Accueil d’urgence. Considéré comme un moyen de répondre aux besoins de première nécessité des personnes vivant en rue (se mettre à l’abri, se reposer, boire, manger, se laver, etc.). Objectif de L’Ilot : accrocher le public le plus fragilisé ou en détresse et lui apporter les solutions correspondant aux problèmes les plus urgents, avant de concevoir un accompagnement psychosocial personnalisé.

Hébergement temporaire. Permet aux personnes et familles accueillies de se reconstruire, de se stabiliser et de faire le point sur leur situation (administrative, familiale, financière, etc.). Chacune des trois maisons de L’Ilot est un lieu à taille humaine avec une capacité volontairement réduite pour préserver l’intimité et le bien-être de chacun·e.

Formation et emploi. Accompagnement vers l’emploi de personnes ayant eu un parcours sans abri ou de grande précarité, visant à retrouver l’estime de soi par l’acquisition de nouvelles compétences. Pour L’Ilot, la question de la dignité y est centrale : l’émancipation sociale passe notamment par l’indépendance financière.

Logement. Développement de solutions de logements dignes et durables et accompagnement à domicile sont des alliés indispensables pour permettre aux personnes relogées de s’approprier leur nouveau logement, de s’y stabiliser et de se construire un nouveau réseau social dans leur quartier.

Alimentation. En servant l’ensemble de ses services et plusieurs de ses partenaires du secteur sans-abri, L’Ilot propose aux personnes accompagnées une alimentation saine et durable via une offre de repas dans ses centres d’accueil ainsi que la distribution de colis alimentaires pour les personnes récemment relogées.

Et vous ?

Engagez-vous à nos côtés et agissez concrètement en faveur des personnes les plus précarisées !

Devenez :

  • Donateur·trice: faites un don sur notre compte bancaire (BE33 0017 2892 2946) ou via notre page de dons en ligne sur ilot.be. Que votre soutien soit ponctuel ou régulier, celui-ci est indispensable pour maintenir les services de L’Ilot à disposition des personnes sans abri.
  • Volontaire : les activités de L’Ilot sont également soutenues par des volontaires, mobilisé·e·s pour accompagner les personnes en situation de grande précarité. Si vous désirez vous engager en nous accordant un peu de votre temps libre, contactez-nous par téléphone (02/537 20 41) ou par courriel (info@ilot.be).
  • Entreprise solidaire: vous souhaitez que votre entreprise devienne solidaire en soutenant l’action de L’Ilot ? Contactez-nous par téléphone (0483/497540) ou par courriel (gerlache@ilot.be) si vous désirez financer l’un de nos projets, courir les 20 kilomètres de Bruxelles au profit de L’Ilot ou organiser une activité de teambuilding dans nos services.
  • Testateur·trice : la rédaction de votre testament est un moment important de votre vie. Ce dernier fait perdurer vos idéaux et vos valeurs ; en léguant une partie de vos biens à L’Ilot, vous posez un acte fort, engagé et solidaire. Si vous vous posez des questions à ce sujet, sachez que nous vous accompagnerons dans chacune des étapes de cette démarche généreuse. Contactez-nous par téléphone (0483/497540) ou par courriel (gerlache@ilot.be) si vous désirez obtenir davantage d’informations.
  • Collecteur·trice de fonds : votre carnet d’adresses peut nous aider à accompagner plus et mieux notre public ! Sachez que vous pouvez créer une cagnotte à l’occasion d’un anniversaire, d’un mariage, d’un défi sportif, d’un départ en pension ou simplement pour un soutien occasionnel. Vous pouvez le faire en quelques clics via : https://agir.ilot.be/.

Retrouvez l'histoire de Clara, celle de Pierre ainsi que des informations complémentaires sur la mission de L'Ilot :

Équipe de rédaction : Nina Closson, Thibault Conrotte, Ariane Dierickx, Aude Garelly

Illustrations : Amélie Pécot

Graphisme : Zeppoz.be

À vingt-quatre ans, Clara a dormi pour la première fois dans la rue.

Le récit de Clara* est unique, comme celui de près de 1.500 enfants, femmes et hommes accompagné·e·s chaque année par les services de L’Ilot. Elle travaillait comme serveuse dans un restaurant. Mais celui-ci n’a pas surmonté la crise du Covid-19, faute de trésorerie. Le restaurant a fermé définitivement ses portes. Et Clara a donc perdu son emploi.

Son propre couple n’a pas non plus résisté au confinement. Après avoir subi plusieurs agressions particulièrement violentes de la part de son compagnon, Clara prend son courage à deux mains : elle le quitte au milieu de la nuit, emmenant avec elle son fils âgé de trois ans, Lucas.

Elle n’a pas d’autre choix que de déposer Lucas en urgence chez une amie proche. Par fierté, elle donne peu d’explications ; elle lui dit que c’est temporaire.

Et Clara se retrouve sans abri.

Au début, Clara marche pendant des heures dans les rues. Elle s’épuise à chercher une solution qui ne vient pas. À trouver quelqu’un qui pourrait l’aider à sortir de cette situation.

Quand elle se sent trop fatiguée, elle se repose dans un parc. Elle tente de se faire passer pour une touriste. Même si, de toute façon, personne ne fait attention à elle.

« Nous les femmes, c’est parfois même ce qu’on souhaite : qu’on ne nous voie pas. Gommer toute trace de notre féminité, ne plus porter de maquillage, porter des vêtements larges. Devenir invisibles, ne plus être regardées. Pourtant, on est bien là. »

Chaque jour qui passe est de plus en plus difficile, souvent davantage même que la nuit. Car les femmes dans la rue deviennent rapidement des proies.

Alors, Clara finit par rejoindre un squat. Cette solution lui procure un sentiment de sécurité. Dans la rue, une femme est beaucoup plus en danger qu’un homme ; en rejoignant d’autres personnes, elle espère qu’on la laissera tranquille.

Mais le fait de vivre les uns sur les autres, dans la promiscuité permanente et l’absence totale d’intimité, devient de plus en plus difficile. À cela s’ajoutent des gestes déplacés d’un homme en particulier, de plus en plus pressants et oppressants…

Clara est tentée par l’idée de prendre une tente et de s’y réfugier seule. Quitte à affronter les plus grandes craintes d’une femme vivant seule en rue : les vols et les violences physiques, mais plus encore les agressions sexuelles et avec elles le risque de maladies sexuellement transmissibles et de grossesse non désirée…

Un jour, Clara passe par le Centre d’Accueil de jour de L’Ilot. Elle y bénéfice des services de première nécessité. Elle peut, entre autres, y prendre une douche, se reposer, boire et manger.

En parallèle, Clara se voit aussi proposer un accompagnement psychosocial : au cours d’entretiens successifs, elle reçoit une écoute active, bienveillante et empathique et peut enfin déposer ses souffrances, ses peurs, ses espoirs, que ce soient les violences subies, la difficulté de voir son fils dans des conditions normales ou les perspectives d’avenir.

Etape par étape, on l’accompagne dans ses démarches de remise en ordre administrative, notamment pour rouvrir son droit à un revenu.

Clara est ensuite accueillie au sein de la maison d’accueil pour femmes et enfants de L’Ilot. Elle y obtient une chambre familiale où elle peut enfin se réinstaller avec son fils ; ensemble, ils peuvent à nouveau avoir du temps de qualité, dormir en sécurité sous le même toit et commencer à se projeter dans l’avenir.

Ce séjour en maison d’accueil permet à Clara de retrouver une certaine stabilité et de faire le point sur sa situation. Tout doucement, elle peut entamer sereinement un nouveau départ.

Un jour, elle et son fils peuvent même aller à la côte belge en compagnie de l’équipe sociale et des autres résident·e·s de la maison d’accueil : Lucas voit la mer pour la première fois, il construit des châteaux de sable avec d’autres enfants tout l’après-midi ; pour la première fois depuis si longtemps, il joue et rit… comme un enfant.

Enfin, Clara participe au projet d’économie sociale Les Pots de L’Ilot : elle apprend à cuisiner des recettes originales à partir de produits exclusivement bio, qui sont ensuite proposées à la vente aux particuliers.

Cette formation lui permet d’acquérir les bases en matière de règles de sécurité et d’hygiène, de respect des proportions, de surveillance de la température de cuisson des ingrédients, etc. En se reconnectant avec sa passion de la cuisine et en la partageant avec d’autres, Clara retrouve aussi l’estime d’elle-même.

Aujourd’hui, Clara a retrouvé un emploi : elle est devenue cheffe de cuisine dans un restaurant social. Nos équipes l’ont aussi aidée à retrouver un logement, un petit appartement au rez-de-chaussée, dans lequel elle vit avec son petit garçon.

* Prénom d’emprunt

Pierre 

Pierre* a 42 ans. La rue, il l’a connue pendant plusieurs années. La situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui, il ne l’a pas vue arriver.

Après une reconversion professionnelle, il devient professeur d’histoire remplaçant. Malheureusement, sa passion pour son métier ne suffit pas à payer les factures. Pierre est diabétique au stade avancé et doit régulièrement s’absenter du travail. Les contrats se font de plus en plus rares.

Parents de deux enfants, Tom (10 ans) et Maya (5 ans), Pierre et sa compagne décident de mettre un terme à leur histoire. Pierre quitte le logement dans lequel il a vu ses enfants grandir et décide de les laisser avec leur mère, mais pour aller où ? Très vite, il entre en dépression et perd pied.

Un ami accepte de loger Pierre pendant un moment. Mais l’appartement est minuscule : Pierre doit dormir sur le canapé. La cohabitation devient rapidement impossible, la relation entre les deux amis se dégrade… Il doit s’en aller. Partir mais à nouveau, où ?

C’est alors que Pierre découvre le monde de la rue. En quelques années, il y prend ses habitudes. Pour avoir chaud, il a son spot dans le métro, toujours le même. Au bout d’un moment, puisqu’il n’a plus aucune adresse de référence et qu’il a disparu des radars administratifs, il ne perçoit plus son allocation de chômage. De toute façon, il venait de se faire voler sa carte de banque...

C’est par le bouche à oreille que Pierre découvre les services de L’Ilot. Passées les hésitations liées à la honte de sa situation, il appelle et est redirigé vers une maison d’accueil pour hommes, où il est rapidement accueilli pour un hébergement temporaire.

Les premières semaines sont difficiles mais, au moins, il n’est plus seul. Il écoute les histoires de vie des personnes avec qui il partage temporairement la sienne. Dans le jardin de la maison, Pierre s’intéresse à la récolte du miel, à la culture des fruits et légumes. Après quelques semaines de repos, il lance avec le soutien des équipes de L’Ilot les premières démarches pour préparer son nouveau départ.

Depuis qu’il était à la rue, Pierre ne voyait plus ses deux enfants. Il ne voulait pas qu’ils s’inquiètent, qu’ils voient leur papa dans une situation précaire. Le reste de sa famille n’est pas au courant de sa situation. Ses parents pensent qu’il vit chez un ami. Lorsqu’il quitte la maison d’accueil pendant la journée, il fait en sorte qu’on ne puisse pas le reconnaître, de peur de croiser un proche.

Lors de son séjour, les assistant·e·s sociaux·ales et les éducateurs·trices l’accompagnent dans toutes ses démarches. C’est également à la cellule Capteur et Créateur de Logements qu’il devra sa sortie de la maison d’accueil en faveur d’une solution de logement durable.

Depuis deux mois, Pierre s’endort chez lui tous les soirs. Il apprécie sa routine retrouvée. Son chez-lui, il a été acheté par un particulier : un investisseur social qui, par l’intermédiaire de L’Ilot, a décidé d’aider des publics sans abri à se reloger dignement.

L’appartement est petit mais confortable et surtout, il y a deux chambres : la sienne et celle où il peut à nouveau accueillir ses enfants. Grâce à un appel à la solidarité lancé sur les réseaux sociaux à l’initiative du Service d’accompagnement à domicile, Pierre a même trouvé de quoi la meubler de deux lits et de jouets.

En attendant que sa situation financière s’améliore, Pierre continue de fréquenter L’Ilot une fois par semaine pour recevoir un colis alimentaire. Ces visites lui permettent d’avoir le soutien de l’équipe sociale dans les démarches administratives qui restent compliquées pour lui, mais aussi d’entretenir la relation avec certains résidents entretemps devenus ses amis.

*Prénom d'emprunt

L'Ilot en 2019

1171 personnes accompagnées par les services de L’Ilot

  • 97 enfants
  • 30 Familles
  • 237 femmes
  • 837 hommes

22.651 nuitées en maison d'accueil

121 personnes relogées

47.028 repas

4.092 petits-déjeuners servis à des personnes ayant dormi en rue

25.903 douches

546 lessives

80 travailleurs et travailleuses

37 volontaires

Nos valeurs, notre positionnement, notre raison d’être

Notre job à L’Ilot, c’est d’accueillir et accompagner les personnes sans abri ou en risque de sans-abrisme, d’améliorer leurs conditions de vie en travaillant à leurs côtés à la réouverture de leurs droits, à terme de favoriser leur trajet d’émancipation.

Cette action s’inscrit dans un projet plus global de lutte contre les inégalités. Elle comprend donc forcément une dimension militante et politique. Elle se démarque volontairement de toute démarche humanitaire ou caritative, qui se limiterait à agir ponctuellement tout en observant de loin l’augmentation de la précarité et ses effets sur les publics les plus fragiles. Notre action vise la justice sociale et veut lutter structurellement contre le sans-abrisme par le rétablissement des droits des personnes.

L’ensemble de nos services visent à répondre aux besoins rencontrés par les personnes sans abri et en situation de grande précarité en organisant toute l’année une offre large et diversifiée de services adaptés aux situations particulières de chaque femme, de chaque homme et de chaque famille concernée.

Notre approche est triple : elle passe tout à la fois par un accompagnement psychosocial individuel et sur mesure, un travail collectif incluant le public cible dans les modes de gestion et de fonctionnement des services proposés et un engagement sociétal qui implique une réflexion sur les causes sociétales du sans-abrisme et de la pauvreté.

Au quotidien, L’Ilot se donne comme objectif la construction de solutions dignes et durables pour permettre aux personnes de sortir définitivement du sans-abrisme et de se projeter durablement dans l’avenir en tant que membres reconnu·e·s de la société, disposant de l’ensemble de leurs droits et en capacité d’exercer leurs devoirs.

Mission et valeurs 1024 683 L'Ilot

Mission et valeurs

Urgence deuxième vague : dernière chance pour les personnes sans abri 1024 680 L'Ilot

Urgence deuxième vague : dernière chance pour les personnes sans abri

L’annonce est tombée comme un couperet : le pays entier doit se reconfiner.

Il s’agit d’une véritable catastrophe sociale. Vous pouvez l’imaginer ne serait-ce qu’une seule minute : celles et ceux qui ne s’y sont pas préparés et qui aujourd’hui vont tout perdre.

C’est Sophie, étudiante qui travaillait dans une boutique de vêtements pour aider ses parents, eux-mêmes en difficulté, à payer ses études. Comment fera-t-elle désormais pour payer le loyer de son kot étudiant et ses repas ?

C’est Daan, restaurateur, déjà impacté par la fermeture imposée de la première vague, qui avait investi tant d’argent dans le matériel pour équiper son restaurant (four et friteuse professionnels, mobilier flambant neuf, etc.) puis l’adapter aux mesures sanitaires (parois en plexiglas, gel hydroalcoolique, etc). Tous ces investissements… Réduits à néant.

C’est Florence, jeune femme qui a lancé son salon de coiffure avec toutes ses économies et qui perd tout. Elle qui vit seule avec sa petite fille de deux ans, elle ne sait pas si, le mois prochain, elle pourra la nourrir et payer ses factures de gaz et d’électricité.

À l’heure où chacun et chacune d’entre nous pense aux fêtes de fin d’année, pensons à celles et ceux qui devront dormir devant notre porte.

À celles et ceux qui, avec ce second confinement, vont perdre leur logement et n’auront plus de « chez soi ».

À celles et ceux qui, ayant tout perdu du jour au lendemain, doivent lutter autant contre le virus que contre la faim et le froid.

Un don de 20, 40 ou 60 euros représente déjà un soutien indispensable pour le maintien de nos centres et services en faveur des personnes les plus pauvres. Votre don permet d’accueillir Sophie, Daan ou Florence et de leur offrir un repas, une douche, un café ou un hébergement temporaire.

Vous pouvez aussi faire un don via virement bancaire sur notre compte BE33 0017 2892 2946 en ajoutant la communication « Urgence deuxième vague». Merci de tout cœur !

Si le total de votre don atteint 40 euros ou plus, nous vous enverrons une attestation fiscale en mars 2021.

Vous bénéficierez d’une réduction fiscale exceptionnelle de 60 % du total de vos dons de l’année civile 2020 (conformément aux conditions prévues à l’article 145/33 CIR 1992).

Quand la crise sanitaire vient aggraver la crise sociale 1024 683 L'Ilot

Quand la crise sanitaire vient aggraver la crise sociale

On dénombrait en novembre 2018 plus de 4000 personnes sans abri à Bruxelles. Le dénombrement de cet hiver nous montrera à quel point ces chiffres ont augmenté.

Combien en Wallonie ? Combien en Flandre ? Aucune statistique récente ne nous permet de le savoir. Encore moins d’avoir une idée du nombre de personnes qui ont récemment basculé brutalement dans la précarité ou la pauvreté, aujourd’hui en « risque de sans-abrisme ».

Demain, tous les opérateurs de terrain des secteurs du social le savent, les pertes de logement liées à la perte de revenus vont s’enchaîner. Nos services de prévention sont assaillis d’appels de personnes qui sont « sur le fil », en train de basculer. Les CPAS ne parviennent plus à suivre... tout comme nos équipes de terrain, en incapacité de répondre à toutes les demandes d’aide.

Le nombre de personnes obligées de bricoler des solutions d’hébergement temporaire va exploser : une nuit chez un ami, la suivante dans une voiture… avant de se résoudre à venir frapper à la porte d’un centre d’accueil d’urgence.

Ce que l’on sait aussi, c’est qu’avec la profonde crise sociale qui accompagne la crise sanitaire, le profil de nos publics est en train de s’élargir de manière très inquiétante. Depuis plusieurs années déjà, l’homme blanc de quarante ans ayant eu un « accident de parcours » partage son bout de carton avec des femmes qui, malgré leur manque de ressources, ont le courage de quitter leur conjoint violent ; avec des (très) jeunes en rupture familiale ; avec celles et ceux qui, faute de moyens pour une politique de réinsertion, n’ont pas pu préparer leur sortie de prison ; avec des personnes dont les problèmes de santé mentale justifieraient qu’elles soient accueillies dans des centres spécialisés ; avec des personnes isolées dont la trop faible pension ne permet pas de payer les frais exorbitants d’une maison de repos.

À ces publics déjà bien connus de nos services de terrain viennent aujourd’hui s’ajouter des familles récemment expulsées pour non paiement de loyer ; des mamans seules qui n’arrivent plus à remplir le frigo ; des personnes dont le revenu a été raboté pour cause de chômage économique ou activité mise à l’arrêt ; des étudiant·e·s qui ont perdu leur job et que la famille, elle aussi en difficulté, ne peut pas soutenir ; des travailleurs au noir et des femmes vivant de la prostitution qui se retrouvent subitement sans aucune source de revenu.

Bref : toutes celles et tous ceux qui hier s’en sortaient tout juste et que la crise sanitaire est venue frapper de plein fouet.

Ces nouveaux visages de la pauvreté ont vingt-cinq, quarante-sept, dix-neuf ou cinquante-huit ans, s’appellent Paul, Safia, Sven ou Aleksandra, étaient peut-être vos voisin·e·s hier, fréquentaient le même magasin que vous, leurs enfants côtoyaient les vôtres au parc. Depuis trop longtemps et avant la crise sanitaire déjà, leur situation professionnelle était trop précaire, leur logement trop cher et trop petit, leur vie sociale trop restreinte, leur frigo trop vide… Depuis trop longtemps, le « trop peu de tout » était leur quotidien.

Cela fait des années que les acteurs de terrain s’époumonent pour réclamer des portes de sortie au sans-abrisme : plus de logements aux loyers accessibles pour les très petits revenus, une politique de prévention digne de ce nom, une véritable politique de réinsertion pour les sortant·e·s de prison, un plan ambitieux et efficace de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales, une démarche forte pour contrer la spéculation immobilière dans les grandes villes, une meilleure prise en compte de la réalité spécifique des jeunes en errance et des personnes souffrant d’assuétudes ou de santé mentale, une politique migratoire digne d’une démocratie moderne, etc.

Les réponses se font attendre… et le nombre de portes d’entrée dans ce secteur ne fait qu’augmenter.

La crise sanitaire et ses effets en cascade sont venus noircir un tableau déjà bien sombre. Comme le souligne François Bertrand, directeur de Bruss’help, organe régional bruxellois de coordination de l’aide aux personnes sans abri, dans un entretien accordé à Alter Echos à l’été 2020, la pandémie et ses contraintes ont très durement touché les services du secteur sans abri :

« Dès les premières semaines de la crise, on s’est retrouvé avec des personnes auparavant hébergées dans le circuit de la débrouille, chez des amis ou dans la famille, dans des logements insalubres ou très exigus. Nos services se sont vus confrontés à une série de personnes en décrochage, qui ont perdu leur emploi ou qui avaient un revenu de remplacement et pour qui le Covid a restreint ou coupé toute ressource financière, les mettant en situation de sans-abrisme. »

La problématique du sans-abrisme est de longue date principalement gérée sous le prisme de l’urgence. Aux chutes annuelles des températures, les autorités politiques répondent depuis des années par des plans d’accueil hivernaux qui disparaissent dès que le thermomètre remonte. À la crise sociale qui a directement suivi la crise sanitaire et que tout le secteur a senti venir dès le départ, elles ont répondu par des solutions à inventer rapidement. Avec souplesse et réactivité certes, en collaboration avec le secteur heureusement, mais qui montrent forcément leurs limites si elles ne viennent pas s’inscrire dans une approche globale et intégrée basée sur la recherche de solutions structurelles et mettant en présence tous les enjeux et défis des secteurs du social.

Au-delà des mesures d’urgence inventées en plein confinement – comme notamment la mise à l’abri des publics les plus fragiles dans des « hôtels solidaires » – les équipes de L’Ilot inscrivent leur action dans une démarche globale proposant toute l’année une offre de services complémentaires, tous orientés vers des solutions dignes et durables.

L’Ilot a comme ambition de « sortir du sans-abrisme ». Nous le savons, notre travail pour réaliser cette ambition sera demain plus difficile encore qu’aujourd’hui. Pour ces publics qui ont failli être les oubliés de la pandémie, pour toutes celles et tous ceux que nous accompagnons depuis des années, notre engagement reste pourtant intact et notre détermination plus forte que jamais. Cette ambition est à la portée d’une société solidaire dans laquelle chacun et chacune d’entre nous peut jouer un rôle.

Merci d’avoir choisi d’en jouer un à nos côtés !

Ariane Dierickx,

Directrice générale de L’Ilot

Pour toute question relative à la presse, contactez Nina Closson au 0487/22.32.86 ou presse@ilot.be

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VOUS BÉNÉFICIEREZ D’UNE RÉDUCTION FISCALE EXCEPTIONNELLE DE 60 % DU TOTAL DE VOS DONS DE L’ANNÉE CIVILE 2020 (CONFORMÉMENT AUX CONDITIONS PRÉVUES À L’ARTICLE 145/33 CIR 1992).
Urgence deuxième vague : dernière chance pour les personnes sans abri 1024 680 L'Ilot

Urgence deuxième vague : dernière chance pour les personnes sans abri

L’annonce est tombée comme un couperet : le pays entier doit se reconfiner.

Il s’agit d’une véritable catastrophe sociale. Vous pouvez l’imaginer ne serait-ce qu’une seule minute : celles et ceux qui ne s’y sont pas préparés et qui aujourd’hui vont tout perdre.

C’est Sophie, étudiante qui travaillait dans une boutique de vêtements pour aider ses parents, eux-mêmes en difficulté, à payer ses études. Comment fera-t-elle désormais pour payer le loyer de son kot étudiant et ses repas ?

C’est Daan, restaurateur, déjà impacté par la fermeture imposée de la première vague, qui avait investi tant d’argent dans le matériel pour équiper son restaurant (four et friteuse professionnels, mobilier flambant neuf, etc.) puis l’adapter aux mesures sanitaires (parois en plexiglas, gel hydroalcoolique, etc). Tous ces investissements… Réduits à néant.

C’est Florence, jeune femme qui a lancé son salon de coiffure avec toutes ses économies et qui perd tout. Elle qui vit seule avec sa petite fille de deux ans, elle ne sait pas si, le mois prochain, elle pourra la nourrir et payer ses factures de gaz et d’électricité.

À l’heure où chacun et chacune d’entre nous pense aux fêtes de fin d’année, pensons à celles et ceux qui devront dormir devant notre porte.

À celles et ceux qui, avec ce second confinement, vont perdre leur logement et n’auront plus de « chez soi ».

À celles et ceux qui, ayant tout perdu du jour au lendemain, doivent lutter autant contre le virus que contre la faim et le froid.

Un don de 20, 40 ou 60 euros représente déjà un soutien indispensable pour le maintien de nos centres et services en faveur des personnes les plus pauvres. Votre don permet d’accueillir Sophie, Daan ou Florence et de leur offrir un repas, une douche, un café ou un hébergement temporaire.

Vous pouvez aussi faire un don via virement bancaire sur notre compte BE33 0017 2892 2946 en ajoutant la communication « Urgence deuxième vague». Merci de tout cœur !

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